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1.06 - Bastogne
Le Doc
Bastogne
lundi 19 juillet 2004, par
La Easy est encerclée dans la forêt de Bastogne. Malgré la neige et le froid glacial, elle doit tenir la position coûte que coûte...
Après avoir principalement suivi Richard Winters lors du précédant chapitre, l’histoire s’attache cette fois au travail de l’infirmier Eugene Roe qui sera notre guide dans les Ardennes. Sa mission est simple : veiller à ce que les troupes restent aptes au combat.
Les vétérans décrivent très bien cet épisode de la guerre. Lorsqu’ils s’engagèrent dans la forêt, ils pensaient que le ravitaillement arriverait plus tard. Mais le brouillard rendait les largages impossibles, les rares d’entre-eux atterrissant même du coté Allemands qui profitaient ainsi des bévues Alliés. Et comble de malchance - ou d’incompétence encore une fois - les troupes étaient très mal positionnées et les Allemands leur « ont mis la pâtée » comme le dit si bien l’un des anciens de la Easy.
Nous démarrons donc à la suite de notre guide, dans la neige. Le froid est palpable. Malgré cela, Winters entreprend de se raser ; mais en fin soldat, il est toujours prêt à arrêter des Allemands qui passeraient dans son secteur. Les hommes sont répartis dans tous les bois, deux par trous pour éviter les obus. Ce sont les infirmiers qui vont et viennent entre chaque - ils ne sont apparemment plus que deux. Mais ils sont eux aussi à cours de matériel et Roe est obligé de faire la quête pour obtenir leurs rations de morphine auprès des soldats ; signe de son désoeuvrement, il n’a même pas de ciseaux.
Arrivant comme par enchantement, le Général se pointe. Et exige un rapport. De son coté, il apprend à Winters et Nixon que si la situation n’est déjà pas terrible, elle va encore empirer, car les renforts ont fuis, chargés par les Panzer. En clair, la Easy est abandonnée à elle-même et n’a qu’à se débrouiller comme elle veut pour tenir.
La tâche n’est pas facile. Car en face, l’artillerie pilonne à intervalles réguliers, blessant à chaque fois plusieurs hommes. Roe ne fournit pas. Il doit faire entre les blessures par éclats d’obus et les gelures qui attaquent les extrémités. Il leur conseille de bouger, pour éviter l’engourdissement. Mais d’une part, cela est difficile, les Allemands risquant à tout instant de les canarder. Ensuite, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas forcement un bonne idée.
En effet, sur le front Est, le froid a été un élément déterminant dans al bataille de Stalingrad. Les troupes Allemandes faisaient énormément d’exercices pour lutter contre le froid, mais enregistrèrent de nombreuses pertes car en bougeant, l’air glacial entrait et sortait en permanence par les ouvertures de leurs vêtements. De leur coté, les Soviétiques restaient recroquevillés sur eux-mêmes, dans la neige, l’air entre leurs peaux et leurs habits formant une petite pellicule d’air chaud protectrice.
Vous me direz : « enfin, il est infirmier, il doit savoir ce qu’il fait ». Sauf que Eugene Roe l’avoue lui-même, il n’a aucune expérience médicale ; il s’est retrouvé là par hasard après s’être engagé dans l’aéroportée.
Cet épisode, en plus de suivre un infirmier, nous propose des allers-retours entre le front et l’arrière où l’on soigne les blessés. Le personnel est obligé de faire avec les moyens du bord - des morceaux de draps en guise de bandage, que l’on recycle entre les patients en les faisant bouillir dans des marmites - car la section médicale a intégralement été faite prisonnière par l’armée allemande.
Sur le front, on préfère bénir les soldats tant qu’il en est encore temps. Certains commencent à avoir des gelures aux extrémités - des gelures de tranchées comme les appelle Roe - qui peuvent gangrener.
Une patrouille de reconnaissance finit par trouver les Allemands mais sont obligés d’abandonner l’un des leurs, blessé. Au grand damne de Ephron, qui avait promis à sa mère de veiller sur lui ; il enrage car les Allemands vont le dépouiller sans qu’il ne puisse rien y faire.
Heureusement, au matin, le ciel est dégagé et le ravitaillement arrive.
Le Doc en profite pour retourner à Bastogne. A peine arrivé, il aide l’infirmière LeMaire a sauver un homme ; en vain. L’homme décède. Peu après, celle-ci expliquera à Roe qu’elle préfèrerait travailler dans une boucherie plutôt que de continuer ; il tente de lui redonner courage, comme il le fait avec les hommes de la Easy.
Je m’attarde un instant sur la scène du blessé. On voit Roe tenter d’extraire la balle mais avant qu’il ait fini, tout le monde comprend que le type est mort ; de rage, il balance un bandage au sol. Et là, la coupe est franchement violente. Alors où le monteur s’est un peu raté - ce dont je doute - ou France 2 continue à nous diffuser les épisodes censurés. Si je ne dis ça que maintenant, c’est parce que je n’ai pas eu la chance de voir les épisodes non censurés et que je n’ai jusqu’à présent pas fait spécialement attention ; or là, cela semble flagrant. Pour plus d’information, reportez vous à l’étude de la séquence.
Au poste avancé, Compton compare la Easy aux légions romaines qui attendaient, patiemment et dans le froid, l’arrivé des barbares venus du nord. Et il ne croit pas si bien puisque que dès le jour levé, les blindés allemands entrent en action. Mais personne ne recule.
On ne sait pas comment cela se termine puisque Roe emmène un nouveau blessé à Bastogne.
Néanmoins, cela a dû aller puisqu’on retrouve plus tard nos hommes faisant la queue pour une maigre ration de soupe. Et sur l’entrefaite arrive le Colonel Sink : c’est Noël. Pourtant, les soldats n’ont pas le cœur à fêter quoi que ce soit et on les comprend. Il sont sur le qui-vive en permanence, dans un froid qui leur mord la peau, chaque minute de passée pouvant être la dernière. Sink tente de maintenir le moral des troupes en blaguant un peu et en annonçant que l’avancée allemande a été stoppée dans toutes les directions.
Alors pendant que l’opposant chante à tue-tête des cantiques, chaque soldat a son petit truc pour tenter d’égayer la nuit de Noël. Allant même jusqu’à faire un feu, qui déclenche les tirs allemands : ils sont en guerre, aucun repos n’est toléré. Ce manque de discernement coûte la jambe à un sous-officier.
Roe retourne une fois encore à Bastogne. Pour découvrir que Sink s’est planté : le front est là, la ville subit des bombardement et tombe en ruine. L’église est détruite et il doit battre en retrait. Non sans avoir trouvé un morceau de tissu que LeMaire portait sur la tête, signifiant qu’elle a succombé à l’attaque.
Roe retourne dans la forêt, où la neige est par endroit maculée de sang. Le combat continue...
Le carton de fin nous apprend que ce sont les divisions blindées de Patton qui viendront à la rescousse de la 101e Airborne. Et que tous soldats déclarèrent n’avoir jamais eu besoin d’un quelconque secours.
Comme l’avait déclaré à la fin de l’épisode précédent Winters : « Nous sommes des para ; nous n’opérons qu’encerclés ».
L’Enfer du Nord, le vrai. Tellement bien mis en scène que l’on se prend à avoir froid devant son téléviseur.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires