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1.09 - In Extremis
L’amérique joue à se faire peur
Le Suspect Idéal
dimanche 5 octobre 2003, par
L’enquête :
Un an après les évènements du 11 septembre , Without a trace lance un épisode très osé avec ce « suspect idéal ». Amwar Samir, un saoudien étudiant la médecine depuis 7 ans aux USA disparaît et très vite cette disparition fait apparaître le spectre d’un attentat. Jack fait d’ailleurs remarquer de manière assez sarcastique que cet homme est passé du statut de médecin respecté à celui de terroriste potentiel en moins de 5 secondes. Très vite la machine s’emballe quand on découvre que des souches d’un virus proche de l’Ebola ont disparus il y a quelques mois dans un laboratoire alors qu’Amwar y travaillait. Suite à cela, Jack fait appel à la cellule antiterroriste de ? ... New York (et non de Los Angeles, normal Jack Baueur était trop occupé). Les on dit vont bon train au sein de l’hôpital, on découvre un ami de Samir mort avec les empreintes du médecin partout dans l’appartement, celui ci téléphone hystérique à sa petite amie pour ensuite retrouver ce dernier dans l’immeuble où habite cette dernière et où apparemment une bombe est cachée. Malheureusement celui ci n’a pas le temps de s’expliquer qu’il est abattu par la force d’intervention dépêchées sur place.
En réalité et sous forme de flash-back, on nous présente la situation du point de vue d’Amwar, il avait découvert que son ami Kamil Khan projetait un attentat à la bombe, Amwar en essayant de l’en empêcher l’a tué accidentellement et puis il a essayé de trouver où était cachée la bombe. Celle ci se trouvant dans l’immeuble de sa petite amie que Kamil Khan détestait car elle avait refusé ses avances.
Les enquêteurs :
Pour Martin il ne fait aucun doute que Samir est un terroriste et fait même part de ses conclusions hâtives à la CAT, ce que d’ailleurs n’apprécie pas Jack qui pense que Martin essaye de le doubler dans cette affaire.
Sam, pense complètement le contraire et selon elle, Jack a commis une erreur en mêlant la cellule antiterroriste à cette affaire car maintenant même s’il est innocent la vie de Samir aux USA est foutue et son visa ne sera pas renouvelé.
Jack traite plus cette affaire avec sa tête qu’avec son coeur et réagit de manière plus professionnelle et pragmatique. Donc en période de psychose terroriste, la meilleure chose à faire est de faire intervenir la cellule antiterroriste quand le besoin s’en fait sentir ce qui ma foi est la décision la plus logique et sur ce coup, on ne peut rien reprocher à l’agent Jack Malone.
Debriefing :
Toute la question de cet épisode polémique est de savoir si l’épisode nous fait un plaidoyer pour la politique sécuritaire de George W. Bush ou si au contraire elle se montre critique. Bien entendu c’est une troisième voie qui est ouverte dans cet épisode, ni pour ni contre avec un peu des deux raisonnements.
A première vue, on a les américains « gentils » contre le « méchant » poseur de bombe musulman. A y regarder de plus près l’épisode est beaucoup plus critique. Il est même très réaliste. Mais réaliste non dans les faits mais dans les mentalités et l’attitude. Car en pratique, on a Martin Fitzgerald, le prototypes mâle blanc américain et anti islam qui voit des terroristes dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à quelqu’un venant du moyen orient. Il y a aussi Kamil Khan qui dit très bien à Amwar que « ces gens là ne nous aiment pas, ils ne veulent pas de nous ici » alors bien sûr comment être sympa avec des gens qui vous déteste. Cela n’explique bien sûr pas le fait de poser une bombe mais on est dans un cercle vicieux. Les américains détestent les arabes, du coup les arabes détestent les américains et les américains détestent les arabes car ils les détestent.
N’oublions pas non plus que le centre d’intérêt de l’épisode est Amwar Samir et c’est donc à travers lui que se place la « modération » du message de l’épisode. Celui ci est la double victime d’un système qui le broie, il y a d’un côté le monde américain dans lequel il vît au auquel il essaye de s’adapter : il a une petite amie américaine qu’il veut épouser pour des raisons tout à fait noble, il s’intéresse au sport us (ok pas argument très percutant mais cela montre qu’il est intégré). D’un autre côté il est attaché à ses origines ce qui est compréhensible et normal. Malheureusement, comme on dit il est au mauvais endroit au mauvais moment et le milieu musulman New-Yorkais est « forcement » infesté par des gens peu recommandables, c’est là l’un des côtés manichéen de l’épisode, mais est vraiment après tout si manichéen que ça ? Toutes ces questions renforcent bien sûr la psychose sous un titre cher à Pierre Bellemare « l’assassin est parmi nous ». Amwar est donc une victime innocente, victime d’avoir voulu croire au rêve américain. C’est là que réside la certaine modération de l’épisode. Son « héros », son personnage principal de l’épisode étant au fond quelqu’un de bien qui a tout fait pour empêcher qu’une bombe n’explose mais vu la tension ambiante et les apparences jouant contre lui, il est le suspect idéal, d’autant que son prénom jouait contre lui ANWAR (war = guerre en anglais)
La morale de l ?épisode est donc : tout les musulmans ne sont pas des terroristes, il y a des gens bien dans cette communauté mais méfions nous malgré tout d’eux. Cela entre donc bien dans la mentalité us de l’époque où l’épisode a été tourné et diffusé, mentalité toujours d’actualité aujourd’hui. L’épisode prenant plus le parti des circonstances et du sentiment du moment mais il renforce également la méfiance et la peur de l ?étranger.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires