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1.10 - Points

La Victoire

Des Hommes avant tout

lundi 2 août 2004, par BuBu

La guerre approche de son terme en Europe. Les soldats attendent, ne sachant pas encore de quoi leur avenir sera fait...

Cet épisode est une nouvelle fois, un long flash-back qui débute en Bavière.

Le 506e est dans les Alpes et fait route vers Berchtesgaden, le berceau du nazisme.

Les soldats sont pressés : comme le dit Speirs, ils voudraient arriver avant les Français au Berghof - qu’il nomme affectueusement « la garçonnière d’Hitler ». La guerre est presque finie, et il s’agit d’un jeu. Winters, comme à l’habitude, tempère les ardeurs des troupes. Mais à son arrivée, le Colonel Sink souhaite encore une fois se mettre en avant par l’intermédiaire du 506e. Les ordres sont clairs : il ne faut pas que Leclerc "le Mangeur de Grenouilles" arrive le premier au Nid d’Aigle.
Tout ceci est finalement très bon enfant. Sauf qu’un détail chiffonne.
Lorsque la Easy arrive au Berghof, tout est calme et désert. Les portes sont closes. Seul gît le corps d’un officier allemand, suicidé. N’importe quel spectateur en conclura alors que le 506e est parvenu au sommet le premier et a coiffé tout le monde au poteau.
Or, en réalité, la première à atteindre le Berghof, le Nid d’Aigles de Hitler, n’est autre que la fameuse 2ème D.B. du Général Leclerc. Les Américains arrivèrent ensuite par l’intermédiaire de la C-Compagny, et non la E-company du Capitaine Speirs.
Mais ce qui est le plus étrange, c’est qu’à la vue des images, rien ne nous dit que le 506e est le premier. En clair, les images le laissent penser au spectateur, mais rien n’est dit clairement. Dans les images, tout laisse à penser que la Easy arrive en premier, mais si jamais on accusait l’équipe de la série d’avoir détourné la réalité historique, ils pourraient toujours dire que non.
C’est un détail dirons certaines. Peut-être, mais ce n’est pas le seul, et je trouve cela très dommageable pour la série. Le pire restant, selon moi, la manière dont cela est fait - car finalement, nous avons l’habitude que les productions US arrangent un peu à leur manière les évènements. Ici, c’est un peu sournois, et la production peut toujours se dédouaner d’avoir influencé de quelque façon le spectateur.


Néanmoins, l’aventure n’est pas tout à fait finie, et l’on en revient au sujet principal de cette histoire : les soldats.
Car ceux-ci, qui stationnent désormais en Autriche depuis l’annonce de l’armistice avec l’Allemagne, doivent se tenir prêt, au cas où on déciderait de les envoyer dans le Pacifique, où les combats continuent de faire rage.
C’est l’occasion pour nous de découvrir le système des points. Attribués pour des blessures, ou pour la longévité au combat, ces points cumulés entre eux permettaient, à un certain total, de rentrer à la maison. Pour les soldats de la Easy, malgré leur parcours héroïque, le cumul n’atteint pas le niveau requis et ils doivent patienter.
Néanmoins, l’Etat-major consent à un tirage au sort qui reverra l’un d’eux chez lui. Tirage truqué par Winters qui désigne Shifty Powers. Mais le malheureux, comme nous l’apprend la voice-over de Winters, sera très grièvement blessé dans un accident sur la route le menant au bateau qui devait le ramener chez lui.

Winters, justement, se sent inutile, et se porte volontaire - ainsi que Nixon - pour aller servir dans le Pacifique.
Son supérieur, consultant ses états de service - ce qui nous donne l’occasion de revoir quelques faits d’arme de Winters - et lui refuse l’affectation : il en a assez fait et n’ira dans le Pacifique que si la 101e est mobilisée.

Dans les rangs de la 101e justement, les choses ne vont pas très bien. Les soldats sont impatients de chez eux, ou sont anxieux à l’idée de repartir au front. Ils s’ennuient de n’avoir rien à faire. Et oisiveté est mère de tous les vices...
Ce qui conduit inévitable à des débordements.
Lipcott s’est attribué un mission : tuer un officier nazi, décrit par un prisonnier du camp de concentration. Passage assez marquant car au final, comme Webster, nous ne saurons pas si l’homme qui est abattu était réellement celui que Lipcott recherchait, ou même si l’homme qu’il cherchait existait vraiment. A moins que ce ne soit par pur sentiment de vengeance...
Certains pètent complètement les plombs, comme ce soldat saoul qui abat un officier allemand, 1 britannique et blesse à la tête un soldat américain. Recherché à la demande du Capitaine Speirs, il est tabassé par la meute vengeresse des soldats de son régiment. Speirs manquera même de l’abattre, mais se retiendra finalement.

Finalement, les choses rentrent progressivement dans l’ordre, Winters trouvant des occupations à ses hommes les plus valeureux.
Petit passage marrant : le Commandant Sobel qui refuse de saluer le Major Winters - chez les anglo-saxons, le grade de Major est supérieur à celui de Commandant - sans doutes frustré que ce dernier soit désormais son supérieur, suite aux combats en Europe, auxquels Sobel n’a bien sûr pas participé.
Mais ce qui nous intéresse, à cet instant, c’est la reddition d’un régiment de la Luftwaffe au Lieutenant Lipton. L’officier fait alors un discours à ses hommes - traduit à Winters par Lipcott. Et ce discours résonne de façon particulière aux oreilles des hommes de la Easy, car il aurait pu leur être adressé. Plus que jamais, les Américains se rendent compte que les Allemands qu’ils ont combattu n’étaient leurs ennemis que parce que leurs dirigeants avaient choisis de les faire s’affronter. Il n’existe pas de haine viscérale entre ces deux peuples.
D’ailleurs, cela a aussi été montré fort bien précédemment au poste frontière. Webster y officiait en compagnie d’un Allemand. Or, le plus grand respect du spectateur allait à ce dernier, car il était survivant des deux guerres mondiales. Ce vétéran, on peut l’imaginer, avait certainement souffert deux fois plus que Webster, car il rappelle à notre souvenir l’enfer des tranchées.

L’épisode, et la série, se termine dans un sentiment de joie assez mitigé. Car si Winters annonce la fin de la guerre, il nous a aussi dressé le portrait de chacun et son futur, souvent sans commune mesure avec les sacrifices consentis au front.


Enfin, les paroles des vétérans nous apprennent que le terme « Band of Brothers » fut utilisé par Henry V, connu en France pour avoir déclenché la Guerre de Cent Ans en revendiquant le trône de France à la mort de Charles V, et dont l’une des principales gloires est la victoire à Azincourt, où les archers anglais triomphèrent des arbalétriers français pourtant en surnombre.


Un épisode qui montre que même la guerre finit, il continue d’y avoir des morts.
Mais on ressent bien le soulagement des hommes, qui ont passé près de 2 ans à combattre.