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Enterprise

3x08 - Twilight

Pense-bêtes post-apocalyptiques

lundi 17 novembre 2003, par Greg

"Twilight" parle d’une ligne temporelle alternative dans la grande tradition Star Trek. Au final on appuie sur le "bouton reset" comme tous les épisodes de ce type. Appelons ça un épisode sans conséquence, et alors ? Ce n’est pas pour autant qui faille perdre de vu sa grande qualité narrative. Et "sans conséquences" ne veut pas dire inutile.
Et oui, on tient un gagnant ici !

Résumé avant la petite analyse :

Archer est blessé par une anomalie spatiale et une sorte de parasite lui infeste le cerveau qui l’empêche de se souvenir des choses passées depuis plus de quelques heures.
T’Pol est nommée Capitaine et l’Enterprise finit par découvrir l’usine où est construit l’arme Xindi. Mais elle a déjà été déployé. La Terre et plusieurs autres colonies sont détruites n’épargnant que 6000 humains.

L’Enterprise mène un convoi de vaisseaux civils et de Starfleet à Ceti Alpha en évitant les Xindis. Les vaisseau civils y sont démantelés pour servir de camp. T’Pol démission alors pour s’occuper sur la planète d’Archer pour lequel elle a développé une affection dont elle se refuse à parler.
Chaque matin quand Archer se réveille, elle lui raconte ce qui s’est passé depuis l’accident. Les parasites dans le cerveau d’Archer proviennent d’un autre domaine spatio-temporel et pour s’en débarrasser la seule façon est de subir une "implosion subspatial" qui évidemment le tuerais...

...jusqu’à ce jour. En effet, en provenance de Denobula où il a passé une décennie à rechercher une cure à la condition d’Archer, Phlox revient sur Ceti Alpha. Il a développé une technique qui utilise le moteur à distorsion de l’Enterprise pour éradiquer les parasites.
Quand le premier groupe de parasites est retiré, ce même groupe disparaît de tous les scannes précédemment enregistrés. Apparemment, ils existent hors du temps linéaire. Si tous sont retirés, tous les événements suivant l’accident pourraient être annulés. Archer resterait au commandement de l’Enterprise et la Terre éviterait la destruction.

Mais les Xindis attaquent, renseignés par un espion qui a suivi Phlox jusqu’à la colonie humaine. Malgré plusieurs vaisseaux de Starfleet, la bataille prend mauvaise tournure. La passerelle de l’Enterprise est détruite. Archer, T’Pl et Phlox décident que la seule façon de sauver la situation est de créer une "implosion subpatiale" dans le moteur à distorsion du vaisseau et donc de se sacrifier. Sous le feu d’une équipe d’abordage Xindi, Archer réussit à mettre ce plan à exécution.

Archer se réveille à l’infirmerie sans parasite au cerveau peu après avoir été sonné par l’anomalie spatiale rencontrée dans les couloirs de l’Enterprise. L’humanité est sauvée mais jusqu’à quand ?


Comme l’indique le titre, cette histoire raconte le crépuscule de l’humanité après la victoire Xindi et la destruction de la Terre. Destruction dont on est témoin dans le teaser impressionnant que nous offre ici Enterprise.
Bien sûr, ces événements radicaux ne peuvent être racontés qu’au sein d’une ligne narrative alternative. C’est d’ailleurs la grande force de ce genre d’histoire.

Premièrement, cela permet de mettre en scène des événements impossibles à raconter autrement comme bien sûr la destruction de la Terre mais aussi celle de la passerelle de commandement de l’Enterprise.
Cette sorte d’"uchronie à la causalité inversée" dépeint une humanité post-apocalyptique saisissante. Peut-être plus que la destruction de la Terre, la scène où Archer sort à l’air libre de Ceti Alpha sur une vue d’ensemble de ce qui reste de l’humanité, sonne comme une poignante désillusion de la destinée humaine qui fut dépeint dans les séries précédentes. Même en sachant pertinemment que tout cela sera effacé au terme de l’épisode, l’image n’en reste pas moins intense sur le moment.
Et puisqu’on parle d’événements radicaux, Enterprise ne pouvait pas passer à côté de scènes d’action époustouflantes. Le dosage est d’ailleurs parfait. On constate vraiment que, cette fois-ci et comme c’est trop rarement le cas, dans la série, c’est l’histoire qui amène naturellement l’action et les effets visuels de toute beauté.

Autre possibilité de ce genre de scénario : même si les événements narrés n’ont aucune conséquence pour la suite, elles permettent toutefois d’apporter un éclairage instructif aux téléspectateurs sur certains personnages et sur l’importance de la mission de l’Enterprise.
Ici on s’intéresse à T’Pol et à son dévouement pour Archer qui en dix ans à apparemment évolué en très grande affection. Comme le dit le scénariste de cet épisode : "T’Pol est en chaleur tous les 7 ans. Dix ans se sont écoulés, ce n’est qu’une question de maths" Voilà ça c’était pour le côté "shipper" de l’épisode. ;)
Il est bon de noter aussi les très bonnes performances de Jolène Blalock et de Scoot Bakula même si on sent ici que tous les acteurs étaient impliqués par l’épisode. On voit que tous ont apprécié que l’épisode casse la routine de leurs personnages et ils s’amusent.
Cette histoire nous éclaire aussi sur le danger Xindi. Ils sont clairement bien décidés à en terminer avec la Terre. Et leur obstination vengeresse ne s’arrête pas là, ils traquent ensuite sans relâche les derniers foyers de peuplement humain jusqu’à extinction totale.
Et là je m’interroge. N’est-ce pas un peu disproportionné ? A se demander ce qui a pu motiver cette colère implacable des Xindis. La suite de la série a intérêt à nous offrir une explication qui tienne la route et qui soit plus élaborée que « les Xindis sont vraiment de vilains méchants pas beaux »

Enfin, les lignes narratives alternatives permettent de mettre les personnages dans des situations qui ne pourraient pas être effectives sur la période de temps relativement réduite sur laquelle se déroule la série.
 D’abord on voit T’Pol prendre le commandement du vaisseau (ça lui va plutôt bien l’uniforme de Starfleet) et prendre une décision difficile en combat contre les Xindis, choix stratégique que Trip remet en cause (on est loin des séances de massage ;) ).
Il est tout aussi intéressant de voir l’évolution des autres membres d’équipage d’une Starfleet en lambeau : Trip commandant de l’Enterprise après la démission de T’Pol, Reed fraîchement promu capitaine et sur le point de prendre le commandement d’un autre bâtiment, Hoshi qui n’a pas trop changée à part de coupe de cheveu qui lui va très bien, Phlox qui a passé les dix dernières années sur Denobula à trouver un remède pour Archer. Il n’y a guère que Travis qui est une nouvelle fois totalement zappé par les scénaristes : il meurt très vite dans l’anonymat la plus complète, comme les rôles de figuration. A savoir si l’acteur est content du traitement réservé à son personnage depuis le début de la série.
Ces évolutions des personnages sont de plus parfaitement mis en lumière par un Capitaine Archer "figé dans le temps" à cause de son problème de mémoire à long terme.

Et j’en viens au concept de base de cet épisode. L’alliance de la ligne temporelle alternative et du problème de mémoire à long terme d’Archer est très ingénieuse et relativement originale. Star Trek a souvent abordé le concept d’univers alternatif et de paradoxe temporel mais ici la variation sur ce thème est très rafraîchissant. C’est un peu "Yesterday’s Enterprise" (TNG saison 3) croisé à l’excellent film "Memento". Très efficace.


Episode àWarp 5 (sur 5)
Ou comment réussir àparfaitement allier récit SF authentique, développement des personnages et action échevelée. On tient làtout bonnement le meilleur épisode de la série jusqu’ici. Et "Twilght" rentre tout naturellement au panthéon des grandes réussites de Star Trek.