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4.12 - Eloise
Mutations
Eloïse
jeudi 7 août 2003, par
Je reprends "Les Soprano" là où je les avais laissé, c’est-à-dire à l’épisode 4.08 dont je n’ai pas pu finir la review par manque de temps. Et force est de constater que le changement est frappant puisque l’atmosphère de la série n’est plus du tout la même, beaucoup de choses se sont passées entretemps ; pour faire la comparaison et sans vouloir spoiler quiconque, c’est un peu comme regarder un épisode d’"Alias" avant et après "Phase One" : les pions ne sont plus du tout les mêmes, pour rester dans le flou en ce qui concerne "Alias"...
Et en effet, les bases de la série, c’est-à-dire un mafieux victime de crises d’angoisse qui va voir une psy assez rebutée au début, se sont effondrées au dernier épisode, puisque Tony a arrêté sa thérapie avec le docteur Melfi. Ce n’est pas tout : Ralph a été décapité de ses propres mains, Christopher est rentré en cure de désintoxication, son mariage avec Adriana étant fortement compromis... et Carmela lui a filé entre les doigts vivant une relation platonique avec Furio...à son insu.
Par ailleurs, pour reprendre les termes de ma review du 4.08 (eh oui, c’est bien le recyclage...) la série fait sa longévité, et cette fois-ci ce qui n’était qu’un pressentiment il y a 4 épisodes se fait bien sentir : "Cette fois-ci le maître mot, dès le début de l’épisode, est la vieillesse. Est-ce l’essoufflement d’une série que l’on sent arriver en fin de cycle (ah oui, c’est une des grandes qualités des séries HBO : elles savent s’arrêter..) ?? Toujours est-il que Tony va déléguer plus de responsabilités à Silvio et Christopher, pour s’occuper un peu..de l’argent qu’il a gagné. Ensuite, toujours pour la vieillesse, celle de la mère de Paulie, que Paulie plaçait en maison de retraite dans le dernier épisode de la saison 3, qui cette fois-ci est délaissée et exclue par un groupe de Scrabbleuses." (extrait review 4.08)
C’est donc exactement ce qui parsème cet avant-dernier épisode : la fatigue dûe à la longévité. Principalement de Tony, lui qui en début de saison allait "reprendre" son ancienne maîtresse des bras de Johnny Sack après un mauvais coup réussi...se retrouve avec le regard fatigué, le train de vie de plus en plus exorbitant des mafiosi, avec argent, délires et petites pépées, lui l’ingurgite comme sous perfusion. Puis celle de Paulie, qui a de plus en plus de mal à supporter les coups bas des Scrabbleuses envers sa mère, et veille désormais personnellement sur elles après que leur voiture ait rentré accidentellement dans une autre.
Cette fatigue de certains personnages s’avère en fait révolutionnaire pour le show, puisque pour la première fois on sent que l’univers des Soprano se fissure dans les convoitises et les coups ratés, tant et si bien qu’il est difficile d’imaginer sur quoi va se terminer cette 4e saison et a fortiori de quoi va bien pouvoir parler la 5e. Mieux encore, la série ne s’est jamais mieux portée dans son caractère de série d’ensemble, car l’épisode ne va pas porter sur Tony, mais sur Carmela, Meadow et Paulie.
On a donc affaire à une Carmela transformée, rajeunie, et l’émancipation opérée en début de saison a porté ses fruits : Carmela a donc pris sa part financière, on ne la voit plus trop aux fourneaux mais en revanche son regard vide au début et à la fin de l’épisode fera date. Car Furio, après lui avoir montré sa nouvelle maison, la vend finalement à une agence immobillière et rentre à Naples à la surprise générale. Tony, qui l’a vu pour la dernière fois lors d’une sortie en hélico organisée pour un pote bourré, a du mal à cacher sa surprise. Quant à Carmela, toutes ses scènes vont porter les séquelles de cette fuite, du dîner au studio de Meadow jusqu’à la scène finale.
C’est donc aussi l’occasion de célébrer le retour de Meadow. Meadow était partie au début de la saison louer un studio très loin de sa famille et a maintenant un petit ami stable et attentionné, et prouve ses talents de cuisinière à l’ensemble de ses colocataires. Ce qui est très loin de l’esprit de sa famille, qui va faire preuve d’une indélicatesse rare et franchement hilarante lors d’un dîner d’anthologie sur l’homosexualité d’un auteur dont Meadow a étudié les oeuvres tout au long de l’année. Et Meadow qui a également affaire à cette nouvelle Carmela, un peu jalouse puisque sa fille a réussi son indépendance, alors que Carmela s’est épanouie, certes, mais pas au point de vivre sa relation avec Furio pleinement. Alors vous allez me dire que tout ça ressemble à un bon épisode de "Beverly Hills" ??? Ben, étant donné que Carmela est une femme de mafieux, avec tout ce que cela comporte de caution envers le machisme exacerbé en valeur de ce milieu, ça sonne juste, et surtout, ça sonne tragique. Mais après cette dispute,Meadow va finalement tomber de haut, et prendre son père comme plus humain, lorsqu’il le mettra dans la confidence de sa psychothérapie et de sa thérapie de couple. Finalement, les deux auront été un fiasco, mais l’avouer à ses enfants est finalement la décision la plus aboutie qu’ait pris Tony Soprano, et c’est finalement la vraie surprise de cet épisode, au-delà du saccage du restaurant de Carmine et tutti quanti.
Et en résumé ?? Il s’agit d’un épisode de transition pré-finale, où tous les éléments (le départ, ou la fugue, de Furio en premier) préparent le terrain à la confrontation inévitable du couple Soprano. Donc il vaut ce qu’il vaut, c’est-à-dire du moyen.
Ce qui nous donne :
5/10 pour un épisode moyen
2/10 pour un épisode des "Soprano"
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires