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5.05 - Irregular Around The Margins

You’d fuck a catcher’s mitt

Amours Interdites

dimanche 19 septembre 2004, par KB

Cet épisode nous tient en haleine par sa tension et son suspense à couper le souffle. Car dans Les Soprano, tout est possible.

On assiste là à un tournant important.


Cette histoire conjuguée au fait que Tony ait cru que Christopher était venu au Bada Bing le descendre et au fait que T ait pointé un gun sur la tête de Chrissy a, à mon avis, scellé une relation entre les deux basée jusque là sur une vraie confiance. Ce ne sera plus comme avant.


Certes, Christopher est devenu un tougher guy. Certes, il n’a pas paniqué quand Tony lui a braqué l’arme sur la tête. Mais cette histoire a montré également que Christopher ne pouvait se contrôler dans les moments qui nécessitent justement de garder son sang-froid, qu’il est capable, sous l’emprise de l’alcool et/ou de la colère, de péter littéralement les plombs en tirant sur le 4x4 de Tony ou en manquant ouvertement de respect à Vito Spatafore, un capitaine.
Je pense que la place de successeur que Tony voyait en lui n’est plus.
Paulie s’en est également rendu compte et a saisi l’occasion pour essayer de se rapprocher de Tony en lui expliquant, au moment où ce dernier hésite à pointer l’arme sur son neveu, que Christopher n’avait pas l’intention de le tuer et que c’est pour ça qu’il a vidé son chargeur sur sa bagnole. Paulie agit également (et surtout) ainsi car Christopher est un ami de longue date et qu’il veut éviter qu’il se fasse buter.


Bien essayé mais la réaction de Tony exprime toute la considération qu’il a pour Paulie puisqu’il pointe justement le gun sur son neveu. Je dois dire que j’ai vraiment cru qu’il allait y passer (même chose pour Adrianna lors de l’accident de voiture). C’est finalement son cousin, Tony Blundetto, qui lui demande d’ "essayer de régler le problème à sa manière". Requête acceptée par Tony sous le poids de la difficulté de l’acte à accomplir à savoir buter son neveu, celui qu’il voyait jusque là comme son successeur et qu’il considérait (considère ?) comme son fils.


Rien ne s’est "passé" (ou presque) entre Tony Soprano et Adrianna LaCerva mais cette histoire a perverti une situation qui n’était déjà pas au beau fixe.
Christopher est toujours énervé notamment par rapport à ce que "vont en penser les gens", ce qui risque de nuir à sa réputation. Chose à laquelle réplique Tony : "On s’en balance de ce que pensent les gens". C’est vrai, Tony s’en balance. A l’exception de Carmela. Il insiste pour avoir son opinion. La réponse lui est donnée par un silence et des larmes. Très belle scène, d’ailleurs.
Le fait que Tony s’intéresse à ce que peut penser Carmela et le fait que cette dernière accepte de l’accompagner au Vesuvio (en compagnie de Christopher et Ade) montre qu’ils tiennent l’un à l’autre.
Tony a beau lui demander de l’accompagner pour remettre les choses à leur place "pour le bien des enfants", il le fait en réalité car c’est la seule personne (et sûrement l’une des rares à défaut d’être la première qui le croit sur cette histoire) qui peut l’aider dans cette situation. Et Carmela, après la demande de Tony, et malgré le fait qu’elle se plaigne de devoir "réparer ses conneries", accepte de l’accompagner. Pour aider à apaiser la situation et aussi, car elle a toujours (tout comme Tony) ce sens de l’obligation, de la responsabilité que la relation Carmela/Tony peut assurer à l’extérieur. Ce qui est confirmé par la façon dont Tony regarde Carmela lors du dîner, à la fin de l’épisode.


A noter également une petite réaction de jalousie de la part de Jennifer Melfi. Dans l’épisode Two Tonys (5.01), on se rappelle que Tony avait dit à Melfi qu’il essayait alors de séduire qu’elle était "drop dead gorgeous." Dans cet épisode, il emploie la même expression à l’égard d’Adriana, et on voit à ce moment Melfi emprunter un visage neutre qui n’est pas si neutre que ça.


Excellent épisode qu’on apprécie davantage au premier visionnage lorsqu’on le découvre et que le suspense et la tension ne sont pas altérés par la connaissance de la conclusion. Les morceaux choisis sont représentatifs des situations respectives. En début d’épisode, on a une musique rythmée (style rock) qui annonce une suite tendue et de l’action. Et en fin d’épisode, on a une musique douce, apaisante (style classique) qui exprime la tension dissipée et le calme retrouvé.