Accueil > Critiques > Archives > Firefly > Return of the bride
1.11 - Trash
Return of the bride
Déchets Précieux
jeudi 27 octobre 2005, par
La jolie et vile Saffron revient emmerder l’équipage et Mal se retrouve à poil. De quoi rendre tout le monde heureux...
Et voilà ma première critique en retard. Je suis officiellement une Tex maintenant, youhou ! Oui, non, c’est pas drôle (Stratego me lance des regards menaçants, donc c’est vraiment pas drôle). Désolée pour le rythme désormais plus lent, mais dites-vous que le mois Firefly va se prolonger un peu comme ça (c’est le boss qui va être content...).
RAPPEL

- Bizarres, les toilettes du coin...
Par une belle journée ensoleillée, Mal admire le paysage désertique environnant, tranquillement assis en tenue d’Adam sur un rocher. Mais comment en est-il arrivé là ? Et comment fait-il pour ne pas se brûler les miches ?
Tout commence quelques jours plus tôt lorsque Mal revoit son vieil ami Monty et fait la connaissance de sa chère épouse Bridget, qui n’est autre que... Saffron ! Vite affranchit sur l’identité de sa moitié, Monty l’abandonne purement et simplement sur cette lune paumée. Ayant désespérément besoin d’un moyen de transport pour se casser d’ici, elle propose à Mal de bosser avec elle sur un plan qu’elle a mis au point. Pas encore complètement idiot, Mal la laisse seule dans sa misère et retourne à bord de Serenity. Après une dispute avec Inara sur le fait qu’il n’a eu aucun boulot valable depuis longtemps tout en l’empêchant elle-même de trouver des clients, Mal va libérer du cageot dans lequel il l’avait enfermée...Saffron. Yep, ça sent les emmerdes pointer à plein nez. On applaudit Captain Tightpants !
Saffron expose donc son plan pour voler un pistolet de collection d’une grande valeur nommé le Lassiter, à la grande méfiance du reste de l’équipage. Malgré les fortes réticences d’Inara, les autres acceptent le boulot, non sans certaines appréhensions justifiées et un bon coup de poing dans la tronche au préalable (go Zoe, go !). A Bellerophon, Saff et Mal passeront discrètement par la porte arrière du building dont ils ont déjà les codes d’entrée, piqueront le Lassiter qu’ils jetteront ensuite à la poubelle, tandis que les autres changeront les coordonnées du lieu où va la benne à ordures une fois ramassée, afin de récupérer le flingue tranquillement sans que les ordures soient directement incinérées.
A part Jayne qui se prend un coup de jus lors du trafic de la benne, tout se passe à peu près bien jusqu’à ce que Mal et Saffron soient découverts en pleine action par Durran Haymer, le propriétaire. Celui-ci se révèle plus heureux qu’autre chose, ravi d’avoir retrouvé sa femme Yolanda ( Saffron, quoi), disparue depuis six ans. Mais il ne s’avère pas si dupe et appelle les Fédéraux par précaution. Les deux voleurs se barrent donc vite fait pour leur échapper, à coup de gadgets et de coups de poings. Une fois dans la navette, Saffron fait tourner Mal en bourrique pour qu’il baisse sa garde et récupère son arme pour le contraindre à se déshabiller avant de l’abandonner dans le désert.
A bord de Serenity, les autres se rendent compte que Saffron a trafiqué la navigation et sont dans l’impossiblité d’être au rendez-vous à Isis Canyon. Et grâce à River, Simon commence à comprendre ce qui s’est passé sur Ariel. Il confronte donc Jayne lorsque celui-ci se retrouve paralysé par les médicaments qu’il lui a administrés, lui expliquant qu’il sera souvent sous son scalpel... mais ne le blessera jamais. La confiance doit régner.
A Isis Canyon, Saffron cherche le Lassiter dans la benne à ordures, qu’elle ne trouve pas car Inara l’a récupéré bien avant. Tout était déjà prévu ! Mal se doutait que Saffron essaierait de les doubler, c’est pourquoi il a chargé Inara d’être le plan de secours. La Compagne enferme donc la vile rouquine dans le container et récupère Mal. Ils repartent tous tranquillement avec la précieuse arme, parés à la revendre au plus offrant. Voilà une très bonne journée de passée !
CRITIQUE
Visuellement on peut être un peu déçu par le début de cet épisode, où l’on est soit plongé dans le noir quasi-total soit entre les murs de Serenity (toujours sublime, mais pas nouvelle), ce qui signifie un tournage en studio très peu coûteux. Mais c’est pour mieux investir dans la seconde partie, où l’on nous gratifie de très beaux effets spéciaux, que ce soit dans l’espace ou sur Bellerophon avec ses jardins flamboyants et ses bâtiments à l’architecture originale. J’adore les vaisseaux de la série, ils ont un charme fou et les scènes de vol ont vraiment quelque chose de poétique. Il n’y en a pas assez à mon goût, et c’est là qu’on se rend compte du manque de moyens de la série. C’est ça le luxe à l’écran, on s’y fait vite. Un peu comme la présence de Catherine Hendricks (ça se sent que j’essaie d’enchaîner, là ?).
Saffron : “He’s my husband.” (“Il est mon mari.”)
Mal : “Well who in the damn galaxy isn’t ?” (“Mais qui dans cette fichue galaxie ne l’est pas ?”)
Nous faisons la connaissance de Monty, ancien compagnon d’armes de Mal et Zoe faisant également une carrière de bandit pour survivre. Ce personnage vient appuyer le manque de choix qu’a eu Mal après la guerre. Evidemment on avait compris depuis longtemps que cette solution est un peu la seule qui s’offre aux ex-Browncoats, que le monologue d’intro de chaque épisode venait nous rappeler. Mais Mal et Zoe semblaient être les seuls à personnifier ce triste état de fait. Cette courte apparition d’un autre Indépendantiste permet donc de nous rappeler que ce petit groupe semblant si particulier à nos yeux désormais est tout ce qu’il y a de plus banal dans cet univers (si on ne compte pas les Tam, hein, chipotez pas !). Mais surtout, Monty introduit à l’histoire l’ex-Madame Reynolds.
Saffron est le troisième personnage secondaire à revenir, après Badger et Niska. Et il faut bien le dire, la retrouver est plus agréable que ces deux-là. C’est bien simple, il est impossible de ne pas aimer cette emmerdeuse de premier ordre. Nous avions fait sa connaissance dans Our Mrs Reynolds, où après s’être fait passer pour l’épouse naïve et serviable de Mal (qui ne voulait pas d’elle), elle faillit tuer tout l’équipage. Nous l’avions quittée assommée par son cher et tendre, quelque part sur une petite planète. Voici donc notre rouquine préférée de retour, plus délicieusement biatch que jamais. Celle-ci n’est pas encore apparue à l’écran que Malcolm Reynolds se retrouve complètement nu et paumé au milieu de nulle part. Et qui est assez bas, vil et moqueur pour faire un tour pareil à notre Capitaine ? Saffron, pardi ! La revoir est un pur bonheur tant le couple qu’elle forme avec Mal fait des étincelles. Sans compter que les ennuis qu’elle apporte sont plus de l’ordre du comique que du tragique. Mais au jeu du qui est prit qui croyait prendre, Saffron est encore perdante.

- I’ll be back.
Le titre original Trash ne fait pas référence qu’aux ordures du container détourné puisque ce mot est aussi utilisé comme insulte (en anglais comme traduit en français). Vu l’appréciation de tout l’équipage pour celle qui fait son grand retour, il est évident que ce double sens n’est pas un hasard. En particulier lorsque Saffron se retrouve littéralement plongée dans les ordures, à la place qu’elle mérite pourrait-on dire. Il est pourtant difficile d’en vouloir à ce personnage, qui ne résume pas à son comportement décomplexé de peau de vache. Moins extrême qu’elle n’y paraît, Saffron nous laisse entrevoir la vraie personne cachée sous cette couche de mascarade. Son moment de faiblesse qui se révèle être de la comédie pour berner Mal ne l’est pas tant que ça. Quelques temps plus tôt elle faiblit réellement face à Durran et s’énerve, perdant le contrôle d’elle-même un court instant. Elle crie sur Durran, ne supportant pas le regard de déception mêlé de tristesse qu’il lui lance, et qu’elle ne connaît que trop bien chez d’autres. Ce qu’elle raconte à Mal est donc probablement véridique quelque part (on n’est jamais sûrs avec la reine du mensonge). Durran a parfaitement pu être son premier mari et Yolanda son vrai nom, et avec son tempérament elle n’aura pas supporté de vivre dans une prison dorée malgré son affection pour son mari. Depuis, elle mène tout sauf une vie tranquille et honnête. Un passé plutôt crédible, vous ne trouvez pas ? Finalement, elle est assez triste à voir. Saffron a beau être indépendante et froide, ses fausses accusations ressemblent fortement à de la rancœur due à une vie qu’elle doit s’en vouloir un peu d’avoir abandonnée. Elle était riche, aimée par un homme bon dans un vrai petit paradis sur terre (Bellorophon a beau appartenir à l’Alliance, ce lieu est étonnamment plein de vie, à l’opposé d’Ariel par exemple). Mais ses envies d’aller voir ailleurs (à tous les niveaux) l’auront emporté. Elle aurait pu entrer et ressortir du bâtiment à sa guise sans problème, mais elle voulait que Durran reste sur un avis positif à son sujet, comme le remarque si bien Mal (il peut cerner plutôt bien les gens quand il veut). Durran ne se laisse pas faire par son petit numéro de charme. Il est peut-être celui qui la saisit le mieux finalement. Il fait preuve de dédain et de pitié envers elle et est sûrement le seul homme à la traiter comme ça. Son opinion lui importe car il est aussi le seul à l’avoir réellement aimée, et elle a dû l’aimer un temps aussi. Mal n’est pas dupe non plus (il a finit par ne plus l’être en tout cas), mais la différence est qu’il se moque royalement d’elle.
L’amour du risque
Quant Inara et Mal se montrent tout sucre tout miel l’un envers l’autre, c’est que quelque chose cloche. Ce que remarque Mal assez vite et il finit par reporter tout son ras-le-bol de Saffron sur Inara, ce qui est loin d’être un hasard puisqu’elles sont les deux seules femmes à avoir la moindre influence sur lui malgré lui. Tous les deux s’énervent trop et comme d’habitude vont un peu trop loin. Ces deux-là ont toujours des difficultés à communiquer, mais Inara fait une fois de plus des efforts pour améliorer leurs rapports, alalnt jusqu’à s’excuser. Contrairement à lui, ça fait un moment qu’elle a réalisé les sentiments qu’elle lui porte (bien qu’elle n’ait jamais avoué le baiser donné lors de leur dernière rencontre avec Yo-Saff-Bridge, elle ne se l’ait jamais nié envers elle-même). La réconciliation se fait en jouant contre Saffron. Non seulement la confiance règne malgré tout, mais un ennemi commun a aussi le don de rapprocher (la présence des Tam en est le parfait exemple).
A première vue, la relation amour/haine que Mal et Saffron entretiennent est une version puissance mille de celle entre lui et Inara. Sauf que derrière cette façade, il n’y a aucune tendresse, aucun respect, aucune fidélité. Tout simplement parce qu’il n’y a aucune amitié. Avec Saffron il n’y a rien de plus profond, juste un jeu que se livrent deux grands enfants. Quand ils se bagarrent (dans une séquence délirante particulièrement jouissive où les coups de boule sont de rigueur), c’est Monty qui doit les séparer et les gronder comme deux sales garnements. Cela donne un duo dynamique et savoureux, les vannes et les coups tordus s’enchaînant jusqu’à l’apothéose où Mal s’en retourne avec la véritable élue de son cœur. C’est par ailleurs absolument délicieux la façon qu’a Inara d’expliquer à Saffron qu’elle a été bernée. On sent bien qu’en plus du fait d’avoir eu du boulot, elle est ravie de s’être amusée.
“Also, I can kill you with my brain.” - River (“Aussi, je peux te tuer par la pensée. »)
Les évènements survenus sur Ariel sont remis sur le tapis. Il est en effet assez étonnant de voir Jayne discuter avec Simon et River, les mettant en garde contre Saffron qui pourrait les vendre aussitôt si elle apprenait qu’ils sont recherchés. Bien trop occupée à séduire (ou arnaquer, ça revient un peu au même chez elle) Mal lors de leur première rencontre, elle les avait à peine remarqués. Cette fois-ci, il faut faire plus attention. Jayne a réellement peur de Mal depuis leur petite explication qui a bien failli l’envoyer dans le vide intersidéral, et se montre par conséquent bienveillant envers les Tam, histoire de se faire pardonner. Pour que Jayne Cobb fasse preuve de culpabilité, il aura vraiment fallu y mettre le paquet. C’est un véritable tournant que subit le personnage, même si cela ne semble a priori pas très voyant. Le changement n’est pas radical mais subtil, Jayne restant en apparence égal à lui-même. Quant à la réaction du frère et de la sœur en apprenant sa trahison, elle s’avère surprenante car aucune menace n’est faite à l’encontre de Jayne. Simon a toutes les raisons du monde d’être en colère mais préfère instaurer un climat de confiance au sein du vaisseau. La raison l’emporte car une méfiance réciproque ne ferait que les desservir. Il a beau sonner menaçant, il est médecin avant tout et a bien compris, lui, le vrai sens du terme « équipage ». Ils sont tous sur le même bateau, subissent les mêmes emmerdes et doivent donc rester solidaires coûte que coûte. Cette attitude noble et réfléchie est tout à l’honneur de Simon, même si cela n’empêche pas Jayne d’avoir les chocottes (et il a bien raison). La réplique finale de River, absolument hilarante, y est pour beaucoup. Un abruti seul face à deux génies soudés : d’après vous, qui gagnerait ?
Et comme si cet épisode n’était pas assez excellent, nous voyons Book... une seconde. Dans le genre « on sait pas quoi faire de lui », on peut dire qu’il se pose là.
Un épisode irrésistible où l’on a le plaisir de retrouver notre vile Madame Reynolds, au mieux de sa forme. On rit beaucoup, les personnages sont toujours plus creusés, les acteurs merveilleux...oui bon, vous connaissez le topo. Trois ans plus tard, je me demande toujours comment on a pu oser annuler une série pareille. Et où Saffron a dégotté sa superbe ceinture chinoise. Il y a des mystères qu’on ne résoudra jamais...
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

