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1.13 - Your Fault

L’âge adulte

Mon beau-père, mon mari et moi

mercredi 2 novembre 2005, par Sullivan

Une étrange mélancolie et la lourdeur du secret pèsent sur cet épisode, qui lui confèrent une tonalité différente et plus mature. C’est probablement très voulu puisque c’est là le thème même de cet épisode qui, sans être de ceux dont on se souviendra le plus, figure parmi ceux dont le revisionnage restera le plus agréable grâce à l’écriture tout en nuance des personnages. Et cela malgré la présence de ce qui est peut-être le plus gros raté scénaristique de la première saison de Desperate Housewives.

Précédemment dans Desperate Housewives, chacun à leur façon, Rex, Bree, George le pharmacien, Gabrielle et John réalisaient qu’il est parfois très difficile de terminer une relation. Quand à Zach Young, il croulait sous le poids des secrets familiaux et était persuadé d’avoir tué sa sœur Dana quand elle était bébé...

Susan rentre chez elle tandis que dans le jardin d’à coté, Lynette se débat pour essayer de se faire entendre des jumeaux.
« Il y a un regard que les parents des enfants sages envoient aux parents des enfants turbulents. Ce regard dit : ‘il faudrait apprendre à contrôler tes enfants, après tout, ils sont ta responsabilité’. Bien sûr, c’était facile pour Susan avec une fille comme Julie. Elle ramenait toujours des ‘A’ à la maison, elle aidait aux tâches ménagères, elle avait de la considération et de l’affection pour les autres. Du point de vue de Susan, Julie était l’enfant parfaite. Malheureusement, elle était sur le point de découvrir qu’une telle créature n’existe pas. »
Par la fenêtre de sa porte, Susan aperçoit Zach et Julie qui s’embrassent... Zach s’éclipse rapidement et Susan déballe sa colère à Julie, mais leur conversation s’envenime vite et Julie décide de partir elle même sous le prétexte sous le prétexte de sortir les poubelles. Mais quand Susan la suit dehors, elle jette le sac sur le sol sous le regard de Lynette...
« Il y a aussi un regard que les parents des enfants turbulents envoient aux parents comme Susan. Ce regard dit : ‘bienvenue au club’. »

« Une banlieue aisée est un endroit plein de gens responsables qui essaient de vivre une vie responsable. Bien sûr, même les plus responsables d’entre nous ont des erreurs dans leur passé. Des erreurs qu’ils aimeraient oublier. Des erreurs qui, parfois, reviennent les hanter. »

Gabrielle

Par la fenêtre de chez elle, Gabi aperçoit les deux parents de John qui, venant de se garer devant la maison, s’approchent. Elle jette un regard effrayé vers Carlos et se précipite à leur rencontre dans le jardin. Mais ceux-ci ne sont pas venu lui causer des problèmes suite à son adultère avec John (encore une promesse de personnage - et donc, de scénariste - qui ne sera jamais tenue), du moins pas si elle accepte de les aider. Et si Helen reste franchement hostile à propos de ‘‘ce qui est légalement un viol sur mineur’’, son mari se montre plutôt amical. En réalité, John vient d’avoir 18 ans, de quitter la maison et de leur annoncer qu’il n’irait pas à l’Université, se contentant de poursuivre à plein temps ses activités de jardinier. Ils espèrent que la proximité passé de Gabrielle avec John pourrait la permettre de le faire changer d’avis.
Gabi passe chez John. Il lui révèle qu’il a décidé de travailler pour prendre soin d’elle maintenant que Carlos ne peut plus le faire. Avant qu’elle ne se rende compte de ce qui se passe, John se met à genoux, sort une bague et la demande en mariage.
Les Rowland sont assez peu satisfaits du tour que prenne les choses. Du moins, surtout Helen, tandis que son mari maintient sa cordialité et demande à Helen de l’attendre dans la voiture. Gabrielle lui promet qu’elle va rendre la bague à John et régler la situation avec lui. En attendant, elle lui demande pourquoi il se montre si gentil avec elle. Il lui explique qu’adolescent, il a toujours respecté les règles, et qu’il aurait vraiment aimé faire une erreur du genre de Gabrielle. ‘‘Vous êtes gentil...’’ glisse Gabi dans un sourire flatté.
‘‘Je suis un peu gentil... mais j’ai surtout la quarantaine,’’ répond l’homme.
Quand il s’agit de rendre à John, sa bague, les choses ne se passent pas vraiment très bien, même si elle essaie de raisonner le jeune homme, tentant de lui expliquer qu’on vit difficilement d’amour et d’eau fraîche. Mais lui tente de la convaincre : ‘‘bien sûr que nous serions pauvres au début, mais on serait heureux.’’
‘‘J’ai essayé ‘pauvre mais heureux’ et figure toi que le ‘heureux’ n’y était pas vraiment.’’
Tandis que Gabi est déjà en route pour quitter les lieux, John fait déjà plus mouche quand il évoque le départ prochain probable de Carlos pour une prison. Il lui demande si leur histoire ne signifiait rien pour elle. Gabi ferme les yeux et prend un moment pour se composer un visage dur avant de se retourner : non, cette histoire ne signifiait rien, il n’était qu’un jouet. John quitte la pièce et chacun d’eux se retrouve donc seul pour pleurer...

Lynette

Tandis que Lynette tente de faire descendre Parker, grimpé sur le toit et que son vertige pousse à y rester, Tom arrive avec son père, Rodney, qui va passer quelques jours chez eux. Lynette l’accueille chaleureusement, même si elle est un peu déçue que son épouse Alyson ne l’accompagne pas pour ce qui est en fait un voyage d’affaires. Rodney propose son aide à propos de Parker et parvient bientôt à le faire descendre en lui affirmant que seule une fillette aurait peur de descendre. A Tom qui lui demande comment diable Rodney s’y est pris pour le faire descendre si vite, Lynette répond simplement : ‘‘le sexisme’’.
Le lendemain, tandis qu’elle fait un crochet imprévu pour la maison puisque Parker a oublié ses affaires de base-ball pour le match, Lynette tombe sur Rodney en pleine activité avec Loïs, un des ses principaux fournisseurs dans le secteur, à qui elle parvient à serrer la main non sans avoir auparavant trébuché sur ses chaussures et ses collants qui traînent sur le sol...
Après avoir réussi à l’éviter un moment, Rodney ne peut contourner un face à face avec Lynette. Celle-ci n’est pas vraiment prête à admettre l’adultère, et encore moins que Rodney ne se montre pas une seconde désolé et peu enclin à faire la moindre excuse. Quand il conclut en disant que sa vie sexuelle ne concerne Lynette en rien, il appuie en quelque sorte sur le mauvais bouton au mauvais moment... si bien qu’il se retrouve assis sur le trottoir entre ses valises quand Tom rentre du travail. Mais quand il s’avère que Tom est au courant des liaisons de son père depuis des années, la situation ne va pas exactement en s’arrangeant et il va bientôt rejoindre son père sur le trottoir...
Une fois la tension apaisée, Lynette explique qu’elle est inquiète de ce que Tom ait semble-t-il accepté si facilement la situation dans lequel son père a installé son couple. ‘‘Je ne suis pas mon père !’’ s’exclame Tom.
‘‘Tant mieux,’’ répond Lynette ‘‘parce que je ne suis absolument pas ta mère, et si jamais tu me trahis, je te quitterais, je prendrais les enfants, je partirais et tu ne nous reverras plus jamais.’’
Lynette se couche alors, soulagée d’un poids. Quand à Tom, il se lève et retrouve son père qui ne dors pas non plus à la cuisine. Lui porte un poids nouveau. ‘‘Il y a une chose que Lynette ne sait pas encore, papa. Quelque chose que j’ai fait. Et je ne sais pas comment elle réagira si jamais elle le découvre...’’

Bree

Assis face à face au bout d’une table et entourés chacun de trois avocats, Bree et Rex entament les négociations de la séparation des biens. Rex intervient pour tenter de parler à Bree : ne vaudrait-il pas mieux renvoyer les vautours à la maison et sauver leur mariage ? Mais Bree ne veut rien entendre... Même en privé, elle se montrera sourde aux démonstrations visiblement sincères de regret de la part de Rex. Expliquant que tout ce qu’elle désire, c’est la vengeance, elle ne fera qu’à exciter sa jalousie et Rex remettra sur le tapis le sujet de George, Bree se gardant bien de lui en dire plus sur l’état actuel de leurs relations...
Par besoin de prendre l’air, Bree est sortie tard prendre un café dans un établissement de troisième zone. Elle lui raconte ses doutes vis à vis de son mariage. De manière surprenante, celui-ci lui indique que si elle aime Rex, s’il l’aime en retour et s’il est un type bien, alors elle devrait trouver un moyen de le pardonner. Quand elle rentre finalement chez elle, Rex fait semblant d’être endormi mais se retourne après qu’elle soit montée à l’étage pour contrôler l’heure.
Rex passe à la pharmacie chercher une prescription de son cardiologue. Il en profite pour mettre les choses au clair : toute relation avec Bree ne serait pour elle qu’un moyen de se venger de lui. Les femmes belles et pleines de classe comme Bree tendent à finir avec des docteurs, pas avec des pharmaciens, lui affirme-t-il. Feignant de ne pas trouver ses médicaments, George réplique en disant à Rex ne pas comprendre comment Bree peut penser qu’il est un type bien. Dès qu’il a le dos tourné, George vide la capsule de pilules de Rex et disparaît dans l’arrière boutique, afin de les remplacer par d’autres...

Susan

Susan rend visite à Paul pour l’avertir de sa découverte. Mais elle est un peu décontenancée de découvrir que Paul n’est pas vraiment préoccupé par les amourettes de son fils avec Julie. Surtout, il informe Susan qu’ils vont déménager d’ici un mois : il vient de vendre la maison. Une nouvelle qui fait surgir Zach qui écoutait la conversation. Sa colère éclate et son père l’envoie dans sa chambre. Tout cela ne perturbe plus beaucoup Susan : le sourire jusqu’aux deux oreilles, elle assure à Paul qu’ils vont beaucoup manquer à tous.
Dans l’attente de cet événement heureux, Susan reste sur ses gardes. En espionnant une conversation téléphonique entre Julie et Zach, elle apprend que ce dernier lui a confié un important secret ‘‘à propos de Dana’’.
Pour continuer de les surveiller, Susan se porte volontaire pour être l’un des chaperons de la soirée dansante organisée par l’école. De son coté, Paul parle avec Zach, qui lui révèle finalement se souvenir d’avoir tué Dana, et qu’il a révélé ce secret à Julie.
Du coup, Paul décide à son tour de chaperonner la soirée. Il invite Susan à danser, et celle-ci bluffe en assurant qu’elle a surpris une conversation téléphonique où elle a entendu Zach tout révéler à Julie à propos de Dana. Paul lui révèle alors que la mort de Dana était un accident que lui et Mary-Alice ont gardé secret pour préserver leur fils qui, étant lui-même un très jeune enfant au moment où il a tué sa sœur, ne pouvait être considéré responsable...
En ramenant Zach à la maison, Paul lui explique que ses souvenirs sont trompeurs, qu’ils ne sont pas la vérité : ‘‘tu n’as tué personne. Dana est toujours en vie...’’ On ne sait pas ce que dit ensuite Paul à son fils, mais Zach remercie son père de lui avoir révélé la vérité. Il ne parlera pas. Du moins à condition que les plans de déménagement soient abandonnés immédiatement.
Une nouvelle qu’il va se faire un plaisir d’annoncer lui-même à Susan. Celle-ci dissimule mieux sa joie que jamais, et demande à Zach de ne pas voir sa fille pendant quelque temps. Quand Zach commence à secouer ses meubles, Susan le met dehors en lui indiquant qu’il lui est dorénavant totalement interdit de s’approcher de Julie et qu’elle n’hésitera pas à appeler la police s’il devait ne pas respecter cette interdiction.

« Tôt ou tard vient le moment où nous devons devenir des adultes responsables, et apprendre à abandonner ce que nous voulons pour mieux choisir de faire ce qui est juste. Bien sûr, une vie entière de responsabilité n’est pas toujours facile. Et tandis que les années passent, c’est un fardeau qui peut, pour certains, devenir trop lourd à porter. Mais nous essayons tout de même de faire ce qui est bien, non seulement pour nous même, mais aussi pour ceux qui nous sont chers. »
Susan frappe à la porte de sa fille. Celle-ci ne lui ouvre pas. Et pour cause, elle s’est enfuie par la fenêtre pour rejoindre Zach. Les deux ados ignorent de quoi leur avenir sera fait mais, en attendant, ils se serrent l’un contre l’autre.
« Oui, tôt ou tard vient le moment où nous devons devenir des adultes responsables, et personne ne le sait mieux que les jeunes. »


Highlights

- Susan surprenant Zach et Julie bouche à bouche ne recule devant rien, et surtout pas devant une question conne : ‘‘Were you kissing my daughter ?’’.
Zach, pris les mains dans la confiture : ‘‘Uh... A little...’’
- John demandant Gabrielle en mariage en l’appelant ‘‘Madame Solis’’. Il est mignon, mais qu’est-ce qu’il est con ! Mais il est mignon.
- Lynette, très claire vis à vis de son action en cas d’infidélité de Tom. Et celui-ci qui prend très mal la nouvelle. Le si gentil Tom aurait quelque chose a cacher ?
- Eva Longoria, épatante dans la scène où elle ment à John en lui affirmant que leur histoire ne signifiait rien pour elle. ‘‘Tu n’étais qu’un jouet’’.

Mélancolie

Toute la série repose sur la notion du secret qui se dissimule derrière les barrières blanches des jardins américains, mais cette idée nourrit particulièrement cet épisode-ci, depuis les découvertes surprises des amourettes cachées de Zach et Julie ou du père de Tom, jusqu’au secret que garde Tom lui-même et qu’il entend conserver. Sans compter les secrets déjà dévoilés et qui restent à préserver comme la relation adultère de Gabi et John ou encore les innombrables secrets familiaux des Young.
Cette résurgence combinée au thème de la responsabilité et des choix difficiles autour duquel est structuré cet épisode créé les conditions d’un épisode qui rompt la routine de la série non pas au travers d’événements spectaculaires qui, forcément ne peuvent pas survenir toutes les semaines (ce qui, de toute façon, ne ferait que créer une nouvelle routine) mais au travers d’un changement de ton et d’une écriture qui se charge d’une forte dose de mélancolie. Ce sentiment en demi-teinte est une mine pour permettre aux acteurs de briller.
Plus globalement, c’est tout un véritable travail qui est fait sur les personnages. La scène où Gabrielle ment sur son amour pour John nous fait d’ailleurs dire qu’Eva Longoria n’aurait pas volé une nomination à l’Emmy au milieu de ses collègues. Par ailleurs, on retiendra que cet épisode fait partie des rares cas dans la première saison où Susan fait preuve de sang-froid et d’une véritable intelligence stratégique qui aboutit sur autre chose qu’un gag. Son coup de bluff avec Paul lui permettant de percer le secret confié par Zach à son fils.
Mais c’est un donné pour un rendu, car on s’aperçoit bien vite que les troubles de Zach sont aussi inquiétants que ce qu’on avait pu craindre et que ses souvenirs ne sont peut-être pas aussi prêts de la vérité qu’on avait bien voulu le croire. D’autant que les deux versions racontées par Paul à quelques minutes d’intervalle embrouillent encore plus les choses.
Voilà qui ne va pas arranger le cas de Zach incarnation dans la série des conséquences d’une société ambiguë et floue, forcément aliénante.

Wisteria Lane’s Gossip

- Il y a de la promotion dans l’air pour Doug Savant (Tom Scavo) : jusqu’ici crédité simplement dans la liste des guest stars, il est dès cette semaine intronisé ‘special guest star’. Du coup, on se dit que son secret ne devrait pas conduire Lynette à le jeter dehors avant la fin de la saison...
- Bree est tombée amoureuse de Rex quand elle l’a rencontré à une convention de Jeunes Républicains où il donnait un discours. Elle l’a approché pour lui dire qu’elle partageait sa position ferme sur la peine de mort. Une discussion plus poussée révéla qu’ils étaient aussi d’accord sur un gouvernement fort et au sujet de l’immigration illégale. ‘‘Une nuit magique,’’ confie Bree. On n’en doute pas. Enfin, si, un peu, quand même... ;)
- Zach et Julie continuent leur relation entamée quand elle l’hébergeait en secret après son évasion de l’asile pour ados... La pertinence des choix amoureux est visiblement de famille chez les Mayer. Reste qu’à partir de maintenant, cette relation est condamnée au secret.
- George a décidé de prendre sur lui d’intervenir pour séparer Bree et Rex d’une manière assez radicale : il intercepte désormais ses médicaments et les remplace par d’autres...


‘‘Mais il est où le gros raté scénaristique annoncé en haut de la review, hein, il est où ?’’ s’interrogent mes lecteurs attentifs. C’est que comme je ne voudrais pas spoiler, je n’en parlerais que d’ici quelques épisodes. Du coup, il ne reste vraiment aucune raison de dire que ‘‘Your fault’’ est un segment formidable de la saison qui repose sur un scénario excellent qui fournit de la matière à l’ensemble de la distribution pour démontrer qu’il s’agit sans aucun doute de l’un des meilleurs ensemble de la télévision actuelle.