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6.06 - All The Way
UPN is haunted
Baiser Mortel
samedi 15 novembre 2003, par
Celui où les scénaristes essaient de nous faire croire que Dawn, à 15 ans et avec le physique qu’elle a, n’a jamais embrassé de garçons. En voilà une bonne blague d’Halloween !
Il y a dans la vie d’étranges paradoxes. Pendant 5 ans, l’équipe de Buffy était sur TheWB, autrement dit la chaîne qui diffuse le plus de merdes populaires de notre dimension : 7 à la maison, Charmed, Roswell et Smallville en sont les meilleurs exemples. Pendant 5 ans jamais les scénaristes de Buffy n’ont fait d’épisode qui pouvait de près ou de loin se rapprocher de ceux des séries nommées plus haut. Bien sûr, il leur est arrivé d’employer quelques clichés, de faire quelques maladresses, d’être lourds et de faire quelques mauvais épisodes, mais l’intrigue neu-neu à la sauce 7 à la maison, jamais. Et il faut que la série passe sur UPN pour commencer à faire ce genre de niaiserie. Steven DeKnight, qu’est-ce qui s’est passé ? Tu nous avais habitué à mieux !
J’en viens au titre de la review. Pour pondre un épisode à l’intrigue principale si décevante, mon explication est que la WB a profité d’Halloween pour hanter UNP et se venger de la perte d’une de ses séries fétiches. De plus, Haunted est le nom d’une série SF de UPN diffusée à la rentrée 2002 et annulée quelques épisodes après.
Comme les plus perspicaces d’entre vous l’auront deviné, j’ai été franchement déçu par cet épisode. Joss Whedon ayant dit dans une interview pré-saison 6 que Dawn allait devenir plus mâture et plus intéressante, j’espérais que son personnage aurait une orientation satisfaisante. Rien du tout. Elle est juste en train de faire sa crise d’adolescence, qu’elle l’avait déjà un peu fait l’année dernière, au passage, en faisant péter les cours et en fuguant. De plus, dans « Flooded », les scénaristes montraient que Dawn était assez mâture pour commencer à s’intégrer au gang et devenir un personnage utile, et ici patratras ! La petite enchaîne les conneries kimbaueriennes sur fond d’intrigue neu-neu empruntée à 7 à la maison, et elle-même affiche une naïveté surprenante. Ce genre de recul en arrière d’un épisode à l’autre s’appelle tout simplement une ablation de personnalité, principe fréquemment employé dans Smallville et particulièrement chez Lana (oups la boulette, Lana n’a jamais eu de personnalité :) )
N’exagérons rien quand même, cet épisode, loin d’être brillant, est bien supérieur à la moyenne des épisodes de 7 à la maison. Parce que malgré l’intrigue dawnienne/dawsonnienne, le reste de l’épisode était assez sympa et marque une avancée dans l’intrigue.
Résumé de l’intrigue bidon :
Il était une fois, une adolescente nommée Dawn qui vivait dans une ville imaginaire. Elle décida de sortir avec des amis le soir d’Halloween, parce que qu’est-ce que c’est drôle de jeter des œufs sur les portes en signe de rébellion ! C’est pas comme si elle avait été une clé poursuivie pendant un an par une déesse maléfique qui rêvait de la saigner et qu’elle en avait tiré un minimum de maturité.
Bref. Dawn, donc, était d’ordinaire bonne et douce, son cœur était rempli de générosité et d’amour et elle aidait souvent sa vieille voisine à ramasser les feuilles mortes du jardin en écoutant le chant des oiseaux. Mais la mauvaise lune, le soir d’Halloween et le spectre de la WB la poussèrent à faire ce soir-là ce que l’association des Parents Réac’ déconseille vivement : elle mentit à sa sœur Bichette pour sortir s’amuser.
La jeune fille ne connaissait pas l’Amour, elle savait bien sûr tout du premier baiser parce qu’elle avait tout lu dans « Girls », mais à 15 ans, jamais elle n’avait offert son cœur à un garçon, comme la fille du pasteur Camden d’ailleurs.
L’amie avec qui elle sortit lui présenta deux garçons, jeunes et beaux, et Dawn se sentit très attirée par l’un d’entre eux, Justin, sûrement parce qu’il s’habillait et se coiffait comme son idole Tom Welling.
Mais le garçon au visage angélique n’était pas ce qu’il prétendait être (tiens, ça me rappelle quelque chose...) En réalité, c’était un méchant vampire ! Brrrr !!! Quelle stupeur en le découvrant ! Faut dire que quand on ment à sa sœur, la soirée ne se passe jamais bien, elle devrait le savoir si elle avait écouté les serments de la famille Camden au lieu de voler dans les magasins, la perfide !
Dawn est donc en grand danger et on a tous très peur. C’est pile le moment qu’elle choisit pour laisser Bad Justin lui donner son premier baiser dans une voiture volée... tellement romantique !
Faut dire qu’il avait pas lésiné sur le gel, le coquin, et qu’il lui a fait le coup classique « Tu as froid, tu veux ma veste histoire que tu vois mes beaux muscles et que je t’embrasse dans quelques minutes ? »
...
D’accord, c’est vrai que j’ai rajouté la dernière partie de la phrase. Mais c’était l’esprit.
Et devinez quoi ? Paf ! Dans le mille ! Dawn découvre pile lors de la séance bisous-bisous qu’il est un vampire ! Elle sort alors de la voiture en pleurant « Oh mon Dieu, comment ai-je pu être aussi aveugle ? Tout le monde a froid en tee-shirt quand il fait 5° ! »
Pas de problème, sa sœur Bichette, son ami Spiky et Giles Le Brave arrivent pour sauver la situation ! Une droite, une gauche et hop !
Mais un imprévu qui aurait pu relancer l’intérêt si on était pas endormi depuis longtemps les surprend : toute une bande de méchants vampires arrivent, grognements à l’appui. Brrr !!! Décidément, que de suspence !
Mais encore une fois, c’est « fingers in the ass », la bande s’en occupe et bientôt ils sont tous réduits en poussière.
Mais Dawn n’en avait pas fini avec son vampire. Dans un coin perdu, loin des autres, il s’avance vers elle et s’apprête à la mordre. On a droit alors à la scène la plus dramatique de la série, cramponnez-vous bien : Dawn est couchée sur les feuilles, elle dit à son clone de Clark Kent qu’elle l’aime et juste au moment où il allait la mordre... elle le tue grâce au pieu qu’elle avait caché. Inutile de préciser que l’intensité dramatique était à son paroxysme.
Fin de l’intrigue bidon.
NB : au fait, depuis quand une portière de voiture décapite un vampire ? Ils sont bien gentils d’avoir voulu être originaux, mais encore fallait-il que ça soit crédible. Idem pour cet épisode, qui n’est d’ailleurs même pas original.
Avant d’enchaîner sur le reste, voyons ce qui était vraiment mauvais :
Dawn : « Je croyais que tu m’aimais ! »
Ohhh, pitié !!! Mais c’est quoi cette phrase bidon ! Quelle fille raisonnablement intelligente aime réellement un type après avoir passé une heure avec lui ?! Sérieux, mais tais-toi Dawn !
le look de Justin
Mais où ont-ils trouvé ce clone de Tom Welling ? Plus stéréotypé que ce personnage, tu meurs. Ca m’a vraiment fait penser aux rôles masculins de Smallville : Clark, Whitney...
l’attitude de Justin
Typique de la série neu-neu. A la fois gentleman « Tu veux ma veste ? » et fort « Le froid ne me gêne pas » Tout à fait le type de personnage des petits amis de Phoebe dans Charmed.
Dawn n’a jamais embrassé un garçon
Là, les scénaristes y vont fort quand même : nous balancer en pleine poire que Dawn n’a jamais embrassé de garçon de sa vie, à 15 ans et avec le physique qu’elle a, faut quand même pas abuser. Le seul personnage sur qui l’intrigue du premier baiser aurait été crédible, c’est Willow S1. Et ils ne l’ont même pas fait. On sent ici toute l’influence de « 7 à la maison »
Quand je disais que la WB a dû hanter UPN !
« I am a rebell. You’re stupid »
Et le vainqueur de la phrase nullissime est... Spike ! Mais rassurez-vous, cette phrase avait un objectif : faire fantasmer le public féminin et montrer que Spike est tellement cool et branché ! Parce qu’il a encore de l’honneur, voyez-vous. Il a une puce depuis deux ans, il est amoureux de la Tueuse et tue les siens depuis un an, mais il respecte à fond les principes des vampires et se proclame rebelle. Mais....... rebelle de quoi, au fait ?
Bon, je crois en avoir fini avec les mauvaises choses, passons maintenant aux bonnes, car si, il y en a dans cet épisode.
le début
Ca commençait pourtant bien : Willow qui craque sur la petite fille déguisée en sorcière, l’excellente discussion de Buffy et Spike dans la réserve « C’était plus facile de lui parler quand il voulait me tuer » annonceur de l’évolution de leur relation, l’excellente danse du capitalisme d’Anya et Dawn, et Buffy qui comprend que Giles essuie ses lunettes pour en pas voir ce qui le gêne.
Tout ça, c’était très bien.
Fallait continuer !
le « tueur tué »
Le vieil homme psychopathe qui est tué alors qu’il s’apprêtait à supprimer lui-même Justin, j’ai trouvé que c’était le seul bon moment de l’intrigue principale. Je rectifie : le seul rebondissement potable.
Anya et Giles : les personnages forts de l’épisode
J’aime beaucoup Anya, elle apporte vraiment quelque chose à la série et ses apparitions sont presque toujours drôles. Dans cet épisode, elle est géniale avec son énergie débordante alors que tout le monde est exténué après la dure journée de vente, son amour pour l’argent et surtout sa danse du capitalisme sont aussi très drôles. Plus tard, son monologue où elle parle de prévoir les enfants pour éviter qu’ils ne gâchent la vie devant un Alex pétrifié... excellent.
Quant à Giles, il n’a pas beaucoup de temps d’antenne mais on réalise bien que son rôle est capital dans le Scooby gang. Buffy fait fréquemment appel à lui pour gérer l’éducation de Dawn, rôle qu’il ne veut pas endosser (en refusant de décider si Dawn doit sortir ou non) mais qu’il est contraint de faire (à la fin quand Buffy lui refile la responsabilité de parler à Dawn) C’est aussi le premier à s’être inquiété de Willow et de sa magie dans « Flooded » et, avec Tara, c’est le seul à vraiment comprendre que la magie est dangereuse pour elle.
la dispute Willow - Tara
Depuis « Flooded » et la mémorable discussion Willow - Giles, on se demandait quand Tara allait s’y mettre. L’apparition inopinée des décorations, si elles rendent Anya ravie, est la goutte qui fait déborder le vase pour Tara. S’en suit une dispute - leur première sérieuse - qui se poursuit jusqu’au Bronze et jusqu’à la fin, quand Willow choisit la facilité et prouve au passage sa « dépendance » (début de la métaphore sur la drogue) en envoûtant sa bien-aimée pour qu’elle oublie leur dispute. Jusqu’où ira Willow ?
Bon, quand même c’était pas si nul grâce aux autres personnages, mais quand même : Steven DeKnigh, je te retiens !
*** La citation de l’épisode ***
Giles congratulant Alex : « Anya est un ex-démon formidable, vous serez heureux dans cette dimension non-démoniaque »
Bilan : même si l’intrigue neu-neu est à jeter et Dawn avec, tout ce qui n’a pas rapport avec elle est sympathique. Doucement, la saison avance, les scénaristes mettent en place le début de la métaphore sur la drogue de Willow, Buffy prouve qu’elle n’assume pas son rôle de parente, Alex et Anya sont maintenant officiellement fiancés, Giles et Tara, quant à eux, se détachent des autres par leur maturité mais sont impuissants devant le danger qui les guette (Tara n’arrive pas à éloigner Willow de la magie, Giles constate que Buffy n’a plus les pieds sur terre mais refuse de lui servir de béquille) Il y a beaucoup de non-dits...
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