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1.12 - By Any Means Necessary
C’est la lutteeee finaleeee
La Grève des Dockers
samedi 10 juillet 2004, par
Une Arlette version 2258 dans lutte sociale futuriste pour la forme mais actuelle pour le fond dans un épisode atypique mais néanmoins excellent
Babylon 5 n’est pas qu’une station diplomatique et la plus grande série de SF du monde (si, si) mais également une énorme plate-forme de commerce où transitent chaque jour des milliers de marchandises. Les dockers de Babylon 5 jouent donc un rôle essentiel dans la bonne marche de la station mais il arrive qu’un accident survienne. Ainsi à cause d’une erreur informatique deux cargos sont sur le point de se rentrer dedans. Alors que le lieutenant-commandant Ivanova tente d’aiguiller le vaisseau Narn Tal’Quith, son capitaine, pris de panique, enclenche ses réacteurs et se fracasse contre une des parois de la station. Les débris du vaisseau tombent sur le dock 6 entraînant un grave incendie. Deux des dockers meurent dans l’accident.
Une réunion d’urgence est organisé entre l’équipe de commandement, G’Kar et Neeoma Connally la porte-parole des dockers (Arlette Laguiller dans le futur mais en cent fois plus séduisante). Celle-ci est furieuse, et quand l’enquête prouve que l’accident découle d’une erreur humaine, cela ne l’étonne pas. Cela fait des mois qu’elle répète que ses hommes sont surmenés, travaillent trop et avec des équipements désuets. Garibaldi fait son rapport d’enquête, la cause de l’accident provient d’une erreur informatique causée par des puces défectueuses. G’Kar s’en va régler des affaires personnelles, Sinclair et Ivanova essayent de planifier le trafic en prenant en compte la réparation du dock, quant à Connally elle s’en va furieuse. Malgré les bonnes intentions de Sinclair qui a transmis ses exigences à la Terre, les dockers sont toujours exploités.
Retrouvons G’Kar maintenant. La cargaison que contenait le Tal’Quith était très importante pour lui car elle contenait une fleur de G’Quan, une fleur très importante durant les cérémonies religieuses de son peuple. Il décide de faire le tour de tous les fleuristes de Babylon 5 afin d’en trouver une autre, quitte à la payer très cher. Malheureusement pour lui, une seule personne sur cette station possède une de ces fleurs : l’ambassadeur Londo Mollari
Le nouveau budget vient de tomber. Malgré les promesses faites il n’y a pas d’augmentation de salaire pour les dockers et aucun renouvellement de l’équipement. Sinclair est dépité et pense déjà aux conséquences, il planifie déjà une réunion avec la guilde des dockers, quand Ivanova l’informe que tous les ouvriers ont posé un arrêt maladie. Rien de grave cependant, juste un prétexte pour ne pas travailler. Autrement dit une grève illicite. Sur les docks, les ouvriers sont furieux, Connally tente de les raisonner mais ceux-ci sont trop dégoûtés et se sentent floués, seule la grève pourra résoudre leurs problèmes. Sinclair demande à s’entretenir avec Connally et lui demande de renoncer à la grève mais celle-ci refuse, elle veut d’abord des garanties avant de reprendre le travail. Sinclair ne peut les lui donner et prendre sa défense si la grève continue. Bref un vrai casse-tête qui risque de mal finir. Dans le pire des cas le Sénat peut invoquer la loi d’urgence pour forcer les ouvriers à reprendre le travail mais ceux-ci sont tellement furieux qu’ils risquent plus de se révolter. Une vrai poudrière.
Londo Mollari rentre dans ses quartiers et trouve la porte de son appartement ouverte et G’Kar à l’intérieur.
G’Kar : « Vous n’aviez pas verrouillé votre porte ambassadeur, quelle négligence. J’ai jugé préférable de m’asseoir et de garder votre cabine jusqu’à votre retour »
Londo : « Et avez vous trouvé quelque chose d’intéressant dans mon humble demeure ? Pendant que vous la gardiez »
G’Kar : « non »
Londo : « Non ? Je vous offre un verre ? Ho j’oubliais c’est interdit durant les jours de G’Quan mais cette période s’achève bientôt n’est ce pas ? »
G’Kar « Vous savez pourquoi je suis venu ? »
Londo : « Mais pour la fleur de G’Quan. Difficile à faire pousser, chère et pas simple à transporter, une fleur quasiment ruineuse mais tellement importante pour vous en cette saison de fête »
G’Kar : « Je crois savoir que vous êtes en possession de cette fleur et si c’est bien le cas je suis venu pour vous demander de me la vendre »
Londo : « Depuis que nous sommes partis de votre prodigieuse planète ces fleurs là sont de moins en moins facile à trouver. La mienne, dont on prend grand soin, est à l’abri. Je me la suis gardée pour une grande occasion. Si jamais on laisse tomber les graines dans un verre approprié mélangé à de l’alcool, brrrr, tout un univers s’ouvre à vous. Quel dommage que les Narns la gaspillent, la brûlent comme un vulgaire encens »
G’Kar : « Donnez moi votre prix ! »
Londo : « Vous savez que c’est un sacrifice que vous me demandez... mais dans l’intérêt de la paix interplanétaire et au nom de l’amitié, je vous la vends 50 000 crédits, en liquide et d’avance »
G’Kar : « C’est scandaleux ! »
Londo : « Oui, bien sûr c’est scandaleux. Ce qu’il faut savoir c’est : êtes vous disposé à tout faire pour votre religion ? »
Le Sénat dépêche Orin Zento afin de résoudre le conflit. Orin Zento, c’est un peu votre banquier, votre supérieur, votre belle-mère et ce putain de contrôleur Sncf réunis en une seule personne. Bref un mec qui aime le contact humain et son prochain. Il s’adresse aux dockers en leur sortant les banalités d’usage, « vous êtes essentiels à la station », « la Terre subit une récession et tout le monde doit se serrer la ceinture », « nos experts affirment que vous pouvez très bien travailler dans ces conditions », « ramassez la savonnette, ça ne fait pas mal » bref le blabla habituel, et Neeoma Connally et ses dockers ne sont pas dupes et refusent toujours de reprendre le travail. Excédé, Orin Zento les menace d’invoquer la loi d’urgence, mais le commandant Sinclair tente de calmer les esprits et reporte les négociations au lendemain. Pendant toute la nuit, il étudie le problème.
G’Kar à réuni la somme demandée par Londo, mais ce dernier refuse dorénavant de lui vendre la fleur afin de se venger de l’affaire Ragesh 3 et de ce qui est arrivé à son neveu (voir Midnight on the Firing Line - 1.1). L’ambassadeur Narn décide alors de demander de l’aide au commandant Sinclair, il lui explique que cette fleur est primordiale pour le rituel religieux de sa race et qu’elle doit être brûlée lorsque la lumière du soleil touchera la montagne de G’Quan. Un rituel que chaque Narn accomplit en même temps dans un moment de communion absolue. Sinclair accepte de l’aider mais il ne peut faire pression sur Londo. Celui-ci est le propriétaire légitime de la fleur est en fait ce qu’il veut, et il refuse de la vendre à G’Kar malgré la demande de Sinclair.
La négociation entre Zento « Ryu » et Connelly « Chun-Li » tourne vite à une bataille de Street Fighters 2 et le négociateur du Sénat annonce qu’il demande au Sénat de proclamer la loi d’urgence pour forcer les ouvriers à travailler (un vrai démocrate ce type). Sinclair demande donc à Garibaldi de mobiliser ses hommes pour aller arrêter tout ouvrier qui refuse de reprendre le travail. Il craint hélas que cela se finisse dans la violence et il pense que c’est ce que recherchent certaines personnes au Sénat. Il s’en va consulter le texte complet de la loi d’urgence, laissant Garibaldi préparer l’intervention sur les docks et Londo et G’Kar s’étriper.
Garibaldi lance ses troupes et la bataille commence. Sinclair intervient alors avec Zento et Connelly. Il proclame que la loi d’urgence lui donne tous les moyens pour arrêter cette grève et Orin Zento confirme ce point. Le commandant déclare alors qu’il ré-affecte 1,3 millions de crédits du budget militaire pour le renouvellement du matériel et accorde l’amnistie pour tous les grévistes. Les dockers sont heureux, la situation est enfin résolue et Zento l’a dans le cul (je suis un poète qui s’ignore moi) bref tout redevient normal. Il reste cependant un point un régler, Londo Mollari et G’Kar sont sur le point de s’entretuer. Un statue d’un dieu Centauri a été volée et Londo accuse G’Kar de ce forfait. Dans la salle du conseil, Sinclair ordonne à G’Kar de rendre cette statue et annonce à Londo que pour des raisons sanitaires la fleur de G’Quan est confisquée. Et hop dernier problème réglé, Sinclair peut aller au lit. Ca fait 32 heures qu’il est debout, il a droit à un peu de repos le bougre, et même si cette affaire risque de lui causer des ennuis sur Terre (Zento étant quelqu’un d’influent) il n’en a cure et s’en va dormir.
===>Critique
Voilà un épisode assez atypique mais ô combien agréable. L’aspect social de cet épisode assez rare pour la série ne joue pas en sa défaveur bien au contraire. Voilà un habile moyen de 1) faire une critique sociale 2) faire une histoire sur les seconds plans de la série 3) développer l’univers, asseoir le climat et amorcer de nouvelles intrigues. Tout cela écrit avec talent comme d’habitude (objectivité quand tu me tiens). D’ailleurs il est à noter que c’est madame Straczynski qui a écrit cet épisode et que parmi les scénaristes invités elle s’en sort vraiment bien. Encore une fois, le fait d’avoir deux histoires donne un très bon rythme à cet épisode. Il est marrant d’ailleurs de constater que ce n’est pas l’histoire principale qui se révèle être la plus importante. Le conflit des dockers est une bonne histoire qui nous montre un Sinclair très bon négociateur mais surtout habile manipulateur (dans le cul Zento, dans le cul - c’était un message de Lord 4 ans). De plus ce conflit nous montre des aspects de la Terre peu réjouissants. Un sénat qui exploite ses ouvriers et qui n’hésite pas à user de la force pour leur faire reprendre le travail. Ajoutons à cela des intrigues de palais qui font que Sinclair n’est pas en odeur de sainteté au sein du gouvernement, de quoi se réjouir pour la suite.
Babylon 5 anticipe sur le futur mais prend aussi en compte son passé. Ainsi l’affaire Ragesh 3 narrée dans le premier épisode est la cause du différent entre Londo et G’Kar. L’affaire de la fleur de G’Quan pourrait paraître drôle (d’ailleurs elle est grâce à Andreas Katsulas et Peter Jurasik qui nous offrent un splendide numéro) si elle ne reflétait la haine, alimentée par une affaire personnelle, que les Narns et les Centauris se portent. Pour la première fois dans la série G’Kar nous apparaît comme la « victime » et surtout comme quelqu’un de profondément croyant. Assez bizarre de sa part pourrait t-on se dire mais comme il nous l’a déjà dit précédemment « chacun de nous ici, n’est pas tout à fait celui qu’il paraît être ».
Le coté critique social de l’épisode est assez atypique dans l’univers de la série et c’est sa grande force. Voila un épisode rafraichissant qui sort des sentiers battus mais n’oublie pas sa trame principale en route.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires