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5.10 - Chinga

Je veux jouer

La Poupée

jeudi 3 juin 2004, par Sygbab

Chucky n’a qu’à bien se tenir, il a maintenant de la concurrence.

Il y a à mon avis plusieurs façons d’aborder cet épisode : soit on est un grand amateur de la bibliographie de Stephen King et on laisse une chance à l’épisode, soit on est amateur mais on attend l’écrivain au tournant, soit on n’a jamais ouvert un bouquin du dit monsieur et on est donc sans à-prioris. Je suis dans le troisième cas, ne vous en déplaise, donc point d’allusions à l’ensemble de l’oeuvre de King. Toujours est-il que sachant dans quel genre il verse, de prime abord cela semblait intéressant de le voir écrire un épisode d’une série qui se voulait avant tout horrifique dans les premières saisons. Une façon de retourner aux sources en quelque sorte, avec une touche différente.

Cette touche, même ne connaissant pas l’écrivain (ça va finir par se savoir), on la sent dans l’épisode. Une petite ville aux apparences tranquilles, un shérif qui connaît tout le monde, des rumeurs entre voisins qui se colportent à la lumière de l’éclair, une petite supérette apparemment sympathique et conviviale, des gens qui ne vivent pas dans la richesse et une économie basée sur la pêche. Bref, la vie n’est pas facile car il faut travailler, mais elle a l’air paisible. Mais comme dirait l’autre, il ne faut jamais se fier aux apparences (ça vaut pour le village et pour l’épisode). Parce que les petits commérages concernent surtout Melissa Turner, qui est considérée comme étant une sorcière. Il faut dire que certains phénomènes étranges se produisent en sa présence, et la superstition fait vite son effet. Mais ces accidents qui surviennent ne sont pas de son fait mais de celui de la poupée de sa fille autiste qui est un peu maléfique, il faut l’avouer (la poupée, pas la petite fille). Quand elle fait son caprice, les personnes qu’elle a dans le colimateur y laissent leurs yeux (soit il les arrachent avec les ongles, soit ils se plantent un couteau dans l’oeil, soit ils font ça avec des bouts tranchants provenant d’un disque cassé en mille morceaux, soit ils tentent de s’enfoncer un clou ; c’est la joie quoi). Bref, tout ça ça sonne pas mal.

Sauf que voilà, l’épisode ne fait pas non plus vraiment peur. Pourquoi ? Parce que toute l’ambiance mise en place est désamorcée par le traitement de Mulder et Scully. Cette dernière est seule sur le coup, car elle était censée être en vacances. Jusque là pas de problème. Ce qui est bien plus gênant, c’est qu’elle passe l’épisode à sortir tout un tas de théories auxquelles elle croirait presque, à tel point que Mulder en est tout excité. Ce dernier d’ailleurs, en parlant de lui, s’emmerde carrément sans Scully et n’a d’autre occupation que de tailler ses crayons et de les lancer au plafond. Passionnant. Donc du coup, on ne sait plus trop sur quel pied danser : est-on dans un épisode pur jus X-Files qui fait peur avec le maître King ou est-on dans un épisode censé être drôle ? Eh bien on ne le sait pas, justement. C’est le plus grand défaut de l’épisode, car les scènes comiques désamorcent les scènes censées faire peur, mais les scènes d’horreur désamorcent les situations comiques.

Ou alors, on crie au génie devant le mélange des deux genres. Mulder est hilarant à glander avec son ballon de basket, ses vidéos sans doute pornographiques, et ses crayons. Scully se fout de la gueule de son collègue en sortant des théories farfelues pour qu’il raccorche au plus vite. L’intrigue horrifique ne sert que de contexte pour placer les deux agents dans une situation pour le moins inédite (jusqu’à maintenant Scully n’avait jamais travaillé sur une telle affaire toute seule). Les scènes horrifiques ne sont à prendre qu’au second degré. Cet épisode est tout simplement jouissif. Dans tout ça, on s’y perd : quelles sont les véritables intentions ? Parce que là, on pédale un peu dans la semoule, d’où la difficulté de faire une analyse vraiment adéquate.

Pour tout avouer, j’ai du mal aussi à me décider. D’un côté le fait que Mulder s’emmerde parce qu’il ne peut pas embêter Scully est drôle, mais de l’autre on oublie là que le bonhomme est un forcené de travail et que ce n’est pas dans la nature du personnage d’attendre Scully pour bosser ; c’est même plutôt lui qui la dérange tout le temps pour qu’elle l’aide sur telle ou telle affaire. Alors certes, certaines scènes sont très drôles, mais tout ne colle pas avec les personnages. De l’autre côté, l’intrigue est d’un banal affolant, les “meurtres” commis par la poupée sont d’une répétitivité très lassante, et le retour façon “fin d’un épisode de la première saison qui laisse la porte ouverte parce que c’est pas complètement terminé” est d’un grotesque... Cet épisode à mon avis partagera sans doute encore pour longtemps les fans tant il est difficile de savoir comment le prendre.

L’avantage, c’est que ça permet de voir Gillian Anderson en T-Shirts moulants et dans son bain, et ce n’est pas négligeable, n’est-ce pas ?


Un épisode très étrange qui est difficile à cerner. S’il est censé être drôle, c’est pas mal réussi, s’il est censé faire peur c’est un peu mal foutu. Comme il est difficile de trancher, je choisis la voie de la sagesse. Facile, je sais.