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10.20 - Abby Normal
Abby « Super Psy »
Les Voies de l’Inconscient
dimanche 7 novembre 2004, par
Celui où Carter se rebelle (enfin, à sa façon de gentil garçon tout de même), et celui où Abby prouve au monde entier, au cas où il ne le saurait pas déjà, qu’elle est certainement le meilleur docteur qu’on ait jamais vu aux Urgences.
Heureusement qu’il reste encore Abby aux Urgences. Heureusement qu’elle n’est plus avec Carter, et heureusement que sa famille est partie à Looney Land, et qu’on en entend plus parler. Et encore plus important que tout cela, heureusement qu’elle a entrepris de devenir médecin. Enfin un personnage féminin, dans les Urgences, qui pendant toute une saison n’aura pas eu de problèmes amoureux. Juste une rupture de rien du tout, mais tellement vite dépassée qu’on se demande bien pourquoi on nous a pris la tête avec ça l’année dernière. Pas de nouveau mec, pas de nouveaux engagements/faux engagements/non finalement je veux pas m’engager, bref, voilà un personnage qui a mûri, changé, pris des décisions qui l’ont transformé.
Abby est devenue médecin, et une bonne en plus. Attentive, sûre de ses diagnostics, profondément humaine, modeste et solide. L’anti-Pratt en quelque sorte... Et en stage de psy, elle est la préférée de tous les patients, sauf celui qui a fini par se suicider, mais c’est pas grave.
Ce qui est bien avec les stages en psy, c’est que les docteurs ne sont pas obligés de porter des blouses, et comme ça, on peut voir comment ils sont habillés !! Awesome !
En revanche, y’a un truc qui cloche... A vouloir présenter Abby comme une étudiante en médecine très compétente parce que non-conventionnelle, les scénaristes finissent par commettre des « écarts de crédibilité ». Ainsi, lorsque Abby soigne une patiente, atteinte d’un comportement compulsif qui l’oblige à convulser lorsqu’elle est à proximité de son bébé, et qu’elle découvre que cette même patiente a eu un enfant 8 ans plus tôt et qu’il est décédé, elle essaye par tous les moyens de faire exprimer à cette patiente toute sa peine, colère, chagrin, qu’elle n’a pas pu exprimer à l’époque. Manque de pot, ça prendrait sûrement des mois, vu le déni dans lequel se trouve cette patiente (« Moi ? un problème ? Y’a un rapport entre la mort de mon fils alors qu’il était bébé et mes convulsions en présence de ma fille maintenant ? Nooooooooooooon vous vous trompez sûrement, c’est tiré par les cheveux votre explication »). Et Abby a besoin de résultat tout de suite et maintenant, sinon les méchants services sociaux vont enlever l’enfant à sa mère et leurs vies seront détruites à jamais.
Lors d’un dernier entretien avec la patiente, alors qu’Abby désespère de l’entendre dire ce qui s’est passé avec ce bébé il y a 8 ans, on passe malheureusement par des écueils : la patiente ne comprend pas pourquoi elle doit se confier à une inconnue (ben si tu comprends pas, c’est que tu n’es pas prête à entreprendre un travail d’analyse, donc il faut revenir plus tard ma chérie, et en attendant tu continueras à avoir tes convulsions). Et Abby, croyant bien faire, se confie à elle. Comme si la meilleure façon d’obtenir des résultats sur une patiente psy, c’était de se comporter comme une amie. Mais ce n’est pas comme ça qu’on peut aider quelqu’un. Pas en lui disant : regarde, moi aussi j’ai des problèmes, maintenant vas-y, à toi, on pourra même se noter à la fin ! L’échange entre un patient et un professionnel, qu’il soit psychiatre, étudiant en psychiatrie, psychologue ou autre, ne doit pas se faire sur des bases de copinage puérile ! Si le patient n’a pas confiance, ce n’est pas en lui racontant comment vous avez été traumatisé, enfant, à la vue de vos parents en train de faire l’amour, que ça va lui donner envie de se confier. C’est un peu trop facile, et ça tend à aller dans le sens de l’argument qui voudrait que les psys soient tous des charlatans manipulant les faiblesses humaines. Si une patiente ne croit pas pouvoir résoudre ses problèmes en en parlant à un tiers neutre et observateur, ce n’est pas en devenant sa copine qu’on arrangera quoique ce soit. Et d’ailleurs, la patiente en question ne veut pas de thérapie, elle ne veut pas vraiment guérir parce que ses symptômes sont une forme de punition.
Abby décide donc de prendre les choses en main. Elle a vu la saison 3 d’Alias et elle est allée voir Cronenberg pour récupérer un peu de cette drogue de la « vérité inconsciente » ; elle compte bien s’en servir sur sa patiente récalcitrante (mais d’accord pour risquer le coup même si elle doit en mourir).
Le talent d’Abby, c’est celui de persuasion. Elle réussit à mettre tout le monde de son côté, elle est très forte. Même l’interne responsable, elle réussit à lui faire accepter son expérience :
1) dangereuse
2) violente
3) dont on ne sait quel résultat on va obtenir.
Y’a pas à dire, elle masterise la petite.
Le résultat ne se fait pas attendre : c’est une bombe. La patiente révèle qu’elle a étouffé son bébé pour ne pas que son ex-petit copain lui tape dessus. Il fallait que ce soit quelque chose de ce goût là, pour qu’elle soit à ce point dans le déni et que ses symptômes soient aussi impressionnants.
J’ai trouvé cette histoire tirée par les cheveux et assez peu crédible... Ce n’était peut-être pas nécessaire de prendre une tragédie aussi glauque pour montrer les talents d’Abby. Les cas les plus durs de psychiatrie ne résident pas toujours dans un seul et unique drame horrible. Et Abby se débrouille bien mieux avec son groupe de parole ou avec un patient qui s’entraîne à Battle Royale sur son cochon. Mais il est vrai qu’une fois encore, on la voit se battre pour le bien-être de sa patiente et de sa famille.
De la même façon, elle sait dire les mots justes à Kerry, qui est sur le point de craquer. Elle pourrait s’enfuir avec son fils, choisir la solution de facilité et en même temps la plus dangereuse. Elle est sur le point de le faire, mais Abby, par une présence rassurante, et ces simples mots « Il finira avec vous, vous verrez », réussit à convaincre Kerry de ne pas commettre de bêtise. S’en suit une très belle scène, quand les parents de Sandy viennent récupérer Henry. La séparation est horrible, et on a envie, avec Kerry, de leur hurler toute notre colère. Mais Kerry ne semble pas avoir la force, elle paraît si écrasée par l’injustice de la situation qu’elle ne peut se battre contre eux. Donc, pas de cris, pas de larmes, pas de paroles violentes. Simplement le désespoir de voir son enfant partir.
Carter, de son côté, est bel et bien prêt à accueillir son fils. Kem est magnifiquement enceinte (de toutes façons elle est magnifique quoiqu’il arrive) et la maison du bonheur presque finie. Reste quelques affaires à conclure avec la fondation Carter. John en profite pour présenter Kem à son père et au reste des membres de cette fondation. Et fait sa rébellion : il décide de rediriger les sponsorings, traditionnellement du côté de la culture et des arts, vers des œuvres de bien public. Et au passage, il annonce qu’il vend la maison de sa grand-mère. Autant dire que le papa de John a un peu les boules. « Tu t’es remis à la drogue ? C’est cette fille africaine enceinte qui te tourne la tête ? ». Et oui, il est aussi sympa que ça, la papa de John.
Pendant ce temps, à l’hôpital, là où Carter ne daigne plus faire semblant de travailler, les geeks du labo de recherche font des expériences sur les drogues (« ça ouvre les voies de l’inconscient ! » ben tiens !) et Neela est obligée d’en sauver un...
Jamais à l’aise nulle part, la Neela, mais diablement efficace quand il s’agit de faire face à une urgence. Il faudrait juste qu’elle s’en rende compte !!
Pratt essaye bien de la pousser à prendre une décision en la culpabilisant pour le départ de Gallant, mais ça ne semble pas être gagné. La petite a de sérieux problèmes en ce qui concerne les décisions à prendre dans sa vie professionnelle.
Cette fin de saison nous réserve quelques surprises : Abby va-t-elle réussir son examen ? Kerry finira-t-elle par obtenir la garde de son fils ? Qui aura raison de la bouletude de Pratt ? Le fils de Carter aura-t-il des poignets d’amour et un double-menton comme son papa ? Allons-nous jamais revoir Elisabeth ? Et Susan finira-t-elle par désenfler ?
Ces quelques épisodes sont tout de même de bonne facture, on y retrouve ce qu’on aime dans Urgences : Abby. Et des drôles de patients...
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires