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1.04 - The Boat

Un pas en avant, deux pas en arrière

Le Pied Marin

mercredi 15 septembre 2004, par Tonks

votre mission : construire un bateau. Vous devez supporter les disputes entre votre frère et votre père et passer pour une Tante Florine bis.

Vous allez vite le remarquer, tous les épisodes gravitant autour de Kevin ont une force que les autres n’ont pas. Est-ce parce que nous sommes tous plus attendris par sa situation, je n’en sais rien, cependant il est certain que ces épisodes sont toujours mieux construits.


Evacuons tout de suite l’intrigue policière. Je vous rassure il n’y en a pas à tous les épisodes mais une bonne majorité et évidemment cela plombe légèrement la série. Des policiers sont tués et la présomption qu’il s’agisse d’un tueur en série flotte dans l’air. Un ancien condamné reconverti au christianisme a fait un faux pas et a tué le flic qu’il l’avait arrêté pour avoir brûlé un feu rouge alors que le deuxième a été tué par son partenaire qui était amoureux de sa femme. Voilà, c’est fait, on en parle plus.


Début de la série sur Joan (ça se prononce Djon en anglais et pas Joanne), Adam et Grace, cette dernière entrain de s’énerver contre quelque chose comme d’habitude avec un Adam toujours dans les vapes. Joan hèle un officier qui était venu pour le recrutement.


Petite parenthèse culturelle. Avant que vous vous écriez à la propagande en raison de l’air du temps, laissez-moi vous expliquez quelque chose. Aux USA, le recrutement de l’armée mais aussi de tous les corps de métier ainsi que des facs se fait de façon très naturelle dans les lycées, ils viennent pour vanter les mérites de leur fac ou de leur corps . Cette pratique existe depuis des décennies et a pour but de recruter à tous les niveaux, du simple troufion à l’ingénieur. Cela fait parti du paysage américain et cela n’a rien à voir avec les circonstances malheureuses dans lesquelles nous nous trouvons à l’heure actuelle. Voilà, comme ça vous vous endormirez moins con, ce soir.


Donc Joan hèle l’officier parce qu’il a oublié son portefeuille dans la salle. Pour la récompenser, il veut lui donner une certaine somme d’argent qu’elle refuse mais ce dernier l’informe qu’elle en aura besoin pour faire ce qu’il va lui demander. Et oui, il s’agit bien de dieu. Joan ne peut s’empêcher de remarquer ironiquement que « God is in the Army ». Sa mission : construire un bateau. Elle préfèrerai qu’il lui demande de trouver un petit ami ou toute autre activité largement plus ludique que celle-là mais rien n’y fait. J’avoue que j’ai toujours le sourire quand Joan essaie de marchander avec dieu et c’est l’une des forces de la série.


De son côté, Kevin accompagné de son papa se rend dans une salle de gym où d’autres handicapés sont entrain de jouer au basket-ball. Vu la tête qu’il fait, on se doute que Kevin n’est pas content. On le voit entrain de s’imaginer jouant avec les valides et mettant un panier mais Bear le ramène à la réalité en lui demandant de se joindre à eux. Ni une ni deux, Kevin s’en va. Voilà, le pas en avant fait avec le permis, c’est fini, Kevin retourne dans ses retranchements. Il n’en peut plus de ne plus être le fils que son père voulait, il n’en peut plus des épithètes que son père utilisait avant qui ne lui correspondent plus (slugger, sports) et qui appartiennent au passé. Tout ce qu’il veut faire c’est construire des modèles réduits, enfermé dans sa chambre, brûler les albums, les articles de journaux, les photos. Evidemment, cela ne passe pas. Will considère qu’il n’a pas le droit de brûler quelque chose qui lui appartient. Evidemment, il est difficile de croire à cet argument lorsque l’ensemble de l’album concerne Kevin.


De son côté, Joan a un talent d’armateur à la grande stupéfaction de son frère, le génie, qui lui dit que cela ne peut aller puisqu’elle n’a suivi aucune des mesures et sa mère de son côté se demandant si sa fille ne tournera pas en Tante Florine bis, celle qui parle aux fleurs ; en deux mots : une folle. Elle paraît quand même un peu folle, sautant comme une petite fille quand un bout de bois se met bien en place contrairement aux lois de la physique ou quand dieu lui parle à la radio et qu’il l’autorise à lui poser une question. Rappelez-vous, dieu lui a bien spécifié qu’il ne répondait jamais aux questions. Elle veut échanger son talent pour faire que tout aille mieux dans sa famille, ayant encore été le témoin d’une dispute entre son père et Kévin. Dieu lui répond que parfois un talent est la somme de tous les talents. Si vous avez compris ce que dieu essayait de faire avec Joan, vous aurez compris que bâtir un bateau n’est pas une fin en soi, qu’il s’agit en fait de la première brique à un édifice.


Adam passe voir Jane pour lui dire qu’elle est convoquée chez l’adjoint du principal, M. Price pour avoir trop fait l’école buissonnière et il s’enthousiasme avec elle de son nouveau talent. On l’aime déjà le petit Adam. Et si ce n’est pas le cas, je vous cause plus, nah !


Scène chez Price où Joan explique pourquoi elle fait l’école buissonnière. Ce suppôt de Satan lui fait remarquer que pourtant elle n’a aucun talent artistique et qu’il doute véritablement de sa capacité à construire un bateau. Mais que nenni, nous l’avons tous vu ; même si son bateau ne ressemble à rien, c’est bien un bateau qu’elle construit.


De retour dans le garage où elle construit son bateau et là patatrac, elle a perdu son talent. Elle ne comprend pas. Adam qui passe par là lui demande ce qui ne va pas et elle explique que depuis qu’elle a vu Price, elle n’y arrive plus. Adam lui raconte sa petite histoire ; alors qu’il était tout nouveau dans le le collège, il avait dit innocemment à Price qu’il pouvait jouer de n’importe quel instrument de musique, à la demande de ce dernier, Adam avait fait une démonstration à la fin de laquelle Price lui avait dit qu’il se faisait des illusions et que depuis Adam est incapable de jouer d’in instrument ; il ne peut même plus siffler, vous vous rendez compte ! Vous le saurez pour les prochains épisodes, Price est l’ennemi public Numero Uno (spéciale dédicace à Angel saison 5) de toute personne avec une aspiration quelconque.


On retrouve donc Joan et Adam, dans la librairie où elle travaille, entrain de chercher désespérément des instructions pour terminer le bateau. Une cliente l’appelle en la personne de Mrs Lenningham (The West Wing pour ceux qui ne connaissent pas) et évidemment c’est Dieu. Il lui explique que ce n’est pas très important si elle n’arrive pas terminer le bateau et qu’elle saura quand abandonner.


De retour chez les Girardi, on voit Kevin entré dans le garage pour s’allumer une cigarette. Kev, t’es déjà dans un fauteuil roulant, ça te suffit pas ? Et là, il voit la monstruosité que Joan a construite et il commence à enlever tout ce qui ne va pas. Maintenant, vous avez compris ? Il s’agissait en fait d’aider Kev à passer du modèle réduit à la grandeur nature. Enfin non, évidemment pas. Il s’agissait en fait que le fils et le père se retrouvent ensemble après la déchirure de l’accident.


Tout l’épisode nous a fait subir les disputes entre le père et le fils, l’un séparé de l’autre par l’abîme d’une vie rêvée par le père et détruite par un accident. Un fils ne pouvant plus satisfaire les aspirations d’un père. Histoire tellement banale mais décrite avec tellement de brio sans trop de clichés que l’on ne peut qu’aimer encore plus cette série qui devient de plus en plus attachante.


Un très joli épisode relatant la haut combien banale hsitoire de parents rêvant d’un futur pour leur bambin qui ne se réalise pas, avec justesse et sans cliché. L’intrigue policière plombe un peu le récit mais on fait comme si cela n’existait pas.