LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Archives > Firefly > Gorille dans la boue

1.07 - Jaynestown

Gorille dans la boue

De la Boue et des Hommes

dimanche 16 octobre 2005, par Black Widow

Jayne, the man they call Jayne...Quand Firefly se penche sur le cas du plus idiot de ses héros, on peut s’attendre à un épisode loin d’être triste. Quand celui-ci est en plus joué par Adam Baldwin, c’est forcément réussit (mais si, je suis parfaitement objective dès qu’il s’agit d’Adam).

RAPPEL

Le boulot de la semaine consiste à récupérer discrètement de la marchandise pour un client à Higgins Canton, une planète spécialisée dans la culture de la boue. Cet endroit magnifique aux senteurs envoûtantes appartient au Magistrat Higgins qui, de son côté, engage Inara pour s’occuper de son fils encore vierge prénommé Fess (forcément, ça doit pas être évident...). Pendant que la majorité de l’équipage va faire affaire, River et Zoe restent sur Serenity et y font une découverte traumatisante :

Le fils caché d’Einstein, enfin retrouvé.

En attendant leur contact, Mal et les autres apprennent que Jayne est le héros local depuis qu’il lâcha sur le village une caisse pleine d’argent volé au Magistrat, quelques années auparavant. Une statue a été érigée en son honneur et il a même droit à sa propre chanson. La discrétion n’est plus de rigueur quand les ouvriers célèbrent le retour de leur héros, évènement qui ne tarde pas à arriver jusqu’aux oreilles d’Higgins. Mal et les autres profitent de l’ambiance survoltée générale pour récupérer leur cargaison sans encombres.

La vérité, c’est qu’à l’époque le vaisseau de Jayne connu des problèmes d’altitude alors qu’il repartait avec son larcin, ce qui le contraint à lâcher du lest pour pouvoir s’enfuir. Il balança donc par-dessus bord une caisse de remplie de billets, ainsi que son complice de l’époque Stitch. Evidemment, ce dernier est d’humeur plutôt revancharde, d’autant qu’Higgins l’a puni en le gardant enfermé dans une boîte durant quatre ans. Inutile de préciser que Stitch a la haine.

Ça se voit.

Higgins libère donc Stitch afin qu’il tue son ancien associé, et fait bloquer la possibilité à Serenity de décoller. Lors de la confrontation, l’un des travailleurs se met entre les deux mercenaires, sacrifiant sa vie pour sauver Jayne. Celui-ci maîtrise Stitch et explique à la foule qu’il est loin d’être un héros, puis repart avec Serenity. La tentative du Magistrat de les retenir échoue grâce à l’influence d’Inara sur le fils Higgins, qui se rebelle enfin face à son père.

CRITIQUE

Cet épisode n’est pas un summum de la comédie, et pourtant il reste l’un des favoris des fans, moi y comprise. Je l’avoue, je ris aux éclats à chaque vision (je ne sais pas à combien j’en suis, j’ai arrêté de compter). Alors qu’est-ce qui rend Jaynestown si particulier ? Tout d’abord, on nous gratifie de la chanson « The Hero of Canton », formidable hommage péqueno-country à un Robin des Bois de pacotille. Les paroles sont effroyables de nullité et le refrain se retient tellement facilement qu’il est difficile de ne pas l’avoir encore en tête trois jours plus tard. Un tube, je vous dis. Ensuite, nous avons droit à une dynamique assez différente puisque Wash et Simon vont sur le terrain tandis que Zoe et Book restent sur le vaisseau. L’action musclée n’est par conséquent pas de rigueur, permettant des échanges plus variés et surtout une forte dose d’humour. Les personnages en général assez sérieux deviennent drôles, de Simon à River, en passant par Book. Je ne vais pas énumérer tous les passages hilarants, mieux vaut les voir de ses propres yeux. Mais leurs expressions sidérées à la découverte de la statue, puis à l’écoute de la chanson sont parmi les meilleurs moments. En bref, tout le monde se lâche et les vannes fusent de partout. Enfin, et surtout, on se concentre sur l’unique, le seul, le grand : Jayne Cobb.

“My god...you’re like a trained ape. Without the training.” - Simon (“Mon dieu...tu es comme un singe savant. Sans la science. »)
Autant le dire tout de suite : j’adore Adam Baldwin. Cet homme a une classe incroyable, il sait aussi facilement faire frémir que rire aux éclats, qu’il soit au service d’avocats démoniaques ou de bandits bas de gamme, doté d’un beau costard ou d’un gros flingue. Difficile par conséquent de ne pas aimer Jayne Cobb, et par extension cet épisode. Ce personnage a tout pour plaire : le QI d’un hamster, la douceur du grizzli en rut, ainsi qu’un attrait du gain plus fort que tout. Son physique contraste tellement avec son prénom aux consonances féminines que cela le rend d’autant plus ridicule. D’ailleurs je ne sais pas si c’est fait exprès pour accentuer cet effet ou si c’est une erreur de prononciation (vu la qualité des doublages de nos jours, je pencherais plutôt pour la deuxième hypothèse), mais en V.F. il est appelé « Jaynie ». A moins qu’il ne s’agisse d’un jeu sur les sonorités (« génie »), allez savoir. Jayne inspire donc facilement la moquerie, quand il ne s’agit pas de crainte. L’antipathie naturelle qu’il nourrit envers Simon créé de jolies joutes verbales, faisant ressortir une facette sarcastique inconnue auparavant du jeune docteur. Cette opposition radicale entre les deux hommes s’avérera bien moins amusante par la suite.
Cet épisode est l’occasion rêvée pour exploiter plus à fond le côté comique du mercenaire, jusqu’ici entrevu ponctuellement, mais également de découvrir une facette plus sensible de sa personnalité. En effet, la tristesse qu’il ressent vis-à-vis du jeune homme qui s’est sacrifié pour lui est sincère, bien qu’il ne comprenne pas le concept de sacrifice, tout comme son désespoir et son incompréhension face aux réactions des travailleurs. L’admiration des villageois l’a réellement touché. Et la théorie de Mal selon laquelle tous ceux qui ont une statue à leur effigie étaient quelque part des salauds est plutôt bien visée.

« Have good sex ! » - Kaylee (« Bon sexe ! »)
Mine de rien, au milieu de toute cette déconnade, les personnages ne font pas du surplace. La relation entre Simon et Kaylee évolue à petits pas puisqu’ils s’avouent enfin ouvertement leur attirance l’un pour l’autre. Leur entente se fait plus complice, Simon allant jusqu’à faire un compliment à la demoiselle (quelques verres d’alcool décoincent un peu). Il est regrettable toutefois qu’il se comporte comme un adolescent, se justifiant auprès de Mal comme au père de sa copine. Son mode de pensée conservateur prend pour excuse le respect qu’il porte à la jeune femme, s’empêchant ainsi de lui montrer toute son affection. Leur conception des rapports humains est assez différente, de par leur éducation respective, mais c’est Simon qui se révèle étonnamment faire preuve du comportement le plus puéril.
Du côté d’Inara, nous pouvons voir à quel point son travail peut se révéler influent. Ne dit-on pas que pour arriver à la tête d’un homme, il faut passer par son pantalon ? Grâce à elle, le fils du Magistrat aura enfin réussit à s’affirmer en tenant tête à son père (oui, sa tête de Fess...). Je ne le dirais jamais assez, Inara est une femme sage d’une grande intelligence, qu’il ne faut surtout pas limiter à son métier, qui lui-même ne se résume pas au sexe. Loin de là. Higgins fait l’erreur monumentale de ne la considérer que comme une vulgaire prostituée et s’en mordra les doigts. « L’Ambassadrice » n’a beau être qu’un surnom ironique, je suis persuadée qu’elle ferait effectivement une sacrée politicienne.

Book vs River : la foi contre la science
Ce semi-boulet de Book n’existe pas sans raison, il occupe une fonction qui importe beaucoup aux scénaristes. L’opposition entre la foi et la science, débat on ne peut plus actuel, est personnifiée à travers lui et River. Le point de vue de River est fait de logique, de sens, tandis que Book se base sur le simple fait de croire. « Tu ne répares pas la foi, c’est elle qui te répare. » Confirme-t-il avoir dû se racheter de certaines fautes ? Il serait bon qu’on apprenne un jour ce qu’il a bien pu faire avant d’être pasteur. En tout cas cela renvoie à la réflexion de Mal sur le fait que ce qui importe ne sont peut-être pas les faits, mais ce que les gens ont besoin de croire, tout simplement. La cohabitation et le respect entre Book et River symbolisent finalement que les croyances et la logique ne sont pas incompatibles et peuvent coexister. Enfin, il y’a tout de même des limites : le coiffeur, ça existe.

I’ve made a huge tiny mistake
Je l’avoue, je me suis plantée sur toute la ligne, vous allez pouvoir crier « bouh, la fausse fan ! ». Ben oui, j’avais lu sur plusieurs sites que le nom de famille de Wash et Zoe, qui n’est jamais mentionné dans la série, était Warren, et Wash paraissait être un surnom plausible pour notre cher pilote. Pas du tout, monsieur s’appelle Hoban Washburne. Voilà, grosse erreur réparée.

La chanson qui tue
Allez, tous en chœur !

Jayne
The man they call Jayne
He robbed from the rich and he gave to the poor
Stood up to the Man and he gave him what for
Our love for him now ain’t hard to explain
The Hero of Canton, the man they call Jayne


Loin d’être le meilleur épisode de la série, Jaynestown occupe tout de même une place bien à part grâce à son humour et sa ballade désormais culte, qu’aucun fan ne manquera de vous chanter à la première bière avalée. Surtout, Adam Baldwin est grandiose. Mais le must du must arrive à l’épisode suivant...