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1.01 - Currahee
La Préparation
Currahee
lundi 5 juillet 2004, par
La Easy Company débute son entraînement en Georgie sous la direction du tyrannique Lieutenant Sobel...
Je n’ai pas trop l’habitude de le faire, mais comme Band of Brothers (BoB pour les intimes) constitue une aventure humaine, je vais suivre le fil du récit.
Tout débute avec quelques paroles des vrais soldats de la Easy Company, paroles assez surprenantes puisque si on peut comprendre que personne ne souhaitait faire parti des troupes aéroportés, l’un d’eux nous apprend que c’est l’argent - une solde double, soit 100$ le mois - qui les a motivés à s’engager dans la 101e Division Aéroportée.
Suite à ce prologue, le générique, assez long comme souvent chez HBO, et plutôt bien fait, porté par la musique de Michael Kamen. J’en profite pour rappeler qu’il est malheureusement décédé dans un certain anonymat le 18 novembre 2003 et qu’il était reconnu aussi bien pour ses compositions hollywoodienne que pour ses orchestrations de concerts - Bowie, Clapton, Dylan, Pavarotti, Pink Floyd...
L’épisode lui-même commence donc après le générique. Ce schéma sera quasiment le même par la suite, à la différence que le générique précédera les paroles des vétérans qui ouvrent chaque partie - puisque c’est ainsi qu’est nommé chaque épisode.
Nous rejoignons des soldats sur la base d’Upottery en Angleterre. Ceux-ci se tiennent prêts à embarquer mais on leur annonce qu’un brouillard sur les côtes normandes retarde le Débarquement. Les lieutenants Winters et Nixon bavardent, ce qui amène en flashback à l’entraînement de la Easy Company.
Entraînement placé sous la coupe de Herbert Sobel. Homme tyrannique mais incompétent, il mène la vie dure à ses soldats, les punissant sans cesse, allant même parfois jusqu’à inventer des fautes. Mais la haine que vouent les soldats à leur commandant les pousse à se dépasser constamment, jusqu’à devenir la meilleure des unités aéroportée. Au passage, on voit ici bien que l’armée est pressée de former ses soldats : un homme est déclaré parachutiste confirmé au bout de 5 sauts !
Mais un problème bien plus grave se pose à eux. S’ils finissent par s’accommoder des brimades de Sobel, il ne s’imaginent pas un seul instant aller au front avec lui. Car le Lieutenant Sobel commet bourdes sur bourdes en manœuvres et chacun a dès lors en tête qu’au front, on ne leur laissera pas de seconde chance... Un passage en cours martiale de Winters, second de Sobel mais apprécié des soldats, pousse les sous-officiers à réagir. Ils rédigent une lettre de démission ; et par là même leur arrêt de mort. Démissionner en ce temps là équivaut à déserter, ce qui leur vaudra d’être fusillé. On voit bien à quel point ses hommes commencent à avoir peur au fond d’eux-mêmes, préférant risquer la mort maintenant plutôt que d’aller l’affronter sous les ordres qui ne sait pas les diriger. En fin de compte, leur coup réussit : l’armée a trop besoin de ses troupes et ils sont uniquement dégradés.
Le problème n’est en fiat que déplacé. Car l’état-major a besoin de gens qui ont foi en ce qu’elles font, qui ont le courage d’aller au front. Or, ce n’est pour le moment pas le cas de la Easy. Elle a beau être la meilleure aux exercices, les chefs savent que cela ne servira à rien en France. C’est donc à eux de résoudre le problème Sobel. Etant parfaitement au courant de ses « capacités », ils l’envoient entraîner des infirmières et des aumôniers, faisant passer cela pour une sorte de promotion. Herbert Sobel pourrait être satisfait de ne pas participer au combat, lui qui avait en fin de compte peur de sauter en parachute, mais sa fierté personnellement l’emporte tout de même sur sa lâcheté, l’empêchant ainsi de saluer celui qui le remplace, à savoir le Lieutenant Winters.
Les soldats apprennent alors qu’il vont sauter au-dessus de la Normandie avec pour mission la prise de Carentan, qui fait la jonction entre les plages de Utah et de la tristement célèbre Omaha - qui sert de cadre à Il faut sauver le Soldat Ryan, dont cette série est dérivée - et ensuite de gagner Sainte-Marie-du-Mont, pour y détruire la garnison allemande.
Il est peut-être utile de faire un point justement sur le massacre d’Omaha, même si celui-ci n’apparaît pas dans l’épisode. En effet, le carnage qui s’y déroula n’est pas représentatif du Débarquement, car pour mémoire, plus de 3000 hommes périrent sur cette plage, soit quinze fois plus que sur Utah ; ou bien encore pratiquement les deux tiers des pertes de l’Armée US ce jour-là. Le triste spectacle d’Omaha et de sa mer totalement rouge est dû à une combinaison de divers facteur, mais notamment de renseignements erronées sur les forces allemandes en présence et une incompétence totale de la hiérarchie militaire - les troupes ont débarqué à marée basse et l’état-major américain n’avait pas cru bon d’embarquer les véhicules de déminage conçus par les Britanniques. Ce qui amena la boucherie que l’on connaît mais que l’on a du mal à imaginer et qui lui valu le nom de Bloody Omaha (Omaha la Sanglante).
Les soldats préparent dès lors leurs paquetages, très lourds, mais qui doit leur permettre de tenir 3 jours sans ravitaillement. On leur rappelle à l’occasion d’aller signer leur assurance-vie, ce qui nous permet d’apprendre qu’un soldat vaut 10 000$...
Et tout ceci nous ramène, sans transition mais avec une fluidité parfaite, aux images du début : le retard dans l’opération Overlord et la salle de cinéma.
L’épisode se termine au soir du 5 juin 1944. Tous les membres de la Easy embarquent pour la Normandie. L’occasion d’alterner les plans d’avions au décollage sur fond de couché de soleil et les plans de visages en proie à la peur. Et volent la nuée d’avions dans le ciel nocturne...
NOTA : France 2 a diffusé l’intégralité du générique des deux épisodes - alors qu’on pouvait légitimement penser que le premier passerait à la trappe. Ceci est à saluer, car peut-être est-ce la marque d’un plus grand respect de la chaîne vis-à-vis de ses séries. Enfin, espérons.
Un entraînement qui doit rappeler des souvenirs à ceux qui ont fait leur service militaire ou même à ceux qui l’ont entendu conté par leurs pères ou grands-pères.
Au-delà de ça, on voit aussi des hommes que l’on tente de préparer à affronter le pire, ainsi qu’un état-major qui ne se remet jamais en cause, à l’image de Sobel.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires