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5.19 - Folie A Deux
Insectophobie
Folie A Deux
mardi 16 mars 2004, par
Approchant de la fin de saison, cet épisode met en place une petite histoire flippante En voiture !
Oakbrook, Illinois.
La scène se déroule dans une de ses entreprises qui font de la démarche par téléphone, ici pour du ciment dont la marque est Râvet. Alors que le personnel déborde d’activité et que le tout ressemble à une véritable fourmilière, la caméra se concentre sur un homme plus particulièrement, qui de prime abord est comme tous les autres employés.Seulement, l’homme en question, qui paraît comme tous les autres imperturbable face aux clients les plus difficiles à manier, est déstabilisé par un bruit étrange, une sorte de sifflement. C’est alors qu’il voit se faufiler une forme étrange dans les locaux, et le pauvre est complètement apeuré. Le générique survient alors, laissant le téléspectateur pantelant devant cette apparition flippante, vision de malheur.
Entre en scène alors Mulder et Scully. Skinner demande à notre surdoué de s’occuper d’une affaire assez originale : un anonyme a envoyé une cassette pour dire que les locaux de son entreprise sont en danger car le patron est pour lui un monstre qui aspire l’énergie vitale des gens (il a vu l’une de ses collègues ressortir du bureau de son patron en zombie) et qu’il lui faut des caméras pour le dévoiler au monde entier (comprendre qu’il veut passer à la télé). Le type se retrouve très vite à prendre tout le personnel de son entreprise en otage. Et c’est assez ballot pour Mulder qui croyait une fois de plus à un complot contre lui avec cette assignation qu’il pensait destinée à le discréditer une fois de plus, parce qu’il se retrouve lui aussi embarqué dans l’histoire. Ce n’est pas la première fois qu’il est dans cette situation, sauf que contrairement à sa prise d’otages avec Duane Barry, il doute de la santé mentale du "malfaiteur" qui a visiblement pété un plomb. Cela étonne tout de même de voir cette scène arriver si tôt dans l’épisode, on se demande si la situation va pouvoir tenir pendant tout l’épisode. Réponse plus tard, après une petite analyse du comportement de notre cher preneur d’otages à partir de sa cassette.
En entendant son discours sur cette fameuse bande et en prenant attention à la façon dont il parle, on peut se rendre compte du formalisme de ses phrases : elles sont claires, nettes et précises et ont une construction impeccable. De plus, le ton qu’il emploie est toujours égal, articulé et intelligible, presque comme une machine le ferait. Ces éléments induisent un désir d’autorité, d’être pris très au sérieux. Ce sentiment se renforce quand on remarque que la cassette a été enregistrée à de multiples reprises, jusqu’à ce que le discours soit parfait. Cela amène à conclure que cet homme possède un esprit assez dérangé et qu’il souffre d’une paranoïa de l’exclusion pour en arriver à inventer des histoires pareilles pour se mettre en valeur. Mon analyse vous épate hein ? Moi pas tellement parce que j’ai repris les notes de Mulder sans lui demander et je les ai interprétées à ma sauce. Nyark Nyark. Bon, au passage, la scène où Mulder écoute attentivement la bande en prenant des notes est intéressante car on a rarement l’occasion de le voir à l’oeuvre en tant que profiler, qui est quand même sa formation de base (criminologue pour être plus exact). Bref, voilà l’opinion que s’est faite notre agent surdoué avant de se retrouver embarqué dans une belle galère.
Et ça se gâte au moment où un des policiers postés à l’extérieur du bâtiment décide d’appeler Mulder sur son portable, ce qui n’est pas très malin car quand ce dernier le retire de sa poche, Gary (le vilain monsieur qui prend les gens en otage) aperçoit son arme. Ca le rend encore plus hystérique qu’il ne l’est déjà. En effet, les scènes dans l’entreprise nous offrent deux points de vue : celui des otages qui ne voient rien d’anormal, et celui de Gary qui repèrent tous les zombies - qui ont un teint extrêmement pâle, voire laiteux, et des yeux globuleux (une sale tête de zombie en gros quoi) - plus la grosse bestiole en forme d’insecte à la place du patron de la boîte. Une fois découvert, Mulder tente de calmer les esprits et de convaincre Gary que ce qu’il voit n’est qu’illusion. Mais l’épisode bascule alors, car Mulder finit par entendre le même "cri-cri" (c’est comme ça qu’on appelle familièrement le bruit caractéristique du criquet) et entrevoit une forme insectoïde... Juste au moment où les forces de police font un rush à l’intérieur et tuent Gary, parce qu’ils ont entendu un coup de feu (il a tué la jeune femme zombie du début sans le vouloir). C’est maintenant Mulder qui est atteint et qui accuse le patron par des insinuations pas très subtiles.
Ce qui est fort, c’est que pour une fois on ne croit pas du tout à l’histoire paranormale. A chaque fois que l’on voit le patron de l’entreprise, il a l’air tout ce qu’il y a de plus normal et sincère. D’ailleurs, Scully parle d’agnosie ? dont il existe 5 variations ? pour désigner l’état dans lequel se trouvait Gary. Elle pose alors une question très pertinente à Mulder : était-il perturbé parce qu’il la vu cette chose ou l’a-t-il vue parce qu’il était perturbé ? Mulder est persuadé que c’est la première solution qui prime, mais Scully lui parle alors de "Folie à deux" : la folie de l’un se transmet à l’autre. C’est ce qui pourrait être arrivé à Mulder, car son comportement a changé du tout au tout : il devient presque aussi dérangé que Gary et devient obsédé par une seule chose, coincer Pincus (le patron). Il finit par se faire interner. Pendant ce temps, Scully procède à une autopsie sur le corps de la jeune femme et se pose des questions : elle paraît morte depuis trois jours. Elle commence à douter sérieusement à propos de cette histoire du coup.
La fin ne fera que nous embrouiller encore plus les esprits. Mulder est attaché sur un lit et se fait traiter pour sa folie, mais demande à Scully de le croire car elle est sa seule chance. Elle s’en va pendant qu’une infirmière arrive pour une injection, qui s’en va à sans tour sans écouter les injonctions de Mulder qui flippe vraiment parce qu’il sait que Pincus est dans le coin. Scène ô combien flippante quand on voit apparaître l’ombre de la bestiole à travers les rideaux qui entourent le lit de notre infortuné héros. Heureusement, Scully arrive à point nommé et tire sur la forme (elle a vu que l’infirmière était une zombie (ou croit avoir vu) et du coup est revenue en trombe). Tout est fini alors, mais on se demande toujours que croire. A part le maigre indice comme quoi la femme qui a été tuée paraît être morte depuis plusieurs jours (bien avant d’avoir été shootée donc), nous n’avons pas grand chose. Et si Scully a elle aussi vu des choses, est-ce parce que c’était réel ou parce que Mulder voulait qu’elle les voit et qu’elle voulait les voir pour aider Mulder ? En bref, a-t-elle été victime d’une folie à deux ? C’est ce qu’elle croit en se réfugiant derrière cette justification scientifique au contraire de Mulder qui y croit dur comme fer (son orgueil l’oblige à refuser d’avoir été atteint d’une folie passagère), et nous n’avons pas assez d’éléments pour savoir qui a raison entre les deux.
Finalement, cela se révèle assez symptomatique du comportement caractéristique de nos deux héros. Scully, la rationnelle, ira toujours chercher des explications scientifiques en toutes situations malgré tout ce qu’elle voit. Mulder, l’excentrique, fonde toujours des théories hors du commun qui sont toutes aussi farfelues les unes que les autres, et cela même quand toutes les preuves indiquent que tout est normal. Ce sont leurs refuges, c’est leur carapace, ce qui leur permet de trouver des repères. Mais finalement, qui de l’un ou de l’autre a le plus raison ? La science explique certaines choses, mais pas tous les phénomènes, et inversement pour les théories d’ordre surnaturel. Cet épisode tire assez bien parti de cela, et c’est toujours ça de gagné.
Au niveau de la mise en scène, les apparitions de la bestiole sont bien foutues. Déjà, le fait que ce soit un insecte impressionne pas mal et rend les choses bien flippantes, mais si l’on ajoute à cela le fait que ce soit furtif, avec en fond un petit bruit d’insecte également, c’est bien stressant. Et la scène de fin avec Mulder dans son lit qui pisserait de terreur tellement il est effrayé est vraiment bonne. C’est très rare de voir Mulder dans cet état d’esprit de peur absolue et on s’en délecte. Surtout, le bon point de l’épisode est d’avoir renouvelé la donne au milieu, en détruisant la première intrigue par la mort de Gary et en mettant Mulder dans la peau de l’hystérique de service. C’est très intéressant de le voir complètement fanatique alors qu’il n’y croyait pas du tout au début. Enfin, c’est encore un de ces épisodes qui n’aide pas franchement Scully à passer définitivement de l’autre côté de la barrière et à croire. Elle a vu des choses, mais ce n’est pas la première fois et comme toujours, il n’y a pas assez d’éléments pour conclure quoi que ce soit. Elle termine l’épisode dans le flou, tout comme moi je dois l’avouer.
Un petit épisode flippant assez sympa, dans la tradition X-Philienne. Ca casse pas des briques mais ça reste suffisamment bien écrit et ça tire bien partie des caractéristiques des personnages pour que ça tienne bien la route.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires