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1.16 - Bat Masterson
Un drôle de shérif
Le shérif de Chicago
mardi 5 octobre 2004, par
A la une du jour : Gary se retrouve à devoir surveiller un ancien officier de police se prenant pour un shérif.
Episode très intéressant à suivre. Pourquoi ? Parce qu’on est devant une solide histoire et parce que Chuck n’est pas là. Tout comme Marissa.
Une nouvelle fois, Gary fait dans le social.
Au cours d’un sauvetage où il se prend un coup laissant filer un voleur de sac à mains, un homme déboule en cheval et galope après le voyou qu’il arrête. Il se présente alors à Gary et Chuck qui était là comme Bat Masterson, célèbre shérif de Chicago à l’époque de Wyatt Earp. Donc en plein far west.
Gary comprend vite que cette personne est folle et la raccompagne dans l’institut psychiatrique où elle séjourne. Bien évidemment, la responsable n’est pas heureuse de Gary qui en prenant le patient pour Bat le conforte dans son délire.
Seulement, problème pour Gary, Bat s’incruste et rejoint en douce Gary, le suit, l’aide dans un sauvetage avant de s’atteler à capturer son ennemi juré, un criminel célèbre du far west.
Entre temps, Gary a appris l’histoire de cet homme : il s’appelle en réalité Mike Killebrew et était officier de police. Il y a un peu plus de dix ans, il a conduit son coéquipier dans un piège à cause de son inattention et il est mort. Mike se sent coupable et plonge dans la folie, se faisant passer pour le parfait héros à ses yeux : Bat masterson. Et il continue à camper ce personnage quand il remarque que le tueur de son coéquipier est revenu en ville 10 ans après ("tous les criminels signent leurs crimes"). Bref, Gary comprend tout de suite qu’il faut que Bat arrête le méchant pour redevenir Mike. Mais les autres ne le comprennent pas.
Finalement, Bat arrête le méchant et redevient progressivement Mike. Et Mike confie à Gary un dernier message de Bat quelques mois plus tard (je présume) où celui offre la protection de la ville à cet homme spécial qu’est Gary.
Cet épisode est très intéressant à mon avis grâce notamment à la justesse de l’interprétation de Bat par Philip Bosco (ça change de l’hyper surjeu de Fisher Stevens) et à une histoire grave mais intelligemment traité.
A aucun moment, l’histoire ne verse dans le larmoyant gratuit ou dans la loufoquerie comme c’est souvent le cas avec des malades de ce type. Ici, le ton est juste. Le comique n’est jamais forcé et découle naturellement de la réaction de ce shérif du far west dans notre monde (il connait tout mais se comporte comme il y a un siècle) et le larmoyant arrive toujours au moment juste, ne durant jamais trop longtemps (comme le moment où il contemple la plaque en l’honneur des officiers morts en service). Bref, on peut remercier Philip Bosco pour cela. Et Kyle Chandler suit sans aucun mal. Il ne porte pas l’histoire mais se laisse entrainer par Bosco. Un vrai tandem Holmes/Watson retranscrit à merveille.
Mais le fond n’est pas en reste avec le drame vécu parfaitement retranscrit. Il est logique de se créer une autre personnalité après ce qu’il a vécu. C’est un réflexe de défense pour ne pas avoir à s’affronter. Et lorsque l’injustice est réparée, la personnalité revient lentement. La situation "normale" ne revient pas subitement comme cela peut arriver à Gary dans certains épisodes (je pense notamment à l’épisode Confiance aveugle de la quatrième saison où il passe d’aveugle total à ses yeux normaux en trois secondes quand il a sauvé le gosse. C’est l’exemple le plus frappant mais loin d’être unique malheureusement.). Ici, point de rétablissement soudain. Mike revient progressivement sur la durée qui ne nous est pas indiqué mais on sent que plusieurs mois se sont écoulés.
Tout est bien distillé dans cet épisode. Les révélations sur qui est vraiment Bat arrivent pile au bon moment, les événements s’enchainent naturellement sans avoir l’impression qu’ils sont forcés. D’ailleurs, le journal n’intervient pas pour indiquer à Gary ce qu’il faut faire maintenant. Et le final en happy end ne fait pas gnan-gnan. Il est logique et on est heureux pour ce Mike même si on regrette de perdre Bat qui s’est fait une place facilement en 40 minutes.
Mais tout n’est pas parfait non plus. Là où l’épisode pèche, c’est avec le méchant. Revenir 10 ans après et comettre un meurtre similaire et Bat le remarque dans le journal (d’ailleurs que faisait Gary à ce moment-là ? Il n’est pas censé empecher les morts avec son journal ?). Bat le retrouve sans chercher et enfin, à trois jeunes contre Bat (qui semble avoir bien 60 ans), ils ne font rien et attendent. Pour un tueur sans pitié comme il est décrit, c’est vraiment limite. Bref, tout cela manque de consistance et de véritable logique. C’est dommage. Mais l’essentiel n’est pas là, heureusement.
Un bon épisode où tout est parfaitement dans le ton et la justesse qu’il faut. L’interprétation de Philip Bosco est magistrale tout comme celle tout en finesse de Kyle Chandler.
Un scénario solide sur la folie (mais mauvais sur le criminel), un enchainement des événements correct, pas de Chuck mais Crumb. Que du bon quoi. Un bon 7,5.
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