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1.07 - Anything you can do
Causes...
vendredi 30 septembre 2005, par
Après six épisodes, la série est bien installée : ses personnages et rouages ont été exposés et deviennent de plus en plus familiers des spectateurs, qui assimilent son fonctionnement et ses habitudes... Le temps est donc venu de taper d’un premier violent coup de pied dans la fourmilière. Enfin violent... l’important, c’est plus la violence ressentie que celle du coup réellement portée.
Précédemment dans Desperate Housewives, Bree puis Susan remontaient le fil du mystère des raisons du suicide de Mary-Alice. Mama Solis suspectait Gabrielle d’avoir une liaison avec John, mais il restait encore à le prouver. Lynette découvrait un effet étonnant aux médicaments contre l’hyperactivité de ses enfants. Et Bree faisait face à une absence de communication avec Rex de plus en plus prononcée...
« La compétition. Elle n’a pas le même sens pour tout le monde, » explique Mary-Alice. « A Wisteria Lane, elle signifie rester dans la course avec Bree Van de Kamp. Tout le monde savait que Bree avait le plus beau jardin du voisinage, et personne n’en prenait ombrage. Personne... sauf Martha Hubert, dont le jardin faisait pâle figure en comparaison. Peu importe avec quel soin elle tondait, avec quel amour elle arrosait, avec quelle générosité elle fertilisait, l’herbe était toujours plus verte de l’autre coté de la barrière. »
Après un nouveau regard désespéré vers le jardin immaculé de Bree Van de Kamp, Martha semble soudain baisser les bras. C’est alors qu’elle aperçoit un voisin, faisant son jogging quotidien. Victor s’arrête un instant échanger le bonjour avec elle, essoufflé d’avoir tenté de suivre le rythme du jeune homme athlétique qu’il a croisé. Mais après un instant, l’homme s’écroule soudain sur le sol. Martha s’apprête à appeler une ambulance, et puis...
Et puis, elle charge Victor dans une brouette, le renverse dans un parterre fleuri du jardin de Bree et crie alors à l’aide. Quelques minutes plus tard, les secours emportent l’homme, non sans que la foule, les roues des brancards et le sentiment d’urgence ait transformé le jardin des Van de Kamp en champ de bataille...
« Oui, Martha Hubert comprenait la première règle de la compétition : pour gagner, il faut le vouloir plus que ses adversaires. »
Des gens biens
Le club de littérature de Wisteria Lane se réunit, sans que presque personne n’ait eu le temps de lire l’ouvrage programmé, Madame Bovary. Bree se débrouille pour se débarrasser des autres convives et se précipite avec Lynette et Gabi autour de Susan pour qu’elle leur confie les dernières découverte. Aucune d’elles n’a la moindre idée de qui peut être Dana. Susan est persuadé que Dana est lié au secret que Mary-Alice voulait cacher et à propos duquel on l’a fait chanter. Mais l’identité du maître chanteur elle-même reste un mystère...
...Un mystère que Paul a bien l’intention d’élucider. Mr. Shaw, le détective qu’il a engagé lui fait un premier rapport sur tout ce qu’il a pu retrouver sur les origines du papier. Il en profite pour confier à Paul ses exploits passés, et lui apprendre qu’on a déjà pu l’engager pour tout sorte de règlement de comptes... des règlements dont il s’est assuré du caractère définitif.
Mais sur cette enquête, Paul va soudain recevoir un indice inattendu. En effet, après un rendez vous chez lui avec Edie, qui va s’occuper de vendre sa maison, celle-ci oublie un porte-document. Paul a la surprise de découvrir des feuilles qui semblent exactement identiques à celles qui ont servi à écrire la note de chantage envoyée à sa femme. Ses soupçons lui sont confirmés par Shaw. ‘‘Avant que ma femme ne mette fin à ses jours,’’ raconte Paul. ‘‘Nous menions une vie dont j’étais fier. Nous nous aimions, nous avions des valeurs, nous allions à l’église, nos donnions à des œuvres de charité... Nous étions des gens biens, Mr Shaw. C’est pourquoi il est si incompréhensible pour moi qu’Edie Britt puisse essayer de nous détruire.’’ Paul explique que pour lui, se référer à la police n’est pas une option, et qu’il veut que l’affaire soit réglée au plus vite. Shaw lui déballe alors ses tarifs pour éliminer Edie...
Lynette
Tandis que Tom remarque à quel point la maison est parfaite, il apprend à Lynette qu’il souhaiterait qu’ils tiennent un dîner le surlendemain pour ses partenaires de travail à qui il veut faire le pitch d’une idée de campagne publicitaire qu’il pense formidable. Lynette accepte bien qu’elle ait été prévenue tardivement... « Heureusement pour Tom, Lynette avec une recette pour le succès. Malheureusement pour elle, il lui manquait l’ingrédient secret. » En effet, ses deux boîtes de médicaments sont vides...
Lynette va rencontrer Jordanna, la mère qui lui a révélé les effets insoupçonnés sur les adultes des médicaments contre l’hyperactivité des enfants, dans l’espoir de lui emprunter quelques pilules. Mais celle-ci refuse.
Elle rend alors visite à une ‘‘amie’’ qui donne ce traitement à ses enfants, et, prétextant de devoir utiliser ses toilettes, en profite pour piquer une pilule. « En avalant le médicament volé d’un enfant de huit ans, Lynette jura qu’elle ne tomberait plus aussi bas... En tout cas, pas de sitôt ! » Et Lynette d’enfourner une poignée de cachets dans sa poche.
Elle complète ses préparatifs en allant emprunter un appareil chez Susan, le genre d’ustensile de cuisine dont on se sert une fois tous les trois ans. En le récupérant au milieu de son garage, Susan tombe sur la couverture ramenée du vide-grenier de chez Paul, et aperçoit enfin le nom de Dana brodé sur lui. Lynette et elle comprennent alors que Dana était un bébé.
Mais Lynette n’a pas le temps de s’y attarder : la voilà parée pour organiser le dîner du siècle !...
Gabrielle
Tandis que Mama Solis elle-même lit Madame Bovary, John s’affaire dans le jardin. Un nouveau prétexte pour montrer copieusement le soleil se refléter sur sa peau parfaite, s’attarder sur la ligne de ses pectoraux généreux, dévoiler la courbe gracieuse de ses biceps et... Où j’en, étais ? Ah oui, pendant que ces choses vraiment importantes occupent l’écran, deux-trois autres événements se passent, comme Gabi appelant John sur son portable depuis sa chambre, John l’envoyant bouler parce qu’elle est jalouse du fait qu’il ait un rendez-vous avec Danielle auquel il préfère aller plutôt que de s’envoyer en l’air avec Gabi dans un hôtel, et Mama Solis filant à l’étage, utilisant secrètement le portable de Gabi pour rappeler John, et obtenant ainsi la preuve que c’est bien lui son amant. Bref, vous l’aurez compris, une scène à voir parce que John est torse-nu dedans.
Plus tard, quand elle croise Danielle, Gabi se souvient soudain qu’elle lui avait dit qu’elle aimerait être mannequin. Gabrielle ne montre aucun scrupule à faire miroiter une carrière à cette pauvre fille et se révèle prête à la pistonner pour intégrer une école... à New York !
Elle le paiera rapidement, cela dit, puisque quand Bree vient la voir pour régler ses comptes, John surprend la conversation. Ecœuré d’apprendre que Gabi veut expédier Danielle à New York quand lui doit la partager avec Carlos, il décide de mettre fin à leur relation. Mais Gabrielle le convainc de passer une dernière soirée ensemble le jour même, profitant d’une soirée à l’extérieur de Carlos...
Bree
Bree et Rex ont été convoqués au Lycée d’Andrew. Celui-ci risque l’expulsion car la veille, il a cassé le nez d’un autre élève en lui mettant la tête dans son casier. Rex plaide que leurs problèmes de couple rejaillissent sur leur fils, Bree conteste qu’il y est tant de problèmes que ça entre eux, et bientôt ils sont en pleine dispute devant la directrice au cours de laquelle Rex révèle à Bree qu’elle va recevoir dans la journée des papiers de divorce. Finalement, la directrice opte pour les heures de colle...
Bree et Rex organisent une réunion de famille pour apprendre à Danielle et Andrew qu’ils vont divorcer. Andrew n’a qu’une seule question : est-ce qu’il pourra vivre avec Rex ? Prétextant un mal de tête, Bree quitte la pièce.
Plus tard, Rex revient à la maison pour offrir à Andrew une décapotable et à sa fille le financement de son école de mannequin à New York sponsorisée par Gabrielle, dont Bree n’avait encore jamais entendu parler. Persuadée que Rex essaye d’acheter l’affection des enfants, elle leur ordonne de refuser les cadeaux. Bien sûr, ils n’en font rien, et filent immédiatement tous les deux faire un tour en voiture. Ils croisent d’ailleurs celle de Gabrielle qui rentre chez elle, et Bree, l’apercevant, a tôt fait d’aller la voir pour régler ses comptes.
De retour de leur petite virée, Andrew et Danielle trouvent toutes leurs affaires réparties dans le gazon devant la maison. Bree explique le plus simplement du monde qu’elle les met dehors, à moins qu’ils ne suivent ses règles et renoncent aux cadeaux de leur père. Danielle accepte mais Andrew repart aussitôt...
Il se rend chez son père, mais on apprend alors que la décapotable était un cadeau de Rex en échange de la promesse d’Andrew qu’il accepterait de vivre avec sa mère. Il refuse catégoriquement qu’Andrew vive avec lui et sa réaction ne fait que braquer son fils encore un peu plus...
Susan
Susan s’apprête pour son rendez-vous avec Mike. Julie lui concède la permission de minuit et lui demande si elle a de quoi se protéger. ‘‘Mon Dieu, nous n’allons pas avoir cette conversation !’’ objecte Susan.
‘‘Si, car j’apprécie d’être fille unique,’’ répond l’adolescente...
Une fois prête, Susan traverse la rue pour aller rejoindre Mike. Sur le chemin, elle ne peut pas s’empêcher d’aller fanfaronner auprès d’Edie qui plante des panneaux dans le jardin des Young.
Mais quand Susan arrive chez Mike, celui-ci annule le rendez-vous car il vient de recevoir la visite surprise d’une ‘vieille amie’, Kendra... Du coup, Susan doit retraverser la rue toute seule, essayant de se cacher derrière son sac à main. Evidemment Edie saute sur l’occasion, et Susan doit lui avouer que Mike a du ‘‘reprogrammer’’ le rendez-vous.
‘‘Oh ! A cause de la fille sexy avec la valise, là bas ? Comme ça doit être dévastant pour toi !’’
Kendra...
Kendra inspecte le résultat des investigations menées par Mike. Elle est la fille du vieil homme qui a engagé Mike. Elle est venue dans l’espoir qu’il cesse son travail. Selon elle, son père arrêtera si jamais il démissionne parce qu’il n’y a rien à trouver. Mais Mike s’y refuse, avant tout parce qu’il a changé d’avis sur ce point et qu’il ne lui mentira pas...
Plus tard, ils se rendent aux portes ouvertes de la maison de Paul Young, une occasion d’entrer dans une maison qu’il a eu du mal à visiter, annonce Mike qui a visiblement oublié que c’est le premier endroit de Wisteria Lane où il a mis les pieds dans le pilote. De plus il annonce à Kendra qu’il a l’intention de l’amener dans un bar country du quartier le soir même, le dernier endroit où quelqu’un a vu la sœur de Kendra...
Edie les a entendu prononcer le nom du bar et annonce à Susan, de passage pour ‘‘voir une dernière fois la maison de Mary-Alice’’ qu’ils ont l’intention de s’y rendre pour boire un verre et danser. Pour Bree, cela ne fait pas de doutes : ils couchent ensemble.
Sang-froid & sueurs froides :
soirée de crise
Comme prévu, Gabrielle simule une crise de foie pour ne pas accompagner Juanita et Carlos à la soirée prévue. En partant, Mama Solis lui promet de bien veiller sur son fils...
Susan a suivi Edie pour espionner la soirée de Mike et Kendra. En revenant des toilettes, elle découvre qu’Edie a plus ou moins mis fin à leur filature discrète en se donnant en spectacle sur le simulateur de Rodéo. Mike la surprend à son tour et devant lui Susan s’emmêle dans ses mensonges sur sa présence ici, prétendant entre autres qu’elle est une habituée du rodéo. Mais le clamant un peu fort, elle se retrouve obligée de passer à l’acte ! Sauf qu’en réalité, elle finie assommée avant d’avoir eu le temps de monter dessus...
Chez les Scavo, Lynette regonflée à 200% tire la couverture à elle et fait totalement oublier Tom en suggérant une autre idée bien meilleure que la sienne ! Le dîner qui devait relancer sa carrière prend soudain un tournant particulièrement imprévu tandis que Tom s’enfonce dans son siège.
Susan et Kendra sont formellement présentées. Profitant d’un moment à part, elles parlent de Mike et Susan est un peu décontenancée quand Kendra lui annonce qu’elle a raison de faire progresser les choses lentement avec lui et qu’elle devrait lui demander de lui raconter les raisons de sa venue à Wisteria Lane... Pendant ce temps, à part, personne ne fait trop attention à l’homme, Mr. Shaw, qui aborde Edie...
John et Gabrielle s’allongent l’un sur l’autre, à bout de souffle. C’est vrai que cela doit être épuisant de faire l’amour en gardant ses sous-vêtements (c’était le moment « et non, vous n’êtes pas sur HBO » de l’épisode). C’est aussi le moment que choisit Mama Solis pour surgir et leur tirer le portrait. D’un coté, John cherche précipitamment ses vêtement pour essayer de la rattraper tandis que Gabi, calme comme la mort, sort ses valises et commence à ramasser ses affaires. Courant après Juanita, John se fait finalement tabasser et mettre à terre (le retapage de portrait, un trait de famille chez les Solis, on suppose). John se relève lentement... Gabrielle empile ses vêtements... Juanita court en regardant derrière elle pour vérifier qu’elle n’est pas suivie... Et des crissements de pneus se font entendre. Par la fenêtre, Gabrielle voit le corps de Juanita étendu sur la chaussée. Toujours maîtresse d’elle-même, elle renvoie John chez lui, s’approche lentement de Juanita et prend possession de l’appareil photo tandis qu’un voisin appelle les secours.
Plus loin, au même moment, une décapotable au pare-choc cabossé se gare sur la chaussée et, à son volant, Andrew, réalisant ce qu’il a fait, reprend son souffle.
« Tandis que Juanita s’approchait dangereusement de la lumière blanche, Lynette et Tom s’avançaient vers un trou noir. » Les Scavo règlent en effet leurs comptes après le dîner. La participation de Lynette devait se limiter à faire le repas, pas à donner l’impression que les idées de Tom étaient mauvaises. Mais Lynette explique alors qu’en amenant ses partenaires à la maison, Tom lui rappelle un monde quelle a laissé derrière elle, où elle était la meilleure et où c’était les autres qui tentaient de rester dans la course, tandis que maintenant elle se sent reléguée à un rôle de faire-valoir devant les prouesses ménagères de Bree. La pression redescend alors, tandis que Tom confie qu’il a été impressionné par son organisation, ce soir, et que tout le monde est persuadé qu’elle est une bonne mère. Surtout lui. Mais, alors, Tom remarque soudain les yeux étranges de Lynette. Il n’a pas le temps de regarder de plus prêt, cependant, car le couple est attiré par les sirènes des véhicules d’urgence.
Les Scavo sortent alors et croisent Bree qui rentre chez elle chercher une couverture pour Gabrielle. Elle tombe sur Andrew, qui pleure dans la cuisine et, soudain, elle comprend... Elle appelle d’urgence Rex à la maison.
Et tandis qu’Edie trinque avec Mr Shaw, tandis que Susan se pose des questions sur Mike, et que Lynette contemple son visage lessivé dans le miroir, Rex et Bree prennent soin de cacher discrètement la décapotable d’Andrew dans leur garage...
« La compétition. Elle n’a pas le même sens pour tout le monde. Mais qu’il s’agisse d’une rivalité amicale ou d’un combat à mort, le résultat est le même : il y aura des vainqueurs et des perdants. Bien sûr, la difficulté est de savoir quelles batailles mener. Vous voyez, toute victoire a son prix... »
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Si les sweeps n’existaient pas, il faudrait les inventer ! Alors que novembre approchait, et avec lui les trois fameuses semaines d’automne pendant lesquelles les audiences des Networks Américains sont scrutées au millimètre puisqu’elles servent de référence au calcul des tarifs publicitaires, il devenait nécessaire que Desperate Housewives montre exactement de quoi elle était capable.
Episode étalon
D’ailleurs, c’est avec cet épisode et le suivant que la série va totalement définir ce que sont ses codes narratifs, et la manière dont elle structure ses épisodes. On constatera en effet que la formule gagnante va se stabiliser par la suite, notamment dans l’ancrage de chaque épisode autour d’une idée bien précise.
Sur ce sujet, d’ailleurs, on pourra regretter que le thème dégagé dans cet épisode se révèle un peu trop proche de celui de l’épisode précédent pour que les deux soient traités l’un à la suite de l’autre. Mais si les luttes de pouvoir et d’ego de ‘‘Running to stand still’’ ne sont pas loin de l’omniprésence de la compétition présente dans cet épisode, les deux idées ne sont pas non plus exactement les mêmes et puis, surtout, ‘‘Anything you can do’’ permet d’approfondir un peu les choses quand son prédécesseur ballottait constamment d’un sujet à un autre.
Passionnant de bout en bout, cet épisode révèle beaucoup les personnages de la série en les confrontant à une situation de crise. Bien sûr, DH fait ici comme toujours la part belle aux femmes. A elles, souvent, le sang-froid et la maîtrise. C’est bien sûr le cas de Gabrielle, très zen quand elle est démasquée, tandis que John perd son self control et se fait dégommer par une mamie !
Ce que je trouve intéressant, c’est qu’aussi faibles qu’ils soient globalement (à l’exception, peut-être, de Mike Delfino), les personnages masculins ne sont pas non plus méprisés par les auteurs, qui leur portent au contraire pas mal d’affection. J’apprécie la candeur de John Rowland, par exemple, son innocence post-adolescente qui se heurte à la froideur égoïste de Gabrielle. Sans parler de Tom Scavo, dont les scénaristes sont visiblement tombés amoureux. Sa scène d’explications avec Lynette, une fois encore très touchante, apporte sa part d’émotions simples, humaines et vraies à une fin d’épisode en forme de feu d’artifice.
Un bon révélateur de la différence entre ce segment et un autre plus habituel dans la série, c’est que dans ces moments de paroxysme où tout s’entrecroise, résumer les choses devient difficile tant face à la densité des informations que face à l’entrecroisement qui m’oblige à jongler un peu avec mes jolies structures.
Une guerre de l’apparence
Dans l’exploration roublarde des démons de l’American Way of Life, le concept de la compétition est une étape intéressante. Le Rêve Américain a assis ses bases sur l’idée de la ‘‘méritocratie’’, qui lui est encore attachée aujourd’hui et que d’aucuns regardent avec envie. Se mettre à Desperate Housewives ne leur ferait pas de mal. Comme toujours, son coup de projecteur sur l’envers du décors et les dérives des systèmes dévoile en effet l’absolue férocité et la cruauté de celui là. Organiser la compétition permanente c’est construire sur une utopie qui voudrait que chacun joue fair-play. Mais dans toute compétition, il y risque fort d’y avoir une Martha Hubert parmi les joueurs.
Et puis, cet état de compétition permanente connaît très vite une autre dérive. Il se transforme rapidement en guerre de l’apparence, car ce qui compte, c’est moins les réussites réelles que la perception qu’on les autres de votre réussite. C’est particulièrement bien mis en valeur par la manière dont la série met en parallèle Bree et Lynette, et cette idée d’apparence est tout le sens de la résolution du conflit des Scavo lorsqu’au bout du compte leur dispute est désamorcée quand Tom affirme qu’il est connu que Lynette est une bonne mère, et qu’en tout cas, lui le sait très certainement.
Mais pour Lynette, devenue au fil de sa carrière une droguée de la compétition, accoutumée à être celle qui donne le « la » et derrière laquelle on courrait, il est difficile d’assumer d’être celle qui vit dans l’ombre de la reine de la compétition ménagère qu’est Bree Van de Kamp. C’est dès lors logique que, comme toute les drogués, elle s’avère prompte à remplacer une addiction par une autre...
Wisteria Lane’s Gossip
Dans la série « on ne la voit pas, mais nos personnages ont tout de même une famille », après le fils d’Edie, nous apprenons ici que Lynette a une sœur dont elle aimerait qu’elle lui rende visite plus souvent.
Premier cliffhanger réel de la série, cet épisode laisse planer un suspense multiple : on s’interroge sur le sort de Juanita Solis, d’Andrew, d’Edie et sur les suites de l’addiction de Lynette.
Progressivement, le voile du mystère qui entoure Mike se lève. On comprend donc qu’il est venu ici à la recherche d’une femme, vue pour la dernière fois dans un bar du quartier. Cette femme, c’est la fille du vieil homme qui l’emploie, la sœur de Kendra venue lui rendre visite.
Dialogue mémorable que celui où Paul Young raconte à Shaw qu’ils étaient une famille modèle, et que cela lui semble d’autant plus incompréhensible qu’un personnage comme Edie, la ‘‘traînée’’, le mouton noir du quartier, soit celle qui ait détruit cet équilibre et fait s’écrouler les apparences derrières lesquelles ils s’étaient cachés.
Si j’étais un reviewer formidable, je n’aurais pas manqué de vous parler du placement de Madame Bovary dans cet épisode, de la pertinence de ce choix et de sa signification. Sauf que je rejoins Bree, Susan, Gabrielle et Lynette : j’ai pas lu le bouquin. Bien sur j’aurais aussi pu faire une recherche sur Google et étaler ainsi la science jetable peu glorieusement acquise. Mais j’ai un peu trop critiqué Lost pour faire preuve du même genre de malhonnêteté intellectuelle que celle de ses scénaristes. Je vais donc simplement chausser mon bonnet d’âne, aller au coin et vous dire que la recherche Google, vous pouvez très bien la faire vous-même, na !
Un épisode fantastique. (Pourquoi faire long quand on peut faire court.)
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires