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1.04 - Replacements

La Déroute

Les Remplaçants

lundi 12 juillet 2004, par BuBu

L’opération Market Garden devait permettre d’envahir la Hollande et d’atteindre Berlin avant noël. Mais encore une fois, l’état-major commis une grave erreur...


Le regard que portent les hommes de la Easy sur les réservistes n’est pas tendre. Un peu prétentieux, arrivistes, les « anciens » qui étaient présents le 6 juin les regardent avec méfiance et attendent qu’ils fassent leurs preuves - ce qui paraît normal. Mais le plus dramatique dans ces paroles c’est que finalement, un petit nombre s’adapte ; un groupe qui correspond à ceux qui ne sont pas morts durant l’opération.


Nous retrouvons nos soldats sur la base d’Aldbourne (Angleterre) le 13 septembre 1944, soit 2 mois et demi après que nous les ayons quittés. Les hommes de la Easy sont dans un pub où ils jouent principalement à impressionner les réservistes, Guarnere les traitant même comme des morveux ; en clair, on leur fait comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus. L’ambiance est faussement joyeuse. Mais Lipton, qui vient d’être promu Adjudant-chef, vient mettre tout le monde d’accord en leur annonçant qu’il leur faut plier bagages ; son intervention est courte, faite sans émotions, assénée telle une sanction.
Leur mission est simple : libérer Eindhoven pour permettre aux Alliés d’entrer par la suite en Allemagne et, espère-t-on, mettre fin à la guerre pour Noël. L’Opération Market Garden ne sera qu’une simple formalité : elle comprendra encore plus de divisions que Overlord, alors qu’en face « Les Allemands n’ont mis que des vieillards et des gosses »... L’expression « Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué » prend ici tout son sens. Les troupes partent la fleur au fusil, et beaucoup sont des réservistes qui viennent d’arriver et qui sont en vérité très mal préparés.
Sur la base, tout le monde se prépare et vérifie son matériel. Le Sergent Denver Randleman, dit Bull (Taureau), aide les nouveaux et les conseille. C’est alors qu’à la stupéfaction de tous arrive le Lieutenant Sobel, qui a en fait été nommé officier logistique. C’est un soulagement pour tous, car un moment, sans doutes ont-ils eu peur qu’il ne les accompagne au combat.


Le 506e est parachutée en pleine campagne et progresse à travers champs. Par petites touches, le spectateur est amené à comprendre que cela a de fortes chances de mal se passer, tant les nouveaux semblent assez peu au courant de ce qu’ils font réellement là.
Mais les soldats arrivent sans encombre à Eindhoven où un accueil triomphal leur est réservé. Et pas l’ombre d’un casque ennemi. Ce qui est étrange...
On assiste alors à la vindicte populaire menée par les résistants contre les femmes ayant collaboré avec l’occupant : leur vêtements sont déchirés et leurs crânes rasés apprend aussi que les hommes sont eux directement fusillés. Les membres de la Easy tente de rester impassible, mais on sent que cela leur est difficile. Mais ils ne peuvent rien faire pour empêcher cela et Winters préfère se concentrer sur sa mission. Il décide de passer la nuit sur place. Cette nuit là, trois soldats tentent de quêter de la nourriture chez un habitant qui la leur offre de bon cœur, à leur grande surprise. En retour, l’un d’eux offre une tablette de chocolat au fils, qui n’en a jamais mangé - il est jeune n’a sans doutes pas connu beaucoup d’autres choses que la guerre.


Plus tard, les Company E et F sont envoyés dans les environs pour nettoyer la zone de toute résistance. En chemin, ils croisent une femme tondue et son bébé qui errent sur le bas coté. Personne ne s’arrête, même si un soldat lui tend de la nourriture. Scène sobre, sans dialogue, qui montre parfaitement le désarroi des hommes qui sont impuissants et qui, en libérant le pays, ont causé la perte de cette femme. Le bébé qu’elle porte dans ses bras est bien entendu le fruit de l’union avec un Allemand ; mais peut-être n’était-elle pas consentante, peut-être a-t-elle été violée, on ne le sait pas. En tout cas, elle a été punie mais le méritait-elle réellement ? Et les soldats qui croisent son regard comprennent qu’ils ont leur part de responsabilité dans ce qui lui arrive, même si au final leur cause est juste. Cette femme représente le coté pervers de la libération : des gens qui cherchèrent à tout prix à se venger à ce qui était arrivé, des gens ivres de haines qui s’attaquèrent parfois à des proies faciles ou même innocentes ; ou pire, d’anciens collabos qui en accusèrent d’autres pour camoufler leurs propres méfaits...

Les troupes arrivent à Nuenen ou de suite, le lieutenant les commandant est abattu - on apprendra plus tard qu’il a miraculeusement survécu. Tout le monde se planque dans le fossé, mais Bull les motive pour prendre la ville d’assaut. Les soldats se répartissent, cherchant les tireurs embusqués. Mais de sa fenêtre, un homme leur crie de partir ; mais on ne comprend pas s’il est hostile aux alliés où s’il leur dit de fuir un danger. Car la ville est calme.
Jusqu’à ce que Randleman découvre un char d’assaut planqué dans le foin : les Allemands sont en fait organisé et, une fois de plus, prêts à recevoir l’assaillant. La colonne de blindés alliée est détruite, les deux compagnies se replient dans le désordre le plus total. Les officiers sont touchés : le Lieutenant Nixon prend une balle perdu en pleine tête mais sauvé par son casque, alors que le Lieutenant Compton est touché au postérieur par une balles qui traverse les deux muscles fessiers - « première fois que je vois 1 balle, faire 4 trous » dira quelqu’un.
« Les vieillards et les gosses » sont finalement plus résistants que prévus et les Alliés ont pris un bon coup de pied au cul. La Easy est en déroute et ne peut retourner à Eindhoven que les Allemands sont en train de bombarder. La mission se révèle un échec car l’ennemi a été sous-estimé. De plus, ils auront dorénavant à affronter la rancoeurs des Hollandais, qui ont payé au prix fort l’inefficacité alliée.


On campe dans un champ. Les réservistes sont un peu traumatisés par els évènements. De plus, la Easy a perdu. Les nouveaux, qui l’apprécient car il les a toujours soutenus, forment un petite unité pour partir à sa recherche.
Randleman s’est planqué dans une canalisation à Nuenen puis s’est réfugié dans une grange. Là, il protège deux fermiers en se battant à la baïonnette avec un soldat allemand. Bien que blessé, il parvient à fuir et à tomber une unité de reconnaissance et sur les réservistes qui s’étaient portés à son secours.
La Easy rebrousse alors chemin.


Market Garden est donc un échec cuisant, en grande partie à cause d’une mauvaise tactique. Les renseignements se sont encore révélés faux et on peut s’interroger sur la compétence de l’état-major qui a perdu énormément sur cette opération en fin de compte absolument pas organisée. La 101st Airborne Division américaine est délestée de 750 hommes et 21 000 blessés (dont 180 morts et 560 pour le 506e régiment) ; la 1e Division Aéroporté Britannique compte près de 8 000 morts.
Et tout cela pour rien...


Cet épisode nous montre à la fois la difficulté d’incorporation des réservistes mais aussi, par des images très fortes, la vindicte populaire qui sévit à la libération.
Et avec la désormais traditionnelle erreur tactique des généraux.