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1.08 - The Patrol
La Lassitude
La Dernière Patrouille
lundi 26 juillet 2004, par
La Easy est postée à Haguenau et doit effectuer des infiltrations dans les lignes ennemies pour faire des prisonniers...
Les vétérans reviennent une nouvelle fois sur Bastogne et sur les amis qu’ils ont perdu. Mais après cette terrible épreuve, les survivants ont désormais l’impression qu’ils pourront rentrer chez eux vivants. Ce qui contraste avec les sentiments exprimés au début de Carentan (1.03).
Nous sommes en février 1945. Alors que certains, il y a quelques mois, pensaient que les Alliés seraient à Berlin pour noël, il ne sont aujourd’hui que sur les bords du Rhin. Cependant, l’issue semble proche, l’armée allemande ne faisant que résister comme elle peut pour repousser une échéance désormais inéluctable.
Le 506e et la Easy sont désormais connu au sein de l’armée ; on les surnomme les « salopards amochés de Bastogne ». C’est la tentative de réinsertion de David Kenyon Webster au sein de la compagnie que nous allons suivre, en parallèle avec l’arrivée d’un Aspirant tout juste sorti de l’école.
La situation du premier est paradoxale : il est considéré comme un lâcheur car il n’était pas présent dans les Ardennes, pour cause de blessure. Pourtant, Webster était du Jour J et de Market Garden - où il fut touché. Mais il est mis à l’écart car il n’a pas vécu la terrible épreuve où cours de laquelle nombre de ceux qu’il connaissait son mort. Du moins nous le dit-on ; car en vérité, il ne s’agit que d’un des éléments qui font que Webster fut mis à l’écart, car celui-ci n’avait en fin de compte que peut participé au combat et le lien qui unissait les autres n’allait pas jusqu’à lui. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il y a réellement eu un avant et un après Bastogne. Le visage des soldats s’est fermé, tous arborent des mines défaites. D’ailleurs, Webster se sent finalement aussi un peu comme un intrus et comprend qu’il va devoir faire ses preuves.
Pour l’Aspirant Jones, c’est un autre problème. Tout fraîchement sorti de West Point - centre de formation des officiers américains - et ironiquement le 6 juin 1944, il n’a aucune expérience du front. Le problème est que la Easy n’a quasiment plus d’officiers et que la 2e section est commandée par le Sergent Malarkey. Les hommes n’ont pas vraiment d’animosité envers lui, juste du dédain ou de l’indifférence - l’épisode « Dike » y est sans doute pour quelque chose. Et ils n’hésitent pas à s’exprimer ouverte en sa présence, faisant comme s’il n’existait pas. Jones est conscient de son manque d’expérience mais cherche à gagner la confiance de ceux qu’il est amené à commander.
Car il est de suite placé à la tête de la 2e Section où Malarkey, l’air complètement ailleurs, lui apprend que le 76e Bataillon d’Infanterie a mis les voiles de façon peut glorieuse ; c’est donc le 506e qui doit stationner à Haguenau.
Le Colonel Sink a organisé une incursion dans le camp adverse dans le but de faire des prisonniers. Personne n’est enthousiaste, et surtout pas la 2e Section qui part encore une fois au grand complet - si l’on peut utiliser ce terme, car les effectifs sont considérablement réduits. Les soldats expriment ouvertement leur rancœur. Car désormais, les pertes humaines ne semblent plus les traumatiser, mais les enfoncer dans leur déprime - témoin la mort de Milkin.
Jones, qui tient à faire ses preuves, négocie et obtient de Winters de remplacer Malarkey, décidément au bout du rouleau. Cependant, c’est John Martin qui commandera l’unité, Jones étant là à titre d’observateur. Webster est emmené en tant que traducteur.
La cible de l’incursion est un petit immeuble situé non loin de la berge. Les soldats se doivent d’être le plus silencieux possible. Mais lors de l’assaut, Eugène Jackson pénètre trop tôt dans le bâtiment et sa grenade lui explose au visage, le blessant grièvement. Trois soldats allemands sont faits prisonniers, mais leurs cris alertes des troupes postées aux alentours. L’unité se replie et est bientôt prise entre deux feux, le 506e les couvrant depuis l’autre rive. Au moment de reprendre les embarcations, un des Allemands, blessé, est laissé sur place, Jackson étant déjà difficile à transporter.
Au retour au camp, c’est la confusion. Plusieurs membres de la Easy veulent tuer les deux prisonniers, qu’ils jugent responsables de ce qui arrive à Jackson ; mais Jones intervient avec sang-froid et détermination. Malheureusement, le doc arrive trop tard et Eugene Jackson décède. Les hommes se morfondent, d’autant plus que, comme nous l’apprend la voice-over de Webster, Jackson s’était enrôlé à 16 ans et que sa mère va recevoir une lettre mensongère lui racontant que son fils est mort au cours d’une opération de la plus haute importance. Un mensonge de plus de la part de l’Etat-major, qui ne remplacera pas la perte de son enfant.
Au matin, on entend encore les cris d’agonie du soldat allemand laissé sur la berge. Ses compatriotes ne peuvent aller le chercher, car ils craignent une riposte des Alliés. Les Américains souhaitent en finir, ne supportant plus les hurlements.
Nous, spectateur, n’aurons que des mots. En réalité, ils lancèrent des grenades, celle de Cobb mettant fin à ses souffrances.
La patrouille est donc un succès. Mais son intérêt est pauvre. Car elle ne sert en vérité qu’à faire mousser le Colonel Sink auprès de ses supérieurs. Celui qui semblait être plutôt proches de ses soldats se révèle finalement aussi pourri que les autres officiers supérieurs qu’il représente physiquement à l’écran. Il décide même d’organiser une deuxième sortie.
Winters choisit de ne pas embarquer de nouveau ses hommes dans une mission dangereuse et sans intérêt. Ils passeront la nuit dans leur lit et Nixon rédigera un faux rapport le lendemain. Rapport qui satisfera visiblement ses chefs.
Pour les gars de la Easy, le calvaire va bientôt prendre fin. Et ils pensent incessamment rentrer chez eux.
C’est l’heure des promotions : Carewood Lipton passe lieutenant, ainsi que Jones ; Speirs est capitaine ; et Winters, à sa grande surprise, est nommé Commandant.
Mais ces « réjouissances » sont considérablement mises à mal par le discours final de Webster. Car ce sont de petites récompenses au regard des efforts fournis et du sang versé. Et surtout, alors que les soldats alliés continuent de se battre en Europe, la population américaine revit comme aux plus beaux jours, comme si la paix avait été signée. Mais pire que tout, pendant que le citoyen s’amuse, il n’a aucune conscience à ce moment-là des souffrances endurées par les soldats.
Mais il ne faut pas oublier que, comme nous l’avons vu dans Point de Rupture (1.07), les images rapportées du front montrent - doivent montrer même - des hommes heureux et fiers de ce qu’ils font. De l’autre coté de l’Atlantique, les civils subissent la désinformation de l’Armée. On ne peut donc pas complètement leur en vouloir, car ils ignoraient en partie ce qui se passait.
Des soldats éreintés et à bout de nerfs voient le bout du tunnel. Pour les incorporés de dernière minutes, l’insertion dans le groupe est difficile.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires