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2.18 - In Arcadia Ego

Le divin Enfant

Un Enfant en Arcadie

vendredi 12 décembre 2003, par BuBu

Deux femmes s’échappent d’une prison. La plus jeune est étrangement enceinte...


On ne peut pas dire que Chip Johannssen se soit ici surpassé. On a l’impression que son histoire ne constituait qu’une base de travail à un scénario plus long et plus dense. Que cet épisode n’est qu’une ébauche d’un véritable épisode.


Plus long parce que l’histoire se termine après 25 minutes et que le reste n’est qu’un très long épilogue. Le huis clos dans le wagon est peu palpitant, à l’image de la cavale du reste. Cela peut-être dû à des personnage survolés, auxquels on ne s’attache pas. Sonny a sans doutes été une femme battue, mais elle ne suscite pas la pitié, au contraire. J’ai personnellement rejeté ce personnage en bloc, n’éprouvant que de l’antipathie, et ce malgré une mort plutôt bien tournée, avec ce corps qui termine à genoux, comme dans une marque de contrition. Celui de Janette est une sorte de coquille vide, auquel on ne s’identifie donc pas.

On pourrait se dire que le fait d’avoir un couple de lesbiennes - ce n’est pas dit ouvertement, mais c’est de cela qu’il s’agit - qui met au monde l’enfant du Seigneur est un acte de provocation, particulièrement à l’encontre des extrémistes chrétiens. Surtout que la famille d’adoption de l’enfant est afro-américaine. Mais finalement, cela ressemble plus à une prêche pour légalité entre les hommes, la tolérance de ce que chacun est. Cela fait figure d’histoire bien pensante et bien correcte sous tous rapports.
Car à bien y regarder, qu’y a-t-il de vraiment dérangeant dans cette histoire ? Rien.


Plus dense parce qu’au final, l’histoire contient assez peu de fond et pose assez peu de question. Bien qu’une piste soit lancée, laissant entendre que la jeune femme se tromperait sur l’origine de son enfant, le spectateur y croit assez peu, parce que la saison baigne dans un mysticisme ambiant et que l’on verrait mal une simple histoire de viol à ce stade. La fausse piste ne leurre donc réellement personne.
Il se trouve que cette Immaculée Conception n’apporte pas grand chose à la mythologie. Elle se part de rien et n’instaure rien. Elle ne se sert d’aucun élément précédent et ne sera pas reprise par la suite.
Or, l’épisode ne se suffit même pas à lui-même. Il n’y a pas, semble-t-il, plusieurs niveaux de lecture, on ne se pose pas d’innombrables questions après son visionnage, comme on le fera dans le suivant, Anamnèse (2.19).
MillenniuM est là, par l’entremise de Peter Watts, mais il ne sert à rien au bout du compte. Tout juste est-il là en guise d’observateur.

Et Frank dans tout ça ? Il erre sans but. Son personnage est clairement sous exploité dans l’intrigue. Il se convertit bien en gynécologue obstétricien pour sauver l’enfant de Dieu, mais à part cela, il semble en roue libre.
Tout juste s’énerve-t-il a propos de l’affaire de viol, mais rien d’exceptionnel.


De cet épisode, il ne ressort rien qui mérite ou même puisse être analysé.

On retiendra cependant, une fois encore serais-je tenté de dire, la réalisation de Thomas J. Wright ainsi que la photographie, notamment dans le wagon.
A moins que ce ne soit quelque chose auquel on se raccroche, vu le peu d’intérêt qui se dégage de l’épisode...


En vérité, on ne peut pas dire qu’intrinsèquement, l’épisode soit mauvais. Mais il fait tellement pâle figure par rapport à ceux qui l’entourent qu’il en parait médiocre. La qualité d’ensemble de la saison fausse sans doute la vision de cet élément.




NOTA :
L’Arcadie est une région montagneuse de la Grèce, située au centre du Péloponnèse. Ses habitants se considère comme le plus ancien des peuples grecs. La légende veut que Zeus y naquit.


Cet épisode, assez mou et caricatural, est sans aucun doutes le plus faible de la saison.