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1.02 - Our Gang

Qui veut la peau de Vic Mackey ?

Notre Gang

dimanche 23 novembre 2003, par feyrtys

Où Vic tente de ne pas se faire éjecter par le maillon faible de son équipe, où un gamin de 10 ans tue un vendeur de churros (de churros ! mais enfin, un vendeur de brocolis, j’aurai compris, mais de churros ! quand même !)

Terry est mort. Vic Mackey l’a abattu, de sang froid, parce qu’il savait que c’était une taupe qui travaillait pour le compte de David Aceveda, le nouveau Capitaine. Il savait qu’il risquait sa carrière si Terry divulgait ses relations avec certains dealers. Vic a donc décidé de le tuer, et de déguiser sa mort en simple accident d’intervention armée chez un trafiquant.

L’épisode s’ouvre sur le standard du "Nine-one-one", et on entend Vic, prenant à l’autre bout de la ligne une fausse voix paniquée "officier à terre !" et tentant d’expliquer ce qui s’est passé. Mais nous savons ce qu’il a fait, c’est toute la différence. Tous ses mensonges, toute la mise en scène (Lemonhead brisant une vitre de voiture à l’annonce du décès de Terry), nous est insupportable. La tristesse et la solidarité des officiersliés, de prêt ou de loin, à Terry, est d’autant plus difficile à regarder qu’elle est sincère, quand la réalité n’est que mensonge. Comment Vic réussit-il à trahir les siens avec autant d’aplomb ?
Il en est un, pourtant, qui comprend que ce n’est pas un simple accident, c’est David Aceveda. Il lance une enquête sur Vic Mackey et sa Strike Team, bien décidé à leur faire cracher le morceau. Le nouveau capitaine est plutôt fin, un vrai manipulateur, à la hauteur de ses ambitions de maire.
Lors de l’enterrement de Terry, il a remarqué que l’un des membres de la Strike Team, Shane Vendrall, semblait se disputer avec Mackey. Dans le plan que Mackey a dessiné pour se couvrir, il n’a pas prévu que les membres de son équipe, ses "fils", flanchent. Ils doivent avoir des nerfs d’acier, tout comme lui. Ils doivent, à défaut d’assumer le meurtre, au moins en assumer les conséquences.
Shane Vendrall a été le premier détective recruté par Mackey pour faire parti de son équipe, la Strike Team. Il est son fidèle lieutenant, son second, l’homme sur qui il doit pouvoir se reposer. Mais ce n’est pas le cas. Pour la première fois, Shane remet en cause les motivations de Mackey, et ne semble pas supporter l’idée qu’il ait pu tuer un des leurs, même si c’était une taupe. David Aceveda a senti la faille, flairé le maillon faible. Mais au lieu de le harceler, il va dans un premier temps leur donner un semblant de sentiment de sécurité. Laisser l’agent de la police des polices faire sa propre enquête (et en conclure un simple accident), puis interroger Shane et Mackey en leur faisant croire que tout est ok. Puis il profitera de la sortie en mission de la Strike Team pour interroger, loin de Mackey, son lieutenant, Shane, en compagnie de "Dutch", à qui d’ailleurs il n’expliquera pas ses intentions. Aceveda révèlera à Shane qu’il "a un témoin" qui dit avoir entendu le dernier coup de feu 10 à 15 secondes après les premiers échanges, et qu’il est persuadé que Vic a volontairement tué Terry. David est très impressionnant dans cet interrogatoire. Il arrive à faire flancher Shane, à le faire bafouiller, revenir sur ses paroles. Il est prêt à craquer. Quand Mackey reviendra au commissariat, il découvre que Shane a été interrogé pendant plus de deux heures, entre dans le bureau au moment fatidique où David était en train de proposer à Shane de balancer Vic pour mettre fin à ses problèmes. On ignore si Shane aurait été capable de "trahir" Vic, mais on sait qu’au moins, David était proche du but. "Je sais ce que vous avez fait" dira-t-il à Vic. "Jusqu’à présent je vous ai toléré. Mais je vais finir par perdre patience". lui répond Vic. Un silence, puis David assène, le sourire aux lèvres, un terrible :"Je sais".

Cet épisode est centré sur un parallèle très intéressant entre les "fratries" au sein de la police, et celles qui ont cour au sein des gangs de rue.
D’un côté, nous avons Julien Lowe, le coéquipier de Danny Sofer. Jeune flic très versé dans la religion, il se verra reprocher par Danny le fait de ne s’être pas déplacé à l’annonce de la mort de Terry. "Mais je ne le connaissais pas !" se défend-il. Ce n’est visiblement pas une bonne réponse. La solidarité entre officiers est la seule garantie qu’un jour, "un de ces mecs soit la seule chose entre toi et une balle", lui répond Danny. Il semble que Julien soit prêt à faire des efforts pour s’intégrer à cette grande famille que sont les flics, puisque lors d’une soirée passée dans un bar en compagnie de ses nouveaux "frères", il accepte, tout bon croyant pratiquant qu’il est, de se faire faire une petite gâterie à l’arrière du bar par une quelconque fille peu farouche. Ca y est il est des leurs ! Il a eu sa pipe comme les autres ! C’est pathétique, d’autant plus que sa coéquipière est là pour assister à toute cette mise en scène à connotation fortement homosexuelle (les autres flics passent la tête à travers la porte pour observer Julien et la fille).

De l’autre côté, nous avons un gamin d’une dizaine d’années, censé intégrer un gang. Ses "frères" ont une magnifique tradition qui consiste à tabasser le "bleu" qui veut entrer dans le gang. Les voilà donc partis pour une joyeuse ronde champêtre, au milieu de nulle part. Ils seront interrompus par l’équipe de Mackey qui est là pour retrouver le meurtrier d’un vendeur de churros qui n’aurait pas payé sa protection. Mackey récupèrera le gamin, couvert de bleus, et le ramènera au commissariat, où il sera interrogé par Claudette (dont s’est l’anniversaire). Le vendeur de churros est alors entre la vie et la mort. Le gamin est avec sa mère, qui semble à peine plus vieille que lui. Claudette lui demandera s’il a tué le vendeur, il répondra que non, avec toute l’arrogance que seul un gamin de 10 ans paumé et mort de trouille peut avoir. Apprenant la survie du vendeur au cours de l’interrogatoire, Claudette décidera de jouer un coup de poker en annoncant "une bonne et une mauvaise nouvelle". La mauvaise nouvelle, c’est que le vendeur de churros est mort, mais la bonne nouvelle, c’est qu’un autre membre d’un gang adverse se réclame être à l’origine de sa mort. Bing, c’en est trop pour le gamin qui avoue que c’est lui qui a tué le vendeur. Aussi simple que ça. Il ira en prison, même s’il ne semble pas se rendre compte de ce que ça signifie.
Bienvenue à Farrington !


J’ai vraiment aimé le parallèle entre la fratrie du commissariat et celle du gang. L’absence totale de présence féminine, le désir infaillible de faire partie d’une famille, quand celle-ci est absente ; et la volonté de puissance des hommes forts qui veulent "contrôler", voire dominer, les leurs. Mackey est un de ceux-là. Il a le même regard sur son équipe que sur son jeune fils. Il y a d’ailleurs une scène de toute beauté : Vic observe d’un oeil inquiet son fils en train de ranger des fourchettes sur une serviette de table. Il se demande s’il est bien normal que son fils ait cette attitude. Malgrè les conseils que sa femme, qui tente de le rassurer tout en faisant chauffer le biberon du bébé, Vic gardera ce regard protecteur et inquiet pour son fils, le même que sur équipe...