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2.16 - Roots

Le Chemin de la Foi

Les Coqs

vendredi 5 décembre 2003, par BuBu

L’ennemi de MillenniuM est identifié. Mais cela n’empêche pas le Groupe de s’entredéchirer. Son salut est désormais entre les mains du Vieil Homme et de ses compagnons : Lara et Frank...


L’histoire reprend un peu en arrière puisque nous revoyons Frank sortir armé de chez lui - on remarquera l’hésitation au moment de prendre le pistolet, hésitation sans doutes due aux évènements du début de saison - et aller à la rencontre des deux hommes postés devant chez lui.
Pendant ce temps, Lara étudie les dossiers de l’autopsie de Johnston. Elle passe un coup de fil vain à Frank - qui est dehors - où l’on note un plan qui n’est sans doutes pas un hasard : le PC de Black qui trône au milieu du salon, seul, la sonnerie du téléphone en fond...
Cette seconde partie démarre tambours battant.

L’un des éléments importants de la mise en scène ici est l’utilisation de montages parallèles, où les paroles des uns font écho aux paroles des autres ; elles s’enchaînent, s’enchevêtrent et se complètent pour former un tout parfaitement cohérent. Cela permet de rendre dynamique un épisode relativement bavard, et du coup, tout est assimilé plus simplement par le spectateur dont l’attention est captée.


En fait, de cet épisode, un peu comme pour le précédent, il n’y a pas grand chose à dire puisque beaucoup sont dites dans l’épisode lui-même.
Néanmoins, alors que le titre se trouve être Les Coqs, on en apprends plus sur les Chouettes. Car en fin de compte et sans le savoir réellement, nous avons toujours connu les Coqs, dont Peter Watts fait parti. Nous savons donc désormais que ceux-ci prévoient la fin du monde pour 2060, année où une gigantesque déchirure spatio-temporelle créée par la collision de deux étoiles à neutrons aura atteint le Système Solaire. Je renvoie ceux qui ne comprendrais rien à ce jargon technique aux ouvrages d’astrophysique. Ce qui nous intéresse ici est la façon dont cela est traité.
D’un coté nous avons les Coqs et leur théologie ; de l’autre les Chouettes et leur science. Or, et c’est un point qui interpelle, ce sont les théories de ces dernières qui paraissent le plus irréels tandis que celles des premiers touchent plus. Ce qui peut sembler être le monde à l’envers. Mais à bien y regarder, depuis une saison et demi, c’est dans un monde vu à travers les yeux d’un Coq que nous évoluons. Car si Frank n’est officiellement rallié à aucune cause, il subit l’influence de Peter - sans aucune notion de bonne ou de mauvaise chose - qui est profondément croyant. Et il y a fort à parier que si c’est Peter qui est son « initiateur », ce n’est pas un hasard et que Frank avait des dispositions. Sans doutes en premier lieu parce que son Don ne trouve pas d’explication rationnelle.

En tout cas, Frank Black est l’objet de nombreuses convoitises puisque Odessa cherche aussi à le récupérer, voyant un signe dans son refus d’intégrer le Groupe. De plus, comme le dit le Elder à Peter, Frank est un élément exceptionnel. Cependant, on a l’impression - un fois de plus dirais-je - que notre héros a en lui bien plus que ce qu’il a déjà montré. Mais quoi ? Le mystère demeure.


Elément important sur lequel on ne peut passer est la mort du Patriarche. Le plus sage des membres du Groupe, celui qui était capable de maintenir la cohésion, s’en est allé. Et paradoxalement, MillenniuM se ressoude autour de sa dépouille pour livrer un derneir affrontement avec Odessa.
L’occasion d’éclairer un peu le passé de cet homme, entrevu dans Chiens Méchants (2.02). Les parents du patriarche ont donc été gazés à Auschwitz. Et l’ennemi, Odessa, est nazi. Cela fait très - trop ? -caricatural. A moins que ; comme d’habitude, il y ait quelque chose de plus profond derrière. Quelque chose qui ne sera malheureusement jamais développé et c’est dommage.
Néanmoins, ce rapide exposé de son passé n’est pas là pour apitoyer le public, mais pour amener une phrase lourde de sens et qui explique aussi son statut au sein du Groupe : « J’ai déjà vu la fin du monde... »


J’avoue que je suis au final un peu déçu par cette seconde partie, et donc par le diptyque. Cela n’a rien à voir avec la mise en scène, très bonne, avec ces séquences en parallèles, comme vu précédemment. Je ne saurais dire aussi que c’est le fond qui dérange. En vérité, il s’agit d’un peu des deux.
Nous découvrons donc ici les deux composantes du Groupe MillenniuM et leurs motivations. Mais nous découvrons aussi un ennemi de MillenniuM en la personne d’Odessa. Or, si l’on apprend que tous deux s’affrontent depuis 75 ans, il est extrêmement étonnant que MillenniuM réussisse à vaincre Odessa en si peut de temps. Si la tâche se révèle autant aisé, pourquoi ne pas avoir agi plus tôt ? Je trouve cela un peu vite expédié : l’organisation Odessa est rentrée dans sa boîte aussi vite qu’elle était apparue.
Au final, à quoi cela a-t-il servi, si ce n’est à être un prétexte à briser le groupe et nous el faire découvrir ? Odessa n’aura été qu’un catalyseur. Et voilà qu’une piste supplémentaire, dans une saison qui en regorge déjà, se retrouve sans avoir eu le temps d’être explorée. On reste un peu - beaucoup ? - sur notre faim. D’autant plus que l’on ne voit pas comment les nazis pourraient refaire surface de manière intéressante plus tard dans la série.
Le chapitre Odessa, bien que court, est refermé avant même d’avoir pu complètement s’exprimer.


Si cette deuxième partie révèle son lot de surprise et bénéficie d’une bonne réalisation, sa conclusion laisse malheureusement un goût d’inachevé.