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1.01 - Pilot

La plupart des femmes mènent une vie de désespoir tranquille

samedi 10 septembre 2005, par Sullivan

Etrange coup réussi par ABC l’année dernière. Le network a installé sur son antenne les deux principaux succès de la saison - les deux séries qui ont fait le plus parler d’elle depuis longtemps. Et tandis que la première narrait les aventures de naufragés extraordinaires sur une île incroyable pleine de mystères, l’autre se proposait d’évoquer avec distance et humour le désespoir tranquille de femmes au foyer quarantenaires.

Bienvenue à Wisteria Lane ! Ces prochaines semaines, je vais suivre avec vous la découverte de la vie pas si tranquille des femmes au foyer désespérées de ce quartier pavillonnaire aisé de la côte ouest des Etats-Unis. A noter : ces reviews se basent sur la version originale de la série. A noter 2 : le résumé de l’épisode pilote est un peu plus détaillé que ne le seront ceux des épisodes suivants.

« Mon nom est Mary-Alice Young. En lisant le journal de ce matin, vous tomberez peut-être sur un article à propos de la très inhabituelle journée que j’ai vécue la semaine dernière. Normalement, il n’y a rien dans ma vie qui mérite de faire les gros titres. Cela a complètement changé jeudi dernier.
Bien sûr, tout semblait normal, de prime abord. J’ai préparé le petit déjeuner pour ma famille. J’ai accompli mes tâches. J’ai achevé mes projets. J’ai fait mes commissions. En vérité, j’ai passé cette journée à faire ce que je fais tous les autres jours : polir calmement la routine de ma vie jusqu’à ce qu’elle brille de perfection.
C’est pourquoi il était si incroyable que je décide d’ouvrir le placard du couloir et d’en sortir un revolver qui n’avait jamais servi.
 »
Après un dernier regard vers une photo de famille qui montre Mary-Alice avec son mari, Paul, et leur fils adolescent, Zach, elle porte le revolver à sa tempe. Et tire.
« Mon corps a été découvert par ma voisine, Mrs Martha Huber, qui avait été surprise par un étrange bruit claquant. Sa curiosité éveillée, Mrs Hubert essaya de penser à une raison pour me rendre visite à l’improviste. »
Martha ouvre le placard de sa cuisine. Au milieu de celui-ci se trouve un mixeur portant une étiquette de papier autocollant : “propriété de Mary-Alice Young”.
« Après avoir hésité, elle décida de me rendre le mixeur qu’elle m’avait emprunté six mois plus tôt. »
Martha sonne chez Mary-Alice, mais personne ne répond. Après avoir patienté quelques secondes, elle trotte autour de la maison pour atteindre le jardin qui se trouve derrière, et jette un oeil par la grande baie vitrée du salon.
Mary-Alice est allongée sur le sol. Son visage baigne dans une mare de sang.

Martha se précipite chez elle, le mixeur toujours serré contre elle. Elle appelle la police et leur signale que sa voisine a été victime d’un coup de feu.
« Et, pendant un moment, Mrs Hubert se tint immobile dans sa cuisine, frappé du chagrin de cette tragédie insensée. Mais... seulement pendant un moment. »
Martha aperçoit soudain le mixeur de Mary-Alice qu’elle a posé sur la table de la cuisine. Elle arrache l’étiquette, et le range à nouveau dans son placard !
« S’il y a une chose pour laquelle Mrs Hubert était connue, c’était sa capacité à voir le bon coté des choses. »

Après le carton titre - le générique, c’est pour le prochain épisode - Mary-Alice continue de nous raconter en voix off la vie des habitants du quartier de Wisteria Lane. Son enterrement a eu lieu un lundi. Après la cérémonie, tous les voisins se sont rendus chez les Young pour la veillée funèbre. Et, comme c’est de coutume dans ces situations, chacun a amené de quoi manger.

Lynette Scavo apporte du poulet frit, un plat qui est une sorte de tradition familiale. Des années plus tôt, Lynette travaillait avec succès dans la publicité et franchissait une à une les marches de la hiérarchie. Une époque où elle n’avait pas vraiment le temps de faire la cuisine. Mais quand elle se découvrit enceinte, son mari Tom suggéra qu’elle quitte son travaille - les enfants réussissent mieux quand leur mère reste à la maison s’occuper d’eux et puis ce serait tellement stressant !
Aujourd’hui, trois autres enfants plus tard, Lynette a acheté son poulet frit au fast-food. Cuisiner ? Avec quatre enfants de moins de six ans ? Vous n’y pensez pas : elle n’a pas le temps !
Lynette fait le chemin qui sépare sa maison de celle des Young en poussant le landau de son bébé et en traînant ses trois autres garçons, dont deux jumeaux, qui se chamaillent. Peu avant de mettre le pied chez les Young, elle se retourne avec eux et se montre claire : pas question qu’ils l’humilient devant tous les voisins. Ils ont donc intérêt à être sage. Et, sortant de sa poche un petit morceau de papier, elle les menace : elle vient d’obtenir le numéro de téléphone du Père Noël : à la moindre bêtise, elle n’hésitera pas à l’appeler pour lui dire qu’ils veulent des chaussettes pour Noël !...

Gabrielle Solis apporte un plat élaboré, elle a gardé de son passé de mannequin à New York le goût des mets - et des hommes - riches. « Carlos, qui travaillait dans les fusions et acquisitions, la demanda en mariage au troisième rendez-vous. Gabrielle fut touchée quand elle vit des larmes rouler sur ses joues. Mais elle allait bientôt découvrir que cela se produisait chaque fois qu’il signait un gros contrat. »
Depuis, leurs rapports se sont considérablement refroidis. Sur le chemin, Carlos évoque un de leurs voisins qui, selon lui, a mis un point d’honneur à mentionner la décapotable offerte à sa femme. Il suggère donc à Gabrielle, si jamais elle venait à discuter avec lui, de mentionner le prix de son collier l’air de rien dans la conversation. Gabrielle n’est pas certaine que cela soit réalisable, mais Carlos coupe court a la conversation : elle a bien réussi récemment à mentionner une de ses anciennes relations. Il lui ordonne de baisser le ton : le voisins commencent à les regarder. Gabrielle acquiesce : ‘‘Il ne faudrait pas qu’on croit que nous ne sommes pas heureux,’’ dit-elle en adressant un large sourire au voisinage...

« Bree Van de Kamp qui habite la maison d’à coté apporta des paniers de Muffin qu’elle avait entièrement faits elle-même. Bree était connue pour sa cuisine. Et pour coudre elle-même ses vêtements. Et pour faire son propre jardinage. Et pour sa restaurer elle-même ses meubles... Oui, les multiples talents de Bree étaient connus à travers tout le voisinage et chacun à Wisteria Lane la voyait comme la femme et la mère parfaite. Chacun, de fait, à part sa propre famille. »
Bree est suivie par son époux Rex et leurs deux enfants : Andrew, 16 ans et Danielle, 15 ans, qui affichent tous des mines résignées. Elle présente ses condoléances aux Young - et leur explique au passage que le panier avec le tissu rouge contient des desserts pour leurs invités, alors que celui avec le tissu bleu leur est réservé et contient de quoi prendre leur petit-déjeuner.
Bien sûr, elle récupérera les paniers une fois qu’ils en auront terminé.
Bien sûr...

Susan Mayer, qui élève seule sa fille de 16 ans Julie, apporte des macaronis au fromage. « Son mari Karl la titillait toujours sur ses macaronis, disant que c’était la seule chose qu’elle savait cuisiner, et qu’elle les réussissait rarement. Ils étaient trop salés le soir où elle et Karl avaient emménagés dans la maison. Ils étaient trop liquides le soir où elle avait trouvé du rouge à lèvre sur la chemise de Karl. Ils étaient brûlés le soir où Karl lui avait dit qu’il la quittait pour sa secrétaire.
Une année avait passé depuis le divorce. Susan avait commencé à penser à quel point ce serait bien d’avoir un homme dans sa vie. Même un qui se moquerait de sa cuisine.
 »
Sur le chemin, Julie interroge sa mère sur les raisons qui peuvent pousser quelqu’un à cacher son malheur et à se suicider.

Arrivée chez les Young, Susan retrouve ses trois amies assises à une table. Elle regarde la pièce un instant et s’arrête sur les deux places vides. La sienne, et celle de Mary-Alice. Elle se rappelle du jour où elles s’étaient retrouvées ici toutes les cinq lorsqu’elle avait découvert que Karl avait une relation avec sa secrétaire. C’était Mary-Alice qui lui avait remonté le moral. “Ecoute-moi,” lui avait-elle dit. “Nous avons toutes nos moments de désespoir. Mais si on peut les affronter de face, c’est alors qu’on découvre à quel point on est réellement forte.”
Aujourd’hui, Susan, Bree, Lynette et Gabrielle se demandent la raison qui a bien pu pousser Mary-Alice à mettre fin à ses jours, quand elle avait toutes les apparences de la femme heureuse. Susan est fâchée, presque déçue : Mary-Alice aurait du leur parler, leur dire ce qui n’allait pas.

Dans la cuisine, Susan rencontre Mike Delfino, un nouveau voisin qui apprendra très vite à la croire quand elle le prévient que sa cuisine est généralement immangeable.
Martha vient trouver Lynette pour la prévenir que ses garçons ont encore attiré l’attention sur eux : ils sont en train de se baigner dans la piscine. Lynette est furieuse de découvrir que les garçons avaient prévu leur coup : ils ont leur maillot de bain sur eux. Surtout, alors qu’elle leur ordonne d’en sortir immédiatement, ils refusent de l’écouter. Lynette sent les regards des voisins posés sur elle, incapable de se faire entendre de ses propres enfants de 6 ans. Elle... se jette alors dans la piscine habillée et en fait sortir les trois monstres manu militari ! Dans sa robe trempée, elle présente une nouvelle fois ses condoléances à Paul Young et prend congé...
« Lynette n’avait pas à être si inquiète pour mon mari, » dit Mary-Alice tandis que le regard de Paul est perdu dans les eaux de la piscine. « Il avait d’autres choses à l’esprit. Des choses sous la surface. »

« Au lendemain de mes funérailles, mes amis et voisins s’en sont tranquillement retournés à leurs vies très occupée. Certain ont fait la cuisine, d’autres leur ménage, et d’autres leur yoga. D’autres encore, on fait leurs devoirs... »

Susan

Julie sonne chez Mike : elle a envoyé son ballon dans son jardin. En revenant chez sa mère, elle est en mesure de lui faire un rapport complet sur la vie de Mike et, surtout, de lui livrer cette information cruciale : il est célibataire et la voie est libre. Susan a du mal à croire que Julie ait fait ça. Mais elle l’a fait pour son bien : depuis quand Susan n’a pas fait l’amour ? Susan reste figée un instant.
‘‘Tu es fâchée que je t’ai demandé ça ?’’ demande Julie, inquiète.
‘‘Non, j’essaye juste de me souvenir,’’ répond sa mère.
Susan semble réticente à prendre les devants avec Mike. Mais Julie la convainc en lui expliquant qu’elle a vu Karl dire à sa nouvelle compagne qu’il doutait qu’elle ait eu le moindre rendez-vous depuis leur divorce !

Susan va donc sonner chez Mike pour lui remettre un présent de bienvenue dans le quartier. Mike lui apprend qu’elle est la première voisine à passer chez lui. Susan est secrètement surprise d’être la première à avoir jeté son dévolu sur ce beau célibataire. Mais les nouvelles vont vite... Un plat à la main, arrive sur les lieux la très blonde, très sexy, très liftée (mais non Nicolette, ça ne se voit presque pas) : Edie Britt.
« Edie Britt était la divorcée la plus prédatrice dans un rayon de cinq pâtés de maisons. Ses conquêtes étaient multiples, variées, et légendaires. Susan avait rencontré l’ennemi. Et c’était une salope. »
Edie remet son plat à Mike, qui s’excuse de na pas pouvoir les inviter à rentrer toutes les deux, mais il est occupé. « Et, comme ça, la course pour Mike Delfino avait commencé. Un instant, Susan se demanda si sa rivalité avec Edie pourrait rester amicale. Mais il lui fut rappelé que lorsqu’il est question d’hommes... »
‘‘Oh, Mike !’’ interpelle soudain Edie alors qu’elle et Susan s’éloignaient. ‘‘J’ai entendu que vous étiez plombier ?... Vous croyez que vous pourriez passer, plus tard ce soir, et jeter un œil à mes tuyaux ? ’’
« ...les femmes n’ont pas de merci. »
Susan rassemble ses forces avant d’aller sonner chez Mike et l’inviter à dîner. Mais elle a la surprise d’y trouver Eddie... Elle s’invente alors un évier bouché dont Mike propose de venir s’occuper immédiatement. Susan se précipite donc chez elle et s’affaire avec Julie à boucher l’évier de la cuisine par tous les moyens !...
Susan croise Mrs Hubert au supermarché. Elle apprend que le fils d’Eddie va passer la nuit chez elle, car celle-ci sera occuper avec un homme qu’elle a invité. Susan laisse ses courses en plan et se précipite à la maison pour déballer son sac à sa fille. Comment Mike peut-il lui préférer Eddie ?
Elle décide finalement de se rendre chez Eddie pour « emprunter du sucre ». Le rez-de-chaussée de la maison ne contient plus que des dizaines de bougies. Elle ramasse des vêtements éparts dans la pièce, des râles se font entendre depuis le premier étage. Susan laisse tomber sur le sol le doseur en verre dans lequel elle aurait mis le sucre et jette derrière elle le soutient-gorge rose d’Eddie, en dégustant un chocolat posé sur la table du salon... sans se rendre compte que le vêtement a fait basculer une bougie et que les rideaux d’Eddie ont pris feu ! Quand elle s’aperçoit de ce qui se passe, il est déjà trop tard. Elle quitte les lieux et c’est bientôt en compagnie de tout le voisinage qu’elle assistera à la réduction à l’état de cendres de toute la maison d’Eddie. Elle apprend que le partenaire d’Eddie a été conduit à l’hôpital suite à l’inhalation de fumée. C’est alors que surgit Mike, qui vient de rentrer du cinéma !...
Quand Mike rentre chez lui, il appelle quelqu’un et fait un rapport : il est très certainement ‘‘en train de se rapprocher du but,’’ dit-il en posant un revolver sur la table.

Gabrielle

Carlos Solis veut que Gabrielle l’accompagne à une soirée avec un de ses clients. Un client qui pince les fesses de Gabrielle dès qu’elle est dans les parages... Carlos considère que, puisqu’il a gagné 200.000 dollars grâce à lui l’année passé, il peut bien se le permettre.
La dispute se poursuit dans le jardin devant John, le jeune, grand, beau, fort, musclé, charmant et sublime jardinier à qui Carlos reproche de mal faire son boulot (son boulot c’est de bomber le torse et de sourire à la caméra, et il le fait très bien, crétin !). Gabrielle accepte finalement de venir, mais elle prévient Carlos : elle gardera le dos contre le mur toute la soirée. Carlos lui offre un grand sourire. “Voilà ce qu’est un mariage,” dit-il, “des compromis”.
Gabrielle va retrouver John dans la cuisine, ou il met un pansement sur son doigt. Et elle lui propose de faire l’amour sur la table en marbre qui a coûté une fortune à Carlos...
Plus tard, répondant à John, Gabrielle lui explique qu’elle a épousé Carlos parce qu’il pouvait lui offrir tout ce qu’elle voulait. Mais alors pourquoi n’est-elle pas heureuse ? Il se trouve qu’elle désirait toutes les mauvaises choses...
Avant de se rendre à la soirée, Carlos inspecte le gazon devant leur villa : il n’a pas été tondu. Gabrielle lui répond qu’il fait nuit et qu’il ne voit pas bien, mais Carlos est décidé : il va renvoyer John et le remplacer par un vrai jardinier. A peine arrivée à la soirée, Gabi demande à l’un des serveurs de s’assurer que le verre de son mari reste plein... et se précipite à la maison pour passer la tondeuse avec ses talons haut et sa robe de luxe !
Le lendemain matin, Carlos quitte la maison pour se rendre au travail et s’arrête, interdit, constatant que la pelouse est parfaite.

Bree

Chez les Van de Kamp, la famille est réunie autour du grand dîner concocté par Bree. Mais non seulement les mets de Bree n’impressionnent plus la famille, en fait ils prient pour avoir une fois, un jour, un repas simple...
Le lendemain, c’est au restaurant bon marché que la famille va manger. Pendant que les deux enfants attendent le repas en s’occupant avec les jeux vidéos du restaurant, Rex annonce à Bree qu’il veut divorcer. “Je ne peux plus continuer de vivre dans cette publicité pour détergeant,” explique-t-il. Bree se lève immédiatement pour aller lui préparer sa salade. Quand elle revient, Rex lui demande si elle a l’intention de répondre à ce qu’il lui a dit. Mais, en l’occurrence, elle n’a pas l’intention de le faire ici. Et n’en aurait pas eu le temps : Rex s’écroule sur le sol. Bree a mis des oignons dans sa salade et il y est très allergique.
Bree rend visite à Rex à l’hôpital. Il lui envoie soudain à la figure ses quatre vérités, il se demande où est passée la femme qu’il a épousée et qui a été remplacée par la chose froide et parfaite qu’elle est devenue. Bree se lève et va à la salle de bain remplir d’eau le vase des fleurs. « Bree pleura là en silence pendant cinq minutes. Mais son mari n’en su jamais rien. Car, quand elle en ressorti finalement, elle était parfaite. »

Lynette

Au supermarché, Lynette fait ses courses, tout en laissant un cinquième message à Tom, son mari en voyage d’affaires qui ne l’a toujours pas rappelé, tout en essayant de contrôler ses quatre monstres. Elle rencontre soudain une ancienne collègue de travail au détour d’une allée. Celle-ci prend des nouvelles : élever ses enfants n’est-il pas le plus merveilleux travail au monde ? Lynette répond de la seule manière qui soit politiquement correcte. Elle ment.
Une semaine après les funérailles de Mary-Alice, Tom Scavo rentre à la maison pour y passer une nuit... qu’il compte mettre à profit pour passer du ‘‘quality time’’ avec sa femme. Lynette le prévient toutefois que son médecin a du interrompre temporairement son traitement contraceptif : il va devoir mettre un préservatif. Tom n’est pas emballé : ‘‘prenons le risque,’’ dit-il... avant de se prendre une droite de la part de Lynette !

Les Young, quatre femmes, et un mystère...

En pleine nuit, Zach est réveillé par des coups de pioche dans le béton de la piscine vidée de son eau. C’est son père qui creuse. Le père et le fils s’échangent un regard, et Paul recommence à creuser.
A la demande de Paul Young, Bree, Lynette, Gabrielle et Susan se sont rassemblées pour l’aider à trier les affaires de Mary-Alice. Elles font un toast à la mémoire de leur amie disparue. Mais les quatre amies retrouvent soudain une lettre dans les affaires, adressée à Mary-Alice. Gabrielle en sort le contenu.
« Comme c’est ironique de voir quelque chose que j’ai tenté si désespérément de garder secret, traité de manière aussi commune. »
A l’intérieur de l’enveloppe, une simple note : « JE SAIS CE QUE TU AS FAIS. CA ME REND MALADE. JE VAIS LE DIRE. » Les amies constatent que Mary-Alice l’a reçue le jour où elle s’est donnée la mort.
« Je suis désolé, les filles. Je n’ai jamais voulu que vous soyez accablées par toute cela. »
‘‘Oh, Mary-Alice... Qu’est-ce que tu as fait ?’’ demande Susan. Et sa question reste sans réponse...

_________

Quand il s’attelle au scénario du Pilote de Desperate Housewives, Marc Cherry n’a pas rencontré de véritable succès depuis la fin de Golden Girls / Les Craquantes, une sitcom réjouissante sur un groupe de mamies qui s’est arrêtée au début des années 90. Il est déterminé à écrire le meilleur pilote possible, à ce que ce soit un succès.
Si tout semble séparer Lost de DH, il y a là à mon sens, au-delà de l’anecdote, une caractéristique qui les rapproche. Il s’agit de deux créations « commerciales », de deux séries qu’on a voulu programmer pour le succès en injectant un à un dans la recette, les ingrédients supposés. Et, dans les deux cas, cela a marché ! Pourtant, d’habitude, ce type d’approche tend à conduire inéluctablement à des bides. D’ailleurs, c’est probablement là le destin qui attend les clones de ces deux succès, reprenant les mêmes recettes supposées, et qui débarquent en cette rentrée à la télévision Américaine. Ils découvriront alors qu’en vérité, ce sont des concepts originaux et pionniers à l’époque de leur diffusion qui ont attiré le public, et qu’ensuite l’écriture diaboliquement réussie les aura retenus. Les ingrédients marketing, les ‘‘recettes’’, ne viennent qu’en dernier, et cimentent le tout.

Retour gagnant...

Mac Cherry n’est pas le seul revenant à peupler DH. De fait, la distribution de quarantenaires est un concentré d’anciennes gloires de la télé tombées dans un oubli plus ou moins profond. En cela, le centrage sur cette tranche d’âge est peut-être le coup marketing le plus brillant de la série. D’abord, après quinze ans passés à rajeunir les distributions, quinze années de domination des teens dans les soap-operas de prime-time, cela permet à la série d’être différente du reste de ce qui passe à la télé U.S. Ensuite, la notoriété, même fanée, des actrices a offert la possibilité d’une couverture presse hallucinante dont n’aurait jamais bénéficiée de jeunes inconnues au lancement de la série.
Cherry prend soin, toutefois, d’intégrer un personnage plus jeune au quinté (Gabrielle) et d’ajouter, pour les plaisirs de ces dames et de certains de ces messieurs, deux mâles férocement beau, l’un jeune, l’autre d’âge mûr. Deux ados ajoutés pour la mesure, un voisin sombre et mystérieux, deux maris au caractère bien trempés, et on obtient un casting de rêve qui cherche, avec succès, à plaire à tout le monde, à ce que chacun puisse sélectionner son personnage fétiche.
Au bout du compte, cette distribution d’acteurs dont beaucoup cherchaient depuis quelque temps un second souffle pour leur carrière place l’ensemble de l’équipe dans le même état d’esprit qui prévaut chez Cherry. Une certaine forme de détermination, d’implication dans la production. Les actrices ont beaucoup donné pour la promotion de la série cette année, en plus des longues heures déjà passées sur les plateaux.

On l’a dit : si le marketing a fonctionné dans le cas de DH, ce n’est que parce qu’il soutenait une production excellente, sur tout les plans. En 42 minutes, cet épisode pilote fait les présentations avec un Univers à la fois tangible et délicieusement parodique, magnifié par le style visuel du quartier dans lequel est tourné la série ainsi que par la partition de Danny Elfman qui ancre la série dans une ambiance Burtonienne toute droit sortie de Edward aux mains d’argent.
Si la partie sérieuse de l’épisode est principalement portée par le suicide Mary-Alice et ses mystères, l’introduction des personnages se fait sur un ton décalé, illustré par la séquence de l’arrivée à l’enterrement où la voix-off légère mais relevée de Mary-Alice résume en quelques phrases cinglantes la vie de nos nouvelles femmes au foyer préférées. Les personnages sont d’habiles caricatures, plus riches qu’il n’y paraît, et portées par un quatuor d’actrices formidables où l’on distinguera peut-être, malgré tout, les prestations de Marcia Cross dans le rôle de Bree et de Felicity Huffman dans celui de Lynette.

Le suicide de Mary-Alice : une « mythologie » ?

Si vous le permettez, réglons ce malentendu dès maintenant, chacun pourra ainsi d’autant mieux apprécier le reste des épisodes de la série. Car la réponse est parfaitement claire : cette affaire n’est PAS une mythologie, même pas dans la définition laxiste du terme qui prévaut depuis quelques années qui désigne ainsi tout story-arc central pendant une saison.
Ainsi, les nombreuses comparaisons qui ont émaillées la diffusion de la saison En Direct des USA, notamment avec la formidable série Veronica Mars sont simplement nulles et non avenues.
Revenons au départ : qu’est-ce donc, alors, qu’une mythologie ? Le terme a été introduit pour la première fois par Chris Carter pour désigner l’épine dorsale de The X-Files, qui empruntait beaucoup du sens épique et métaphorique des mythologies antiques. C’est ce qui poussa Carter a reprendre ce mot, ensuite réutilisé de manière de plus en plus fréquente, jusqu’à se vider d’une grosse partie de son sens. Il est désormais appliqué à toute épine dorsale de toute série. Alors, donc, le mystère du suicide de Mary-Alice est-il pour Desperate Housewives une colonne vertébrale, un axe autour duquel la série serait structuré ? C’est d’autant moins le cas que les personnages principaux ne sont pas véritablement concernés par ce mystère. La comparaison avec Veronica Mars est éloquente : dans cette série, l’intégralité de la distribution au générique est impliqué au premier plan dans le mystère. Leur vie a tous a réellement été bouleversée par l’événement, il leur a coûté, ils en sont les suspects.
Le Pilote de DH expose clairement une vérité opposée : une semaine après l’enterrement, les quatre femmes ont repris leur vie normalement. Ce suicide, ce mystère n’est pas un axe moteur mais un événement révélateur, une métaphore de la série tout entière. Il sert à introduire par un acte fort et impressionnant le fait que derrière le verni poli de vies qui semblent dénuées de relief, les femmes au foyer de la middle class cachent toutes des drames et des secrets qui peuvent aller jusqu’à les pousser à commettre un acte aussi extrême. Il nous pousse à nous intéresser plus loin à la vie des voisines et amies de la victime, et à découvrir qu’elles aussi cachent derrières leurs sourires et leurs jolies maisons et leurs gazon bien tondu un désespoir silencieux.
Certains s’interrogeront alors : pourquoi laisser le mystère ouvert à la fin de l’épisode et continuer à jouer avec ? Mais parce que le mystère, de toute ordre, est l’un des fondamentaux du genre dans lequel s’inscrit la série : celui du soap opera. Qui a tiré sur JR ? Qui a enlevé les bébés de Valene ? Voilà quelques unes des questions qui auront marqué les années 80. Sans, pour autant, que ces deux grand soaps, Dallas et Côte Ouest, ne soient entièrement structurés autour de ces mystères. La première saison de Desperate Housewives a sans aucun doute introduit une nouvelle question dont on se souviendra longtemps : pourquoi Mary-Alice s’est-elle suicidée ?

Wisteria Lane’s gossip

> Susan est la seule des quatre personnages principaux à encore travailler : elle est illustratrice de livres pour enfant et travaille à domicile. Lynette était dans la pub avant d’abandonner sa carrière pour élever ses enfants, et Gabrielle a un passé de mannequin. Bree n’a probablement jamais travaillé.
> Edie a un enfant issu d’un précédent mariage.
> Rex est allergique aux oignons. Bree le sait mais dément en avoir intentionnellement mis dans sa salade. Et la question est volontairement laissée ambiguë. C’est dans ce genre de mises en scène subtiles que la série va parfois assez loin dans la subversion, surtout pour un Network.
> Susan a divorcé un an plus tôt quand son mari l’a quitté pour sa secrétaire
> La distribution de la série a connu des ajustements après le tournage du Pilote. Les rôles de John et Rex ont été recastés pour obtenir un meilleur ensemble. On peut apercevoir les deux interprêtes originaux brièvement dans les séquences de la veillée funèbre et de l’incendie de la maison d’Eddie. Julie, après être entrée, va parler au premier John (un blond) et Bree rejoint le Rex original après avoir regarder les flammes détruire la maison.
Autre changement dans la distribution : pour obtenir une meilleure voix off, Brenda Strong fut choisie pour le rôle de Mary-Alice.


Peu de scénaristes auraient réussi à rendre intéressant un épisode pilote contenant autant de kilomètres d’exposition. Voilà qui en dit long sur les capacités de Marc Cherry à nous divertir avec intelligence. On attend avec impatience des épisodes plus souples dans leur narration.
Si j’avais mis une note, j’aurais mis un bon 8/10...