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1.22 - The Gift
Get down on it
Le grand saut
mercredi 17 novembre 2004, par
Dans ma dernière critique de "Joan" pour la saison 1, du sexe, de l’action, des Français, et un père en prison. Rien que ça.
Mais pas trop quand même, on est dans "Le Monde de Joan", n’est-ce pas.
Pour cet avant-dernier épisode de la saison, ça bosse dur à Arcadia, à l’approche des examens finaux. Joan et Adam continuent à s’aimer malgré le nouveau travail d’employé d’hôtel d’Adam et sa préparation de sa sculpture ; Glynis a du mal à digérer sa rupture avec Luke ; et Will arrête un cambrioleur de pressing. Rien que de très normal, si ce n’était le Tout-Puissant, sous les traits d’un Français plus-stéréotypé-tu-meurs* qui va demander à Joan quelque chose de très simple en apparence, mais de formidablement compliqué en réalité.
La mission de Joan est de donner un présent à Adam. Et comme leur relation est très récente, Joan a beaucoup de mal à savoir ce qui lui plaît. Heureusement, pour l’aider, elle peut ne pas compter sur Grace et sur Luke, qui lui conseillera notamment une lampe Garfield en gage de romantisme pas gnan-gnan du tout à partir d’un moteur de recherche Internet. Excusez du peu.
Désespérée, Joan commence à vouloir dépanner Adam en lui offrant de l’argent pour subvenir à son repas, mais cela tourne au vinaigre. Dieu, jamais avare d’indices, lui conseille de chercher des signes dans son environnement. Donc Joan n’y va pas par quatre chemins, et fouille dans le sac d’Adam, mais là, mauvaise pioche : un préservatif.
Et là, pause. La sexualité adolescente, malgré toutes les évolutions au cours des dernières années, est toujours difficile à traiter pour les networks. Par exemple, une sympathique série, malheureusement annulée au cours de la saison passée, traitait de ce sujet : c’était "Life as we know it". Certaines stations locales de ABC n’ont pas diffusé certains épisodes, du fait de leur contenu jugé immoral (en l’occurence la relation entre une prof et un élève). Donc, quand le teen show le plus populaire d’Amérique aborde le sujet à l’époque, c’est plutôt surprenant.
Toute la suite de l’épisode va ainsi tourner autour de ce "cadeau" un peu spécial, que Joan semble, et on la comprend, beaucoup appréhender. Grace n’apporte pas d’aide, Dieu lui dit que l’intimité est toujours compliquée... On ressent fortement l’hésitation de Joan dans cette dernière scène dans les couloirs, où Adam lui fait remarquer qu’ils ne se sont pas retrouvés sur le toit du bahut aujourd’hui. Un dernier baiser, avant que tout bascule, que rien ne soie plus comme avant....ou pas.
A ce titre, la scène forte de l’épisode est réglée comme du papier à musique. Une fin d’acte avec une porte qui se referme lentement, puis des dialogues minimalistes, l’équipe nous présente un véritable ballet d’amoureux. Il est d’ailleurs intéressant de constater que pour les scènes-clés du couple Joan/Adam, les acteurs insistent autant sur le silence, les regards, la complicité, en somme. C’est quelque chose de beau et rare à la télévision, surtout comparé à d’autres teen shows qui en rajoutent dans le dégoulinant et/ou les dilemnes et choix à outrance.
C’est donc tout naturellement que l’on va nous convaincre que non, Joan n’est pas prête à perdre sa virginité. Ce n’est pas un twist idiot, ni une garantie de la morale sauve. Juste un choix et l’admission du fait qu’elle risque de sauter le pas. On signalera aussi que Joan a échappé aux engueulades, avec une réaction marrante de Helen :"Adam is such a nice boy !"
Le reste de l’épisode est tout aussi convaincant, pour une fois. Will arrête un cambrioleur de pressing qui avait posé (et désactivé) les alarmes du magasin, le tout pour subvenir au besoin de sa petite fille dont il avait la garde. Lors de l’audience préliminaire, Kevin fait ses premiers pas en tant que reporter judiciaire pour faire un compte rendu ; en réalité il fustige la libération conditionnelle en attente du jugement dans l’article du lendemain. Devant cette mauvaise presse le jugement est annulé, et le cambrioleur du pressing se retrouver derrière les barreaux pour deux ans. Will amène Kevin à la sortie du tribunal, pour voir le nouveau condamné dire "au revoir" à sa fille. Il ne s’agit pas d’un réquisitoire contre une presse toujours plus avide de polémiques, surtout envers la justice, mais un plaidoyer en faveur des arrangements judiciaires et de la liberté probatoire, ce qui est plutôt rare dans les séries judiciaires classiques. Après, la réconciliation générale fait un peu cliché, mais on la pardonne, puisque pour une fois Will ne nous a pas saoûlé. On respire.
La seule intrigue secondaire de cet épisode très marqué par la relation Joan/Adam, est celle de Luke et....Grace. En effet, il décide d’offrir une roche à son nouveau "love interest". Ce qui lui donnera l’occasion de sortir de son accoutrement de geek classique (opposé à Geek Cohen, vous l’aurez compris)pour offrir la réplique la plus courte et directe de la saison. En répondant à Grace qui trouve ce cadeau bizarre, il lui répond : "Yeah, I know. I don’t care."
Ce sera la réplique la plus proche du gars normal que nous aura balancé Luke cette saison. Yay !
*Manque plus que la baguette et le béret.
Un épisode émouvant, une touche de poésie, à l’image de cette dernière scène où Adam et Joan s’imaginent en Rodin et sa Muse, des intrigues secondaires réussies et pas lourdes : des bons ingrédients suffisent à faire monter la mayonnaise. C’est donc un très bon épisode que nous offre cette dernière ligne droite de cette première saison de "Joan". A l’heure où la série vient d’être annulée par CBS, je tire ma révérence et laisse la parole à Eclair pour ce final tout en "Silence". Je vous retrouve sous peu pour faire le tour des saisons 2 de "Nip/Tuck" et "American Dreams", ainsi que de quelques épisodes de "X-Files" pour boucler notre intégrale-fil-rouge.
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