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Le Dico de la LTE - Chapitre 05

Plus on est de fous

dimanche 4 janvier 2004, par Jarod

En cette période festive où les petites ampoules refleurissent dans les rues et dans les vitrines des boutiques diverses et variées offrant à tous les regards une vision féerique d’une ville parée de milles feux. A l’heure où le froid s’installe sous nos lattitudes et où il fait bon se retrouver autour d’un feu de bois. Bref en ces temps où il fait plaisir de se rassembler en famille ou entre amis pour feter ce que l’on veut dans la joie et/ou la bonne humeur, célebrons ensemble les ensemble show.

La définition

Ensemble Show : - Série au casting large. Contrairement aux séries reposant sur un ou deux personnages principaux (Starsky et Hutch, Columbo) les ensemble show proposent les aventures de plusieurs personnages.

Mais où trouver des origines ?

En littérature il est difficile de trouver ce qui pourrait être lié au genre que je décris dans ces lignes. La littérature a une tradition de personnages solitaire, et les grandes sagas possèdent toutes un personnage central autour duquel gravitent tous les autres (il existe bien sur les romans russe remplis de personnages dont les noms se ressemblent et qu’il est impossible de différencier, mais c’est autre chose).
Dans les comics comme j’ai pu l’évoquer dans le chronique consacrée au cross over il existe La Justice League of América avec sa multitude de super héros.
Le cinéma c’est plus essayé au genre, que dans ce cas on nomme film-choral, dans des films comme Magnolia de P.T.Anderson, ou plus proche de nos lattitudes On Connait la Chanson de Resnais, le meilleur exemple étant (à mon avis) Short Cuts de R. Altman. Sans doute l’image permet de mieux faire vivre plusieurs personnages en nous rendant leurs histoires “lisibles”. C’est pour cette raison que le genre s’est imposé sur les écrans de télévision.

Vaincre la solitude

Au temps ancien de la télévision le héros solitaire trustait la quasi totalité des programmes. Chevalier Bayard moderne, sans peur et sans reproche il triomphait de tout. Policier il arretait les bandits de grand chemin, médecin il guérissait les maladies les plus graves, capitaine de l’Entreprise il sauvait la galaxie et séduisait les plus belles femmes. Icone de l’amérique triomphante et sure d’elle, symbole des années 60’, le héros solitaire verra son aura se ternir en traversant les années 70’ plus sujetes à la remise en question et au doute, et finira par s’effacer presque completement à l’orée des années 80’ où en dépit du triomphe des valeurs libérales et de la réussite personnelle c’est le groupe qui prendra pied dans les séries avant de s’imposer de façon quasi absolue dans les années 90’.
Le héros seul face au monde entier doit jeter l’éponge, ils sont trop nombreux contre lui. Ils sont plusieurs désormais à soigner les maux de notre socièté mal en point. Toute l’équipe d’un commisariat de quartier au combien difficile doit gerer la delinquance petite et grande, plus souvent petite et sordide, et contrairement à leurs ainés ils ont du mal à en venir à bout. Nous sommes dans Hill Street Blues, prototype des séries policières modernes.
Ils sont plusieurs médecins, jeunes ou vieux, étudiant ou confirmés, à faire face aux patients dans un hopital où rien de fonctionne correctement et où l’argent manque cruellement. Entre leurs mains les patients souffrent et meurent, ils n’ont pas toutes les réponses, et surtout pas celles à leurs questions. Nous sommes à St ElseWhere, prototype des séries médicales modernes.
Ces deux séries, et je suis conscient de l’avoir déjà dit par ailleurs, ont par bien des aspect ouvert la voie à de nombreuses séries qui s’imposeront sur les écrans au cours des années 90’.

Les grands ensembles

Urgences (Emergency Room, E.R.)
Héritière directe dans le fond et d’une certaine manière dans la forme de St ElseWhere, Urgences est la grande série médicales des années 90’, tant par l’ampleur de son succés que par son contenu (à mon avis la seule qui ait réussi à atteindre un même niveau est Gideon’s Crossing, mais celle ci n’a pas eu le temps de s’installer et a disparu après une seule saison), c’est également un grand ensemble show. Si lors des premières saisons la distribution principale n’est composée que de 6 personnages seulement (Greene, Ross, Benton, Lewis, Hattaway, et Carter) le nombre de personnages que l’on peut croiser au cours d’un épisode est largement plus important grâce aux autres médecins, infirmières, et bien sur aux patients. Au fil des saisons cette distribution grossira à la fois pour le meileur (arrivée de nouveaux personnages qui viennnent relancer l’interet, ouvrir de nouvelle histoires, créer de nouvelles dynamiques) et pour le pire (certains personnages se noient dans la foule, les scénaristes ayant du mal à leur offrir une vrai place)

Star Trek:The Next Generation et Star Trek:Deep Space Nine
Si les épisodes de Star Trek:Classic tournaient tous autour du trio Kirk- Spok - McCoy, ses descendantes passèrent elles aussi au cast étendu. ST : TNG nous présente ainsi les aventures des seniors officers du nouvel Enterprise(Picard, Riker, Data, LaForge, Crucher, Troi, Worf), mais il faut tout de même reconnaitre qu’en dépit de ce large spectre de personnages, Picard, Data et Worf sont très souvent au centre des histoires, et leurs personnages sont mieux servis par les scénaristes que les autres. Il faut attendre DS9 pour voir l’ensemble des personnages traités sur un pied d’égalité. Chacun à une part du gateau en matière scénaristique, des duos de personnages fort (O’Brien-Bashir, Dax-Worf, Odo-Quark...) permettent également d’explorer plus avant les personnages et leurs relations au sein d’un ensemble, créant une vrai dynamique de “couple” et largement d’équipe correspondant à ce que l’on attends d’un ensemble show.

Friends
Si en matière de sitcom il est fréquent de voir des casting très large, c’est le plus souvent dans le cadre d’une unité famillialle. Friends innove en proposant de suivre un groupe d’amis (qui au fil des années ressemblera de plus en plus à une famille recomposée et dysfonctionnelle). Axé dans les premiers temps sur le trio Monice-Ross-Rachel, les personnages secondaires et plus caricaturaux que sont Chandler, Phoebe et Joey vont prendre peu à peu de l’épaisseur et une vraie place dans la séries pour en faire un vrai ensemble show. (Joey prendra a ce point de l’importance que c’est sur son personnage que repossera la série dérivée qui doit remplacer Friends à l’issue de sa dernière saison). A nouveau nous avons droit à des duos pour faire avancer la série Joey-Chandler, Ross-Rachel, puis Chandler-Monica.

Homicide
Si NYPDBlue est par son créateur la descendante de Hill Street Blues, c’est plus du côté de Homicide qu’il faut chercher une filliation. NYPDBlue tourne autour du personnage de Sipowitz et de ses coéquipiers succéssifs, alors que dans Homicide nous tournons autour de l’ensemble des hommes et des femmes de la brigade des Homicides de Baltimore. Chacun possède sa storyline, celle ci peut croiser celle des autres, mais à aucun moment l’un est privilégié par rapport à un autre, chacune d’entre elle se develloppe, s’étoffe et se clot (en toute logique c’est en arrivant au bout de l’histoire de Bayliss qui nous avait fait rentrer dans la série que cette dernière se clot). Même Penbelton qui est pourtant la figure la plus marquante, la plus charismatique de l’équipe n’a pas de traitement de faveur. Nous sommes face à l’exemple parfait de l’ensemble show ou chaque personnage trouve se place, Bayliss, Crossetti, Munch, Bollander et les autres occupent le devant de la scène succéssivement et chacun sait se mettre en retrait pour laisser la place à l’un de ses camarades. La comparaison avec La Ronde de A. Schnitzler donnée par M. Winckler (Generation Série n°30) est la meilleure que l’on puisse trouver pour parler de cet aspect de la série.

Bienvenue en Alaska (Northern Exposure)
Pour finir, et rien que pour me faire plaisir (c’est un des privilèges d’écrire ces chroniques je peux parler des séries que j’aime, même si celle ci en n’est plus diffusée depuis pratiquement un an), allons voir du côté de Cicely, Alaska. Si nous rentrons dans ce petit village par l’entremise de Joel Flieshman (c’est d’ailleurs un point commun de ces séries, nous rentrons dans le groupe par le biais d’un petit nouveau, Carter dans Urgences, Bayliss dans Homicide, ou Rachel dans Friends, dont le regard neuf nous permet de prednre petit à petit connaissance avec ce nouvel univers) médecin fraichement diplômé, juif new-yorkais pur sucre, qui ne rêve que d’une chose : ouvrir son cabinet et mener la vie dont il rêvait, clientèle huppée, golf, belles filles mais qui malheureusement pour lui, et heureusement pour nous, est rappelé par celui qui lui a généreusement payé ses études pour rembourser sa dette, et il va devoir exercer pendant cinq ans à Cicely, Pour autant se ne sont pas ses aventures exclusives que nous suivrons. Arrivant à destination il nous fait découvrir tout un groupe de personnages plus pitoresques, et attachant les uns que les autres : Chris le DJ local qui balance entre deux morceaux de rock où de musique classique ses réflexions philosophiques toujours bien inspirées ; Maggie le garçon manqué, craquante, pilote de son état, qui joue au chat et à la souris amoureux avec Joel ; Ruth-Ann épicière hors d’age ; Holling le patron tout aussi hors d’age de la taverne, époux de Shelley, à peine sortie du lycée ; Ed, jeune garçon un peu perdu, pour ne pas dire paumé, qui rêve de devenir Spielberg ; Marylin la secrétaire Amérindienne apathique de Fleischman ; Maurice, le propriétaire de Cicely, ancien astronaute de la NASA, réac, ultra libéral, grognon. Nous suivrons leurs aventures au fil des épisodes, découvrant succésivement leurs petites histoires , leurs petits malheurs, et leurs grands bonheurs. En y regardant de plus pres, il n’y a pas loin de Cicely à Stars Hollow.