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The Shield
3X15 - On Tilt
We’re family, I’ve got all my Strike Team with me !
samedi 19 juin 2004, par
Moi, les "season finale", je les aime avec des cliffhangers à vous couper le souffle et des retournements de situation inattendus et crédibles. Bref, tout le contraire du dernier season finale d’Alias.
Je croyais pouvoir compter sur The Shield pour faire monter ma pression artérielle à un rythme dangereux. Retrouver l’angoisse de l’affaire Gilroy et le cliffhanger du Money Train.
C’était bien parti pour, aux vues de l’épisode 14. L’étau se resserait autour de la Strike Team, poursuivie à la fois par les Fédéraux, par Aceveda (grâce à Dutch) et surtout par Margos, le chef psychopathe de la mafia arménienne. La pression était trop forte pour Lem, qui avait décidé de brûler l’argent qui leur avait tant coûté depuis le début de cette saison. Et qui leur coûtait aujourd’hui leur amitié. Il en a brûlé un paquet de billets, et à vrai dire, le peu qu’il reste (65000 dollars en tout et pour tout, si j’ai bien compris) ne leur servira pas à grand-chose si ce n’est à payer leurs prothèses de tibias quand Margos leur aura coupé les petits petons.
Mais dans ce 15ème épisode, le rythme change complètement de celui de « All in ». Plus question de pression extérieure à la Strike Team. Ni Margos, ni Dutch, ni Aceveda ne sont des menaces. Le vrai danger dans cet épisode, et celui qui est vainqueur par KO, c’est la dissolution complète de la Strike Team. Son émiettement qui avait commencé il y a trois ans, lorsque Vic Mackey, le chef et figure paternelle de cette équipe, avait décidé de liquider un flic qui enquêtait sur les affaires louches de la Strike Team. La limite avait été franchie et rien ne pourrait faire revenir les choses telles qu’elles l’étaient. Le choix de Vic Mackey et de son équipe avait été fait depuis longtemps : la fin mérite les moyens. Peu importe que ces moyens soient illégaux, indécents et particulièrement violents.
Vic, certainement le plus malin des quatre (remarquez, c’est pas difficile), est de fait, devenu le plus détestable. Autant les deux premières saisons ont été à son avantage, tant il se montrait dévoué à sa famille, autant cette troisième saison aura révélé ses plus sombres aspects. Manipulateur, menteur hors pair, sans aucun scrupule, Vic aura été particulièrement odieux cette année. Il est passé de bon père à père absent qui ne sait pas comment combler cette absence, jaloux que sa femme ait une aventure alors que lui ne se gênait pas avec une femme quasi-mariée, aveugle et impuissant devant l’autisme de ses deux derniers enfants. Bref, pas vraiment l’homme de l’année le Vic. La seule chose qu’il arrivait à maintenir en harmonie était son équipe, par chance aussi fidèle à leur chef que le chien de Paris Hilton à sa maîtresse.
Mais tout allait changer avec ce season finale. Lem, le plus humain de la Strike Team, malgré ses 120 kilos pour 1m90 facile, est ici le déclencheur d’une révolution sans précédent au sein de l’équipe. On sent que Lem tente désespérement de faire comprendre à ses amis que cet argent ne leur apportera que des emmerdes, mais aucun n’est prêt à comprendre, même pas Vic, et encore moins Shane, piloté par sa femme, aka « Cupid Psycho-Bitch ».
Lem est donc prêt à demander sa mutation et à quitter Farmington. Seulement, Vic n’est pas de cet avis. Il redoute que la mafia arménienne, qui a récupéré leurs identités grâce à la taupe du Trésor Public, ne s’en prenne à eux dans les prochains jours. Mais plus que tout, Vic redoute de voir son équipe, sa seconde famille, dissoute.
Voilà donc la Strike Team réunie, tant bien que mal, dans une dernière mission à risque : trouver Margos avant qu’il ne les trouve. Et à ce petit jeu, Vic est certainement le meilleur. Se sentant responsable pour tout ce qui est arrivé sa brillante idée de voler l’argent du Money Train, il prend les choses très à cœur et utilise des méthodes dignes d’un guerilleros, bref, ses méthodes préférées. Et il finit par trouver Margos (et au passage faire un énorme coup de filet sur de la drogue, au grand plaisir d’Aceveda, qui va pouvoir se faire de la pub). Vic retrouve Margos, presque trop facilement je dirai, par rapport à l’idée qu’on se faisait de ce chef tout puissant. Mais finalement, même les pires psychopathes rentrent chez eux pour nourrir leurs chiens, ça n’a rien d’extraordinaire, au contraire…
Point de suspens dans cette chasse à l’homme. Pas de menace grandissante. On ne doute pas une seule seconde de la réussite de Vic. C’est peut-être un peu frustrant de le voir régler l’affaire « Margos » aussi facilement. Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ? Parce qu’en réalité, ce Margos n’était pas la pire menace qui régnait sur la ST. La pire menace, c’était l’argent en lui-même, et les conflits qu’il a apporté avec lui. La vraie menace, c’était le racisme et la violence de Shane ; les méthodes plus que douteuses de Vic et sa propension à risquer toujours plus gros pour gagner toujours plus.
Aujourd’hui, voilà le bilan : ils ont risqué leurs vies et leurs carrières pour 65000 dollars ; Lem est prêt à partir ; Shane pête un câble et balance ses quatre vérités à Vic.
Il lui reproche, entre autres, de l’avoir cru coupable lorsque les 7000 dollars avaient disparu. Et par-dessus tout, il lui demande jusqu’à quel point son numéro de père parfait va continuer. Là, il marque un point le boulet. Et d’ailleurs, ça énerve beaucoup Vic, dont on peut voir les artères temporales bouillir et manquer d’exploser.
On l’a souvent vu énervé, le Vic, mais là j’avoue que Michaël Chiklis a réussi à me faire peur. J’ai bien cru qu’il allait se le faire, le Shane.
A Farmington, les choses changent également pour Claudette et Dutch. Ce dernier ayant balancé la ST à Aceveda, Vic lui mène une vie d’enfer et l’humilie dès qu’il en a l’occasion, car il sait bien que c’est là que ça fait mal.
Quant à Claudette, elle est bien décidée, contre l’avis de David et du Chef de la Police en personne, à revoir tous les dossiers traités par la District Attorney toxico, au cas où un seul innocent soit en prison à cause d’elle. « Pourquoi vouloir griller votre carrière ainsi ? lui demandera David.
Mon travail passe avant ma carrière », répondra Claudette, royale.
On savait déjà qu’elle avait des cojones, Claudette, et qu’elle avait une conscience professionnelle sans égal. Elle le prouve encore une fois, au nez et à la barbe d’un Aceveda qui comprend que son ambition l’a fait devenir un des ces politiciens sans scrupule. Claudette perdra au final le poste de Capitaine que le Chef de la Police lui avait promis.
Mais elle perd aussi sa respectabilité en même temps. Car il n’est pas beaucoup de flics, à Farmington, qui partagent ses valeurs. Et rejuger les dossiers d’une DA, c’est risquer de remettre en liberté un nombre considérable de petites frappes. Oui, mais un innocent en prison, c’est contraire aux principes primaires de la justice, et Claudette le sait. Même si c’est innocent n’est pas pur comme l’agneau qui vient de naître, et même si en l’occurrence il a déjà été condamné pour d’autres délits, ce n’est pas une raison non plus. Ah je l’aime cette Claudette. Heureusement qu’elle est là pour remonter le niveau… Même si pour sa moralité son bureau est vandalisé et ses affaires détruites. Il en faut plus pour déstabiliser Claudette, et elle terminera l’épisode en rapportant les photos de sa famille et en continuant son boulot, comme elle l’a toujours fait.
Dutch, outre le fait qu’il redevienne la tête de turc du commissariat, comme il l’était dans la 1ère saison, adopte un châton, dont on se demande bien ce qu’il va en faire. Bon, ok, le coup du châton était peut-être maladroit comme approche scénaristique pour semer un peu plus le trouble dans l’esprit des spectateurs, mais il reste que l’attitude « normale » de Dutch depuis qu’il a étranglé ce chat reste plus qu’inquiétante. S’il est capable d’agir aussi naturellement, c’est bien qu’il a pu le faire depuis longtemps. Mais globalement, je suis un peu déçue de l’évolution de Dutch dans cette saison. Il n’a pas eu droit à beaucoup de place dans cette saison, et c’est dommage. On apprend dans le dernier épisode que sa compagne l’a quittée il y a quelques mois de cela. Et depuis l’histoire du chat, il n’a guère eu les devants, si ce n’est pour mettre des bâtons dans les roues de la Strike Team.
Celui qui a eu une belle évolution dans cette saison, c’est Lem. Passé de la grosse brute, un tantinet benêt, amateur de fusil à pompes et de Harley Davidson, à la bonne conscience de la ST, c’était intéressant. Ca a commencé par son amitié avec Tevon, par son ulcère après qu’ils aient volé l’argent du Money Train, puis par de nombreuses réactions outrées aux méthodes de Vic. On ne compte pas les « Jesus, Man ! » qu’il a lancé à Vic et à Shane depuis le début de cette saison. Quand il apprend ce que Shane a fait à Tevon, c’en est trop pour lui, mais il reste quand même. Mais de voir Vic mentir de façon éhontée et cruelle à Tevon, sur son lit d’hôpital, c’est la goutte d’eau qui fait déborder son vase. Vic a dépassé les limites de la décence. Lem, malgré sa fidélité relevant presque de la servitude volontaire envers Vic, finira par lui tourner le dos dans une belle sortie. « I can’t do it… I just can’t ». Parfois des phrases laconiques suffisent à tout expliquer.
En tout cas, il n’est pas certain du tout de revoir la ST au grand complet l’année prochaine. Et ce n’est certes pas le charisme de Ronnie qui va faire oublier la présence de Lem. Quant à Shane, je doute que son orgueil mal placé le fasse revenir humblement vers Vic. On peut oublier Tevon, qui ne réintégrera sûrement pas cette équipe. Bref, que va-t-il advenir de la ST, le cœur de The Shield ?
De cette saison, j’attendais de voir avec impatience le mandat d’Aceveda en tant que Conseiller à la Ville, et d’admirer Claudette à l’œuvre en tant que Capitaine de Farmington. Mais Aceveda a voulu « faire encore une différence » dans son commissariat, et il est resté en attendant d’occuper son siège. Bien mal lui en a pris. Claudette s’est retrouvée, en attendant de voir partir David, en charge de la Strike Team et du Decoy Squad, mais elle n’a pas fait ses preuves et sa présence à la tête de ces deux équipes spéciales n’a pas eu beaucoup d’impact.
Quant à la Strike Team, il y a bien longtemps que l’on pressentait que les choses finiraient par faire exploser la fragile solidarité autour du chef charismatique.
C’est chose faite et c’est certainement le cliffhanger rêvé pour cette saison. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que Shane finira fatalement par ramener sa tête de redneck et qu’un nouveau membre fera son apparition dans la Strike Team. Espérons que The Shield continue de nous surprendre.
Cette saison ne m’a pas déçue. The Shield a été à la hauteur des deux saisons précédentes. Les personnages ont tous évolué (sauf Danny et Julian, qui ont été quelque peu oubliés), en bien ou en mal, mais toujours en finesse et de façon crédible. Même si ce season finale n’a pas été le déchaînement de suspens et de situations dangereuses auquel je m’attendais, j’ai été agréablement surprise par le traitement réservé à Vic et à la Strike Team. J’ai d’autant plus hâte de voir la prochaine saison que Vic se retrouve seul et qu’Aceveda va enfin laisser sa place à un nouveau Capitaine. J’aimerai vraiment voir les interactions entre les politiques et la police, car je suis sûre qu’Aceveda ne lâchera pas son commissariat.
La dernière image du season finale de la saison 2 était la Strike Team, abasourdie devant une montagne d’argent. La dernière image du season finale de la saison 3 montre une Strike Team dissolue, dont on voit bien mal comment elle va pouvoir renaître. Ce season finale est surprenant, mais il est également le plus logique. Bref, encore un épisode réussi pour une saison sans fausse note.