Guilty Conscience

Il est temps de faire un bilan. La deuxième saison de The Shield s’est finie, et cet épisode en est l’aboutissement parfait. Les élections tant attendues par Aceveda, celles pour lesquelles il a intrigué, mis de l’eau dans son vin, risqué sa carrière, ont enfin lieu. Mais tout le monde le donne perdant. Le rapport si négatif à propos de son commissariat, Farmington, ne lui a pas fait de très bonne publicité. Le Chef de la police souhaite son départ et a déjà convaincu Claudette de prendre sa place. Aceveda s’attend à perdre, et pourtant, malgré les enjeux, il n’a jamais véritablement plongé dans les magouilles. Il a flirté avec l’illégalité en donnant à Vic Mackey carte blanche, mais il s’est vite aperçu de son erreur et a tout fait pour rattrapper cette erreur. En même temps, on ne peut pas le plaindre, il savait parfaitement à quoi s’attendre en laissant libre court à la Strike Team. Il a cru que ça pourrait servir sa campagne pour les élections de conseiller municipal ; il s’est trompé, et maintenant il sait qu’il risque gros. Sa femme, une espèce de Sherry Palmer bis, l’accompagne et le soutient. Elle y croit encore. Et elle a raison : Aceveda, on ne sait par quel miracle (l’absention ? l’absence de programme de ses adversaires ?) est élu Conseiller Municipal (enfin c’est plus compliqué que ça visiblement, parce que ça ressemble à du suffrage indirect, mais je n’ai toujours pas compris comment les américains élisaient leurs Conseilleurs Municipaux...). En tout cas, je ne m’y attendais pas à celle-là. Aceveda, à la ville ? C’est le Chef de la police qui va être content, lui qui voulait voir Aceveda disparaitre de sa vue ! Sans compter le future (ou la future) Capitaine de Farmington, qui va avoir sur le dos un Conseiller pressé de virer Vic Mackey et sa bande, et de ramener un semblant de civisme dans ce district.


Vic et sa Strike Team ont décidé, au début de la saison, de voler à la mafia arménienne un sacré paquet de fric, le "Money Train". Il leur a fallu du temps pour avoir un plan suffisemment bon pour assurer leur méfait. A quatre contre une armée d’arméniens, il s’agit d’être préparé. Mais le jour du casse, Vic est occupé avec le nouveau venu de la Strike Team, Tavon, à résoudre une histoire de gang vengeur censé abattre un nombre de personnes correspondant au numéro d’une pièce de domino. L’ex-mari de Claudette a été la première victime innocente. Vic et Tavon, plutôt doué dans le style "tous les moyens sont bons pour arriver à nos fins", réussissent à arrêter le tueur avant qu’il ne commette un autre crime. Mais le reste de la Strike Team, c’est-à-dire Boulet n°1, Shane, Boulet n°2, Lemonhead, et Boulet n° 3, le Ronnie grillé, doit commencer l’opération sans leur cerveau, Vic. Je pensais que fatalement, il allait se passer quelque chose, que Shane abattrait un ou plusieurs de ses collègues en croyant tirer sur un rat, que Lemonhead essaierait d’empêcher cette opération au dernier moment, que Ronnie perdrait sa fausse moustache au dernier moment... Bref, je m’attendais à tout, sauf à du tout bon. Il se trouve que j’avais tort ! On ne peut pas dire que Shane s’en sorte parfaitement bien, il lui manque encore un peu d’assurance dans sa connerie, m’enfin il ne tue ni ne pisse sur personne, ce qui est mieux que d’habitude. Vic arrive à temps, et constate que les arméniens ne les ont pas attendus pour s’entretuer.


Ils récupèrent l’argent, presque en douceur, presque trop facilement... Quand Vic rejoint son équipe pour se partager le butin, il est en pleine euphorie. L’argent tant attendu est à ses pieds ! Mais à l’euphorie succède l’attération. Shane, Lemonhead et Ronnie contemplent béatement la table sur laquelle repose un amont incroyable de liasse de billets, et leurs visages expriment quelque chose comme : "Et maintenant ?". Que faire avec cet amoncellement de billets ? Cet argent, pour lequel ils se sont abaissés au rang de ceux qu’ils pourchassent ? Vic avait beau leur dire que voler l’argent de la drogue et de la prostitution, c’était une bonne cause, le fait est que se retrouver avec cet argent sur les bras les salie tout autant que si c’était eux qui avaient vendu des femmes et de la drogue. Maintenant il faut redescendre sur terre ! Cet argent n’arrangera rien de leur situation au commissariat, ni de la pression qui repose sur les épaules, à force de jouer avec le feu comme ils le font. Une fois de plus, la Strike Team, menée par Vic, a franchi un pas supplémentaire dans l’illégalité. Il a fait ça pour sauvegarder ses enfants ? Quelle bonne blague... Avec son boulot, Vic a à peine le temps de voir ses enfants. Ce n’est surement pas cet argent qui va le sauvegarder de quoique ce soit, sauf de pouvoir se payer un bon avocat pour son divorce. Divorce duquel il est à l’origine, comme un grand ! Décidemment, Vic Mackey n’apprend pas de ses erreurs...


On ne voit pas beaucoup Dutch, dans cet épisode, et je trouve ça dommage. C’est un personnage très attachant, très humain, beaucoup plus que Vic, qui reste insondable et incompréhensible à mes yeux. On devine l’amitié profonde qui unit Dutch et Claudette, le respect sincère qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Dutche a pris de l’ampleur au cours de ces deux saisons. Il a résolu quelques belles affaires de serial-killer, réussi à perçer plusieurs mystères à force de déduction et de travail psychologique, mais il a également échoué sur plusieurs affaires et il est tombé dans le cynisme. Mais Claudette l’a supporté tout du long. Il ne semble pas se soucier de ce qui passe dans le commissariat, mais davantage du fait de retrouver des assassins. Claudette, elle, possède une volonté incroyable d’améliorer les choses autour les choses, alors que c’est dans sa famille que tout mériterait son attention. Ses filles se sont éloignées d’elle, ses ex-maris également. A la fin de la deuxième saison, elle aura essayé de renouer quelques liens mais la mort de son ex-mari l’aura peut-être fragilisée. A présent, sa fille, qui a été témoin du meurtre de son père par un membre de gang, devra sûrement témoigner devant un tribunal, et Claudette a peur pour elle.
Claudette est un personnage absolument fascinant par sa droiture, sa volonté, son courage. Elle a encore l’énergie de se révolter contre l’autorité quand elle estime qu’elle est injuste et injustifiée et elle est suffisemment intelligente pour jouer à tous les jeux. Elle est le pendant de Vic, son Ying alors qu’il est le Yang. Ou l’inverse. Enfin vous m’avez compris.


Danny et Julien, quant à eux, voient leurs vies se renverser lors de ce dernier épisode. Danny se fait virer, suite à l’accident "Armadillo", lorsque l’un des suspects qu’elle avait mis en cage et fouillé avait assassiné le puissant chef d’un gang. C’est toute sa carrière qui est jetée aux ordures, et elle le doit à Vic Mackey, son ancien amant. On dit merci qui ?
Julien, quant à lui, se fait harceler pour avoir eu des rapports homosexuels. A la fin de l’épisode, ses charmants collègues le surprennent alors qu’il sortait sa poubelle. Recouvert d’une couverture, il est sauvagement passé à tabac, tout comme il avait, au début de la 1ere saison, battu un transexuel de la même façon... Sauf qu’ici, c’est le fils de sa femme qui le découvre, à terre, ensanglanté.