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Angel
5x22 - Not Fade Away
Old soldiers never die, they only fade away
dimanche 12 septembre 2004, par
Bon… Ok… Je l’avoue… Sur ce coup là, je suis un peu en retard !
Mais j’aimerais vous y voir aussi, à devoir reviewer le dernier épisode d’Angel ! Pas n’importe quel épisode… Non ! Le Finale ! L’ultime ! Le der des ders ! Et pas seulement le dernier épisode d’Angel, d’ailleurs, mais tout simplement LE DERNIER EPISODE INEDIT DE WHEDON QUE VOUS VERREZ A LA TELEVISION AVANT UN BON BOUT DE TEMPS !
Imaginez un peu la pression : cette ultime review devait être mon chef d’œuvre absolu, ma plus parfaite création, la conclusion en apothéose de plus de 2 ans de reviewage Whedonesque sur EDUSA ! Elle devait non seulement rendre honneur à l’épisode et à la série, mais aussi à mes millions de fans à travers le monde qui ne regardaient Angel chaque semaine que pour pouvoir mieux apprécier la lecture de mes reviews !
Car oui, n’ayons pas peur des mots, en annulant Angel la WB n’a pas seulement mis James Marsters et Sarah Thompson au chômage, elle a aussi mis fin au travail de l’un des auteurs les plus talentueux de notre siècle : moi !
Se posait donc l’inévitable question : Comment faire dignement mes adieux à mon public ? Un dernier zénith comme Cher ? Un sanglant sacrifice rituel de James Marsters et Sarah Thompson ? Une surboum ? Une comédie musicale ? Une dernière review pleine de révélations détonantes sur les dessous d’EDUSA ?
Non… Tout cela était certes intéressant, exceptionnel même, mais soyons honnête : ce n’était pas encore assez. A la limite, pour la dernière review de Ju ou de Tonio, pourquoi pas (mais pas pour celle d’Eclair, mon arch-nemesisssssssss ne mérite que des jets de tomates pour oser aimer cette immondice de Joan of Arcadia) mais pour la mienne, il fallait quelque chose de plus exceptionnel, quelque chose de plus grandiose… Bref, quelque chose à mon image !
Vous comprenez donc que ma tâche n’était pas aisé. Et, évidemment, devant un travail aussi laborieux et important, j’ai fait ce que tout être humain censé aurait fait à ma place (mais en moins bien, parce que je suis quand même un peu plus censé et spécial que la moyenne, avouons le) : j’ai décidé de prendre mon temps et d’y aller tranquillement, pour pouvoir peaufiner chaque détail…
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Résultat : nous voilà arrivé au 4 septembre, je n’ai toujours rien écrit, et ma boîte à mail est pleine à craquer de mails de Ju qui peuvent tous plus ou moins se résumer par « Tu as jusqu’au 15 septembre pour rendre ta review, ou je t’écorche vif, et tant pis si tu es une espèce en voie de disparition. ».
Bref, comme toujours, mes bonnes résolutions sont récompensées, et parce que j’ai voulu prendre un peu mon temps, je vais me retrouver à faire cette review à l’arrache comme d’habitude… EDUSA et la prépa, au fond, c’est presque pareil !
Mais trêve de discussion et commençons cette review qui, à défaut d’être inoubliable d’analyse et de qualité, sera du moins mémorable entre toutes par son timing tellement serré que même Kiefer et ses failles spatio-temporelles ne tiennent pas dedans, par l’indispensable résumé de l’épisode. Le résumé dans une review, c’est un peu comme le « monster of the week » dans Buffy : ce n’est pas pour lui qu’on regarde, mais on serait bien embêté s’il n’était pas là !
Donc résumons : l’épisode reprend exactement à la suite du précédent. Et, comme ma review du précédent date un peu, je vais être très gentil (comme toujours !) et vous récapituler une nouvelle fois la situation : en gros, Angel est super intelligent (contrairement à Spike qui est très con, mais c’est un autre sujet) et il a fait semblant d’être méchant (comme chaque saison depuis 8 ans en fait, on se demande comment les vrais méchants peuvent encore tomber dans le panneau !) pour pouvoir entrer dans la secte du Black Thorne, qui est tellement puissante et dangereuse qu’on en avait jamais entendu parler jusqu’à l’avant-dernier épisode de la série ! Evidemment, ses gentils amis font un peu la gueule quand ils l’apprennent, mais heureusement, il leur explique tout : il compte faire croire à Wolfram & Hart qu’il s’est laissé corrompre pour mieux organiser l’assassinat des membres du Black Thorne…
Seulement voilà, il y a un hic ! Les membres du Black Thorne ne sont pas si idiots qu’ils en ont l’air (enfin, dans la mesure où ils ont cru qu’Angel était devenu méchant, ça reste quand même sujet à discussion) et se méfient de notre héros : dans la mesure où il a toujours l’espoir de redevenir humain après avoir empêché son Apocalypse, qu’est-ce qui leur garantie qu’il ne va pas les trahir à la première occasion ? Heureusement, ils n’ont pas des milliers d’avocats démoniaques à leur service pour rien : ni une, ni deux, voilà qu’ils préparent pour Angel un contrat dans lequel il s’engage à renoncer à son Shanshu. Pris au dépourvu, Angel est bien contraint de le signer pour ne pas se démasquer. Et c’est là le premier choc de l’épisode : en moins de 15 secondes, l’une des prophétie les plus importante de la série, celle qui la guidait depuis 4 ans, est réduite à néant et, alors qu’on s’attendait tous à voir Angel retrouver son humanité dans ce dernier épisode, on le voit dès les premières scènes contraint d’y renoncer. Je crois que c’est à ce moment là que j’ai compris que l’épisode, à défaut de me plaire, aller au moins me surprendre… Et j’étais encore loin de la vérité !
Angel retourne ensuite expliquer son plan à ses amis. Les membres du Black Thorne sont trop puissants pour être attaqués de front tous à la fois, il faut donc les tuer séparément. Chaque membre de l’équipe se voit donc attribué une mission particulière : Wesley s’occupera de « Red » (le démon qui avait créé le faux passé de Connor dans Origin), Illyria d’un démon cornu et de 3 de ses acolytes, Spike ira récupérer le bébé qu’Angel avait offert à une tribu de démon 3 épisode plus tôt, Gunn se chargera de la Sénatrice de l’enfer aperçue dans l’épisode précédent… Quant à Lorne, il fera équipe avec Lindsey, et sera chargé de le surveiller : en effet, Angel a pour l’occasion accepté l’aide de son vieil ennemi qui, s’il a souvent eu des plans débile et incompréhensibles dans la Saison 5, a au moins le mérite de détester les Senior Partners presque autant que je déteste Spike. Notre héros, lui, s’occupera du chef du Black Thorne en personne, un démon cornu (encore !) qu’on avait aperçu dans « Life of the Party ». Une fois le plan expliqué, Angel demande à ses amis (et ennemis) de profiter à fond de cette journée : elle sera sans doute leur dernière (et croyiez moi, il insiste lourdement là-dessus).
Bref, après avoir plus ou moins intelligemment utilisé leurs dernières heures sur cette Terre, nos héros se saluent une dernière fois avant de partir au combat. Si pour Spike, Gunn et Illyria, ça roule tout seul, Wesley s’en voit beaucoup avec « Red » qui le poignarde violemment au ventre. Notre héros mourra dans les bras d’Illyria (qui venait justement voir comment il s’en tirait) qui revêtira pour l’occasion la forme de Fred. Wesley nous quitte avant tout le monde. Deuxième choc de l’épisode.
Pour Lorne et Lindsey aussi, ça semble rouler tout seul, puisqu’ils massacrent leurs démons sans trop de problème. Sauf que voilà, la mission de Lorne ne se bornait pas à surveiller l’avocat : Angel n’a aucune confiance dans son ancien ennemi, et il sait qu’il ne sera probablement plus là à l’avenir pour l’empêcher de nuire, il a donc charger Lorne de l’assassiner. Ce que notre démon fait, au moment précis où Lindsey se laisse aller à des espoirs de rédemption : quelques coups de feux biens placés, et l’avocat trépasse, réalisant avec horreur qu’Angel n’a même pas pris la peine de le tuer lui-même. Lorne a une intrigue, et en plus elle est géniale. Troisième choc de l’épisode.
Quant à Angel, il a la mauvaise surprise d’être trahi par Harmony (Quatrième choc de l’épisode : à force, j’avais presque oublié qu’elle n’avait pas d’âme !) qui a raconté tous ses plans à Hamilton. Sauf qu’en fait, il en a parlé à Harmony exprès (quand je vous disait qu’il était malin !) pour pouvoir se retrouver seul avec Hamilton dans les locaux de Wolfram & Hart, et le tuer tranquillement. Quelques laborieuses scènes de bastons plus tard, et avec l’aide inopinée de Connor, il parvient à l’achever.
Nos survivants (moins Lorne, qui a décidé que sa mission du soir serait la dernière faveur qu’il ferait à Angel, et on le comprend) se retrouvent donc dans une allée sombre (et en plus, il pleut) en attendant la suite. Et la suite ne tarde pas à arriver, sous la forme d’un armée gigantesque de démons. Les chances de survie de nos héros sont minces, voire inexistantes, mais peu importe : ils se jettent tous sans hésitation dans la bataille. Fin de l’épisode.
Vous êtes sur le cul ? Moi aussi ! Pour être honnête, une fois l’épisode terminé, j’ai passé un bon moment immobile devant mon écran, pestant intérieurement contre les scénaristes et la WB qui avaient osé nous conclure la série par un cliffhanger… Et puis, le choc passé, j’ai réalisé que cette fin n’avait rien d’un cliffhanger… et tout de suite, je me suis senti beaucoup mieux !
Mais avant d’en arriver là, soyons un peu organisés et commençons par commenter le reste de l’épisode. Déjà, pour ceux qui attendent avec impatience mon avis, sachez que je l’ai aimé. Je ne l’ai pas trouvé extraordinaire, ni exempt de reproches, mais j’ai aimé, et ce pour plusieurs raisons. Et comme l’une de ses raisons est qu’il parvient (contrairement à un certain Chosen) à apporter une conclusion intéressant à chaque personnage de la série, je vais commencer par vous parler un peu des personnages.
D’ailleurs, je vais commencer par un reproche : si l’idée de séparer les personnages dans leur dernier combat permet de se centrer alternativement sur chacun d’entre eux et de n’en oublier aucun, j’ai tout de même regretté qu’ils n’aient que très peu d’interactions les uns avec les autres tout au long de l’épisode, étant donné que les relations entre les personnages ont toujours fait, pour moi, l’intérêt de la série. Ainsi, ne vous attendez pas à voir Angel et Wesley se réconcilier pour de bon après plus de deux années de froideur relative, ou encore à voir Gunn gagner le pardon de ses amis pour sa responsabilité dans la mort de Fred… Mais si ces scènes étaient attendues (par moi en tous cas), leur absence de l’épisode ne fait que renforcer l’intensité du sacrifice de nos héros : non, Wesley ne mourra pas en ayant retrouvé son innocence, non, la participation de Gunn à cet ultime combat ne suffira pas à le racheter…
Maintenant, attardons nous un peu plus sur le parcours des différents personnages dans cet épisode. On retrouve dans chacune de leurs intrigues des thèmes en commun : le sacrifice (qui est pour moi le thème central de l’épisode), le renoncement, l’héroïsme, mais aussi (évidemment) la rédemption, mise en parallèle avec la perte de l’innocence.
Ce thème de la rédemption est évidemment très présent dans l’intrigue d’Angel (« Let’s start from the top. », comme dirait Andrew), puisqu’elle constitue la principale motivation du personnage depuis plus de 5 ans. Aussi se pose la question, à la fin de cet épisode, de savoir s’il l’a oui ou non trouvée. Et la réponse est oui, sans hésiter. Simplement, il ne la trouve pas de la façon qu’on attendait.
En effet, soyons honnête, depuis le Finale de la Saison 1 on (ou en tout cas, « je ») attendait pour Angel une fin heureuse : il sauve le monde de l’Apocalypse, trouve sa rédemption, redevient humain et va faire plein de beaux enfants à Buffy. Seulement voilà, je vous rappelle qu’Angel vit dans un univers inventé par Joss Whedon et que, par conséquent, tout ne pouvait pas se passer aussi bien.
Car la quête de rédemption d’Angel implique certains sacrifices, comme il l’a parfois oublié au fil des saisons (comme dans la Saison 3 où il s’est égaré à être heureux aux côtés de son fils et à imaginer une idylle possible avec Cordelia). En fait, je crois même qu’on peut pousser le vice jusqu’à dire qu’Angel n’a jamais cherché sa rédemption pour les bonnes raisons : au lieu de se laisser effacer derrière sa quête, il l’a centrée sur lui. Au départ (disons à partir de la Saison 3 de Buffy, et pendant la Saison 1 d’Angel) sa quête de rédemption était juste destinée à lui permettre de vivre avec lui-même : elle a d’abord été envisagée comme la seule alternative possible au suicide (c’est dans Amends, alors qu’il tente de mettre fin à ses jours, qu’Angel le réalise pour la première fois grâce à Buffy), c’est d’ailleurs flagrant dans le Finale de la Saison 1, « To Shanshu in LA », quand Cordelia et Wesley réalise qu’Angel n’attend rien de la vie et se moque de mourir le lendemain en combattant le mal. Puis, une fois la prophétie du Shanshu connue de lui, Angel a été motivé par une autre idée : l’espoir d’un bonheurs futur dans lequel, racheté et redevenu humain, il pourrait retrouver une vie paisible et heureuse.
Jusqu’à cet épisode, Angel n’a donc jamais vraiment cherché sa rédemption que pour lui-même, et c’est sans doute pour cette raison qu’il ne l’a jamais vraiment trouvée. Car l’idée même de rédemption impliquait qu’il efface sa vie entière, présente et future, derrière sa quête. Et c’est pour cette raison que je pense qu’Angel a enfin trouvé sa rédemption dans cet épisode. En effet, et paradoxalement, c’est en renonçant ce qui a toujours pour lui symbolisé cette rédemption (redevenir humain, et donc innocent, pour pouvoir être heureux sans culpabiliser) qu’il finit par se racheter entièrement. L’idée de renoncement est essentielle dans la thématique du héros (Angel a d’ailleurs plusieurs fois renoncé à des choses importantes pour lui, comme Buffy ou Connor, mais jamais sans y être complètement forcé par les circonstances, contrairement à aujourd’hui) et c’est en réalisant le plus grand de tous les renoncements (puisque dans cet épisode, en acceptant de sacrifier son Shanshu à un combat qu’il sait juste mais perdu d’avance, Angel renonce non seulement à toute possibilité de bonheur futur, mais aussi à l’idée d’être reconnu par le monde comme un héros, puisqu’il sait que cette ultime bataille désespérée restera sans doute ignorée de tous) qu’Angel efface définitivement le monstre pour devenir un héros. Un héros méconnu, certes, mais un héros tout de même.
Le terme de héros méconnu n’est d’ailleurs pas entièrement exact, puisqu’Angel aura le bonheurs, dans cet épisode, d’apparaître en héros aux yeux de la personnes qui compte le plus pour lui : Connor. La présence de Connor (à ne pas confondre avec Connar) dans cet épisode est non seulement une très bonne surprise (j’ai apprécié ses deux scènes, celle du café où il avoue à Angel qu’il se souvient de tout et le remercie de la vie qu’il lui a offert, et celle du combat contre Hamilton où il combat pour la première fois aux côtés de son père) mais elle permet d’amplifier encore la thématique du renoncement d’Angel : en effet, le sacrifice d’Angel est d’autant plus poignant qu’il se fait dans le même temps où une réconciliation avec son fils semblait possible, mais sa dureté en est aussi atténuée par le fait qu’il permet à Angel d’être, enfin, reconnu par son fils comme un héros et non comme un monstre.
Enfin, en parlant de monstre, j’ai trouvé appréciable que les scénaristes se souviennent dans ce dernier épisode de la nature vampirique d’Angel, et que ce soit justement cette nature qui lui permette de vaincre Hamilton (puisqu’il boit son sang pour lui voler sa force alors que le combat semblait perdu). Sans même chercher à interpréter cette scène, j’ai trouvé que c’était un beau clin d’œil à l’ensemble de la série.
Bon, maintenant, parlons un peu de Wesley. J’avoue qu’au départ, j’ai eu un peu de mal à le relier à la thématique que j’avais trouvé à l’épisode, à savoir l’héroïsme dans le renoncement pour ceux qui ne suivraient pas. En effet, s’il accepte de se sacrifier comme les autres, Wesley ne semble pas renoncer à grand chose dans cet épisode. Et pour cause : il n’attend plus rien de la vie. Sa dernière journée, qui tranche radicalement avec celle des autres personnages, l’illustre d’ailleurs très bien : alors qu’on verra Lorne chanter, Spike réciter des poèmes, Gunn essayer une dernière fois d’améliorer la situation des jeunes à la rue et Angel renouer avec son fils, Wesley passe ses précieuses heures seul dans une pièce sombre en compagnie d’un être qui n’est que l’ombre de la personne qui l’a aimée, l’ombre d’un passé où il croyait encore au bonheurs : Illyria. Car depuis A Hole in the World, Wesley est devenu un homme sans avenir. Il ne vit plus, il survit.
Mais peut-on survivre à la mort de l’être aimé ? La réponse donnée par cette épisode n’est guère optimiste : la mort de Wesley est non seulement triste, mais elle s’avère en plus complètement désespérée quand on réalise que, de toutes façons, aucune conclusion heureuse n’aurait pu être apportée au personnage.
Cette saison, encore plus que les précédentes, les scénaristes n’ont pas voulu faire de Wesley un héros. Comme dans A Hole in the World, il nous est ici présenté comme un homme ordinaire, confronté à des forces qui le dépasse et qu’il ne peut pas vaincre. Sa mort en elle même est un peu décevante, car pas très classe : après des années de Kief’ Cool Attitude, on pouvait s’attendre à ce que Wesley périsse de manière grandiose… Il se fera finalement tuer assez bêtement, par un simple coup de poignard. « Comme tout le monde », serait-on presque tentés de dire.
Et pourtant… Et pourtant ce n’est certainement pas un hasard si les scénaristes ont choisis justement de nous montrer cette mort, et on pas celle des autres personnages qui nous semblent pourtant tout aussi condamnés à la fin de l’épisode. Car sa mort, si elle ne constitue pas un soi un sacrifice, permet malgré tout de nous offrir l’une des meilleure scène de l’épisode, voir même pour moi de la série : celle où Illyria reste auprès de lui alors qu’il rend son dernier souffle en prenant, pour le réconforter, l’apparence de Fred. Cette scène, où Amy Acker est plus sublime que jamais, atteint un sommet dans l’émotion lorsqu’on réalise que c’est bien Illyria qui pleure derrière les traits de Fred, réalisant trop tard son amour pour Wesley. Non seulement ce détail apporte une très belle conclusion au personnage d’Illyria (qui aurait vraiment mérité d’être développé dans une sixième saison) mais il m’a aussi permis, je crois, de comprendre ce que les scénaristes ont tenté de faire avec Wesley. Je l’ai dit plus haut, Wesley n’est pas ici présenté comme un héros, mais comme un simple être humain : sa mort n’a rien de sublime et, dans ses derniers instants, il perd le courage de ses convictions (alors que tout héros qui se respecte le garde jusqu’à son dernier souffle) en acceptant qu’Illyria lui mente en se faisant passer pour Fred. Et pourtant, comme dans A Hole in the World, c’est justement sa part d’humanité, et non son courage ou sa force, qui va élever Wesley au dessus du commun des mortels. Car cette part d’humanité, il l’a transmise à Illyria, à Illyria qui pleure la mort d’un simple humain alors qu’elle est une déesse millénaire, à Illyria qui accepte de sacrifier pour un combat qui n’est pas le sien.
Ce qui rapprochait Wesley et Illyria, plus que l’apparence de cette dernière, c’était le fait qu’ils existaient tout les deux dans un monde dont ils n’avaient rien à attendre. Si Wesley n’a pas réussi à se construire de nouveaux repère et disparaît dans une mort assez lâche, qui ressemble finalement presque à un suicide, il a tout de même réussi à « sauver » Illyria, qui va désormais combattre du bon côté, et par la même à rendre la mort de Fred un peu moins absurde et inutile. En cela, Wesley et lui aussi un héros à son propre niveau.
Pour finir sur Wesley, je voudrais préciser que, contrairement à celles de la mort d’Anya dans Chosen, les conséquences de sa mort m’ont parus très bien traitées, et ce malgré un manque de temps évident. Il y a, bien sûr, sa dernière scène avec Illyria, mais il y a aussi, et surtout, cette ligne de dialogue où l’ancienne déesse annonce froidement sa mort au reste du groupe : pas besoin (et pas le temps) de nous montrer des larmes et des grands cris, un simple regard sur leurs expressions décomposées de nos héros suffit à nous faire ressentir leur douleur. En une seconde, on sent à quel point Wesley sera regretté, et c’est exactement ce genre de petite seconde qui m’avait cruellement manqué dans Chosen, où la mort d’Anya semblait n’affecter absolument personne.
Maintenant, passons rapidement sur Gunn, fidèle à lui même dans cet épisode. L’idée de lui confier l’assassinat d’une sénatrice corrompue est intéressante, dans le sens où elle confronte une ultime fois Gunn à un système qui le lui a jamais fait de cadeau. Sa dernière journée a, quant à elle, le mérite de faire revenir Anne. Si je ne me trompe pas, elle n’est apparue que dans 2 épisode (sur 112) de la série. C’est peu. Et pourtant, si l’on se rappelle du personnage, et si l’on a plaisir à le revoir une dernière fois, c’est sans doute parce qu’il est en parfait accord avec le thème de l’épisode, voir avec le thème de la série. Anne, comme Angel, sait qu’elle ne gagnera jamais son combat : quels que soient les efforts qu’elle déploiera, il restera toujours des jeunes à la rue, de la misère, du malheurs… Et pourtant, elle se bat. Pas pour gagner, non, mais simplement pour faire, à sa modeste échelle, une différence. Elle ne peut pas rendre le monde parfait, mais elle peut le rendre un peu meilleur, et c’est assez pour qu’elle accepte de sacrifier sa vie à son travail. Tout comme nos héros accepteront, chacun à leur manière, de sacrifier ce qui compte le plus à leurs yeux dans une bataille perdue d’avance.
Je passe rapidement sur Spike, qui n’a rien d’intéressant à faire dans l’épisode à part réciter des poésies, et c’est tant mieux, pour arriver à l’un des plus gros morceaux : Lorne. Déjà, première (très) bonne surprise de l’épisode : non seulement il a une intrigue, mais en plus elle est absolument géniale ! Depuis A Hole in the World, on avait assisté à une sorte de déconstruction du personnage, bien plus affecté par la mort de Fred qu’on aurait pu le penser. Lui toujours si gai, toujours à savoir garder le moral dans les moments les plus difficiles, semblait avoir perdu sa foi en la vie devant l’injustice et l’absurdité de la disparition de son amie. Et, comme pour les autres personnages, sa situation ne va pas vraiment s’arranger dans le dernier épisode.
Car comme tous les autres, Lorne renonce dans ces dernières 40 minutes à quelque chose d’essentiel. Certes, il ne va pas rejoindre ses amis dans l’allée pour mourir à leurs côtés dans une ultime bataille, mais son renoncement est, de mon point de vue, le plus grand de tous ceux auxquels nous assistons durant l’épisode. Car, si Angel a accepté de mourir et a renoncé à être jamais récompensé pour son combat, il aura au moins le bonheurs de disparaître en héros, en sachant, au fond de lui, qu’il est quelqu’un de bien. Lorne, quant à lui, ne renonce pas à la vie, mais à son innocence. En tuant Lindsey, ou plutôt en assassinant Lindsey, il détruit aussi toute une partie de lui même : sa foi en l’humanité, sa foi en Los Angeles qui lui avait fait aimer cette ville et quitter Pylea.
Tuer Lindsey était-il justifié ? Lorne ne le saura jamais… Certes, il l’a « entendu chanter », mais au fond de lui, il sait aussi qu’il ne peut pas moralement assassiner un être humain à cause de la menace potentielle qu’il représente. Il le fait comme une ultime faveur envers Angel, il le fait parce que c’est une tâche à sa hauteur, parce que c’est peut-être la seule façon qu’il a de faire, avec ses maigres capacités, une différence. Mais il ne le fait pas parce que c’est juste. Et c’est là tout le paradoxe de cet acte : Lorne réalise que parfois, pour faire le bien, il faut faire quelque chose de moralement condamnable, et que parfois, pour agir en héros, il faut savoir renoncer à tout ce qui caractérise le héros, y compris son intégrité. S’il ne va pas rejoindre ses amis dans l’allée après son « travail », ce n’est pas par lâcheté, c’est simplement parce qu’après avoir tué Lindsey, il ne se considère plus comme digne de mourir en héros. Au lieu de disparaître dans une action d’éclat en compagnie de ses amis, la conscience tranquille, il va probablement agoniser de longues années la conscience tourmentée. Lorne quitte Los Angeles, cette ville qui représentait tout pour lui, en anonyme, dégoûté par lui même, vide. Il a tout perdu, et il ne peut même pas s’en consoler en pensant qu’il l’a fait pour une juste cause. C’est un personnage brisé, contraint d’abandonner jusqu’à ses idéaux, que nous abandonnons dans ce dernier épisode… Et ça, pour être honnête, je trouve que c’est aussi inattendu que génial.
Mais assez parlé. Je pourrais continuer indéfiniment à analyser cet épisode, à décortiquer chaque scène ou ligne de dialogue, à trouver ses nombreuses imperfections… Mais voilà, je vais être honnête avec vous : j’ai la flemme ! Ce dernier épisode est ce qu’il est, et s’il a de nombreux défauts, plus ou moins dus au fait que l’annulation a été apprise très tard par les scénaristes de la série, il n’en offre pas moins une conclusion complètement inattendue et délicieusement sombre à l’ensemble de la série. Certains se demandent sans doute si je l’ai préféré à Chosen : eh bien oui. S’il n’a pas, selon moi, l’envergure du Series Finale de Buffy, il a au moins le mérite d’oser prendre le téléspectateur à contre-pied jusqu’au bout (pas de déclaration d’amour gnan-gnan Spike / Buffy pour contenter les shippers) et se révèle agréablement équilibré du point de vue des personnages qui y ont tous (sauf Spike, mais on s’en fout !) une conclusion intéressante (celle d’Harmony, en particulier, est absolument hilarante : un des meilleurs moments de l’épisode !). Je ne m’attendais pas du tout à ça, et en cela, ce n’est pas exactement ce que j’appellerai « le Series Finale de mes rêves ». Mais, la surprise passée, je dois avouer que je suis très content de cette conclusion qui a, entre autre mérites, celui de ne pas m’avoir laissé indifférent et de me faire quitter en bon terme l’équipe d’Angel Investigation que j’ai suivie et aimée pendant 5 ans. Et ça, quand je me rappelle avec amertume de certains Series Finale que je ne citerai pas, c’est déjà beaucoup.
Voilà. Ma dernière review d’Angel est finie. Versez une larme ou écrivez moi un mail d’insulte, au choix. En tout cas, j’espère que malgré les circonstances pas vraiment idéales dans lesquelles je l’ai écrite, elle vous aura plus et vous aura permis de comprendre mon point de vue sur l’épisode, et peut-être aussi de mieux l’apprécier pour ceux qui ne l’auraient pas aimé. Sur ce, je vous laisse : merci d’avoir lu mes délires narcissiques et mes analyses prétentieuses pendant ces deux ans, et à très bientôt, parce que rassurez vous, même si je suis très occupé cette année, je ne compte pas disparaître complètement de la circulation pour autant ! (Pour laisser de la place à mon arch-nemesisssssss Eclair et à ces boulets de Phil, Ju, Drum et Joma ? Jamais !)