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1.02 - Ah, but underneath
La perfection des roses
lundi 12 septembre 2005, par
Devant nous qui ne voulons pas voir, une multitudes d’événements se passent dont le sens nous reste caché du fait de notre aveuglement. Faut-il être mort pour s’ouvrir au monde ?
« Quelque chose d’étrange se passe quand on meurt : nos sens s’évanouissent. Le goût, le toucher, l’odeur et le son deviennent un souvenir distant. Mais la vision... Ah ! la vision s’étend, et on peut soudainement voir le monde qu’on a laissé derrière soit si clairement. Bien sûr, la plupart de ce qui est visible pour les morts pourrait aussi être vu des vivants, simplement s’ils prenaient le temps de regarder.
« Comme dans le cas de mon amie Gabrielle. J’aurais pu voir à quel point elle était malheureuse. Mais je ne voyais que ces vêtements de Paris, ses bijoux, et sa nouvelle montre de diamant. Si j’avais regardé de plus près, j’aurais vu que Gabrielle était une femme qui sombrait, en quête désespérée d’une chose à laquelle se raccrocher.
« Par chance pour elle, elle avait trouvé.
« Bien sûr, Gabrielle ne voyait son jeune jardinier que comme un moyen de réinjecter de l’excitation dans sa via. Mais maintenant, elle se trouvait sur le point de découvrir à quel point sa vie allait pouvoir devenir excitante ! »
Alors que Gabi et John sortent tout juste d’un bain, Carlos gare sa voiture devant la maison, rentrant en avance par la faute d’un rendez-vous annulé. John ramasse ses vêtement un par un, et Gabrielle l’éjecte par la fenêtre juste au moment où Carlos arrive. Il demande où est John. Celui-ci passe la tête par la fenêtre, un sécateur à la main, et salue Carlos.
« Il fut rapidement rappelé à Gabrielle que ce que Carlos ne pouvait pas voir, ne pouvait pas lui faire de mal. »
Derrière la fenêtre, John taille le buisson les fesses à l’air : il n’a pas eu le temps de passer son pantalon...
Une lettre, un coffre, et des secrets
Susan, Gabrielle, Bree et Lynette sont réunies pour parler de la lettre de menace reçue par Mary-Alice le jour de sa mort. Elle se demandent si elles doivent en parler à Paul, mais ne parviennent pas à prendre de décision.
La nuit, Zach se rend auprès de la piscine au fond de laquelle le béton est percé d’un trou béant. Son père en a extrait un coffre à jouets qu’il entreprend d’emballer de plastique. Il est en train de terminer lorsque Susan lui rend visite, se demandant à nouveau si elle doit tout lui révéler. Mais devant Paul, visiblement furieux que sa femme se soit donnée la mort et les ait abandonné, elle renonce et observe Paul démarrer sa voiture dans le coffre de laquelle il a mis le coffre.
Il se rend à une rivière et y jette le coffre.
Gabrielle
Carlos rentre à la maison alors que Gabrielle est déjà au lit. Elle ne lui fait pas vraiment le meilleur accueil, lui hurlant qu’elle ne l’a pas épousé pour dîner seule 6 soirs par semaine. ‘‘Tu sais à quel point je me suis ennuyé aujourd’hui ?’’ demande-t-elle. ‘‘J’étais à un cheveu de carrément faire le ménage !’’
Gabi rend visite à John chez lui pendant que sa mère est absente. Elle lui explique que compte-tenu des circonstances, John devra probablement faire réellement du jardinage quand il viendra s’occuper du jardin des Solis. Il pense qu’elle est venue rompre avec lui. Mais ce n’est pas vraiment ça, il s’agirait plutôt de convenir de nouveaux moments pour leurs rendez-vous... Ici et maintenant par exemple.
Avant que Gabi ne reparte, John lui offre une rose qu’il comptait lui amener la prochaine fois. Elle réalise soudain avec un choc que pour John, tout ceci n’est plus un amusement. Il est en train de tomber amoureux. Elle s’en va rapidement.
Carlos a acheté une nouvelle décapotable à Gabrielle. ‘‘Est-ce que ce n’est pas le plus beau cadeau que tu as jamais reçu ?’’ demande Carlos. Pour réponse, Gabrielle saute dans ses bras et l’embrasse. La vérité, pense-t-elle, n’aurait jamais pu être comprise par Carlos, de toute façon. Tous les hommes ne peuvent pas comprendre la perfection et la beauté d’une simple rose.
Susan
Après plusieurs jours passés à le regarder par le fenêtre, et suite à l’insistance de Julie, Susan prend sur elle d’inviter Mike à dîner. Mais quand elle parvient enfin à le faire, bravant le chien de Mike, le rendez-vous se transforme en repas de bienvenue avec sa fille - mais ce n’est pas un problème, elles se mettent d’accord pour que Julie tombe très malade ce vendredi soir.
Julie recherche leur doseur en verre. Sa mère ne lui dit pas qu’elle l’a laissé dans les flammes du salon d’Eddie. Pendant ce temps, dans les ruines de cette maison, Eddie recherche en compagnie de Mrs Hubert, qui l’héberge, si elle peut retrouver quelque chose de valeur. Martha Hubert découvre le doseur et Eddie lui apprend, sans s’en soucier, que ce n’est pas le sien...
La veille du dîner, alors que Mike et Susan reviennent de faire les courses, ils tombent sur Eddie. Celle-ci leur parle de sa maison détruite et s’étonne de ce que Susan ne lui ait jamais fait profiter de la ‘‘tradition’’ du dîner de bienvenue. Devant la pitié qu’Eddie éveille chez Mike, Susan l’invite au repas.
Martha fait le tour du quartier pour récupérer des vêtements pour Eddie. Julie est seule à la maison quand elle passe chez les Mayer. L’adolescente monte à l’étage vérifier s’il y a quelque chose. Pendant ce temps, Martha inspecte les courses laissées sur la table, se met un peu de parfum... et découvre un nouveau doseur en verre que Susan vient d’acheter.
Susan arrive avec une heure d’avance au repas chez Mike... et Eddie est déjà là. Le dîner se transforme en combat sans merci entre Eddie et Susan aidée de Julie, qui s’échangent les pires vacheries avec le sourire. Le combat se déplace sur l’affection du chien de Mike, qui continue d’aboyer à chaque mouvement e Susan tandis qu’il léchouille Eddie à profusion. Susan profite donc d’un passage à la cuisine pour se mettre un peu de sauce à viande sur l’oreille et s’attirer les faveurs de Bango. Mais le chien avale sa boucle d’oreille et doit être d’urgence amené chez un vétérinaire !...
Susan rejoint Mike là-bas, et apprend que ce chien était celui de la femme décédée de Mike. Elle réalise qu’il est encore amoureux et qu’il est probable que ni elle, ni Eddie ne gagneront les faveurs du plombier pour le moment...
Lynette
Lynette est arrêtée en voiture par un policier à moto qui lui reproche le comportement de ses enfants qui sautent dans tous les sens sur la banquette arrière sans ceinture. Lynette tente de lui expliquer qu’elle leur crie dessus sans effets. ‘‘Il va falloir trouver un moyen de les contrôler,’’ répond le policier, ‘‘c’est votre travail après tout’’.
« Bien qu’il ait été policier depuis 6 ans, l’officier Hayes ne s’était jamais retrouvé dans une situation réellement dangereuse auparavant. Bien sûr, il n’avait jamais avant dit à une mère comment élever ses enfants... »
Face à Lynette sortie de la voiture comme une furie, il la laisse finalement repartir sans contravention.
Pendant son tour du quartier, Mrs Hubert récupère des vêtements chez Lynette. Celle-ci la prévient que la plupart des vêtements sont démodés. ‘‘Eddie est demandeuse en ce moment,’’ répond Martha, ‘‘ce qui signifie qu’elle ne peut pas choisir. Bien sûr,’’ dit-elle en retirant un des vêtements du carton et en le rendant à Lynette, ‘‘on n’a pas pour autant à verser du sel sur la plaie...’’
Lynette lui raconte l’incident avec le policier. Martha lui raconte qu’enfant, sa mère l’avait abandonnée sur le bas-coté le temps de faire un tour du pâté de maison, et qu’elle ne s’était plus jamais mal comporté en voiture après ça. Lynette est assez choquée par cette mesure qu’elle trouve extrême.
Mais, finalement, devant le comportement de plus en plus incontrôlable de ses trois garçons, Lynette met le plan en application. Simplement, quand elle revient de son tour du pâté de maison, ils ont disparu ! Quelqu’un sort d’une maison voisine et explique qu’elle s’inquiète d’avoir vu Lynette abandonner ses enfants ici. Quand les deux femmes se disputent, les trois garçons se rallient immédiatement à leur mère et sautent comme un seul homme dans la voiture que Lynette démarre en trombe.
Bree
Rex dort dans le canapé du salon, au grand désespoir de Bree pour laquelle la solitude est cruelle. Ils se rendent ensemble chez le Dr. Goldfine, conseiller matrimonial. Bree lui apporte un cadeau à leur première visite. Rex, désabusé, explique au médecin : ‘‘vous allez vous faire une fortune avec nous’’.
Pendant les rendez-vous, Bree ne fait que parler superficiellement leur vie de famille, tandis que Rex pose clairement ses reproches : il a l’impression que Bree ne ressent plus rien, tant ses émotions sont enfouies loin derrière sa surface parfaite. Tant elle se sert de ses responsabilités à la maison pour se détourner de ses émotions... Pendant ce temps, Bree voit son attention complètement absorbée par un bouton de la veste de Goldfine en train de se découdre.
Rex est obligé d’annuler un rendez-vous au dernier moment à cause d’une urgence à l’hôpital. Bree se retrouve seule avec Goldfine et... lui recoud son bouton, tout en lui expliquant à quel point Freud était un type horrible pour oser accabler sa mère et l’accuser d’être la cause de tous les problèmes !
Rex refuse d’envisager que les torts soient partagés dans l’échec de son mariage. Mais Goldfine intervient. De son propre aveu, sa maison est toujours parfaite... Remercie-t-il jamais Bree pour tout ce qu’elle fait ?
« Oui, alors que je regarde en arrière vers le monde que j’ai laissé derrière moi c’est si clair : les beautés qui attendent d’être révélées, les mystères qui attendent d’être découverts... Mais les gens s’arrêtent si rarement pour regarder. Ils se contentent de continuer à bouger.
« Pourtant, il y a tant de choses à voir... »
Comme ce tableau caché chez Mike où tous les habitants de Wisteria Lane sont répertoriés. Comme ce coffre d’enfant qui, dans une rivière, refait soudainement surface...
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Après le pilote qui aura accompli la tâche difficile de compacter en 42 minutes les présentations avec le quartier, cet épisode nous fait entrer un peu plus nettement dans le vif du sujet. Si un doute subsistait encore, il devient parfaitement clair que ce sujet n’est pas « pourquoi Mary-Alice s’est suicidée ? », ni « qu’est venu chercher Mike Delfino à Wisteria Lane ? » mais que ces deux mystères sont des simples composantes d’une série dont l’objectif est de nous montrer ce qui se cache sous la surface.
L’affaire Mary-Alice, a été conçue aussi comme un moyen d’assurer des interactions entre les quatre héroïnes de la série. Mais, dès cet épisode, on se rend compte qu’un travers de la série sera de souvent limiter cette interaction à une scène d’ouverture d’épisode qui sert à récapituler ce qui s’est passé précédemment...
Le vif du sujet
Le « vif du sujet », donc, c’est la vie quotidienne de ces femmes. C’est la dissonance qui existe entre les barrières blanches et les gazons tondus des pavillons de la classe moyenne Américaine et le désespoir tranquille de leurs habitantes. La routine déprimante de vies mises en avant dans les publicités de produits ménagers et qui, à les croire, devraient pourtant rendre heureux. Le vif du sujet, c’est la difficulté d’élever des enfants, le défi de redevenir célibataire à la quarantaine, ce sont les raisons qui poussent une femme à avoir un amant... De telles choses simples ne vous intéressent pas ? Vous vous êtes laissé convaincre cet été qu’un personnage n’était intéressant que s’il cachait un passé de tueuse au grand cœur, de rock star déchue ou de tueur à gage au service d’un parrain asiatique ? Vous pensez qu’un enfant n’est utile que s’il a des pouvoirs paranormaux ou le sort du monde entre ses mains ? Alors, entre Desperate Housewives et Lost, vous avez déjà choisi votre camp !
J’ai aussi choisi le mien ! ;)
‘Ah, but underneath’ - je vais faire preuve de mansuétude et ne pas mentionner le titre VF. A en juger par ceux des trois premiers épisodes, on devrait descendre assez bas à ce niveau là - installe définitivement la mécanique de la série, entre moments de drôlerie précieux et instants plus grave où on approfondit les personnages. Le ton de la série se créé ainsi, une forme de mélancolie sombre mais déjantée injectée de références tous azimuts.
Le centre névralgique de la série est sans aucun doute ses personnages, et le script de Marc Cherry montre de l’appétit à dévoiler l’envers des caricatures. La série utilise les clichés inhérents aux soap operas (la relation adultère, le couple en crise chez le conseiller matrimonial) pour les détourner et révéler les caractères. Ainsi de la relation entre Gabrielle, la friquée superficielle, et de John, le post-ado fantasmatique. Si c’est un cliché de montrer Gabrielle réaliser à son tour qu’elle est touchée par le jeune homme et qu’elle pourrait avoir des sentiments pour lui, il sert à mettre en lumière le gouffre qui sépare son supposé bonheur matériel de ce qu’elle ressent réellement.
On retiendra aussi la scène délicieuse où Bree déboule Freud en quelques répliques. Elle qui a tout sacrifié, et surtout son bonheur personnel, pour offrir une vie parfaite à sa famille est choquée qu’on laisse ainsi entendre que tout cela n’est peut-être pas pour le mieux des enfants. Tout le personnage de Bree est ainsi résumé et l’épisode nous laisse nous interroger : saura-t-elle entendre ce message que sa famille essaie de lui faire passer ?
Voix d’outre-tombe
Après un premier épisode où elle permettait de faire passer la quantité énorme d’exposition nécessaire, la voix-off de Mary-Alice trouve ici son rythme de croisière : une scène amusante racontée en pré-générique, une narration d’ouverture qui situe les enjeux et/ou le thème de l’épisode, et enfin la narration finale, plus courte, qui boucle la boucle. Entre les deux, quelques interventions généralement humoristiques viennent ponctuer l’action ou donner des précisions sur ce que pensent vraiment les personnages derrière leur façade mensongère.
C’est cette fonction qu’elle remplit ici dans le cas du ressenti de Gabrielle face au cadeau grandiose de Carlos, et c’est dans ces instants qu’elle montre un intérêt. Sans voix-off, le seul moyen de montrer la différence entre ce que Gabrielle exprime (la décapotable est le plus beau cadeau de sa vie) et ce qu’elle ressent (cette simple rose était tellement mieux) aurait été un plan sur le visage de l’actrice où elle aurait du exprimer sa déception derrière le dos de Carlos, quand elle le sert dans ses bras, par exemple. Une convention largement répandue, mais très artificielle. Une mauvaise voix-off aurait associé les deux, et se serait montrée redondante en soulignant lourdement ce moment.
Celle de Desperate Housewives est intelligente et intéressante pour la série en cela qu’elle évite le plus souvent l’écueil commun de la redondance et permet de faire passer certaines informations en contre-point avec subtilité.
Elle bénéficie en outre grandement de la vie que lui insuffle en VO le phrasé dynamique et riche de Brenda Strong qui fait filer en quelques instants ce qui, avec d’autres, aurait été rébarbatif.
Wisteria Lane’s Gossip
> Les enfants de Bree, Andrew et Danielle ont respectivement 16 et 15 ans.
> John vit chez ses parents.
> Eddie a au moins été mariée deux fois. Quand au monsieur avec des tatouages, elle ne l’a jamais épousé c’était, selon Susan, l’un de ses ‘amis spéciaux’.
> L’ex-mari de Susan s’appelle Karl.
La midinette romantique qui se cache en vous aura apprécié les story-lines de Susan et Gabrielle. Et les aigris fanés se seront rabattu sur les nombreux moments comiques assez réjouissants. La série est installé et c’est un pur bonheur !
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires