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1.14 - Love is in the Air

Fais-moi mal !

Y’a pas de mal à se faire du bien

lundi 21 novembre 2005, par Sullivan

Non, le titre de cette review n’est pas un appel à Stratego pour qu’il condamne mon retard... Souvenez-vous, c’est dans cet épisode que Bree réussissait enfin à faire cracher son secret à Rex. La pauvre n’est pas au bout de ses peines, et nous, on adore ça !

Précédemment dans Desperate Housewives, un gros nœud de mensonges entourait le suicide de Mary-Alice Young, parmi lesquels son ‘autre’ nom, Angela. Mike cherchait en secret à Wisteria Lane le coupable de la disparition de Deirdra. La condamnation de Carlos à domicile forçait Gabrielle a reprendre le chemin du travail, mais le quartier ne présentait pas d’énormes perspectives de carrière pour un mannequin. Et Rex se refusait à avouer à Bree les manques sexuels qui l’avaient conduit à la tromper avec Maisy Gibbons...

« La plupart des mères vont diront que leurs enfants sont un cadeau de Dieu. La plupart vous diront aussi que les cadeaux que leurs enfants leur font sont loin d’être célestes.
« Lynette avait du faire face aux œuvres picturales réalisées au jardin d’enfants, aux porte-savons fabriqués en colonie, et aux bijoux assemblés en camp scouts. Mais ce jour-là, Lynette Scavo reçut un cadeau dont toutes les mères rêvent : un qu’elle n’était pas embarrassée de montrer.
 »
Le cadeau en question est un pot de fleur peint dont Lynette est tellement fière qu’elle décide de l’exposer à la vue de tous sur le porche.
« Lynette savait qu’elle chérirait le souvenir de ce moment pour le restant de ses jours. Le souvenir de ce moment fut gâché dès le lendemain. »
Lynette aperçoit sa voisine, Mrs. McClusky qui se penche vers le pot de fleurs, l’observe... et l’embarque ! Elle sort en courant de la maison pour la rattraper. McClusky prétend que le pot lui appartient : elle l’a acheté lors de sa dernière croisière au Costa Rica et ses enfants l’ont volé sur son propre porche. De fait, le prix est indiqué sous le pot !
« Oui, la plupart des mères vont diront que leurs enfants sont un cadeau de Dieu. La plupart vous diront aussi qu’il y a des jours où on voudrait pouvoir les lui rendre. »

Angela...

« C’était la veille de la St Valentin et les hommes de Wisteria Lane se préparaient pour ce jour de fête des plus dangereux. Tandis que certains écrivaient des cartes romantiques, que d’autres ramenaient à la maison des douceurs et des fleurs, et que d’autres encore faisaient des réservations dans des restaurants de luxe, certains avaient réussi à complètement oublier quel jour on était. Encore. »
C’est le cas de Tom qui, constatant la date sur le calendrier, file en vitesse pour avoir une chance de préparer l’événement.
« Cette suractivité était passée totalement inaperçue des femmes de Wisteria Lane, occupées à découvrir un secret à propos de leurs voisins. Un secret qui était réellement bouleversant. »
Les quatre housewives sont réunies et Susan leur révèle ce que Paul lui a appris : Zach aurait accidentellement tué sa petite sœur Dana quand il était enfant. Pour Lynette, cela marque la fin du mystère : voilà pour le secret pour lequel Mary-Alice avait préféré mourir que de le voir dévoilé. Mais Susan n’est pas convaincue de tenir le fin mot de l’histoire. D’ailleurs, elles n’ont pas obtenues de réponses vis à vis du fait que Mary-Alice s’était appelée Angela lors d’une de ses séances avec le Dr. Goldfine...
Felicia frappe chez Paul pour lui apporter des fleurs livrées par erreur chez elle plutôt que chez lui. En fait, il s’agit d’une commande annuelle que Paul a oublié d’annuler : les fleurs sont adressées à Mary-Alice. (C’est quand même le summum de la goujaterie cette histoire de commande permanente pour la St valentin. Comme quoi Paul a toujours été un sale type ! ;)) Tout à coup, Felicia aperçoit une photo de famille sur le frigo et y reconnaît Angela Forrest, qu’elle a connu en Utah il y a quinze ans de cela. Mais Paul lui assure que c’est Mary-Alice qui est représentée sur la photo, et qu’elle n’a jamais mis les pieds en Utah...
Mais une exploration des albums de famille confirmera à Felicia qu’elle avait raison. Elle a bien travaillé aux cotés de ‘‘Mary-Alice’’ en Utah, des années plus tôt...

Gabrielle

Gabi est au téléphone avec le directeur de l’agence qui l’emploie. Elle vient de se faire virer de son dernier poste où on lui reprocherait d’être une diva. Elle demande à ce qu’il lui trouve un autre contrat au plus vite parce qu’elle a déjà du mal à faire face aux factures. Elle reporte sa contrariété en se montrant odieuse avec son employée de maison. Au final, Yao Lin finit par se rebeller et expliquer à Gabrielle qu’une fois qu’elle sera vieille et moche, elle ne vaudra plus rien et se rendra compte quelle n’avait pas de raison de se croire si supérieure. Au bout du compte Yao Lin est bien contente de se faire virer...
Le nouveau travail de Gabi consiste à passer ses journées en petites tenues allongée sur des matelas dans un magasin de literie, pour rappeler aux clients l’étendue des activités possibles dans un lit. Devant sa mauvaise humeur et sa mauvaise volonté évidente, Gabrielle ne tarde pas à se faire à nouveau renvoyer.
Gabi réalise alors qu’elle a traité ces jobs par dessus la jambe par fierté. Elle décide donc de la ravaler et se porte candidate à un poste de caissière dans une boutique de maquillage qu’elle fréquente habituellement en tant que cliente. Mais quand Yao Lin arrive et que Gabrielle se retrouve à la maquiller, elle se dit qu’elle n’avait peut-être pas l’intention de la ravaler jusque là...

Susan

Tandis que Susan et Mike préparent leurs plans pour la St Valentin, la première est un peu décontenancée quand Mike lui apprend innocemment après s’être occupé des mons... enfants de Lynette qu’il est impatient d’avoir ses propres enfants, un jour.
Tandis que Susan confie à Julie qu’elle ne veut pas avoir d’autres enfants et qu’elle a peur que cela pose un problème à Mike, celui-ci continue son exploration méticuleuse des maisons des environs. Mais alors qu’il a pénétré par effraction dans une maison, son occupant surgit et lui tire dessus !...
Par le réseau de son employeur, Mike se fait soigner chez lui par un médecin de la blessure par balle à l’abdomen que sa rencontre lui a laissé. Le médecin lui recommande d’annuler la soirée du lendemain avec Susan, mais Mike ne considère pas cela comme une possibilité : la dernière chose dont il a besoin, c’est qu’elle ait des soupçons.
Le soir de la St Valentin, à peine arrivée au restaurant, Miss Catastrophe cause une des péripéties dont elle a le secret, que Mike rattrape in extremis. Mais le mouvement a pour conséquence de rouvrir sa blessure. Mike se montre très distrait tandis que Susan lui explique que pour elle, le chapitre ‘enfants’ est clos. Peu après, il s’écroule par terre. Et sa veste qui s’ouvre expose sa chemise maculée de sang.
A l’hôpital, Mike explique qu’il s’est tiré dessus lui-même en nettoyant son arme... Il explique aussi à Susan que ce qu’il veut avant tout, c’est être avec elle, et tant pis s’il doit ne pas avoir d’enfants... Tandis que Susan quitte la chambre, trois policiers entrent pour poser à Mike quelques questions...

Bree

Bree confie au docteur Goldfine qu’elle et Rex forment un nouveau un couple. Même s’il elle ne lui a pas complètement pardonné l’infidélité... et pour cause : Rex persiste a lui dissimuler quelque chose qui, elle le suspecte est la cause de sa relation avec Maisy Gibbons.
La discussion pousse Bree à relancer le sujet avec Rex. Et celui-ci lui avoue finalement son secret. Même s’il faut en passer par une vidéo pour faire comprendre à Bree ce qu’il veut dire exactement. La discussion se termine par un gifle, ce qui n’est pas exactement le stimuli qu’attendait Rex...
Mais finalement, Bree accepte d’essayer (mais ne veux pas utiliser les menottes avant de les avoir passées au lave-vaiselle) et passe une soirée de la St. Valentin très particulière...

Lynette

Lynette présente à ses enfants la gamme des ustensiles possibles pour leur fessée... à laquelle ils ne peuvent échapper que s’ils jurent de ne plus jamais voler et s’ils écrivent une lettre d’excuses à Mrs. McClusky.
Mais loin de se rafraîchir, la guerre avec sa voisine s’intensifie quand celle-ci rentre sans se faire annoncer, à la recherche d’une horloge que le trio lui aurait aussi volé. Lynette la met dehors à coups de coussins. La guerre escalade par la suite en écrasement de vélo et en lançage d’œufs...
Du coup, L’embarras de Lynette est grand quand Tom retrouve l’horloge de Mrs McClusky dans la cabane de jeu des enfants.
Lynette doit donc ravaler sa fierté et accompagne Parker, Porter et Preston chez la voisine. Celle-ci les fait tous les trois rentrer. Ils s’excusent et elle leur montre une photo de son propre enfant, décédé, une petite terreur comme eux, leur dit elle. Elle leur explique qu’ils ont eu tord de voler, mais que c’est gentil de leur part d’avoir voulu faire un cadeau à leur mère, car ce sera toujours elle qui les aimera plus que tout au monde. Elle raccompagne alors le trio à la porte, et les met dehors sans ménagement dès que celle-ci s’ouvre et qu’elle se retrouve à nouveau devant Lynette.
« Au fond d’elle-même, Lynette savait qu’elle n’aimerait probablement jamais sa voisine. Elle ne réaliserait jamais que l’amour était justement la chose qu’elles deux avaient en commun. »

Dangereux amours

Tandis que Susan est assise dans son jardin, occupée à relire la carte de St. Valentin de Mike, Lynette vient la voir. Elle veut lui montrer quelque chose que ses garçons disent avoir volé dans le garage de Mike. Ouvrant le mouchoir, Susan découvre un bracelet et ne comprend pas vraiment. Mais Lynette lui demande de regarder ce qui est se trouve sur la face intérieure : le nom grave de Martha Hubert et ce qui ressemble à des tâches de sang. ‘‘Qu’est-ce que ça veut dire ?’’ demande Susan, sans réponses...

« Il est impossible de saisir la puissance réelle de l’amour. Il peut nous soutenir pendant les épreuves, » comme c’est le cas de Gabrielle qui retrouve le sourire dans les bras de Carlos. « Ou nous motiver à faire d’extraordinaires sacrifices, » poursuit Mary-Alice tandis que nous voyons Bree sortir les menottes de Rex du lave-vaisselle. « Il peut forcer des hommes décents à commettre les pires crimes, ou pousser des femmes ordinaires à rechercher des vérités cachées, » comme c’est le cas de Paul Young et Felicia Tillman.
Mrs McClusky regarde une photo de son jeune fils. « Et longtemps après que nous ayons disparu, l’amour reste, gravé dans nos mémoires. Nous sommes tous à la recherche de l’amour. Mais certains d’entre nous, » tel que Susan, perdue dans la contemplation de la maison de Mike à travers sa fenêtre, « après l’avoir trouvé, souhaiterait que cela n’ait pas été le cas... »


Highlights

- Madame McClusky, pratiquement l’attaque « diplomatique », mais certainement pas moins cruelle : ‘‘No offense, but you should be sterilized’’
- Chez les Van de Kamp, une discussion compliquée s’amorce : ‘‘I like to be dominated.’’
‘‘Uh ?’’
‘‘Sexualy’’
‘‘Uh ?’’

- Au même endroit, à l’instant même où la compréhension frappe Bree : “What the hell did your mother do to you ?”
De manière amusante, c’est pourtant elle qui fustigeait Freud et sa propension à tout rejeter sur les mères quelques épisodes plus tôt (et je ne vois pas là un problème de continuité, mais un paradoxe qui me semble bien faire partie de la caractérisation de Bree...)

Couple prison vs. couple passion

Une série centrée sur des femmes de la petite bourgeoisie quarantenaire ne pouvait pas faire l’impasse sur le couple. On peut estimer que la série n’en donne pas toujours une vision très réjouissante - cela fait partie, d’ailleurs, des choses que lui reprochent les ligues conservatrices US. En effet, entre le mariage glacé des Van de Kamp, la détresse d’une Susan plaquée la quarantaine passée par son mari, ou encore la guerre de tranchée qui règne souvent chez les Solis, la série incite plutôt à réfléchir avant de passer la bague au doigt.
Pourtant, ce serait faire preuve d’une vision à courte portée que d’en conclure que Desperate Housewives condamne le couple. D’abord, la série présente aussi un couple ancien équilibré, soudé et aimant, qu’elle esquisse épisode après épisode avec une infinie tendresse, celui des Scavo. Ensuite, et en dépit de la manière dont elle fait perpétuellement souffler le chaud et le froid à ce sujet pour faire traîner les choses, DH se pare également d’un aspect fleur bleu indéniable dans son traitement de la relation naissante entre Mike et Susan.
Surtout, le propos de la série est bien plus abouti et riche que ne pourraient l’être une condamnation ou une promotion du mariage traditionnel. C’est particulièrement transparent dans le cas du couple Van de Kamp. La série s’est montrée claire : il y a de l’amour entre Bree et Rex, et ce qui ruine cet amour, c’est ce que les personnages s’infligent pour se conformer à une certaine norme sociale, au diktat des apparences. Un couple est une prison s’il se construit uniquement au travers de ces normes. Il devient un lieu de passion et d’épanouissement uniquement dans la mesure où ses règles sont uniques, une partition à réécrire à deux, à chaque fois.
D’ailleurs, tandis que Bree et Rex entament, avec 20 ans de retard, l’écriture de cette partition, c’est la même chose que vivent Mike et Susan sur la question de leur désir d’enfants.
Dans ce contexte, il n’est pas anodin qu’une autre thématique forte qui relie les différentes intrigues de l’épisode concerne la fierté mal placée, celle qu’il faut ravaler pour avancer.

Une pointe d’ennui

Il est fort possible qu’une pointe d’ennui s’invite chez vous pendant le visionnage de l’épisode, même s’il est sauvé par quelques éclaires de brillance. Marcia Cross est à nouveau parfaite quand il s’agit d’interpréter Bree à nouveau secouée dans ses fondements quand sa vie sexuelle prend un tour insoupçonné. Il faut voir ses expressions désopilantes quand elle sort de son lave-vaisselle les menottes de Rex !... Mais, dans l’ensemble, nous sommes face à un nouvel épisode un peu bavard et manquant d’éclat, où pas grand-chose ne semble avancer.
Concernant l’intrigue de Gabrielle, on réalisera aussi que mettre tout à coup au premier plan un personnage jusque là tertiaire, c’est aussi affronter certaines nouvelles difficultés. Dans le rôle de l’ex-femme de ménage des Solis, Yao Lin, Lucille Soong était parfaite quand il s’agissait de sortir quelques onomatopées ou d’afficher un air de chien battu face aux traitements de Gabrielle notablement plus stricte avec elle qu’avec John Rowland. Mais elle s’avère nettement moins convaincante avec de vraies répliques entre les mains.
Ce qui réussi à ‘‘Love is in the Air’’, ce sont les petites touches, les nuances bien trouvées, un humour subtil. On retiendra particulièrement la conclusion d’autant plus touchante qu’elle est très inattendue, de la story-line de Lynette avec son acariâtre voisine blessée.

Wisteria Lane’s Gossip

- On apprend au début de cet épisode que Rex et Bree sont à nouveau formellement ensemble. Ah bon ? L’épisode précédent avait très certainement amorcé cette dynamique, mais à sa conclusion, nous n’en étions pas encore là. On en vient vraiment à croire que les différents scénaristes de la série habitent aux quatre coins du monde et qu’ils ont une restriction sur les e-mails. Dis, Marc Cherry, tu voudrais pas les réunir dans un bureau tous ensemble une fois de temps en temps ?
- Angela était bien un ancien prénom de Mary-Alice, à une époque où elle travaillait en Utah, quinze ans plus tôt. Felicia Tillman, la sœur de Martha Hubert, était sa collègue de travail. Coïncidence... Ou lien de cause à effet ?
- Un pas en avant, un en arrière, un en avant... La relation entre Susan et Mike finirait par en devenir agaçante. Non ?


Un épisode un peu pâle, où il ne se passe pas grand-chose. Il est rehaussé par un travail d’écriture subtil qui sauve les meubles. Next !