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4.03 - Christopher
L’origine d’une ligne (de vie)
Indiens Contre Italiens
jeudi 22 mai 2003, par
Une bonne série de paradoxes pour commencer : le titre de l’épisode en VO se nomme Christopher, mais ne fait pas référence au Meltisanti du même nom qui s’est gravement compromis avec l’indic du FBI la semaine dernière... So what ???
Une bonne série de paradoxes pour commencer : le titre de l’épisode en VO se nomme Christopher, mais ne fait pas référence au Meltisanti du même nom qui s’est gravement compromis avec l’indic du FBI la semaine dernière. Néanmoins il n’en est pas moins coécrit par Michael Imperioli, l’acteur qui joue le rôle de Christopher ! Mais en fait il n’a pas écrit un rôle à sa mesure vu qu’il n’apparaît que 5 minutes en tout et en secondaire dans l’épisode... So what ???
Eh bien, cet épisode est nettement consacré à...Christophe Colomb (Christopher Colombus en VO)et le jour de sa découverte de l’Amérique, découverte que, je le rappelle, il a assimilé jusqu’à sa mort comme un territoire annexe des Indes...jour célébré chaque année sous le nom de Colombus Day. Alors qu’est-ce que tout ça a à voir avec notre Famille préférée ?? Ben il se trouve que, malgré les protestations de Furio, Colomb est un Gênois d’origine et qu’en attaquant sa mémoire en tant qu’artisan du génocide de leur peuple, c’est-à-dire au moyen d’une manifestation devant la fameuse statue, les tribus d’Indiens ont attaqué la fierté italienne irascible de Furio, Silvio et sa bande. Ce qui devient donc prétexte à épisode. Et alors, me direz-vous ??
Ben c’est au final assez intéressant, puisqu’on nous présente très vite l’arch-nemesis de la semaine pour la bande à Silvio, un représentant Indien nommé Del, qui bien sûr a le profil-type du politique en campagne (avec une très jolie assistante, comme le note l’indélicat Ralphie), et nous est présenté d’une manière un peu saugrenue, puisque c’est au détour d’un débat télévisé... La bande à Silvio va perturber une manifestation où des Américains natifs tentent d’accrocher un Indien en paille à la statue de Christophe Colomb ; bien sûr, cela tourne à la mini-émeute, un des hommes de main de Silvio est touché, tandis que Patsy est arrêté et que cette bonne pâte d’Artie Bucco va se réfugier dans la voiture. Devant son échec, Silvio en appelle à Tony, qui tente d’obtenir une sécurisation de la manif auprès du conseiller municipal... en vain ; pendant ce temps, Ralphie essaie d’intimider Del, notamment avec un argument incongru, mais de choc : l’un de leurs symboles, Iron Ice Cody, aurait en fait un peu de sang Sicilien !! Puis Silvio et Tony, dans le cadre des affaires, rencontrent un Indien "intégré" et propriétaire de casino, profitant du système...et au passage plus malin que Tony, puisqu’il l’invite dans son casino pour arranger la venue d’un chanteur associé du nom de Frankie Wallie. Ce qui donne lieu à une explication furieuse et verbale entre Tony et Silvio, alors que la manifestation et la contre-manifestation du Columbus Day se déroulent, mais non sans incident. Le représentant Indien ne s’est pas retiré puisque l’argument de Ralphie a été déclaré faux. Quant à Tony, il explique que Silvio n’a pas souffert de ses origines, et en prenant l’exemple de Gary Cooper, exemple américain par excellence, il dit qu’il gérait ses affaires sans se lamenter sur son sort d’immigré Irlandais. Ce qui est une conclusion plutôt surprenante à l’épisode, au vu des autres intrigues.
Et à part cette petite affaire de Christophe Colomb, les affres sentimentales continuent puisque Ralphie continue à vivre une "relation" proche du dégueulasse avec Janice, qui entretemps consulte (elle aussi !) une psy, un peu plus chaleureuse et moins distanciée que le Dr Melfi. Elle lui conseille d’arrêter de fréquenter Ralphie pour son propre bien, pour s’affranchir de l’autorité paternelle de son père et de son frère. Entretemps, pendant que Rosalie est en pleine crise existentielle, Ralphie (décidément fort indélicat) lui avoue qu’il veut la plaquer...ce qui est fait illico presto. Mais le revers de la médaille se trouve à la fin de l’épisode lorsqu’il est plaqué par Janice, avec force fracas puisqu’il dégringole l’escalier. En même temps, il a eu de la veine de ne pas finir comme Richie Aprile...Et par ailleurs, il a fort à faire avec Johnny Sack, qui est quelque peu manipulé par Paulie mais tout cela reste un peu flou..du moins pour moi.
Quant à Bobby Baccala, il va devenir à la fois personnage central de cet épisode, lui qui se contentait d’être assistant de Junior (qui n’a pas abandonné son égoïsme puisqu’il l’appelle...mais uniquement pour passr le prendre à la sortie de son procès qui s’ouvre..), puisqu’il subit une perte tragique : sa femme meurt dans un accident de voiture. L’occasion de voir un humain pleurer la mort de l’être cher, dans une scène émouvante qui n’est pas sans rappeler celles de "Six Feet Under" (même s’il est vrai que certains enterrements sont un peu particuliers), et de voir que Baccala est peut-être l’"associé" le moins ordurier et le plus humain des "Soprano"...ce qui motivera Janice dans sa rupture avec Ralphie.
Tony et Carmela jouent un peu les figurations dans cet épisode, mais il n’en souffre pas tant, puisque Carmela est visée par une intello féministe organisant une conférence dans la paroisse auxquelle Carmela donne pas mal d’argent. Parmi ses propos bien creux et son autosatisfaction de "femme italo-américaine" libérée, elle glisse un petit mot pour réfuter toutes les croyances assimilant les Italo-Américains à la mafia. Cette petite intrigue, outre le fait de montrer l’exacerbation des origines d’une part et d’autre, ce qui colle plus ou moins avec le propos de l’épisode, montre une étape de plus dans l’émancipation de Carmela qui avait commencé vers la fin de la 3e saison.
Ce 4.03 était donc un épisode anodin, sur fond d’affrontements ethniques de pacotille, puisque tous les dialogues et les personnages présentés dans la majeure partie de l’épisode mettent en lumière les affrontements communautaires qui peuvent survenir à l’occasion de fêtes telles que le Columbus Day, réutilisé à la gloire ou au deuil de part et d’autre, mais il faut le dire de suite il ne restera pas dans les annales. Ce qui sauve en partie l’épisode, c’est bien sûr Bobby Baccala et la mort de sa femme, l’occasion pour Imperioli de nous concocter un grand moment de bravoure scénaristique, touchant et poignant. Quant à Carmela, sa relation avec Furio et son affirmation sont introduits en douceur, on va voir où tout ça nous mènera.
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