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5.09 - Unidentified Black Males

I woke up this morning and the depression just washed over me

Crise De Panique

dimanche 3 octobre 2004, par KB

"I thought I was smart, and that’s why I bumped him up and protected him. Turns out I’m just a fucking robot to my own pussy-ass weakness."

Depuis la révélation du 1.23 de 24 et la découverte de la seconde taupe, je n’ai jamais été aussi surpris. Voir Vito Spatafore dans cette position m’a laissé sans voix. Tout comme Finn DeTrolio.
D’ailleurs, j’ai comme l’impression que cet événement a un peu bousculé les choses de son côté et précipité sa demande de mariage. Finn a peur de se faire buter par Vito qui a peur de se faire buter si on découvre ses tendances sexuelles. Car dans la Mafia, c’est loin d’être accepté. La preuve.


Finn demande la main de Meadow plus vite que prévu car il se sent en sécurité avec elle. Ou du moins avec l’ombre protectrice de Tony qui plane sur le couple. Il s’est déjà rendu compte de la situation avantageuse que pouvait procurer la place de futur gendre du Boss de la Mafia. Voici un exemple parfait.
Phase 1 : Paulie l’envoie comme une merde nettoyer la... merde qui se trouve sous les pneus de sa voiture.
Phase 2 : Paulie apprend que c’est le petit-ami de Meadow.
Phase 3 : "There he is ! (les fameux "There he is" à la Paulie) Here. For you. [Il lui glisse quelques billets dans la poche] And make sure she knows that it comes from Uncle Paulie." Puis voyant que Finn s’apprête à prendre un appareil pour nettoyer les roues de sa bagnole : "Give me that shit. [Il appelle Paulie Germani pour lui passer l’appareil] Come here !"
Du Paulie tout craché.


On a dans cet épisode un joli parallèle entre la situation de Carm/T et celle de Mead/Finn.
Carmela et Tony habitent dans une maison magnifique, spacieuse mais ils sont séparés. De l’autre côté, Meadow et Finn habitent ensemble dans un appart’ qui laisse à désirer, où ils doivent mettre, pour je ne sais quelle raison, des coups de pied dans une boîte de ferraille cloué au bas du mur qui ressemble à une sorte de ventilateur. Malgré ça, il règne une chaleur ambiante qui les fait transpirer comme des fauves.


Là où le couple Mead/Finn règle leur différend par la parole dans le calme (du moins pour Finn. D’ailleurs, je me demande comment il fait pour supporter le moulin à paroles qu’est Meadow. Une vrai tête à claques par moments), le couple Carm/T se dispute et pas qu’un peu.
Tony - "Our assets ?"
Carm - "That’s what I’m entitled to."
Tony - "You’re entitled to shit."
Superbe scène au passage.


Cela dit, il faut relativiser. Le différend n’est pas de même taille. Il y a une différence entre un suitcase et le partage d’un patrimoine.
D’ailleurs, la différence entre les deux couples se situe essentiellement au niveau de l’homme. D’un côté, on a un homme qui peut devenir dangereusement violent, presque impulsif et de l’autre un mec calme, réfléchi.
Car du côté des femmes, Meadow ressemble de plus en plus à sa mère notamment sur le fait qu’elle refuse de regarder la vérité en face en ce qui concerne les activités de son père et les personnes qu’il fréquente et qui le défend même quand il n’y a pas lieu d’être (cf. comment elle réagit face aux questionnements de Finn suite à l’altercation Eugene Pontecorvo/Little Paulie Germani).


Toujours est-il qu’il est possible que le parallèle se prolonge à l’avenir. Le mariage hâtif proposé par Finn plus le fait qu’il ait déjà l’oeil baladeur (cf. comment il regarde le tatouage, et surtout ce qui va avec, de la très mignonne Felicia Galan) peut mener à un Finn qui trompe sa femme comme l’a fait maintes et maintes fois Tony Soprano. Meadow se rendrait alors enfin compte de la situation de sa mère qui est bien plus complexe que ses remarques pré-pubères.


En parlant de Carmela, pour dire les choses comme elles sont, elle est bien dans la merde. Aucun avocat n’est prêt à la soutenir. Ceux de New Jersey ont été "visités" par Tony qui a là, suivi le conseil d’Alan, le vendeur de la maison Whitecaps dans l’épisode du même nom (4.13).
Très jolie scène que le double-passage de l’ours. Une première fois au moment où elle appelle l’avocat qui symbolise Tony qui est passé par là (aucun avocat ne veut l’aider) et une deuxième fois où on le voit s’en aller une fois qu’elle a raccroché comme pour dire que je te laisse seul dans la merde dans laquelle tu es. Je suis là sans être là. A la Kaiser Sozé.
Elle est d’autant plus dans la merde qu’elle a adopté une posture de businesswoman qui passe à l’offensive. Et Tony la considère désormais ainsi. On sait bien que Tony est impitoyable en affaires. Carmine Lupertazzi, Sr (fin saison 4) et Phil Leotardo peuvent le témoigner.




Concernant le duel Carmine Lupertazzi, Jr Vs Johnny Sack, j’ai l’impression que Carmine est manipulé. Son discours en début d’épisode où il dit qu’il sera plus efficace que son père montre bien qu’il est avide de pouvoir sans réellement se rendre compte de ce que ça signifie, lui, qui fut à Miami, à l’écart de cette jungle humaine où règne la violence et la ruse.
"Manipulé par qui ?", me direz-vous. Eh bien par Rusty Millio et/ou Angelo Garepe qui savent qu’ils ont besoin de lui pour mettre à l’écart le puissant Johnny Sack avant d’en faire de même avec Carmine.


Comme prévu, Tony Blundetto est dans une situation dangereuse. Certains junkies l’auraient repéré à 3 blocks d’où Joey Peeps a été buté. Il n’en faut pas plus pour éveiller les soupçons de Johnny et le mettre en boule. Tony essaie de limiter la casse en disant que Tony B. était avec lui au moment où Joey a été tué. Mais Johnny reste sceptique et réplique à Tony S. : "I swear on my mother, Tony, if I find out you’re lying..." Autant vous dire que j’ai eu des frissons. John ne se gêne pas pour descendre quelqu’un qui le dérange (il était prêt à buter Carmine Sr, le Boss d’une des cinq grandes familles) et quand ça touche son honneur, il peut péter les plombs ce qui empire d’autant plus la situation (il était prêt à buter Ralph Cifaretto suite à une blague désobligeante sur le poids de Ginny, sa femme).


La situation chauffe également dans les rangs.
L’histoire entre Eugene Pontecorvo et Little Paulie Germani peut ne pas s’arrêter là.
Le fait que Tony S. ait offert à son cousin homonyme le contrôle d’un casino lucratif met hors de lui Christopher Moltisanti, qui se plaint à Adriana LaCerva, sa fiancée, de ne plus être "le cousin numéro 1". Quelques instants après, on voit Adriana appeler l’agent Sanseverino, l’agent de liaison du FBI qui traite avec Ade. On la voit avec sa fille alors qu’elle avait dit à cette dernière qu’elle n’avait pas d’enfants. Elle l’appelle probablement pour dénoncer T.B. et ainsi protéger son Chrissy chéri comme elle l’avait fait avec Tina Francesco (5.02 - Rat Pack, jouée par Vanessa Ferlito).
Vito qui est dans une situation délicate. Peut-être que si Tony découvre la vérité, il le fera buter (par Christopher ?) pour satisfaire ce dernier en lui offrant une place de Capitaine. A noter d’ailleurs que beaucoup de mecs de la bande de Jackie Aprile ont mal fini. Richie Aprile, Ralph Cifaretto, Gigi (qui meurt sur la cuvette des chiottes). Vito les rejoindra peut-être.


Cet épisode marque enfin une percée dans la thérapie de Tony Soprano. On comprend alors le pourquoi de toutes ces attaques. En 1986, lui et Tony B. avaient prévu de faire un casse. Finalement, Tony S. ne vient pas, il s’est ouvert le crâne en tombant dans la cuisine. La vérité est qu’il a eu une attaque, devant les yeux de sa mère. Tony Blundetto est parti sans Tony S. et s’est fait choper. Il a passé 17 ans en zonzon. Pendant ce temps, T, lui, s’est fait une place de choix au sein de la Mafia. Il en devient même le Boss. Le tout dans une ambiance et un contexte amères, celui du souvenir du casse auquel il n’a pas participé, la culpabilité qu’il ressent même à l’heure actuelle, le fait que les rôles (et l’état des richesses de chacun) auraient pu être inversés. C’est pour ça qu’il soutient son cousin en mentant à Johnny. Il se sent redevable.
Jennifer Melfi, qui, par ses questions, pousse Tony à tout avouer, découvre en même temps que nous la cause réelle de ses attaques, dans une scène de toute beauté représentant l’une des toutes meilleures séquences entre Tony Soprano et Jennifer Melfi dans l’histoire des Soprano.


Un épisode de haute facture. Les sous-entendus, les parallèles entre les personnages et les situations, et les ouvertures offertes par cet épisode sont nombreux ce qui le rend d’autant plus excellent et le place en tant qu’épisode charnière avant la dernière ligne droite.