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The Shield
3X11 - Strays
Le Comité Contre les Chats a encore frappé
dimanche 30 mai 2004, par
S’il était un personnage dont on pouvait compter sur l’honnêteté, à part Claudette, c’était bien son timide coéquipier, Dutch. Dans la deuxième saison, il avait bien hésité à mettre des fausses preuves dans l’appartement d’un suspect, mais il avait changé d’avis et était resté du bon côté de la force. Son intelligence et sa persévérance lui ont permis d’arrêter des meurtriers et des violeurs. Il était le contraire de Vic Mackey, et avec Claudette, il formait le duo de détective sur lequel on pouvait encore compter pour faire leur boulot en respectant la loi. Mais voilà, après avoir descendu Claudette de son pied d’estale, les scénaristes s’attaquent (un peu brutalement je dirai) à Dutch. Même si, lors d’un épisode précédent, le doute s’était insinué avec l’histoire de l’ordinateur portable du Comté que Dutch avait oublié de formater alors qu’il avait visité des sites pédophiles "pour une enquête", rien ne laissait présager de ce qui allait arriver à ce personnage dans cet épisode. Pour l’histoire de l’ordinateur portable, j’avoue que je n’avais pas douté de l’innocence de Dutch. Mais à présent, rien n’est moins sûr. Dutch a toujours eu l’impudence et l’arrogance des gens qui se croient supérieurement intelligents. S’il aime tant les interrogatoires, ce n’est pas tant pour obtenir les aveux pour que amener le suspect à les formuler. Il aime d’avantage les moyens utilisés que la fin obtenue. Il aime prouver qu’il est plus intelligent. Claudette est seule considérée comme une égale. Mais Dutch n’est pas un méchant, non, Dutch Boy n’est pas un méchant. C’est un bon détective ; il a des défauts, comme tout le monde, mais il est du bon côté de la force.
Jusqu’à maintenant.
Dutch et Claudette ont mis la main sur le fameux violeur et tueur de vieilles dames qu’ils recherchaient activement (surtout Dutch) depuis le début de la saison. Ils l’ont attrapé grâce à des tickets de parking, et, ô surprise, le coupable ne ressemble pas à l’idée que Dutch s’en faisait. Il imaginait un sociopathe impuissant, il tombe sur un homme marié et qui semble équilibré. Un homme au charisme fascinant, qui plus est. Là encore la direction d’acteur et le choix du casting se révèle infaillible. On sent, dès les premières minutes de l’interrogatoire, que Dutch est désarçonné par les questions du meurtrier. "Je suis venu pour que vous me disiez pourquoi j’ai fait ça". Mais Dutch ne peut lui donner que des réponses de profiler et de psychiatre, des réponses inutiles. Ce n’est visiblement pas le désir de puissance qui a motivé le meurtrier. Mais alors, qu’est-ce que c’est ? Le coupable demande : "Avez-vous déjà eu une passion que vous avez été obligé de cacher à tous, à votre mère, votre femme, vos collègues ?". Le regard de Dutch, furtivement capturé par la caméra, en dit long sur la réponse que Dutch semble pouvoir apporter à cette question. C’est là que l’on se rend compte que Dutch est loin d’être un jedi. Il est même plus proche de l’Empereur à ce niveau là. C’est bien le meurtrier qui mène l’interrogatoire, et Dutch se retrouve dans une position d’impuissance mélangée à de l’admiration pour cet homme qui a commis des meurtres immondes et qui cherche encore des réponses. "Vous ne pouvez rien pour moi. Cet interrogatoire est fini". Et le coupable retrouve sa prison. Quand Dutch descendra voir la femme du meurtrier, une femme qui a perdu tous ses repères et qui cherchent également des réponses, il lui annoncera un terrible : "Je ne peux rien pour vous". Dutch a atteint ses limites ? Il a trouvé plus intelligent que lui ? Dutch a affronté son côté obscur et il ne l’a pas vaincu. De retour chez lui, seul, et alors qu’il tente de trouver le sommeil, les hurlements d’un chat (je dirai même plutôt chatte en chaleur, à l’écoute des sons rauques émis) l’obligent à se lever. Il dépose un peu de nourriture devant sa porte, et le chat s’approche. On sent que quelque chose de mal va arriver, on le sent ! Et ça finit par se produire... Dutch saisit le chat par le coup, et, alors que l’animal se débat, l’enserre si fort qu’il finit par le tuer. Il réalise ce qu’il vient de faire et laisse tomber le corps inerte du chat à terre. Dutch serait-il devenu ce qu’il combat depuis le début ? Sa fascination pour les serial-killers lui aurait-il fait perdre la raison ?
Ce soudain boulersement dans la vie de Dutch est pour le moins surprenant, il est même plutôt choquant. D’autant plus choquant qu’on aura peu vu Dutch dans le reste de la saison. J’aurai peut-être aimé que cet épisode s’inscrive plus dans une suite logique d’événements et non comme un revirement soudain de situation. Même si, je le reconnais, toute la scène d’interrogatoire est d’une incroyable force, et même si le jeu des deux acteurs est d’une finesse remarquable. Quelques autres indices, disséminés dans le reste de la saison, nous aurait permis de nous douter davantage de quelque chose. Et de nous inquiéter pour Dutch.
Il en est un autre pour lequel il y a de sérieuses raisons de s’inquiéter, c’est Vic. Sa situation familiale empire. Depuis qu’il a viré l’éducateur de Matthew, celui-ci se montre violent à son institution, et la directrice pense à l’exclure. "Et dans quelle autre école croyez-vous qu’on va accepter un enfant autiste qui a été viré de chez vous pour cause de violence ?". Il n’a pas tort, Vic, c’est l’avenir de son fils qui est en jeu. Vic pense même à reprendre l’éducateur (et accessoirement amant de sa femme), mais celui-ci est parti à Phoenix et il s’est fâché avec Corrine. Bref, la situation semble de plus en plus compliquée. Lorsque Vic s’efforce de tout arranger en rentrant chez lui ("I’ll set him straight"), il se rend alors soudainement compte que tout va plus mal que ce qu’il imaginait. Matthew est enfermé dans sa chambre car Corrine a peur que Megan et lui se battent. Megan ne va pas bien elle non plus. Elle a mordu son frère et dessine des lignes sur les murs avec ou sans crayon. A deux ans, elle ne parle pas et ne regarde personne dans les yeux. Corrine pense qu’elle est autiste elle aussi. Une scène terrible se produit alors. Vic ouvre la porte de Matthew, qu’il a entendu pousser des cris. Matthew se rue sur lui et le frappe. Corrine tente de le calmer en le prenant dans ses bras et en répétant : "Mommy loves you. You need to calm down. Mommy loves you. You need to calm down". Et pendant ce temps, Megan regarde la télévision, complètement apathique...
Si au moins tout allait bien pour Vic dans la Strike Team ! Mais non ! Un vent de révolution gronde, et ce n’est pas en disant à Mara de rentrer chez elle et de la fermer que Vic a arrangé les choses (pourtant, qu’est ce que c’était bon). Même Lemonhead tente de prendre la défense de Shane. C’est là que Vic lâche tout sur l’affaire Tevon, et comment Mara l’a frappé avec un fer à repasser, le laissant repartir le crâne en sang, et comment il les a aidés à nettoyer leur merde. Pourtant, ce n’est pas la reconnaissance qui étouffe Shane, puisqu’il semble remettre en cause les décisions de Vic. Il va même jusqu’à demander à Mara de l’épouser tout de suite, en partant à Vegas.
Je pensais qu’avec le viol d’Aceveda, on avait atteint le summum de l’horreur. Avec cet épisode-ci, on atteint le summum du malsain et du glauque. Rien ne va plus à Farmington. J’ai l’impression de dire souvent que "rien ne va plus" depuis que je review The Shield. Mais là encore, ça se justifie. Rien ne va vraiment plus. Un très bon épisode, dont la fin nous laisse pantois.