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24
3x18 - 6:00 AM - 7:00 AM
God Forgive Me ...
mercredi 21 avril 2004, par
Dieu pourra-t-il pardonner Bush et FOX ? Et pourquoi les héros de « 24 » invoquent-ils son pardon ? Que viennent faire Bush et FOX dans cette review ? Quel teaser ! La suite maintenant.
Lundi dernier, le 12 avril, une terrible nouvelle arrive. Georges W. Bush a décidé de faire le lendemain une conférence de presse à 20h30 suite à sa politique guerrière en Irak. Bref il va monopoliser une heure de temps d’antenne aux grands network que sont ABC, NBC, CBS et … FOX ! Damned. Pourquoi 20h30 !!! Chirac lui intervient à 20h00 pas à 20h30. Saunders existe-t-il vraiment et a-t-il obligé Bush à chambouler les programmes du mardi soir ? Et puis d’abord pourquoi mardi ! Il a vraiment mal choisi son jour. C’est impardonnable ! Oui je suis de mauvaise foi, les non fans de « 24 » eux s’en foutent. Mais si vous lisez mes reviews, vous êtes fans de « 24 », donc vous êtes en colère. Et encore plus contre FOX qui rentre dans la partie.
Car FOX n’a rien trouvé de plus malin que de programmer son épisode inédit de « 24 » le dimanche face à « Alias » (premier étouffement des fans américains) et à « The Sopranos » (les derniers fans résistants ont perdu connaissance) : « 24 », « Alias », « The Sopranos » ont pratiquement le même public vu que ce public cherche des séries de qualité. C’est donc officiel ce sont des manchots qui dirigent FOX. On en était presque sûr après l’annulation de la nouvelle série fétiche d’EDUSA (Wonderfalls) mais là y a plus de doute. Peut-on pardonner FOX en se disant c’est pas grave on attend 5 jours de plus le 3.18, mais on aura le 3.18 et le 3.19 à 2 jours d’intervalle ? NON !!! Et encore plus moi, car ça me donne encore plus de boulot pour rendre mes reviews à l’heure pas comme certains dont je tairai le nom qui sont à la bourre (je rigole les mecs ;))
Bon il serait temps de parler enfin de l’épisode. Que ça soit Jack, Michelle ou bien Palmer, chacun doit invoquer le pardon de Dieu face aux choix ou actes auxquelles ils doivent faire face. Cet épisode est encore plus violent psychologiquement que les deux derniers : il est en fait la mise en place (et œuvre) du cliffhanger du dernier épisode. Un petit « previously on « 24 » » n’est pas de refus alors rappelons simplement que Saunders continue son chantage face au Président Palmer, et le menace de lâcher son virus bio-terroriste, si Chappelle n’est pas mort à 7h00 du matin. Et comme ces événements (de l’épisode) se déroulent entre 6h00 et 7h00 du matin (fermez les yeux et imaginez la voix de Kiefer Sutherland le disant en anglais), vous vous doutez que nous allons suivre à fortiori la dernière heure de Chappelle, sauf si Saunders est rattrapé par la CAT d’ici là. Néanmoins, restant encore 6 épisodes pour cette saison 3, on a le droit de se faire peu d’illusion sur le futur de Chappelle.
« 24 » accentue encore plus la fatalité de la mort avec cet épisode. On s’était ému au sort de Mason, conscient qu’il allait mourir dans moins de 24 heures, on était encore plus affecté pour Gael, qui a su qu’il ne lui restait plus que 2 heures à vivre, et voilà que les scénaristes décident que Ryan Chappelle n’ait qu’une heure pour apprendre sa mort prochaine et pour tenter de l’éviter. Mais comment combattre cet ennemi invisible et encore plus invincible, quand on sait que notre mort peut éviter la mort de milliers d’autres personnes ? Comment réagir ? Fuir ? Tenter de localiser la bombe humaine qu’est Saunders ? Faire confiance à ses agents et être le jouet de ce chantage mortel ? Toutes ces questions hantent l’esprit de Chappelle, durant cette heure on le voit résigné, désabusé, soulagé puis effaré. Chappelle a du certainement méditer sur sa politique du « Shoot to kill », et sur ce destin si cruel qui fait qu’il va lui même subir ses prises de positions. Lui Chappelle, qui tôt dans la journée ordonnait qu’on abatte l’hélicoptère des deux fuyarts Ramon/Jack, puis tard dans la nuit qu’on abatte tout client de l’hotêl (contaminé par le virus) pour éviter sa propagation. L’ironie du destin a voulu qu’il vive la politique de ses décisions le jour même, qu’il soit lui même abattu, et surtout que ça soit un hélicoptère (conduit par Jack) qui l’amène au porte de la mort. Chappelle a-t-il demandé pardon à Dieu suite à toutes ses décisions de sa vie ? Nul ne le sait. Quelques minutes avant sa mort, Ryan confessait à Jack sa triste vie : sans ami, peu de contact avec sa famille, en bref un pauvre type qui ne vit que pour son travail (et sa nation). Néanmoins, Chappelle a-t-il vécu ses dernières minutes en découvrant que finalement il était entouré d’amis ? Là encore nul ne le sait, pourtant cet épisode le prouve : Chase et l’agent Baker font leur possible pour retrouver Saunders (en vain) et Jack essaie de réconforter Ryan. Mais à 6h57, le destin est scellé, Saunders toujours dans la nature, et « 24 » continue sa lancée réflexive qu’elle avait entamé dans les précédents épisodes : notamment quand Michelle propose à Gael son arme pour qu’il puisse alléger ses souffrances et rencontrer la mort plus rapidement. « 24 » va de nouveau offrir cette réflexion sur « le choix » de la façon de mourir quand on sait que sa fin est proche. Ainsi Ryan va être partagé entre sa fierté et son angoisse. Il demandera d’abord à Jack de lui laisser son arme pour qu’il s’abatte lui-même. Mais se ôter soi-même la vie est aussi insensé (Tout comme le faisait comprendre Gael à Michelle), et cette angoisse psychologique va conduire finalement Ryan a demandé à Jack de faire le « sale boulot ».
Jack l’exécute et ne peut s’empêcher de demander pardon à Dieu. Jack a déjà tué de nombreuses personnes, mais jusqu’à aujourd’hui, il n’avait tué (ou exécuté) que des terroristes, la dernière en date étant Nina Myers. Un cap est franchit, Jack a tué une innocente victime (tout comme Michelle quelques heures plus tôt). Jack et Michelle, deux agents de la CAT au destin similaire, qui face à cette menace terroriste invisible et terrifiante, se voient obligés de se détruire psychologiquement leurs âmes, leurs convictions.
« 24 » par cet épisode, fait taire tout ceux qui proclamaient que la série était piégée par son format du « real-time ». Ce format lui permet ainsi de transformer certains de ses épisodes en docu-drama. Car cet épisode s’en approche beaucoup. Hormis les quelques scènes d’actions, d’infiltrations, l’épisode nous invite à suivre la dernière heure d’une personne avant son exécution. « 24 » n’a jamais hésité à tuer ses personnages quand elle le désirait (c’est la seule série (ou l’une des seules) qui peut se permettre ce luxe et le revendiquer, quand d’autres utilisent subterfuges pour ne pas perdre ses téléspectateurs qui seraient crispés si l’un de leur personnages « principaux » disparaissait à jamais). Telle est la force de « 24 ». L’inattendue. Le réalisme. Le message est là : la mort est soudaine, cruelle. L’épisode a encore plus d’impact quand on connaît les désarrois de la justice « humaine » aux USA. Combien d’innocentes personnes emprisonnées (pour un crime qu’ils n’ont pas commis) ont été exécuté ? Attendant en vain l’appel « de la dernière minute » qui les sauverait de la mort. Cela fait quelques reviews que je vous affirme que « 24 » fait réfléchir ses téléspectateurs (et fans). Cet épisode ne tarit pas à la règle, les scénaristes utilisant sciemment Ryan Chappelle pour offrir à l’Amérique une allégorie de l’exécution de (si) nombreux innocents.
Ces prisonniers innocents qui attentent leurs exécutions. A qui on propose pour alléger leurs souffrances des pilules pour les endormir à jamais. Quel meilleur symbole que des clients pris en otage dans un hôtel sous quarantaine, attendant que la mort (le virus) les tue. A qui Michelle leur propose des pilules pour alléger leurs supplices. Le parallèle entre « 24 » la fiction, et la « vie » la réalité est une nouvelle fois si frappante, qu’on ne peut que s’émerveiller face au pouvoir, au talent de « 24 ». Comme je l’ai dis plus haut , Michelle « est » Jack. Contre son gré, un ange de la mort qui permet de passer d’un monde à l’autre. Sa féminité la rend plus touchante face au destin des ces innocents (à l’inverse de Jack et sa conscience de la férocité de la vie). Michelle nous offre une façade de son caractère : elle annonce froidement aux victimes, qu’ils vont mourir, qu’ils ne peuvent éviter la fatalité, et qu’ils ont à leurs dispositions des pilules pour les « aider » à surmonter cette dernière épreuve. Mais derrière cette froideur, on ressent tout son amertume d’agent anti-terroriste : son métier est de sauver des innocents, et elle est en passe d’échouer. Au fond d’elle-même elle doit invoquer le pardon de Dieu face à cet aveu d’impuissance.
Elle doit se sentir encore plus coupable, car emprisonnée dans cet hôtel infecté, elle semble faire partie des 10% de la population immunisée par ce virus. Elle voudrait tant leur faire partager cette chance, mais en vain, le destin est plus fort que le désir. Et sous ses yeux, elle assiste à une hécatombe humaine, à laquelle elle a elle-même participé involontairement. Tout comme Jack, on assiste au fil de ces dernières heures écoulées, à la destruction psychologique de son âme en passe de devenir tourmenté.
Un pion. Tel est Jack. Telle est Michelle. Tel est surtout Palmer. Ils sont des pions de Saunders. Saunders invincible et invisible tout comme le virus (et les 11 autres fioles). Alors que Jack et Michelle participent aux génocides, Palmer exécutant les demandes de Saunders, en est le déclencheur. Comme si il signait sur une feuille les ordres pour exécuter des personnes. L’intégrité de Palmer, son amour pour l’Humanité, se sont volatilisés sans qu’il puisse l’éviter. A l’intérieur de lui même, lui qui s’était promis le jour où il a été élu Président des USA, d’assurer la sécurité de ses concitoyens, cette situation inverse à sa pensée humaine et politique, ne peut que l’écœurer … Encore plus que le dernier « coup de poignard » de son ex-femme. Il implore au fond de lui-même le pardon de Dieu, pour ses actes horribles. Et il sait que la situation ne peut qu’empirer.
Il apprend que les médias sont sur le point d’informer les citoyens de la situation dans l’hôtel, et demande de freiner les journalistes. Et c’est là que le scénaristes de « 24 » nous achèvent. Car hormis le fait qu’ils se permettent de traiter de la Mort, du Suicide, du Génocide, de l’Exécution d’Innocent, et j’en passe, une nouvelle fois, ils ont anticipé la Réalité.
Je vais être honnête avec vous ce constat n’est pas de moi. Mais d’un journaliste américain. Petit rappel : Alors que la Saison 1 était une anticipation des attentats du 11/09 (le principal terrorisme aux USA ne provient pas des pays étrangers, il est implanté au plus profond des USA avec des agents terroristes « dormants » puis activés), et la Saison 2 celle de la Guerre en Irak, cette Saison 3 vient de rattrapé la Réalité. Résumons la situation dans « 24 » : Un président en pleine campagne de réélection, une crise terroriste, des victimes, 11 autres fioles qui menacent d’autres vies, et face à cette situation désastreuse, une tentative de contrôler la liberté d’information. Dis comme ça, vous ne pensez peut-être pas à cet « événement réel », la preuve moi-même j’étais aveugle. Pourtant, cet événement est si proche, si similaire. Le 11 mars 2004 à Madrid, en pleine campagne législative (un parti qui souhaite conserver sa majorité), 4 trains de la « mort », plus de 200 victimes tuées, et surtout un gouvernement qui tente de cacher la vérité. Flagrant. Pire, prémonitoire. Car si on ne peut prétendre que les scénaristes de « 24 » ont écrit les 24 épisodes de la saison 3 (ou imaginé les grandes directions) lors de l’été 2003, il est indéniable que les 3 derniers épisodes diffusés (dont celui-ci) ont été écrit et réalisé au début de l’année, donc avant mars 2004.
Il ne reste plus que 6 heures avant que « 24 Day 3 » se conclue. Et la situation déjà assez catastrophique, se complique alors que le soleil se lève : un client (contaminé) de l’hôtel a réussi à sortir avant la quarantaine pour retrouver son épouse (qu’il venait juste de tromper), et Saunders prévoit plus de 2 millions de victimes dans moins de 48 heures. Quel meilleur moyen de propager un virus que via les transports aériens. Et là vous me voyez venir … « 24 » est une série en temps réel, avec des intrigues réelles, anticipant (avec effroi) la Réalité, et s’inspirant de la réalité. Car cette nouvelle menace de Saunders ne peut nous empêcher de repenser au SRAS qui s’était propagé via les transports aériens : parti de l’Asie, le virus s’était répandu au Canada et en Europe principalement.
Que Dieu me pardonne pour cette nouvelle review aussi longue que les 2 précédentes. Mais quand on voit la direction prise par « 24 », tant de sujets d’actualités, de réflexions, développés, on ne peut écrire que de telle review pour complimenter « 24 ». Récemment, un ami d’EDUSA m’a critiqué (en rigolant ? j’m’en souviens plus) mon encensement de « 24 ». Alors peut-être est-ce le cas, nous avons tous notre vision, mais au moins je pense avoir expliquer point par point et avec longueur les raisons qui me pousse à dire que depuis 4-5 épisodes, « 24 » est une série exceptionnelle qui n’use pas des artifices du « fantastique » pour nous faire dire à la fin d’un épisode un « wow ». Tel est le plus grand mérite de « 24 ».
Que Dieu me pardonne ma loufoquerie sur une dizaine des mes reviews avant que « 24 » devienne ce qu’elle est aujourd’hui. Mais d’un autre coté, il n’y avait pas matière à disserter sans fin. Ces 12-13 premiers épisodes n’ont servi qu’à placer les bases de ce qu’on a aujourd’hui. Et quand j’entend des personnes dire pourquoi « 24 » n’a pas pu nous offrir de tels épisodes (comme ceux qu’on a depuis l’épisode 15), je les invite à envoyer leur candidature à l’équipe de scénaristes de « 24 ». On va pas se leurrer. Les 14 premiers épisodes sont bons (mais « 24 » nous a tellement habitué au meilleur, que pour certains fans, le bon est médiocre), et depuis l’épisode 15, « 24 » a atteint un nouveau niveau de qualité : l’exceptionnel. J’espère que les scénaristes réussiront à garder ce cap jusqu’à la fin de saison. Et si c’est le cas, la saison 4 sera alors encore plus dangereuse pour eux, avec cette nouvelle comparaison, cette nouvelle marque ès « 24 ».
Que Dieu me pardonne si ma review est plus longue que celle de Ju pour Alias 3.18. Ce n’était pas mon objectif principal (note de Ju : Not. Even. Close). Ce n’est que la preuve de la qualité de l’épisode de « 24 ».
En résumé ...(et quitte à me faire attaquer pour mon exultation pour « 24 »)
Ce n’est plus un épisode que nous offre « 24  » mais une pure Å“uvre.
Note : 4.5/5
Merci à Ju et à Simon pour les screencaps ;)