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1.08 - Devotion

Symboles d’autorité

Dévouement

mardi 7 février 2006, par Bradaviel

Comprendre pourquoi une personne réagit d’une certaine manière n’est pas une sinécure. Et tenter de les en empêcher l’est encore moins. Pourtant rien ne va empêcher Charlie d’essayer.

Toujours en quête d’un moyen de coincer 01, Charlie tente cette fois-ci la confrontation directe : il se rend dans le « Glass Dour », le bar appartenant a 01, et s’entretient ouvertement avec lui des jeunes filles disparues dans son établissement, lui laissant avant de partir des avis de recherche, dont celui de Katie Grail.

A les voir comme ca on pourrait presque croire qu’ils sont potes

Lors de ses recherche, il entre en contact avec un couple de musulmans dont la fille a disparu. Mais, fait inhabituel avec les affaires qui intéressent Charlie, une rançon a été demandée pour sa restitution.

Julius, de son coté se demander bien a quelles extrémités il va bien pouvoir recourir pour se débarrasser d’01 alors que dans l’Alphavers, Essa implore celui-ci de rencontrer son père. 01 accepte, mais a ses propre termes, son père doit venir a lui.

Poussé par un Karl toujours en quête de justice, Charlie, a peine motivé, organise la livraison de la rançon et appréhende ainsi le jeune kidnappeur. Mais après un simple interrogatoire du délinquant qui cherchait simplement à profiter de la situation, il s’avère que la jeune Alyah a fait une fugue, se réfugiant auprès d’un certains Keyes Mancuso, un gourou-guide spirituel à la mode dont le credo est « tu es ce que tu choisi d’être ».
A ces mots, Charlie repars en arrière, huit ans plutôt, lorsqu’il n’était encore qu’un simple soldat en entraînement pour la Vexcor, s’entraînant avec une escouade à armes réelles sur des terroristes virtuels, rentrant progressivement dans la grande famille corporatiste.

De retour vers les parents d’Alyah après avoir observé Keyes, Charlie leur apprends la triste nouvelle au grand désarrois de son père qui la renie, trouvant son attitude indigne de l’éducation qu’il à essayé de lui transmettre. Mais la mère d’Alyah demande tout de même à Charlie et Karl de faire leur possible pour la ramener.

Conscience formatée .. en mââsse

Charlie décide donc de confronter Keyes mais celui-ci semble respectueux de la jeune femme, prônant l’écoute et la compréhension et jugeant que Charlie a des raison personnelles de poursuivre cette enquête. Charlie se remémore alors de l’endoctrinement qu’il a subit alors de ses jeunes année d’entraînement, et plus particulièrement lorsque les entraînements virtuels se sont soudains transformés sans prévenir en entraînement sur cibles réelles.

Reena, toujours en compagnie de Rosalie, celle qui l’a recueillie, apprends que cette dernière est atteinte du Sida. N’ayant jamais entendu parler de cette maladie auparavant, elle est abasourdies de la réaction de l’entourage face a cette maladie. Chez elle, on ne laisse pas les gens seuls.

Charlie Jade prends contact avec Alyah. Celle-ci, réalisant qu’il est envoyé par ses parents prends une attitude défensive et refuse tout contact, donnant l’impression d’une femme affirmée, amoureuse et sûre de ses choix. Mais alors qu’il est sur le point de laisser tomber, Karl sort sa carte secrète : Après avoir été consultant pour des sociétés indépendantes, Keyes a été pendant 8 ans « spécialiste du comportement des services de sécurité de Vexcor ». Charlie ayant subi cet endoctrinement, cette affaire prends une tournure toute personnelle.

Reena essaye de soulager Rosalie, celle-ci lui parle ses peurs face a la douleur et à la souffrance grandissante qu’elle endure, ne pouvant malgré tout se résoudre au suicide de par ses croyances. Et pendant ce temps, Paula en ayant assez d’attendre que Charlie fasse le premier pas, prends sur elle l’initiative du premier baiser.

Dans L’Alphavers, 01 est relié a son père par une étrange machine. Elle opère un échange sanguin entre les deux être, redonnant force et vitalité à un Brion à l’article de la mort, alors qu’01 semble temporairement privé de ses capacités. En échange de ce transfert vital, 01 obtiens quelques objets appartenant a sa mère. Des objets qui l’émeuvent et le frustrent à la fois.

Paula décide que ce soir n’est pas le bon soir et préfère laisser sa relation avec Charlie mûrir, tandis que Jasmine s’essaye au travail d’usine pour assumer son indépendance et que Brion Boxer reprends vigoureusement les rennes de la Vexcor.

Et alors que Porter, le bras droit de Julius, réalise que celui-ci est sérieux quand au fait d’éliminer 01, et que Rosalie demande à Reena si elle serait prête a l’aider au trépas, Charlie décide de confronter une dernière fois Alyah en l’informant de la réelle nature de Keyes. Celui-ci, après s’être invité à l’entretient et s’être assuré que Alyah prendrait son parti quoiqu’il arrive, s’entretient seul a seul avec Charlie. Il lui apprends qu’il considère chaque être humain comme un animal qu’il est nécessaire de briser pour le rendre plus fort. Sans doute comme ce qui est arrivé a Charlie. C’est alors que Charlie à un dernier souvenir de ses années de service : un compte rendu d’interrogatoire où l’interrogé a succombé à ses bourreaux.

Les conséquences de l’education made in Vexcor

L’heure est arrivée pour Rosalie. Reena, dans un geste de compassion, aide son amie a faire le voyage de non retour, alors que Julius s’assure de la position de 01 dans son bar.
Celui-ci fait passer un entretient bien particulier à une aspirante au poste de serveuse. Mais alors qu’il va chercher une nouvelle bouteille, un agent de Vexcor arrive dans le bar et après avoir froidement abattu la jeune femme d’une balle dans la tête, tente d’éliminer 01. Celui-ci, touché a l’épaule, arrive tout de même a atteindre la douche et à ainsi s’enfuir dans le Gammavers.

Aînés et repères

Il est très difficile pour ne pas dire impossible de passer sa vie sans être guidé ou influencé par ce qui nous entoure. Que ce soit au niveau du langage, au niveau alimentaire, sensitif, et le plus important au niveau mental et spirituel. L’être humain est ainsi fait. Il est une grande machine a ingérer tout ce qui l’entoure. Images, sons, idées,... Et la somme de toute ces expériences en fait de lui un être unique. Qu’il se laisse guider, influencer, ou qu’il décide au contraire de former son propre savoir et de trouver ce qui lui convient le mieux, il n’est que rarement son propre modèle. Ainsi il à en général un modèle, que celui-ci soit naturel ( les parents ) ou social ( une idole, un professeur, un ami parfois. Et ce modèle de part son ouverture d’esprit, et de part ses positions et ses avis va forger les idées et la capacité de réflexion de l’être.

Cet épisode suit donc le parcours de Alyah, une jeune fille d’origine musulmane dont les parents pratiquants tiennent une épicerie dans un quartier marchand de Cape Town. L’intrigue nous révèle que la jeune fille a fuit ce foyer rassurant car son éducation astreignante l’a poussée vers le monde extérieur, cosmopolite. Au contact de celui-ci elle est devenue une jeune femme qui, comme la majorité des jeunes femmes de son age, cherchent a la fois amour et indépendance. La frustration et la rigidité de son éducation parentale et des règles religieuses ancestrales imposées ne lui ont permis ni de s’ouvrir à ses parents et de se confier a eux, ni de s’épanouir face a un modèle de société prônant le bien-être, le shopping et le culte du corps. Guidée par un beau parleur professionnel en la forme de Keyes, séminariste, écrivain, et accessoirement ancien employé de Vexcor, elle a ainsi quitté son cocon familial pour devenir une belle fleur, guidée par la raison du coeur et laissant la raison de l’esprit et les responsabilités millénaires. Bon ou mauvais choix ? L’épisode, contrairement à l’habitude télévisuelle évitera de nous fournir des réponses toutes faites en nous offrant la finalité de cette histoire sur un plateau moraliste ou répondant la loi du chaos. Au lieu de cela, les auteurs préféreront nous fournir une galerie de portraits avec ses tenants et aboutissants, ayant chacun un thème différent, les seuls constantes de ceux-ci étant d’une part un sujet et d’autre part son guide.

Contrairement a ce qu’on aurait pu envisager depuis le début de la série, avec sa nonchalance, sa cabotinerie, sa soif de pouvoir et de chair et son sens de la morale quasi-imperceptible à ce jour, si ce n’est dans une séquence de deux minutes dans l’épisode 5, c’est 01 qui semble le plus avoir souffert de son processus de maturation. Malgré son apparente assurance, on nous révèle ici un personnage perdu, traumatisé par la perte de sa mère, se raccrochant aux maigres objets qu’il n’est littéralement capable de soutirer à son père qu’au prix de son sang. Un père qui le méprise et qui se serait bien débarrassé de lui si celui-ci ne lui était pas vital. Et malgré la quête de reconnaissance de 01, la haine et le dégoût réciproque qui les anime vaut tous les discours.

Une nouvelle race de vampire : on crée des enfants pour s’en nourrir

01 est le parfait prototype de l’élève déchu, sans autorité bienveillante. Ce qui explique peut-être sa réaction envers Julius, l’autre figure d’autorité parentale qui habite l’espace de 01. Probablement par vengeance, et toujours par besoin d’autorité et de reconnaissance, 01 profite de son plan de conquête du Bétavers pour lui en faire voir de toutes les couleurs depuis le début. Humiliation permanente, manque de respect et de considération, 01 apprendra la encore par le sang que piétiner ses aînés n’est pas de bonne augure, surtout si ceux-ci on la rancune tenace.

A l’autorité haineuse ou disparue de 01, se confronte celle, corporatiste, de Charlie. Apparemment bienveillante, familiale, protectrice tant qu’on ne la remet pas en question, l’éducation militaire et morale de la Vexcor a permis a Charlie de trouver un environnement rassurant, encadré et formateur. Ne laissant qu’une marge à la réflexion quasi inexistante grâce à de grands discours forts et fédérateurs, surtout par rapport a la vie qui les attends a l’extérieur si ils quittent ce cocon, la Vexcor a pris Charlie sous son aile, et par une savante technique d’endoctrinement, l’a poussé a ne plus réfléchir, même lorsque celui-ci réalise qu’il a commis l’innommable.

L’avatar du papa Vexcor

Et c’est pour lutter contre cet endoctrinement qu’il a depuis réussi par on ne sait encore quel miracle à dépasser que Charlie tiens à aller au fond des choses dés qu’il apprends que Keyes à un jour joué un rôle important dans cette section de Vexcor. A priori le point de vue de Keyes est défendable, pousser les gens à bout, les briser et ils n’en sortiront que plus forts. Mais le dernier flash-back de Charlie nous place devant une réalité terrifiante lorsqu’on approuve cette vision des choses : il est des gens qu’on ne peut briser. Et les pousser à cette extrémité ne peut les mener qu’à la mort.

Par chance, Charlie est devenu quelqu’un de fort et d’indépendant, même s’il n’est pourtant pas a l’abris de pertes de régime ou de motivation. A ce niveau la, c’est cette fois Karl qui fait parfois office de mentor. Même s’ils sont tous les deux adultes et responsable, Karl, de part son idéalisme forcené, pousse souvent Charlie à se dépasser. Nous l’avons vu a plusieurs reprises comme par exemple lors de l’enquête concernant Themba Makandi de l’épisode six. Ainsi même les plus forts, ont tout de même parfois d’un soutient ou d’un guide, histoire de confronter ce qui est juste et ce qui est agréable.

Et parfois le seul souvenir de ce guide peu vous permettre de vous dépasser. C’est le cas pour Jasmine qui, grâce à la compassion de Charlie, n’a pu se contenter de redevenir une banale C3. A peine arrivée chez sa mère elle a réalisé qu’elle pouvait dépasser cette vie et a réussi non seulement à changer de statut, mais à tenter de s’assumer en trouvant un travail, aussi pénible soit-il.
Pour finir ce tour d’horizon de la galaxie Charlie, parlons enfin de Paula. Elle aussi adulte, aimée par un père protecteur qui veille a son bien-être comme en témoigne la mise en garde qu’il fait à Charlie alors de l’épisode six, elle est assez autonome pour prendre ce qu’elle veut ( un baiser ), mais assez adulte pour savoir qu’elle ne veut pas d’une relation d’un soir. Elle passe d’ailleurs par ce baiser de position d’attente à une position de force en repoussant gentiment Charlie. Le « pourquoi ? » qu’elle lui donne en réponse à son « je te reconduis ? » sonne presque comme une claque et affirme sa position d’autorité dans le couple. Son éducation à fait d’elle une personne indépendante et équilibrée.

Terminons enfin notre tour d’horizon avec Reena. Celle-ci malgré tout ce qu’elle a subit lors des épisodes précédents, la perte quasi-totale de repères, de valeurs, d’identité, le viol, la capitulation face a la mort, elle a tout de même reçu une éducation assez forte et assez stable pour lui permettre de surpasser tout cela. Elle a vécu dans une société ou tout le monde participe à un équilibre commun. Où le respect de l’individu et de l’environnement est une donnée fondamentale de la vie, à tel point que la construction d’une prison évoquée dans l’épisode cinq semble être d’une gravité sans nom. De même on notera l’incompréhension de Reena lorsqu’elle apprends qu’au bout d’un moment, les proches de son hôte Rosalie ont décidé de couper les ponts avec elle, a cause de l’instabilité de sa maladie ( le sida, que le monde de Reena ne connaît même pas, les veinards ! ).

La fin de cet épisode met enfin en parallèle les conséquences de ces différentes éducations : Reena jugeant que la volonté et le bien-être de son hôte sont plus importantes que des questions d’ordre d’éthique ou moral aide Rosalie à mourir, alors que 01 termine sa course blessé, seul et inconscient, ne trouvant refuge que dans la nature inaltérée du Gammavers, la figure parentale par excellence.

On en vient inévitablement à se demande si finalement, en mettant en relation tous ces personnages, leurs influences, leurs forces et leurs contradictions, l’éducation , n’est finalement pas un problème de société. Alors que Reena, élevée par une population entière, est pleine de compassion et d’écoute, Rosalie est mise au banc de la société de par sa non normalité et Alyah se révolte et fuit l’autorité parentale pour aller vers un monde dont les valeurs sont souvent inexistantes ( car quelles valeurs tirer d’un bronzage ou d’une partie de shopping, le tout soutenu par un personnage qui la brisera lorsqu’il n’aura plus besoin d’elle, en lui laissant comme seul choix la mort ou la force, sans savoir si elle a les éléments pour s’en sortir ). Quand à 01, issu d’une société ou l’être humain n’a de valeur qu’en fonction de son rang social, et malgré les possibilités financières et plus globalement matérielles dont il jouit, il ne ressemble ni plus ni moins qu’à une épave humaine.

01 receuilli par dame nature

NB : Avant d’aboder de plein fouet le théme du titre, l’épisode nous sert en introduction la premiere rencontre face à face entre Charlie et 01. Intense, tendue, cette rencontre, en plus de mettre en oposition les positions de chacun sur la race humaine ( Charlie étant a la recherche de disparues/ 01 utilisant sa serveuse comme il l’entant et n’accordant guère d’interet au malheur d’autruit ), annonce la menace que represente enfin Charlie face à 01. Et Charlie, venu jauger son adversaire de front, annonce la couleur : Ca va se jouer a l’usure.


Qu’arrivera t’il ainsi à Alyah, nul ne le sait. Peut-être sortira t’elle grandie de cette expérience quand elle s’achèvera comme ce fut le cas pour Charlie, on ne peut que l’espérer. Espérer qu’elle dépasse sa condition de sujet et acquiers son indépendance. Au delà de ces faits, Cet épisode nous offre une intense réflexion sur les chemins de l’éducation et nous prouve que sans doute, celle-ci est l’affaire de tous.