LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > Babylon 5 > Saison 1 > L’inquisition au 23ème siècle

1.16 - Eyes

L’inquisition au 23ème siècle

Le Rival

samedi 7 août 2004, par Lord-Of-Babylon

Pendant que Lennier découvre les mystères de la mécanique, l’équipe de commandement subit une chasse aux sorcières.

Le hobby de Garibaldi, quand il ne traque pas les criminels, c’est d’essayer de reconstruire une vieille moto. Depuis cinq ans il récupère à droite et à gauche les différentes pièces d’une Kawasaki ZX 11/100 modèle 1992 (ça claque, dit comme ça, ne me demandez pas ce que cela veut dire j’en sais rien), il a même gagné au Black-jack un manuel de montage. Le seul inconvénient est qu’il est écrit en japonais. Heureusement, Lennier est arrivé sans se presser. L’aide de Delenn vient le voir pour préparer l’arrivée de Shaal Mayan afin d’éviter que les événements antérieurs ne se reproduisent (voir The War Prayer 1-07). Fasciné par la moto, il lui propose son aide afin de traduire le manuel et de l’aider à la reconstruire.

Depuis quelque temps, l’Alliance Terrienne subit une vague d’actes terroristes dans ses avant postes et principalement sur Mars. Afin de contrer cela, elle décide de mettre en place un embargo et demande à Babylon 5 de surveiller les différents transporteurs et de voir si certaines personnes n’utilisent pas la station comme plate-forme d’échange d’armes. Pendant ce temps, Harriman Gray et Aaron Franks discutent avec différents agents de la sécurité et le personnel de la station. Ils prétendent être deux représentants de la société Quartermaster, en prospection sur Babylon 5 afin de conclure un contrat de vente de matériel militaire avec la station. Pourtant leurs questions sont étranges et portent quasiment toutes sur le commandant Sinclair.

Les échos arrivant à Garibaldi, il décide d’en savoir plus et se rend dans les bureaux de Gray et Franks. A peine à t-il échangé deux mots avec ces derniers qu’il les déteste déjà, et de plus il les soupçonne de mentir. Franks ne le nie pas et lui dévoile sa véritable identité. Il est en fait le colonel Ari Ben Zayns des affaires internes de l’Alliance. Lui et Harriman Gray, qui est en fait un télépathe, sont chargés par l’Alliance Terrienne d’effectuer un contrôle de loyauté sur l’équipe de commandement de Babylon 5 suite aux récentes attaques terroristes. Fait exceptionnel, Harriman Gray sera autorisé à scanner l’équipe pendant l’interrogatoire. Sinclair, et surtout Ivanova, s’indignent de cette mesure qui va à l’encontre de leurs libertés fondamentales, mais Ben Zayn est intransigeant. A événements exceptionnels, mesure exceptionnelle. Le scan permettra de savoir qui est loyal à la Terre et qui ne l’est pas. Sinclair a toute confiance en son équipe et ne laissera pas Harriman fouiller dans l’esprit de ses hommes. Ivanova menace même de démissionner de son poste plutôt que de se soumettre à l’interrogatoire mental.

Pendant que Sinclair cherche une parade juridique, Garibaldi fouille le passé du colonel Ben Hitler, comme il l’appelle. Ivanova, quant à elle, a une altercation avec M. Gray. Malgré ses bonnes intentions il est un membre du corps psy et elle ne peut lui faire confiance. Le lendemain, le commandant Sinclair se présente devant le colonel pour l’entretien. Grâce à une étude minutieuse de la loi, il fait en sorte qu’Harriman ne soit pas présent. Cela ne trouble pas Ben Zayn, et il commence l’interrogatoire. Enfin disons plutôt l’inquisition. Chaque décision que Sinclair a prise lors des différentes crises de la station ( Ragesh 3, Deathwalker, le complot, la grève des dockers...) est remise en cause par un homme qui oublie sa mission et cherche à obtenir la tête de Sinclair. Lorsque ce dernier comprend les véritables motivations du colonel, il veut mettre fin à la mascarade, mais Ben Zayn interprète cela comme un acte de mutinerie. Il démet Sinclair de ses fonctions et prend le commandement de Babylon 5. Cela effectué, il donne l’autorisation d’user du scanner mental lors des prochains interrogatoires et particulièrement celui d’Ivanova.

Ecœurée, elle quitte son poste et noie sa colère dans l’alcool et la castagne au casino. Garibaldi ne tente même pas d’arrêter Susan et la laisse se calmer. Il est toujours zen, ce chef de la sécurité. C’est étrange, cela ne lui ressemble pas. La raison est simple, il a trouvé le véritable motif de Ben Zayn. Ce bon colonel avait posé sa candidature au poste de commandant de Babylon 5. Il était même dans les favoris mais c’est Sinclair qui a été nommé à ce poste grâce aux Minbaris (voir Signs and Potents1-13). Il cherchait à prendre sa revanche sur un homme qu’il juge inapte. Cette revanche c’est Bester le policier psy qui lui a permis de l’accomplir. Garibaldi a découvert que lui et Ben Zayn sont amis. Ce lien mis en évidence, la suite devient beaucoup plus claire.

Bester cherche à se venger de la mort de sa partenaire, dont il juge Sinclair responsable (Mind War 1-6). Il profite donc de la haine de Ben Zayn et de sa position pour prendre sa revanche. Ainsi, il lui confie Harriman Gray, un télépathe doué mais naïf, qu’il n’aura aucun mal à manipuler pour ses besoins. Grâce à ces éléments, Sinclair redevient maître de la situation. Durant le deuxième entretien, il fait prendre conscience à Gray qu’il est manipulé et surtout il retourne l’interrogatoire contre Ben Zayn. Confondu, Ben Zayn saisit son arme mais avant qu’il ne puisse s’en servir Gray le paralyse mentalement et Sinclair le met K.O.

Tout est bien qui finit bien (ça change pour une fois). Ben Zayn est arrêté, Gray ne sera pas inquiété et se paye même le luxe de recevoir des remerciements de la part d’Ivanova. Garibaldi rejoint ses quartiers où il a la désagréable surprise de trouver Lennier qui a fini de reconstruire la moto, et même s’il ne peut qu’être admiratif devant le travail accompli, il n’en reste pas moins déçu de ne pas l’avoir fait lui-même. Qu’à cela ne tienne, la moto fonctionne et ils en profitent tous deux pour faire un remake d’Easy Rider dans l’espace.



===>Critique

Avant tout il faut préciser que Eyes n’aurait pas dû exister. Il fut écrit en précipitation pour pallier à l’annulation d’un autre scénario. Pour couronner le tout JMS tomba malade et ne put assurer la réécriture de l’histoire. Lawrence G.Distillo s’en chargea donc en un temps record. Ce délai très court de production et de réalisation explique le caractère restrictif de l’épisode. Pas ou peu d’aliens et d’effets numériques dans une histoire concentrée sur trois personnages du cast et deux guests. Bref nous sommes bien loin du caractère épique de la série et on se sent bien à l’étroit. Pour un peu on croirait voir un exercice de style. « Ecris-moi une histoire de SF sur une station spatiale à l’activité débordante avec six personnages, trois décors et très peu d’effets spéciaux. Tu as cinq jours, top chrono »

Pourtant malgré toutes ces restrictions, l’épisode reste plaisant. J’irais même plus loin. C’est grâce à l’absence de tout coté visuel que sa principale qualité, l’écriture, est mise en valeur. Voila une histoire qui nous offre un véritable conflit « intimiste » qui se paye le luxe de développer les liens entre Ivanova, Garibaldi et Sinclair tout en prenant en compte des événements antérieurs de la saga. On pouvait se poser la question de savoir si les grandes crises qu’a connu la station jusque là et les décisions de Sinclair, parfois à la limite de la légalité, allaient avoir une incidence pour la suite ou bien seraient mystérieusement oubliées. Eyes nous rassure définitivement. La série à une véritable mémoire, qu’elle utilise habilement. La manière dont l’épisode se sert des événements passés permet un résumé succinct de ce début de saison. En cela l’épisode se rapproche d’un épisode-clip, le coté répétitif en moins. Ce conflit permet également d’approfondir les liens entre Babylon 5, le Corps psy et l’Alliance Terrienne. Car le problème reste toujours posé. Si Ben Zayn a profité de sa mission pour se venger de Sinclair il n’en reste pas moins que l’enquête de loyauté est légale et montre bien que la Terre, sous couvert de quête de justice, emprunte des voies plutôt obscures.


"C’est comme si on m’avait dit : Voilà un poulet, une boule de bowling, fais une salade ! Tout en sachant que le poulet est un peu réticent !" J.M Straczynski

Finalement la salade est bonne