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24

3x16 - 4:00 AM - 5:00 AM

Welcome Cordilla

mardi 6 avril 2004, par Phil

Après 5 semaines de break, « 24 » est de retour, et nous offre du grand A.R.T.
A pour Action, R pour Réflexion et T pour Tension. Tout ces ingrédients permettent d’obtenir l’un des meilleurs épisodes de toute l’histoire de « 24 ».

Seize heures que les agents de la CAT traquent le virus Cordilla, et enfin il est lâché. Beaucoup de fans (par exemple un ami de la LTE, Lordofnoyze) s’insurge sur le fait que les scénaristes aient attendu 16 épisodes pour lâcher le virus. Une quinzaine d’épisode pour combler selon eux : une fausse menace préparée par le trio Jack/Tony/Gael, puis une longue fausse vente aux enchères à laquelle participaient Nina et Jack. Soit 2 « faux semblants » en 14 épisodes, c’est trop pour eux. J’avoue pas trop bien comprendre leur réaction. Pour la simple raison que c’est le jeu auquel « 24 » nous a toujours habitué. Et encore plus avec la saison 2 : en effet la bombe nucléaire a explosé à la fin de l’épisode 15, avant cela, les scénaristes nous avait baladé à la recherche de cette bombe.

La saison 2 et la saison 3 sont donc similaires par leur structure (narrative), mais ce que la seconde saison n’avait pu exploiter, la saison 3 en a les moyens : dans la saison 2, la bombe nucléaire avait explosé en plein désert et causé qu’une victime (paix à ton âme Mason) : nous avons pu découvrir les conséquences psychologiques ensuite (émeutes, affrontement, peur …) mais elles étaient en filigrane, puisque l’intrigue partait vers une autre direction. La saison 3 nous offre une dimension plus grande, car à l’inverse de la bombe nucléaire, le virus est lâché, il a été modifié et sa propagation est rapide. Les terroristes ont par ailleurs 11 fioles dans la nature. Les victimes seront nombreuses, le nombre important (90% des personnes exposées au virus succomberont). Les conséquences psychologiques sont également amplifiées : les clients de l’hôtel sont en quarantaine : comment accepter la fatalité de la mort ? Comment réagir quand on devient soit même une bombe humaine (en étant contaminé par le virus) ? S’enfuir (et contaminer d’autres personnes à l’extérieur) ou éviter la propagation du virus ? Agir ensemble pour éviter la catastrophe et mourir en paix ?
La situation à laquelle se trouvent Michelle, Gael et les clients de l’hôtel, me fait beaucoup penser à un événement réel de ces dernières années. Le 11 septembre 2001, lorsque les passagers du quatrième avion (en direction vers la Maison Blanche) ont donné leurs vies pour nuire aux terroristes et faire crasher l’avion dans un terrain désert de la ville de Pittsburgh en Pennsylvannie. Comment vont-agir les occupants de l’hôtel ? Vont-ils donner leurs vies pour sauver d’autres vies ?

Cet épisode de « 24 » prouve le renouvellement de « 24 ». Je me rappelle un soir avoir longtemps discuté avec mon ami d’EDUSA, Conundrum. Il m’expliquait qu’Alias avait su par 3-4 fois renaître en réécrivant sa structure narrative. En revanche, il affirmait que « 24 » était pris dans son propre piège le « temps réel » et ne pourrait jamais se renouveler. Au vu de cette saison 3 et surtout de ce fabuleux épisode, je répond (enfin) à Drum’ qu’il a tord. Et même si j’arrive pas à le convaincre (je respecterais toujours son opinion, et lui la mienne), je vais tenter de convaincre certains de mes lecteurs qui peuvent encore avoir le même avis que Drum’. Aucune saison de « 24 » ne se ressemble : alors que la saison 1 était un long film de 24 heures de suspens, d’ambiance parano, alors que la saison 2 était un long film de 24 heures, d’action, de complot gouvernemental et de stratégie géopolitique, cette saison 3 se révèle être un long film de 24 d’heures de séquences catastrophes, de guerres psychologiques (et certainement d’autres choses mais il nous reste encore 8 épisodes). Alors, convaincu ?
Nous voici donc plongé dans un grand film d’action mixé avec un grand film catastrophe. La partie Action est menée comme d’habitude par notre duo Jack/Chase qui laisse volontairement échappé Amador pour le pister (et se laisser guider par Kim qui suit le traceur sur son écran). Alors qu’Amador retrouve dans une voiture un des hommes de Saunders, Jack, Chase, et surtout nous, téléspectateurs, avons droit à une superbe scène pyrotechnique (explosion de la voiture) que seule « 24 » sait si bien faire : ce que je veux dire, c’est que « 24 » ce n’est pas une série, c’est un film diffusé à la TV et les producteurs investissent de l’argent pour les effets spéciaux, ça se voit et ça fait plaisir !

Le film catastrophe est évidemment la partie intégrante des intrigues de Michelle et Gael. Gael, certainement l’un des meilleurs nouveaux rôles de cette saison 3 : de taupe il est s’est révélé être une double taupe et va finir avec un « destin à la Mason ». Gael est donc la première victime du virus Cordilla. Nous le voyons vivre ses dernières minutes : saigner du nez, avoir des cloques sur les bras, transpirer. On souffre avec lui, comme si par empathie, le réalisateur réussissait à nous fondre dans le personnage de Gael. La tension se propage comme le virus, lorsque des nouvelles victimes souffrent des mêmes symptômes et surtout avec le travail minutieux du compositeur Sean Callery pour restituer l’ambiance avec sa musique.

Comme l’épisode précédent, Michelle est LA star durant cette heure. Digne face à la mort, lors d’une discussion par téléphone avec Tony, elle accepte la fatalité, et ne garde qu’un objectif en vue : contenir le virus, éviter qu’il se propage. Pour réussir cela, elle va se confronter à deux réflexions (voire dilemmes). La première concerne « La Vérité ». Alors que les clients de l’hôtel se réveillent et la questionnent pour savoir pourquoi ils sont « sous quarantaine » et pourquoi à l’extérieur ils sont encerclés par des agents portant des masques, Michelle préfère éviter la panique et mentir : le virus a été lâché à l’extérieur, et ils sont en sécurité à l’intérieur, mais ils doivent attendre. Mais quand les premiers clients commencent à avoir les premiers symptômes (saignement du nez), les clients paniquent et l’un d’eux réussit à casser une vitre et est sur le point de partir. Michelle se trouve face alors à cette réflexion sur « Le Droit De Tuer ». Elle menace l’homme de le tuer si il quitte l’hôtel, mais ce dernier ne la croyant pas, Michelle le tue sur les yeux horrifiés des autres clients. Beaucoup de fans se sont interrogés sur cet acte de Michelle. Au lieu de le tuer, elle aurait du se contenter de tirer sur la jambe, selon eux. J’avoue au contraire comprendre l’action de Michelle (même si je déplore cette mort) : tout d’abord, il est important de noter que si c’était Jack, personne n’aurait remis en cause son acte (enfin je pense, il se peut que je me trompe). Ensuite, je pense que si Michelle avait tiré sur la jambe, cela n’aurait pas empêché l’homme de quitter (en rampant difficilement ) l’hôtel. En tuant l’homme, Michelle montre bien aux autres clients que la situation est grave, voire critique, et qu’ils doivent donc écouter ses ordres.

Il n’y a pas que Michelle qui va se retrouver confronter à ce dilemme de « La Vérité ». Après une trentaine d’année de vie « commune » (notez bien les guillemets), David Palmer et Sherry vont s’expliquer sur cette réflexion. Pour Sherry, toute vérité n’est pas bonne à dire. Elle explique à David que des gens comme Wayne ou bien comme elle, l’entourent pour éviter d’apprendre ces vérités qui pourraient le nuire. Pour Sherry, un Politicien doit mentir et cohabiter avec le mensonge. Elle avoue donc à Palmer toute la vérité sur le scandale Milliken, cette vérité qui va faire mal à Palmer : Sherry a laissé mourir Milliken en l’empêchant de prendre ses médicaments. Mais le pire, c’est que Sherry fait comprendre à Palmer, qu’il est à moitié responsable de sa mort, car il lui a demandé de faire « le sale boulot à sa place ». Si Palmer veut sauver sa présidence, sa réélection, il va devoir mentir et fournir un alibi à l’inspecteur en affirmant que Sherry était avec lui toute la soirée. Ce que Palmer fait. Cinq ans ont passé depuis la campagne d’élection du Sénateur Palmer. Il n’est plus « tout blanc », parfait. Il est devenu avec ce « mensonge » ce que Sherry est. Palmer en est conscient. Furieux de ce chantage, de cette situation, il la renvoie, en lui disant qu’ « il la méprise pour ce qu’elle a fait et surtout qu’il se méprise de l’aider à s’en sortir ».
Et alors que Palmer en a finit avec le chantage de Sherry, où il perd sa dignité présidentielle, il reçoit un appel de Saunders qui fait lui aussi un chantage : et là, Palmer est sur le point de perdre son pouvoir présidentiel. Saunders en possession de 11 autres fioles de virus, annonce à Palmer que désormais « le pays n’est plus sous son contrôle ».

Voilà ma review est presque terminée. Comme Hobbes pour sa review d’Angel 5x15, j’ai l’impression que je pourrai encore écrire des pages et des pages sur cet épisode de « 24 ». L’année dernière, après le fameux épisode 15 de la saison 2, la série rentrait dans une autre dimension, et Oz avouait son enthousiasme à reviewer les épisodes « World War III ? ». Au vue de ma review, vous vous doutez que j’ai eut autant de plaisir que Oz ou Hobbes, à l’écrire.

Alors pour conclure et pour qualifier l’épisode, je ne dirai que …


Sublime.

Note : 5/5