Vaincre les Ténèbres

Il s’agit là d’un épisode important qui bénéficie en plus d’un traitement assez original. En effet, l’histoire mélange habilement réalité, flash-back et songes. Tout en ellipse, il est agréable à suivre. Comme un rêve, que nous ferions tous ensemble.
L’interprétation de Lance Henriksen est parfaite.



Comme on a l’habitude d’assez peu en parler, j’ai décidé que lorsque l’occasion se présente, de la placer en tête. Parlons donc de la musique.
La composition de Snow sur cet épisode m’a beaucoup fait penser à certains thèmes d’X-Files. Or, quand ces thèmes-ci apparaissaient, je ne les trouvais jamais dans le ton de la situation posée - et c’était aussi le cas dans X-Files. Il est impossible de retranscrire les mélodies ici-même ; disons qu’elles me faisaient plus penser à des situations grotesques qu’à des situations de tension, comme c’était le cas dans cet épisode. Heureusement, le reste de la composition, plus propre à MillenniuM, s’est révélé parfais.
Dommage donc que la musique soit ainsi bancale, ce qui altère l’atmosphère de cet épisode.




L’histoire qui nous est compté peut se diviser en trois parties et s’articuler autour des apparitions de Crocell.


La Première Partie est la visite chez Crocell le jour d’Halloween, justement. Frank n’est alors qu’un petit garçon qui tente de contenir ses émotions. Ses copains l’envoient au casse-pipe - à noter que lui est déguisé en flic et les trois autres en hors-la-loi - et à aucun moment il ne recule, même s’il semble avoir peur.
l’habitant de la maison soi-disant hanté est plutôt amical, même s’il se met rapidement à philosopher sur la mort et les fantômes - d’ailleurs, Frank a déjà les pieds bien sur terre puisqu’il n’y croit pas. Notre héros est captivé en même temps qu’apeuré, sans doutes parce qu’il se reconnaît en l’homme qui lui parle. Mais l’histoire y revient plus tard.
Détail intéressant, le regard du petit Black se pose sur un journal parlant d’un procès nazi, celui de Hermann Goering. Pourquoi ce journal ? Car rien n’est innocent ici. Crocell en est-il lui-même un ? Non, même si c’est la première pensée qui m’a traversé l’esprit - et peut-être aussi celui de Frank. Le journal ne sert-il qu’à dater les évènements alors ? Non plus, ce serrait trop simple. L’hypothèse la plus probable - car c’est à cela que nous sommes réduits - est que Goering, bien souvent considéré comme pire qu’Hitler, représente le Mal que Crocell tente de combattre. Et l’ensemble du IIIe Reich avec lui constitue une période où le Mal a repris le dessus.


Les péripéties de Frank dans le brouillard l’amène par hasard à la maison jaune, désormais abandonnée. Dans la cave, il découvre des jeunes qui cherchent à se faire en parlant de la Malédiction de Frank Black, « l’homme qui peut voir les fantômes ». Leur histoire, sans rentrer dans les détails, comporte des éléments réels et des éléments purement fictifs, visant à amplifier l’impact de l’histoire. C’est ce mélange qui contribue à créer un mythe ; et Frank est-il un mythe ?


La Deuxième Partie nous ramène chez Crocell. Ou plutôt devant chez lui car l’homme est mort. Malgré les racontars, l’adolescent Black devine qu’il s’est suicidé. Comment peut-il savoir cela ? Rien ne le laisse deviner. La seule solution est que c’est son Don qui lui a fournit sa réponse.
De nouveau, il n’est possible d’émettre que des hypothèses. Son Don, en sommeil, se déclenche-t-il alors pour la première fois ? Ou bien Crocell le lui a-t-il légué en mourant ? Un peu des deux sans doutes : on peut en effet voir cette scène comme un passage de témoin. Il assiste au départ et au dernier voyage de Crocell. c’est désormais à lui de prendre la relève.


En sortant de la maison jaune, Frank trouve une boîte d’oeufs, posée innocemment à cet endroit. Les souvenirs réveillés en lui par le passage dans son ancienne demeure l’ont visiblement troublé puisqu’il jette les oeufs sur la façade. Il faut voir cela comme un renoncement, sa façon à lui de dire qu’il rejette tout cela, tout ce qui s’est passé et qui l’a conduit à la situation présente.
Il revient dans sa maison et entre par la fenêtre car al porte ne s’ouvre pas. Ce qui est symbolique par rapport à ce qui s’est passé juste avant. Après déductions, il en vient à ouvrir Les Apôtres ; Chapitre 26 Verset 8 et à lire le passage avec en musique de fond la Sarabande de Haendel : « Pourquoi devrait-il te paraître incroyable que Dieu puisse réveiller les morts ? ».


Effectivement, plus tard dans la nuit, Frank assiste à l’apparition de Crocell dans son grenier. Il est revenu d’entre les morts pour lui parler, mais il est revenu dans l’esprit de notre héros uniquement ; il n’est absolument pas là physiquement - dès que Frank tourne la tête, il disparaît.
Cette Troisième Partie nous livre tout autant une explication qu’un combat intérieur. Frank est bien comme Crocell, ou du moins l’est devenu - il avait aussi souillé la façade de sa maison.
Crocell prévient aussi Frank que s’il a l’avantage de voir l’avenir, Il l’observe. « Il » désigne bien entendu Légion, l’ennemi récurrent de MillenniuM, le Mal à l’état pur qui dicte parfois le comportement des hommes (cf. les nazis).
Son prédécesseur met donc Frank en garde, car il risque d’aller plus loin que lui-même ne l’a jamais été ; son Don est plus fort. Il est d’ailleurs déjà passé « de l’autre coté » en tuant (cf. Le Début et la Fin (2.01)).


(Cet épisode ayant, comme l’ensemble de la S2, une connotation religieuse, on peut peut-être comparer les trois apparitions de Crocell à la Trinité. Encore que le découpage en 3 est un procédé très classique de narration)


Cette quasi-révélation impose un volte-face à Frank. Le lendemain, il retourne à la maison jaune et nettoie la façade : il continue la lutte.
Son Don, c’est sa Malédiction : celle de connaître la réalité que le commun des mortels ignore et de ce fait, de devoir affronter Légion.