Filiation Oculaire

Et en l’ocurrence le "plus" de l’épisode, c’est que l’aveugle n’est pas une victime éplorée. Au contraire, elle a une forte personnalité, et a développé ses autres sens afin de pallier à la cécité et surtout aux moqueries (elle reconnaît le bruit d’un bras d’honneur et répond "Toi-même" au flic qui ne veut pas la laisser téléphoner entre autres exemples tout aussi étonnants), mais surtout peut VOIR les meurtres, et s’y est apparemment habituée.

C’est là où va d’ailleurs intervenir toute la poésie noire de cet épisode : le meurtrier a pour habitude de poignarder à la cuisse ses victimes. Après une demi-heure d’épisode Mulder met la main sur le dossier de la mère de l’aveugle, et réalise que le "modus operandi" est le même dans tous les cas. En d’autres termes que le meurtrier que l’aveugle cherche à protéger n’est autre que le meurtrier de sa propre mère...et pire, son père. On peut toutefois regretter que les scènes du père soient aussi stéréotypées, entre agissements louches et bars miteux. Mais ils sont largement compensés par les scènes dites "fantastiques" et le mystère finalement très bien distillé de Marty, et une très belle alchimie qui s’établit entre elle et Mulder. Les répliques, elles aussi, font mouche, surtout dans le très beau final : des derniers mots de Marty avant d’éxécuter son père ("Je n’apprécie pas l’image que tu as de moi") à ceux dans sa cellule, une punition qu’elle pourra sentir mais pas voir. La faute à un p’tit génie du nom de Tim Minear, qui aura très vite sa propre série la saison suivante, la mal-aimée "Strange World", puis fournira des scripts tout aussi essentiels pour "Angel", "Firefly" et tout récemment la nouvelle série "Wonderfalls". Mais hélas, on ne peut que regretter la réalisation, assez athrophiée et donc qui ne sert pas la très belle intrigue de ce "Mind’s Eye".