10x02 - The Lost

Ok, on est tous d’accord pour dire que pour faire une bonne série, il faut de bons acteurs et de bons personnages. Et Urgence a des deux, enfin plus ou moins, certains personnages se sont vus bâclés, et Luka Kovac était de ceux-là.
Attention ! Pas de méprise, j’aimais bien Luka, mais comme le faisait remarquer conundrum, ce n’était que Doug Ross 2.0. Luka n’avait été mis aux urgences que pour offrir à Carole Hattaway une nouvelle histoire amoureuse avec un beau ténébreux au passé difficile, c’était pas super bon pour commencer une série, ça ! Manque de pot Julianna Margulies a décidé, elle aussi, de partir, laissant en plan cette story line et faisant de Luka un boulet pour les urgences.
A partir de là, les scénaristes ont fait un peu tout et n’importe quoi avec lui, d’abord en choisissant la facilité en lui donnant une nouvelle histoire d’amour, cette fois avec Abby, encore une infirmière. Puis en voyant que ça ne marchait pas : en dépressif coureur de jupon (toujours le syndrome Doug 2.0) !
Heureusement que Goran Visnjic est un bon acteur (sauf quand il fait sa tête de cocker) et que, tout du moins pour moi, il faisait passer suffisamment d’émotion pour que l’on s’intéresse un minimum à son personnage.
Mais on sentait bien que ce n’était pas ça et que les scénaristes ne savaient plus trop quoi faire de ce personnage (comme Elizabeth Corday depuis la mort de Mark d’ailleurs), rester donc à faire disparaître cette erreur. L’envoi du cocker en Afrique était donc la solution.

The lost est donc la suite directe du 9x22 - Kisangani, il a d’ailleurs été tourné simultanément par souci de continuité.
L’épisode commence de la même manière que Kisangani : Carter dans un avion !
Il y fait la connaissance d’un employé de l’ambassade, rencontre qui lui sera utile pour la suite. En effet le corps de Luka se trouve toujours dans la région de Matenda contrôlée par les Mai-Mai, la croix rouge n’a pu rapatrier que ses papiers d’identité ensanglantés.
A Kinshasa, Carter retrouve Gillian avec qui il était parti de la clinique de Matenda et remue donc ciel et terre pour aller dans la zone des combats pour récupérer le corps, mais il ne reçoit pas beaucoup d’aide des instances officielles, c’est là que l’employé de l’ambassade sera d’une utilité en lui conseillant de se servir d’argent, tout étant achetable au congo. Pour une fois, être un fils de riche va être utile.
A Kisangani, Carter se joint à une équipe de la croix rouge grâce à Gillian qui connaît Debbie une des responsables. Ils finissent donc par arrivé à la clinique Matenda, là où Luka était resté à la fin du 9x22, pourtant, le corps sensé être celui de Luka Kovac, n’a rien à voir avec le docteur du Cook County.
En même temps que l’on suit les efforts de Carter pour trouver Luka, on suit par flash-back intercalés les derniers jours du Croate à partir du moment où Carter et Gillian le quittent à Mattenda et le laissent avec la petite qu’il a amputé. Obligé de quitter la clinique suite à l’avance des Mai-Mai, il est obligé d’y retourner car atteint de forte fièvre. Dans un état second, il se fera capturer. Les Mai-Mai commence alors leur néttoyage en abattant toutes les personnes qu’ils ont capturés, dont un géomètre des pays de l’est, celui-là même qui sera pris pour Kovac par Carter et les Mai-Mai.
Détaché de ce qui se passe autour de lui, le Croate délire de plus en plus suite à ses fièvres. Et alors qu’il se retrouve seul, à genou, il se met à psalmodier en croate ce qui ressemble à une prière. L’attitude des Mai-Mai change alors, le prenant pour un prêtre (surtout que peu de temps avant, la mère de la jeune fille amputée lui avait donné un petit crucifix en pendentif, cette objet renforçant encore la confusion des Mai-Mai.) et s’agenouillent pour prier avec lui.
Retour sur Carter qui demande aux Mai-Mai ou se trouve le docteur, mais ceux-ci n’indiquent simplement que le prêtre ! Et un des guerriers amène Carter et Gillian vers le prêtre, un Kovac tremblant de la tête au pied mais vivant.
Carter embarque donc Kovac dans un avion en direction des USA, pendant que lui décide de rester un peu en afrique.

Maintenant vous vous demandez pourquoi le titre s’appelle renaissance, ce petit résumé ne parle pas trop de l’état mental de nos deux docteurs.

Commençons par Kovac. Depuis la mort de sa femme et de ses enfants, Luka ne croit plus en rien, et encore moins en dieu, or cet athéisme forcé conditionne sa descente aux enfers (ER est une série US, pays où la religion tient une place plus qu’importante, ne pas oublier ce fait), il avait d’ailleurs traversé la saison 9 avec toutes les caractéristiques du pécheur patenté.
Changer de vie en traversant l’atlantique ne lui aura pas été d’un grand réconfort, puis il avait cru trouvé en Abby sa planche de salut, malheureusement pour lui, la chute n’en a été que plus rude, accélérant sa dépression.
Alors que l’Afrique aurait dû être son mouroir, elle sera sa délivrance. Sa foi lui sera rendue dans cet instant qui peut précéder la mise à mort, le ramenant à la vie, d’ailleurs Visnjic joue la scène où il se met à prier comme s’il se réveillait d’un long cauchemar.
Kovac est donc de retour, sa bise à Carter (signe de reconaissance) et son "thank you" me le prouve en tout cas.

Quant à Carter, il semble beaucoup plus à l’aise que lors de son précédent voyage, se permettant même d’engueuler les rebelles Mai-Mai pour la destruction de la clinique de Kisangani.
On dirait même qu’il est beaucoup plus à l’aise qu’à Chicago, mais sans doute pas au point de s’être "trouvé" comme il le confie à Luka, sinon il serait sans aucun doute rentré avec lui. Parce franchement, trouver qu’être au Congo, dans une zone de guerre est plus simple que de se trouver aux USA, n’est pas pour moi une image de stabilité. Mais au moins, y a des signes encourageant pour la suite.

Si l’évolution et les affres des personnages sont bien retranscrits, surtout pour Luka, joué par un Goran Visnjic impressionnant, le fond comme la forme sont une fois de plus réussis.
Certes, l’épisode possède moins de puissance que Kisangani, pas de grande scène de chirurgie, et le choc de découvrir la situation catastrophique n’existe plus. Mais les propos commencés dans Kisangani gardent la même force bilan S9 et 9x22. Une fois encore quelques répliques égratignent un certain état d’esprit étasunien. Comme par exemple le : Etendre la démocratie un big mac à la fois. De l’employé de l’ambassade US.

Ou la discussion entre Debbie et Carter :

Carter : Tu sais, je me considérais plutôt bien informé, mais depuis que je suis venu, je n’ai rien entendu à propos du Congo.
Debbie : Personne à la maison n’en a rien à foutre de ce qui se passe ici.
Carter : Il n’y a pas de pétrole ici. Des millions de gens sont massacrés… Pourquoi se bouger, mangeons un Happy Meal !

Et rien ne nous est épargné pour bien montrer les horreurs de la guerre, du viol suggéré, à la balle en pleine tête en gros plan.

Quant à la forme toujours très bonne, avec une réalisation et une mise en image de grande qualité, mention aux flash-backs sur Luka très bien insérés dans la trame de Carter. Et comme Kisangani, une bande son superbe.