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24
3x17 - 5:00 AM - 6:00 AM
"The Sky Is Falling"
dimanche 11 avril 2004, par
« 24 » continue son subtil mélange de thèmes de société et de scènes d’action (époustouflantes), le tout servi par des acteurs au top de leurs formes. Quant à l’intrigue, elle évolue vers une direction surprenante. En un mot : réjouissant.
Une grande partie d’échec s’engage donc depuis 4h59 à dimension humaine entre l’homme le plus puissant du Monde (le président David Palmer) et l’homme qui menace Los Angeles avec ses 11 autres fioles contenant un virus mortel (Stephen Saunders). En une minute, le Pouvoir a changé de camps, l’un dicte ses commandes, l’autre résigné doit exécuter. Saunders s’amuse ainsi au « Jack a dit » avec Palmer, un jeu que les américains appelle le « Simon says ». Saunders force donc Palmer à organiser sur le champs une conférence de presse où il devra placer la phrase « The Sky Is Falling » : signe pour les collaborateurs (conspirateurs ? financiers ?) de Saunders que ce dernier a réussit à être en position de force ?. Mais cette phrase a des sens multiples. Tout d’abord, de manière sibylline, elle signifie bien que la perte du pouvoir de Palmer a commencé : sa chute en tant que Président est amorcée . De plus, elle nous ramène à la mythologie de « 24 », à cette mission NightFall (Opération Crépuscule), qui a précédé le « Day 1 », et qui a enclenché cette trilogie (?) Bauer/Palmer. En effet, on savait depuis 2 épisodes que Saunders connaissait très bien Jack, et pour cause, ils ont tout deux participé à cette opération anti-Drazen au Kosovo. Après un interrogatoire d’Alvers, Michelle, la CAT et Jack découvrent que Saunders présumé mort au cours de la mission, est toujours vivant.
La CAT tente de retrouver la trace de Saunders en étudiant ses comptes offshores, tandis que Jack et Chase essaient d’en apprendre plus en amenant contre sa volonté, Diana White, une ex de Saunders, dans les bureaux du MI-6 de L.A. pour l’interroger.
Le trio arrive à peine que « 24 » nous offre une scène d’action dont seule la série a le secret : l’attaque des locaux par des hélicoptères. Ce mitraillage est tellement rare dans des séries TV, que cette scène est un petit bijou visuel. Tout comme la semaine dernière, la production a dû recevoir de la part de la FOX un budget conséquent, elle sait s’en servir et on a aucune raison de s’en plaindre. D’ailleurs, il devait rester un peu de dollars, puisqu’on a le droit 3 minutes après à l’explosion d’une pièce de l’immeuble quand Jack et Chase tentent (et réussissent) de récupérer un disque dur rempli d’info sur Saunders.

Du coté de la CAT, Chappelle est sur le point de localiser Saunders et ce dernier l’apprend, ce qui nous dirigera à un cliffhanger hallucinant. Mais tout cela nous conduit également à se demander si Saunders n’a pas une taupe au sein de la CAT ? Les hélicos qui arrivent au moment opportun, Saunders prévenu pour Chappelle …Taupe ou pas Taupe ?
Taupe ou pas Taupe ? Cela nous amène directement à Gael. Celui qu’on avait suspecté dès la fin de l’épisode 2 d’être la taupe des Salazars pour découvrir qu’on s’était fait avoir 5 épisodes plus tard puisqu’il était en réalité un double agent à la solde du duo Tony/Jack. Gael, le premier à être exposé au virus mortel, vit ses derniers instants en compagnie de Michelle. Les scénaristes nous offrent encore une fois un moment poignant, émouvant qui nous invite à nous faire réfléchir sur la « Mort » : Doit-on vivre nos dernières minutes en souffrant, ou bien les alléger en accélérant son passage à l’autre monde ? Ainsi « 24 » soulève deux thèmes de sociétés liés à la « Mort » au cours de cet épisode. Voyant Gael suffoquer, Michelle lui proposera son arme pour qu’il se suicide en laissant derrière lui ses souffrances. Gael refusera cette option, faisant ainsi comprendre aux téléspectateurs, qu’il veut mourir dignement, en profitant jusqu’à sa dernière seconde de sa vie, quelque soit la nature de cette seconde. Gael quitte donc ce monde en héros, de manière encore plus forte que Mason (qui se sachant condamné, s’était proposé à piloter l’avion contenant la bombe nucléaire, en se suicidant en plein désert la bombe explosant). La décadence de Mason était lente (elle a duré une dizaine d’heures). Celle de Gael est plus violente, plus brutale car justement elle est courte (2 heures). Et surtout nous avons vu les dernières secondes de Gael alors que pour Mason, nous l’avons quitté à quelques minutes de sa fin.

Voir les dernières minutes de Gael n’a fait qu’amplifier chez Michelle le malaise d’impuissance face à cette tragédie. Quelques minutes plus tôt, elle s’était fait déstabiliser par la femme de l’homme qu’elle avait tué un peu avant 5 heures, alors qu’il tentait de s’échapper de l’hôtel. Michelle est assaillie de remontrance : un agent anti-terroriste doit protéger les civiles, les sauver, pas les tuer. Mais comment les sauver quand la Mort paraît inévitable ? Michelle commence à se rendre compte qu’à défaut de sauver ces victimes elle peut (et doit) soulager leur mort. Elle demande à la CAT de lui fournir des pilules de cyanures pour que les clients (et surtout les enfants) de l’hôtel meurent dans leurs sommeils et ainsi adoucir la Mort. En 15 minutes, « 24 » soulève deux thèmes de société et invite ses téléspectateurs à réfléchir sur le « Suicide » et l’ « Euthanasie ».
Peu de série peuvent s’enorgueillir d’être à la fois une série d’Action/Suspens et une série de Réflexion. « 24 » qui était lors de sa première saison qu’un concept novateur, a su en tirer profit au cours de la saison 2 pour proposer une Réflexion Géopolitique, puis pour la saison 3 une Réflexion Humaine.
Les téléspectateurs vivent réellement cette heure : Dennis Haysbert (Palmer) et Paul Blackthorne (Saunders) font ressortir avec leu jeu toute la tension de l’enjeu, Kiefer Sutherland (Jack) et James Badge Dale (Chase) nous emportent dans la dangerosité de l’enquête , et Reiko Aylesworth (Michelle) et Jesse Borrego (Gael) nous font ressentir humainement la catastrophe imminente de cette attaque bio-terroriste. Quant à Carlos Bernard (Tony) et Paul Schulze (Chappelle), ils nous entraînent à réfléchir sur ce choix cornélien : peut-on sacrifier une personne pour en sauver des millions d’autres ?. Dilemme auquel doit faire face Palmer, mais également Tony qui risque de perdre Michelle. Chappelle fait alors comprendre à Tony qu’il faut agir, et que le sacrifice est obligatoire dans de telle condition. Cette politique, Chappelle l’a toujours appliqué :que ce soit en début de journée quand il ordonne qu’on abatte l’hélicoptère de Jack et Ramon, ou bien ces dernières heures en déclarant qu’il fallait tuer toute personne de l’hôtel qui tenterait de s’échapper (« Shoot To Kill »). Pour sauver l’Humanité d’une menace, des sacrifices sont nécessaires : cette politique, Chappelle va finalement (inconsciemment) devoir se l’appliquer à lui-même. Car tel est le cliffhanger. Saunders apprenant que Chappelle s’apprête à le localiser, ordonne à Palmer de le tuer avant 7 heures ! Seul « 24 » ose de tel destin pour ses personnages.
« The Sky Is Falling » une phrase qui représente la « Mort » : l’obscurité, le néant, la décadence. Tout un symbole de la suprématie de Saunders face à Palmer. S’approche-t-on de l’Apocalypse avec cette menace virale ?
« The Sky Is Falling », annonce une suite de la journée pleine de noirceur, alors qu’il est 6 heures du matin, et que la lumière du jour s’apprête à apparaître : tout cela nous amène vers le paroxysme antagonique parfait.
En résumé …
Du grand art une nouvelle fois de la part de « 24  ».
Note : 4.5/5