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1.02 - Days of the Days

Le Débarquement

Jour J

samedi 5 juin 2004, par BuBu

Le grand jour pour les Alliés et pour la Easy qui va être parachutée sur la Normandie. Mais les Allemands les attendent de pied ferme...

Après les habituels témoignages - dont je précise que le plus grand défaut est que ne sont pas mentionnés les noms des soldats, même si cela est très certainement volontaire - nous retrouvons nos personnages là où nous les avions laissés : c’est-à-dire dans l’avion. Le silence règne au sein des soldats, seul le ronronnement du moteur leur indique qu’ils se rapprochent du champ de bataille. L’angoisse se lit sur les visages. A priori, tout a été travaillé à l’entraînement et lorsque arrive le moment de sauter, le cérémonial de vérification est automatique et connu de tous. Ensuite, il n’y a plus qu’à sauter lorsque la lumière passe au vert. Rien de plus simple.
Sauf qu’un élément diffère des exercices : la présence de la DCA allemande. A peine sortis des nuages, les avions sont abattus comme des mouches, les carcasses en flammes entraînant d’autres transport dans leur chute. Le spectateur est de plein pied dans l’action, avec les soldats dans la carlingue. A ce moment-là, ceux qui, dans les barges, voguent vers les côtes normandes, n’ont pas à envier leurs camarades de l’aéroportée. C’est littéralement l’Enfer. Le nombre impressionnant d’appareils fait que malgré les pertes, le ciel français est noir de parachutistes. A ce titre, il est important de signaler que c’était là la stratégie prônée par les alliés : moins fortes et moins bien équipées, les forces d’invasion comptaient sur le nombre pour submerger les forces allemandes. Cela a payé, même si la Wehrmacht n’avait bien souvent qu’à tirer dans le tas. Dans ce déluge de feu, l’avion contenant les soldats de Winters parvient à larguer son chargement. La scène de saut est d’ailleurs plutôt réussie, Richard Loncraine faisant virevolter sa caméra autour de Damian Lewis pour masquer les imperfections de la scène, et cela passe vraiment bien.
Seulement, au sein du chaos, toutes les unités ont été dispersées et n’ont pas été droppées à l’emplacement prévu. De plus, les soldats ont perdu du matériel, parfois même leurs armes. Lorsqu’ils se croisent les soldats ont deux systèmes de reconnaissance. D’abord le fameux petit joujou qui fait clic-clac, qui permet de lancer un signal sans se faire repérer ; problème non mentionné dans la série, ce gadget produisait le même son que le chargeur des fusils-mitrailleurs allemands... L’autre, plus conventionnel, est un mot de passe en forme de question réponse. Ce qui nous donne l’occasion d’un scène amusante : Winters voit un soldat, Holmes, et lui lance « Foudre ! », s’entendant répondre un « Merde ! » de la part de l’homme empêtré dans son parachute et trop occuper à sauver sa peau pour jouer au parfait petit soldat.
Peu à peu, et par hasard, des soldats de diverses sections se trouvent.
Je vais me permettre une nouvelle digression historique, au sujet des parachutages. Comment mentionné plus tard par Nixon, les troupes aéroportées ont subis des pertes énormes. Or, toutes ne sont pas imputables à l’armée allemande mais encore une fois à un manque de précision dans les renseignements. Car les repérages avaient montrées d’immenses champs où les para pourraient se poser. Or, à cette période, il s’agissait de marécages recouverts d’un tapis herbeux. Les para atterrissaient dedans et mourraient noyés, attirés par le fond par leur imposant arnachement, que l’on appelle ironiquement « paquetage de survie »...


Au matin, alors que la petite troupe chemine à travers la campagne, elle entend dans le lointain le pilonnage de la côte par les navires alliés. Il est 6h00 ; dans 30 minutes, les premières vagues d’assaut vont débarquer à Omaha et Utah...
Il rejoignent finalement le point de rassemblement, et de nombreux soldats sont déjà sur place. Des prisonniers allemands aussi. Et à sa grande surprise, Malarkey découvre que l’un d’eux est né et à vécu dans l’Oregon, et qu’il ont travaillé sans le savoir dans la même usine. Et ils se mettent à bavarder. Ce passage permet de voir que chaque camp n’entretenait pas une haine féroce de l’Ennemi. Quand Guarnere a précédemment tiré sur le convoi, c’était plus une pulsion causé par la mort de son frère en Italie qu’une volonté de tuer de l’Allemand. Car en fin de compte, les soldats de la Wehrmacht étaient des hommes comme les autres, à qui ont avait demandé d’aller se battre au front pour une idéologie qu’ils ne soutenaient pas forcément - au contraire, l’armée n’appréciait pas les exactions des nazis. Ce qui fait que lorsque Speirs les fusille tous, le spectateur a un moment de surprise, voire même d’horreur, car il a vu un visage avenant chez l’ennemi. Même si cela est inspiré d’une histoire vraie et que certains éléments ont été adapté à la dramaturgie de l’histoire (dixit le générique), on ne peut s’empêcher d’approuver la réalisation qui met bien en lumière ce paradoxe « d’ennemi amical ».


Vient alors le gros morceau de l’épisode mais aussi pour la Easy reconstituée : l’attaque d’une batterie de mitrailleuse pour protéger l’avancée des troupes de Utah Beach. Meehan et sa section étant portés disparus, c’est à Winters que revient le commandement.
Cette séquence, pour grande partie tourné à l’épaule, nous propulse sous le feu de l’ennemi, sous les ordres de Winters. Nul besoin de détailler ici ce qui constitue de l’action pure et dure.
Cela nous donne l’occasion de voir une deuxième fois le Lieutenant Speirs, de la Dodge Company et de confirmer son statut de tête brûlée : il n’a peur de rien, mais son manque de discernement coûte la vie à ses hommes. Néanmoins, plus tard dans l’avancée du front, il sera d’une aide non négligeable.
Au-delà de ça, l’assaut est parfaitement maîtrisé, tant dans son exécution par les soldats qu’au niveau de la mise en scène visuelle. C’est même devenu un modèle du genre que l’on enseigne à West Point - école d’officiers américaine.


Malgré le désordre général suite du parachutage et les monstrueuses pertes humaines et matérielles, l’opération Overlord est un succès. De plus, Winters a trouvé une carte indiquant toutes les positions allemandes, ce qui va permettre d’avancer plus vite.
Mais lui n’en a cure. Il a vu mourir l’un de ses hommes, Holmes. Il est triste car ce n’était qu’un gamin. Cela remet alors en perspective le fait que beaucoup de soldats, ce jour-là, étaient justement des gamins, vite enrôlés et vite préparés à faire le guerre, mais tout aussi vite disparus au champ d’honneur, sans avoir eu le temps de combattre pour la cause qu’ils étaient venus défendre.


Le bruit, les cris, la fureur, la peur, la mort.
Tout est réuni pour nous donner la vision la plus réaliste possible de ce qu’ont vécu les soldats de la 101e aéroportée.