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1.09 - Suspicious Mind

Retour à la ’’normale’’

mercredi 5 octobre 2005, par Sullivan

Après deux épisodes paroxysmiques, la série revient à un format plus traditionnel avec cet épisode qui continue tout de même de consacrer une part importante de son temps à « l’affaire Mary-Alice ». Au risque de l’épuisement narratif prématuré...

Précédemment dans Desperate Housewives, Andrew se fichait un peu d’avoir renversé Juanita Solis et de l’avoir plongée dans le coma. John se rapprochait de Danielle et souhaitait mettre fin à sa relation avec la très jalouse Gabrielle. Lynette réalisait qu’elle avait pété les plombs et se sortait de son addiction aux médicaments. Et Martha Hubert était démasquée pour avoir envoyé la lettre de menace qui avait provoqué le suicide de Mary-Alice et était assassinée par Paul Young...

« Gabrielle attendait sa prochaine bonne idée... Sa première bonne idée lui était venue quand elle avait 15 ans lorsque son beau-père lui rendit une visite tardive dans sa chambre : elle acheta un ticket de bus pour New York le lendemain même.
« La suivante, lui vint cinq ans plus tard quand elle décida de séduire un célèbre photographe de mode : une semaine plus tard elle commençait sa carrière de mannequin.
« Ce qui l’amena bientôt à sa prochaine bonne idée : sa décision d’épouser Carlos Solis. Avant qu’elle ne s’en rende compte, elle se trouva installée dans une banlieue aisée.
« Sa bonne idée la plus récente était née de l’ennui de sa vie : c’est ainsi qu’elle en vint à avoir une liaison avec son jardinier adolescent, qui fut interrompue prématurément par un accident tragique.
« Si bien que Gabrielle était à la recherche d’une nouvelle bonne idée.
 »
Gabrielle est assise dans la chambre d’hôpital de Juanita et pense à sa vie. Une infirmière arrive et lui explique que, pour sa part, elle n’a pas d’interrogation sur la sienne, satisfaite de ce que son travail lui permet de faire pour les autres la journée. C’est alors que Gabrielle a son idée.
Elle organise une présentation de mode au profit d’œuvres de charité à Wisteria Lane ! A elle de venir au secours de ses voisines perturbées à l’idée qu’une robe trop près du corps révèle leurs bourrelets.
« Et cette nuit-là, Gabrielle dormit comme un bébé. »

Essayages

« La nouvelle du défilé de mode se répandit très vite à Wisteria Lane. Mais bien que l’événement était organisé pour une œuvre, Gabrielle réalisa vite que quand il s’agit de mode, les femmes sont rarement charitables. » Edie passe en revue les robes disponibles pour le défilé. Elle en trouve une qui lui plaît, mais qui s’avère être déjà réservée... « Personne ne comprenait cela mieux qu’Edie Britt. Elle comprenait que la fourberie ne passe jamais de mode. »
N’écoutant que son, heu, cœur, Edie arrache l’étiquette... sauf qu’elle ne s’est pas rendue compte que Susan la surveillait du coin de l’œil. Celle-ci s’assure que la robe soit attribuée à la personne prévue.
Parmi les mères de famille présentes, se trouve Helen Rowland, la mère de John, qui remercie Gabrielle d’avoir embauché son fils, et lui apprend aussi qu’elle doute que sa relation avec Danielle se prolonge longtemps...
Bon an mal an, les essayages se poursuivent malgré les cris d’Edie, qui ne trouve plus de robe à son goût et de Carlos, qui hurle au téléphone pour essayer de joindre son collègue Tanaka. Lynette suggère à Edie de reprendre la robe prévue pour Mrs Hubert, qui n’a pas donné de nouvelles et est partie chez sa sœur...
En fait, Martha est soigneusement emballée dans du plastique noir à cet instant même, tandis que Paul rebouche la tombe qu’il a improvisé en forêt.

Zach

Tandis que Julie se prépare une glace au chocolat susceptible de nourrir deux personnes, Susan revient toute excitée de la boite aux lettres : sa fille vient d recevoir une lettre de Zach. Julie ne partage pas exactement cette excitation, et pour cause : la lettre n’est pas la première, ils s’écrivent depuis deux semaines. Susan est un peu inquiète que sa fille corresponde avec un jeune homme interné...
Tandis que Paul s’emploie à faire disparaître les traces de ce qu’il a fait, et notamment ses vêtements tâchés de sang, on frappe à sa porte. C’est le Directeur du Crest Center dans lequel il a fait interner son fils qui vient l’avertir que Zach a disparu du Centre. On suppose qu’il a profité d’une rotation du personnel pour s’échapper. Paul est furieux, mais le docteur le remet à sa place : il l’avait prévenu que le médiquer sans psychothérapie conduirait à une impasse. ‘‘Zach est un jeune homme troublé,’’ lui dit-il. ‘‘Et les choses empirent progressivement’’.
Zach n’est pas loin de là, observant la voiture du médecin garé devant chez son père... depuis la fenêtre de la chambre de Julie où il est caché...
Zach se prépare à partir et Julie a cassé sa tirelire pour lui. Elle essaie d’obtenir de lui plus d’information, mais il se refuse, jusqu’à ce qu’elle lui présente la couverture brodée au nom de Dana. Zach se rappelle d’un jour, quand il était jeune enfant, où il a entendu ses parents crier son nom et celui de Dana. Alors il est descendu, et il les a trouvé en train de nettoyer la pièce. La nettoyer du sang qui la tachait. Celui de Dana, pense Zach. Ces souvenirs lui sont revenus après la mort de sa mère. Il ne se souvient pas de Dana, juste du sang, de sa mère le remettant au lit et lui disant que ce n’était pas de sa faute. Et de l’interdiction de prononcer ce nom. Il est persuadé qu’enfant, il a tué Dana, et qu’ils l’ont enterrée pour le protéger... Julie sert Zach dans ses bras. Ils s’embrassent.
Après avoir appris que Zach a échangé des courriers avec Julie, Paul Young vient la voir pour obtenir qu’elle lui montre les courriers, ce que Julie refuse tout en lui assurant qu’il n’y a rien dans ces lettres qui indique où pourrait être Zach. Susan s’interpose et prend le parti de sa fille : les lettres sont privées et Julie ne ment pas...

Lynette

Tom a pris une semaine de vacances qu’il passe à la maison pour soulager Lynette. Mais celle-ci ne pense pas qu’une semaine pourra arranger durablement les choses. Pour elle, il est nécessaire qu’elle ait un soutien permanent et suggère d’employer une nounou à plein temps.
Reste qu’il s’avère que Lynette a quelques problèmes de recrutement. Elle décide d’appliquer les mêmes méthodes que lorsqu’elle travaillait dans la pub : aller débaucher les bons éléments de la concurrence. Pour ce faire, elle a besoin du carnet d’adresse de Bree...
Dans un parc fréquenté par les nounous de familles bien sous tout rapport, Lynette aperçoit soudain la perle rare, une jeune femme nommée Claire. Mais l’approche est difficile, tant les conséquences pourraient être pénibles si la mère acariâtre se rendait compte qu’on essaie de débaucher sa nounou.
Leur rendez-vous suivant ne se passe non plus comme prévue puisque la mère ne s’est pas absentée comme elle était censée le faire. Tandis qu’elle hurle parce que Claire s’est absentée plus de dix secondes, Lynette saisit justement ce qui constitue une opportunité. Elle peut argumenter alors même que Claire subit de plein fouet son insupportable employeure : l’affaire est conclue !

Bree

Bree et Rex assistent à une compétition de natation d’Andrew. Pendant la course, ils se disputent, car Bree a le sentiment qu’ils devraient en faire plus pour le punir puisqu’il ne semble éprouver aucun remords. Elle souhaiterait le priver de la natation, la seule chose à propos de laquelle il est passionné. La foule applaudit soudain. Leur voisin de tribune les informe que ce gamin qu’ils aiment tant vient de remporter la course...
« Depuis l’accident, Bree avait commencer à s’inquiéter de ce que le sens de la moralité d’Andrew soit en train de s’envoler en fumée. Elle avait raison de se faire du souci : » Bree surprend Andrew juste après qu’il ait fumé un joint dans sa chambre. Elle s’empresse de lui fournir un récipient dans lequel uriner afin d’en avoir le cœur net.
Bree va retrouver Rex au beau milieu d’un parcours de golf avec l’échantillon à tester. Si elle obtient ce qu’elle est sûre de trouver, elle compte bien priver Andrew de natation. Mais Rex refuse et la discussion vire à nouveau à la dispute, Rex prétendant qu’il n’a jamais été d’accord avec elle mais qu’il a passé des années à subir en souriant pendant que Bree imposait. Bree tourne les talons, non sans l’avoir auparavant arrosé avec l’ « échantillon » !...
Bree obtient de Danielle l’emplacement de la marijuana d’Andrew : le vestiaire de la piscine. Elle s’apprête à la confisquer, mais « alors qu’elle passait en revue les possessions privées de son fils, Bree réalisa soudain que parfois, une petite trahison peut être bonne pour l’âme. » Elle laisse tout à sa place. Et, bientôt, une dénonciation anonyme permet à l’entraîneur de retrouver la drogue dans son casier du vestiaire. Andrew est exclu de l’équipe...
Rex est à la maison pour passer un savon à son fils. Andrew prétend que la marijuana était celle d’un ami. ‘‘Tu sais,’’ dit Rex, ‘‘je ne sais pas ce qui est le plus humiliant : que mon fils ait été pris avec de la marijuana dans son casier, ou bien qu’il ne soit pas fichu de trouver un mensonge décent pour l’expliquer.’’

Gabrielle ou Susan ?

A la demande de sa mère, John est venu apporter son soutien au défilé en préparation. Tandis qu’il prépare les cartons d’invitation avec Gabi, celle-ci se met à lui faire du pied méchamment sous la table, à quelques mètres de sa mère. Mais, décidément bien placée ces temps-ci, Susan remarque la scène en ramassant quelque chose sous la table...
Le lendemain matin, Susan vient voir Gabrielle et lui révèle ce à quoi elle a assisté. Gabi essaie de s’en sortir par le mensonge mais Susan ne se laisse pas embobiner. ‘‘Il est au Lycée, et c’est illégal ! Et tu es mariée !’’
‘‘Susan, c’est juste du sexe, c’est totalement sans importance.’’ Mais Susan n’est pas prête à lâcher l’affaire : pour elle, c’est aussi personnel que lorsque Karl l’a trompé.
John vient rendre visite à Gabrielle avec une ‘bonne nouvelle’ : il a rompu avec Danielle. Etrangement, Gabi n’est pas exactement ravie. Elle lui apprend que Susan sait tout pour eux.
Pour le coup, les amis de John, et notamment Justin, ne comprennent pas très bien pourquoi il a rompu avec Danielle. John explique que les choses sont différents avec la ‘‘mystérieuse femme au foyer’’, comme dit Justin, avec laquelle il a une relation. Il ne se rend pas compte que, sortant les poubelles, Helen, sa mère, a surpris la conversation.
John vient voir Susan tandis qu’elle dessine dans son jardin. Elle entame la conversation sur la défensive, mais John la touche quand elle comprend qu’il est sincèrement amoureux de Gabrielle et qu’il est naïvement persuadé qu’il pourra l’avoir pour lui. Elle pose une main attendrie sur sa joue... Un geste qui n’échappe pas à la mère de John, qui a suivit son fils et observe la scène depuis sa voiture.
Le soir venu, Gabrielle est loin de ces préoccupation en gérant le défilé. Tom a pris le micro pour remplacer Carlos, appelé d’urgence au travail. Edie a ‘quelque peu’ repris la robe prévue, l’ayant ‘légèrement’ raccourcie. Susan arrive enfin dans une robe magnifique et il est décidé de conclure le défilé sur son passage, à la place d’Helen Rowland qui était prévue à cette place.
Helen arrive pour rendre la robe et s’excuser de ne pas être venue participer. Susan l’aperçoit et lui demande s’il elle n’est pas fâchée du changement. Mais Helen lui répond avec une colère qu’elle n’avait pas anticipée. Elles en viennent aux mains afin que Susan réalise enfin la nature du malentendu. Susan n’a pas le temps de répondre qu’elle se fait envoyer sur scène défiler dans sa robe maintenant en lambeaux, les cheveux défaits... Edie, en extase, applaudit à tout rompre : ‘‘tu n’as jamais été plus belle !’’
Tandis que Susan se change, Gabi vient s’excuser, mais Susan ne veut qu’une chose : qu’elle aille révéler la vérité à Helen Rowland avant que tout le voisinage pense que c’est elle qui couche avec un garçon e 17 ans.
Quand elle voit Gabrielle arriver, Helen s’excuse d’abord du scandale qu’elle a causé, avant d’apprendre que c’est elle, Gabi, qui avait une relation avec John. Une relation qui a commencé près d’un an plus tôt, alors que John avait 16 ans. Gabrielle lui assure que tout est terminé, mais Helen n’est pas de cet avis : pour elle, cela ne fait que commencer.
« Gabrielle savait qu’il y avait d’excellentes chances qu’Helen Rowland révèle à Carlos ses activités extraconjugales. Gabrielle savait qu’il fallait qu’elle prenne les devants et avoue. Mais cela... n’était pas sa spécialité. »
De toute façon, Carlos est tout entier préoccupé par ses problèmes de travail. Alors qu’elle s’apprête à monter se coucher, des voitures de police débarquent soudain autour de la maison. Gabi, persuadée qu’Helen l’a dénoncée, panique. Le FBI frappe à la porte. Les agents viennent arrêter... Carlos. Celui-ci est amené en voiture, assurant à son épouse qu’il est innocent et que c’est Tanaka qui l’a piégé...

Des créatures compliquées

Quelque part, ailleurs, deux agents de police rendent visite à un fabriquant de coffre d’enfants en bois. Un des modèles qu’il a conçu a été retrouvé dans la rivière et est au centre d’une affaire... Il en a probablement vendu des centaines identiques il y a une dizaine d’année. Il garde une liste de ses clients. Les enquêteurs lui révèle que le coffre retrouvé dans une rivière contenait le squelette d’une femme adulte. L’homme se demande comment un corps adulte a pu être rentré dans un coffre de cette taille... Il a été découpé.

« Les gens sont des créatures compliquées. D’un coté susceptibles d’accomplir de grands actes de charités, et de l’autre capable des pires formes de trahison. C’est une bataille constante qui fait rage en chacun de nous, entre les meilleurs anges de notre nature et les tentations de nos démons intérieurs. Et, parfois, le seul moyen d’éloigner les ténèbres, est d’allumer la lumière de la compassion. »
Susan vient rejoindre Gabrielle qui pleure assise sur les marches de son perron. Elle lui raconte que les agents du FBI ont emmené Carlos menotté, et Susan la prend dans ses bras...

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Comme il est bien évident qu’Andrew ou Paul ne peuvent pas tuer quelqu’un à chaque épisode, ni Lynette accumuler les hallucinations, il était clair que cet épisode allait opérer une sorte de retour à la normale dans la vie de nos femmes au foyers. Reste que ‘normal’, dans Desperate Housewives, est un bien grand mot.

Routine ménagère

Pourtant, déjà, certains pourront trouver un peu routinière l’évolution des aventures de Lynette, même si voir Marla Sokoloff (Claire) débuter un arc dans la série est à n’en pas douter une routine des plus agréables pour certains. Reste qu’à mon avis le problème ne vient pas en elle-même des story-lines du personnage. C’est en quelque sorte le contrat de la série que de parler des aspects parfois aliénants du quotidien des ménagères. Mais chez les trois autres personnages centraux de la série, ces aspects-là sont contre-balancés en alternant avec des histoires plus extravagantes, plus ‘dramatiques’ tandis que les séquences d’addiction et d’hallucination du précédent épisode auront marqué la seule escapade de Lynette dans des territoires un peu nouveaux. En fin de compte, la situation finit par être déséquilibrée et ce qui arrive à Lynette passe pour beaucoup plus ennuyeux et inintéressant que cela ne l’est vraiment. Un sentiment un peu renforcé du fait de l’absence de progression de la situation du personnage de Felicity Huffman. Car du coté des autres housewives, ça avance. D’ailleurs, la seule dont la situation n’avait pas connu de bouleversement depuis le pilote en voit un arriver cette semaine. En effet, Rex a quitté le domicile familiale, Susan a conclu avec Mike, et aujourd’hui, la relation entre Gabi et John prend fin quand elle est révélée à Susan et à la mère de John, tandis que Carlos, toujours dans l’ignorance, est arrêté et finit en prison !
Cela dit, la situation a aussi son bon coté pour Lynette : du coup, ce personnage - et Tom, par la même occasion - est ancré dans une humanité absolue, renforcée par l’infinie tendresse des scénaristes à son égard, quand les particularismes des autres personnages peuvent parfois entraver quelque peu l’empathie.

La « suppression du mot nécessitée par le contrôle éditorial »

Il y a quelque chose de particulièrement amusant à propos de cet épisode. Comme toujours dans la série, il est structuré autour d’un thème précis. Mais, pour la première fois, celui-ci n’est pas mentionné explicitement ni dans la voix-off d’introduction, ni dans celle de conclusion. Visiblement par crainte d’être accusés - par des idiots qui ne s’étaient pas rendue compte que la série était bien plus conservatrice que ce qu’elle veut bien faire croire - de virer réac’, les scénaristes de la série ont caché au beau milieu de l’épisode une phrase qui mentionne le mot ‘tabou’ : « Bree avait commencer à s’inquiéter de ce que le sens de la moralité d’Andrew soit en train de s’envoler en fumée. »
Car, évidemment, c’est bien de morale sont il est entièrement question ici. La morale défaillante d’Andrew dont Bree s’inquiète de plus en plus qu’elle soit simplement absente. Celle pas beaucoup plus glorieuse de Gabrielle, que Susan vient bientôt remettre à sa place sans se douter qu’au même moment, sa propre fille également dissimule ses propres secrets. Et celle de Lynette, qui n’hésite pas à aller piquer chez d’autres une bonne nounou.
On l’a dit, c’est avoir faire preuve d’inattention que de croire que la morale fait soudainement son apparition dans la série alors que cet épisode ne vient que mettre des points sur des « i » présents depuis le premier épisode.
Ce que la série met en valeur, aussi, c’est bien sûr la profonde subjectivité de cette notion. Car défendre une morale, comme le fait la série, ce n’est pas pour autant flatter une Amérique bien pensante et rigide pour laquelle la ligne est tracée par un dogme chrétien intégriste tel que celui parfaitement incarné par son actuel président.
Marc Cherry professe qu’il faut savoir tracer sa propre ligne, là où on sent que se trouve le juste, en tranchant ses débats intérieurs - le conflit entre son petit ange et son petit démon tel que le veut l’image à laquelle Mary-Alice fait référence à la conclusion de ‘‘Suspicious Mind’’. La sienne se trouve dans un entre-deux assez particulier, visiblement très marquée, mais pas aveuglée, par son héritage judéo-chrétien. Une ligne pas vraiment européenne, mais pourtant loin de l’habituelle bigoterie américaine. Du coup, vu d’ici, il pourra sembler à certains que tout un foin est fait d’une relation adultère ou des deux joints fumés par Andrew et qui seraient censés révéler son absence de valeur morale. Là-bas, des marques comme Kellogg’s boycottent les espaces publicitaires de Desperate Housewives parce qu’elle ne reflète pas leurs « valeurs familiales ». Encore plus amusant, la série a été un tel succès et un tel phénomène médiatique que Laura Bush y a fait référence devant des journalistes, confessant que son George Bush de mari se couchait très tôt à cause de sa charge de travail et qu’elle restait seule le soir devant sa télé : elle aussi était une desperate housewife. Quelques jours plus tard, après que Laura se soit faite taper sur les doigts, elle rectifiait en déclarant qu’elle n’avait en fait jamais regardé la série !
C’est tout le paradoxe délicieux de la série d’être à la fois morale et corrosive - comme le prouvera le prochain épisode.

Wisteria Lane’s Gossip

- Ce genre de choses est assez souvent la conséquence d’éléments contractuels un peu hors de contrôle, mais reste que l’absence de Mike de cet épisode n’est pas des plus logique et fluide. Encore plus que sa disparition inexpliquée, c’est l’absence de référence par Susan qui est un peu gênante. Un peu difficile de croire qu’elle ne fanfaronne pas une seule seconde auprès d’Edie alors qu’elle a couché avec Mike la veille - si l’épisode commence bien au lendemain du précédent, ce qui s’avèrerait logique à moins de supposer que Paul à laissé Martha Hubert se décomposer quelques jours dans son garage...

- On sait que Susan est une mère distraite et que Julie s’élève généralement toute seule, mais enfin de là à croire que Julie puisse, plusieurs jours durant, héberger secrètement Zach sans qu’elle s’en rende compte (surtout la porte ouverte)... A moins peut-être que Mike soit lui-même caché dans la chambre de Susan et qu’elle passe tout son temps chez elle avec lui à crier très fort ?

- Si on fait le point :Dana était un bébé qui se trouvait chez les Young comme semble en attester la couverture. Zach croit que c’était sa sœur qu’il a tué mais, en fait, c’était bien un corps d’une jeune femme adulte que ses parents ont enterré sous la piscine à la suite d’une dispute pendant laquelle les noms de Zach et Dana ont été criés. Et Mary-Alice s’est suicidée à propos d’une note de chantage de Martha Hubert qui savait ce qu’elle avait fait à un bébé... Nous en sommes au neuvième épisode et il n’est donc pas difficile de se rendre compte que la série va soit devoir se dépasser dans l’invention de nouveaux rebondissements, soit ramer sévèrement pour préserver le mystère jusqu’au final de la saison...

- La manière est intéressante dont le portrait de Gabrielle est approfondi et nuancé à petites touches. D’un coté, on ne remet pas en question sa superficialité et son égoïsme constant, de l’autre, on nous esquisse la réalité d’une vie très triste, marqué par une enfance malheureuse et la suggestion d’un viol, ou tout au moins d’attouchements, lorsqu’elle était adolescente...


Faites pas les grincheux : vous le savez bien que les épisodes exceptionnels ne peuvent l’être que s’ils sont encadrés par des épisodes plus habituels. Et moi, un épisode ‘normal’ de Desperate Housewives et sa balance si particulière entre les scènes de comédie pure, son mystère, ses trames sérieuses et sa réflexion sur les règles et la nature de nos sociétés occidentales contemporaines, j’en veux bien tous les jours !!