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1.05 - Blowback

Au pays des ripoux...

Deux kilos

dimanche 7 décembre 2003, par feyrtys

Où la Strike Team se met 2 kilos de coke sous la main pour arroser son secteur, où Shane se fait malencontreusement voler sa voiture, dans laquelle se trouvait les deux kilos volés, et où la chance finit par leur sourire à nouveau... Mais pour combien de temps ?

Parmis les clichés les plus répandus dans les séries, il en est un que The Shield a su éviter : les « méchants » originaires d’un pays non-anglophone ne parlent pas obligatoirement américain quand on place des micros chez eux. Non non, ils parlent dans leur langue maternelle, ce qui paraît somme toute assez logique. Dans cet épisode, la Strike Team, qui a du trop regarder de séries, pose des micros dans l’appartement d’un arménien et se retrouve avec des enregistrements en... arménien. Ce qui est somme toute assez comique.
Heureusement pour eux, ils dégottent un étudiant arménien qui arrive à leur retranscrire à peu près la conversation enregistrée. Ca parle de boulangerie, mais Vic a l’air d’être parfaitement au courant. C’est apparemment une histoire de trafic de cocaïne. L’intervention chez le trafiquant une fois autorisée, toute la Strike Team, plus Danny, Julien et quelques gorilles emmaillotés de gilets pare-balles s’apprêtent à arrêter l’homme en question. Mais au moment de pénétrer avec pertes et fracas chez le suspect, ils assistent à un meurtre : l’homme qui se chargeait de préparer la cocaïne a tué, d’une balle dans la tête, un autre de ses compatriotes apparemment trop pressé à son goût de profiter de la dernière livraison. Le meurtrier ressemble un peu au blond à lunettes qu’on trouve dans X-Files, dans l’équipe des geeks. Le côté sympa en moins. Et le côté psycho-sociopathe en plus. Bref, un vrai boute-en-train, qui profitera de son enfermement dans la « cage » du commissariat pour briser la nuque d’un autre détenu. Charmant ! Mais un peu trop gros à mon goût. Surtout lorsque l’on apprendra que le sociopathe en question s’est échappé pendant son transfert... A croire que les flics ne prennent des précautions qu’avec les gens pas dangereux !

La Strike Team récupère donc les 6 paquets de coke, et à 1 kilo chacun, y’en a pour cher. Tout pourrait être parfait (trafic de cocaïne stoppé, meurtrier psychopathe arrêté...) si Julien ne surprenait pas Vic en train de mettre deux paquets de côté dans un sac noir. Et surtout, surtout, tout irait parfaitement bien si Shane n’avait pas eu une soudaine envie d’aller rendre une petite visiste de courtoisie à sa copine à des heures indues... Puisque pendant le marathon de 20 minutes chrono que Shane comptait « offrir » à sa copine, on lui pique sa voiture, un affreux 4/4. Avec la came dedans.
Branle-bas de combat chez Shane (sans t’offenser). Il parcourt le quartier avec la voiture de sa « copine » qui d’ailleurs l’accompagne et peut ainsi se rendre compte, quand Shane pète un câble en arrêtant deux jeunes au volant d’une voiture ressemblante à la sienne (il n’a qu’à rouler en deuche, c’est moins courant qu’un 4/4 et ça consomme moins d’essence). Il sort son flingue, les fait allonger au sol, tout ça pour... un paquet de pain de mie ! Du coup, le voilà qui débarque, au petit matin, chez les Mackey, la queue entre les jambes (encore désolée, Shane), pour annoncer à papa Vic qu’il a fait une grosse boulette et que la came a été perdue. Les voilà partis à la recherche de la voiture volée. Pendant ce temps, Julien a pris conseil auprès de Claudette, pour savoir s’il devait parler à Aceveda de ce qu’il avait surpris le soir de la prise. Claudette lui explique que c’est très mal vu chez les flics d’en balancer d’autres, et qu’il y risque sa carrière. Est-ce que ce qu’il a vu vaut un renoncement à son métier ? Pour Julien, oui. Peut-être est-ce un moyen pour lui, le fervent chrétien pratiquant, de se dire qu’il reste intègre, quand dans sa vie privée il vit si mal son homosexualité ? Il n’a jamais rappellé le beau latino qui l’avait dragué pendant le jour du « coup de balai », et avec qui il avait passé la nuit. Le latino est d’ailleurs venu le matin même, au commissariat, quasiment le supplier, non sans humour, de le rappeller... Julien semble en proie à la culpabilité. Il est, d’un autre côté, prêt à se sacrifier pour son idéal de justice. Même si l’acte de Vic est répréhensible, est-ce qu’il vaut vraiment de renoncer à toute sa carrière ? Aceveda, en tout cas, flotte sur un petit nuage. Depuis le temps qu’il attendait une opportunité pareille, depuis la suspicion d’assassinat, par Vic, de l’équipier-mouchard. Il tient enfin sa bête noire, celle qui le fera atteindre le siège de Conseiller qu’il convoite tant. C’est une belle occasion, à condition de remettre la main, avant lui, sur les deux kilos de coke volés (puis revolés). Mais David ne possède pas les réseaux de Vic, et surtout, il n’a pas l’aide précieuse de Danny.

Julien et elle découvrent la voiture dérobée de Shane, conduite par Dina (excellente scène pendant laquelle Dina tente de monter, non sans talent, un énorme bâteau), une jeune fille qui tente de rentrer dans un gang. Danny était prête à appeler directement Vic, mais Julien ne l’entendait pas de cette oreille. Il prend donc l’initiative de prévenir en premier lieu Aceveda, qui frétille comme un gardon, sauf qu’il ne trouve aucun paquet dans la voiture... Et que Danny, au poste, dérobera le portable de Dina et donnera les derniers numéros de téléphone composés à Vic, pendant que David interroge la suspecte. Ce qui donne le temps à la Strike Team de se rendre chez le détenteur de la came, déjà bien entamé par ce qu’il a sniffé. A vrai dire, je me demande même s’il n’est pas mort. Au moment où Aceveda arrive chez le type en question, Vic a planqué un paquet dans sa veste et jeté le reste entamé aux toilettes. « Je t’aurai, Gadget, je t’aurai ! » doit ruminer David. Le petit sourire narquois de Vic doit avoir le don de le mettre dans tous ses états, à ce pauvre Aceveda... Mais c’est sans savoir que Mackey traverse un moment très difficile : un médecin vient de leur annoncer, à lui et à sa femme, que Matthew, leur fils, était autiste. C’est un coup de marteau pour lui. Il ne peut accepter que son fils ne soit pas « parfait ». Sa femme le vit mieux, semble-t-il. Elle est soulagée de pouvoir mettre un terme sur les problèmes de socialisation de son fils. Elle achète des livres sur le sujet, affronte le problème. Vic, lui, se réfugie chez Danny, sa maîtresse. Quel courage...
Dutch, qui était chez Danny pour l’aider à réviser son examen de sergent, et plus si affinités, se retrouve donc éjecté comme un malpropre par un coup de fil de Vic, que Danny déguise en appel désespéré d’une copine déprimée. Mais Dutch flaire le mensonge, et attend de voir, caché dans sa voiture, à quoi ressemble vraiment la « copine » de Danny. Il n’est pas déçu quand il voit Danny embrasser Vic...

Pendant ce temps, Julien retourne voir son bel idalgo pour lui dire de ne plus jamais revenir au commissariat, et pour lui expliquer à quel point la bible dit que c’est mal d’être homosexuel, tout en lui roulant une pelle... Six Feet Under a déjà brillamment exploré ce sujet très délicat de l’assumation de l’homosexualité (ce qui n’est déjà pas une mince affaire) lorsqu’on est croyant (ce qui n’arrange rien, étant donné la grande tolérance de l’Eglise en cette matière), c’est peut-être pour ça que je trouve l’histoire de Julien, pour cet épisode, un peu artificielle... Mais j’attends de voir comment son personnage, que je trouve encore un peu vide, sera traité par la suite.


On ne sait pas trop qui on souhaite voir retrouver la came en premier. Vic ou Aceveda ? Le flic ripoux aux bonnes intentions ou le capitaine aux grandes ambitions ? A vrai dire, Shane m’est tellement antipathique que j’aurai voulu que ça lui retombe dessus... Quant à Vic... Je n’arrive toujours pas à le détester, malgré tout. Et c’est là que The Shield sort de l’ordinaire. On est pris par l’intrigue même si aucun personnage n’attire entièrement notre sympathie ! Même Danny, que j’apprécie pourtant beaucoup, perd de mon estime tant elle semble aveuglée par son attirance pour Vic. Il reste Claudette, qui reste la plus sage et la plus « stable » de tous. L’attitude de Dutch dans les prochains épisodes, à propos de l’histoire entre Danny et Vic, sera décisive quant à savoir quels genres de principes il respecte.