LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires

Accueil > Critiques > Critiques en Pause-pipi > New York 911 > Un conte défait

4.17 - Letting Go

Un conte défait

Tourner La Page

dimanche 8 août 2004, par Yerno

Ou l’épisode qui montre combien le monde serait meilleur sans Bosco...

Il était une fois, dans un pays lointain, une ville au destin aussi fabuleux que celui d’une certaine Amélie. Cette ville s’appelait New York, et vivait joyeusement dans un quotidien de deals, meurtres et autres hold ups. Oui, c’était le Paradis sur Terre. Un jour, voulant faire partager le bonheur de connaître cette ville jusque dans ses moindres recoins, un producteur de séries télévisées voulut créer une œuvre à l’image de son endroit préféré, et écrire des histoires de joies, de bonheurs intenses, qui illumineraient le regard de qui fixerait ses yeux rien qu’un instant sur son poste de télévision. Cette série apporterait gaieté et longue vie à quiconque la verrait, et on l’appellerait... non, pas Quézac, mais Third Watch. Ca rime presque.

Tel est le fabuleux destin de cette œuvre de grande qualité qu’on appela odieusement New York 911, parce qu’avoir un nom de ville américaine dans le titre d’une série à la télévision française, c’est classe. Presque autant que de mettre FBI.



Quand Faith perd la foi


Nous avons droit à un début d’épisode très émouvant. Quinze secondes de musique triste avec Faith qui regarde soucieusement sa fille... Puis le réveil sonne. On ne demandera pas à quoi servait la pseudo-scène qui précédait la sonnerie du réveil, c’était évidemment pour faire pleurer dans les chaumières. Sauf qu’ici ça a plutôt fait sourire... Emily se réveille et Faith n’est plus à la porte. Notons quand même que j’adorerais me lever avec la facilité d’Emily. Chez moi, le réveil sonne, mon premier réflexe est de donner un violent coup de poing dessus. Deuxième sonnerie. Deuxième coup de poing. Troisième sonnerie. « Meeeeeeerde je suis en retard ! ». Mais non, Emily entend son réveil sonner, elle ne l’éteint pas et en dix secondes chrono elle est debout. Chapeau ! C’est peut-être la drogue qui fait cet effet-là...

C’est quand même une introduction très dense à laquelle nous avons à faire. Entre le discours de Doc, merveilleusement bien tourné, puis sa soudaine conscience qui le ramène à la réalité - Carlos va peut-être se faire renvoyer plus ou moins par sa faute. Cette scène est formidable, mais l’inconvénient avec une telle scène pour démarrer un épisode, c’est que le reste risque d’en pâtir et de paraître bien fade... Mais tout ça apporte beaucoup, que ce soit à la storyline de Carlos ou à la relation Doc/Carlos, on en prend plein la figure et j’adore ça.

Et, bien évidemment, un épisode de TW sans carambolage serait un peu comme un épisode de Six Feet Under sans son mort du jour, aussi, après une scène sans intérêt pour montrer que les pompiers discutent entre eux et ne sont pas drôles, nous avons droit à une voiture qui fonce dans une vitrine.



Cops chauds


Les relations sont assez tendues en ce moment entre nos petits policiers. Même si Sully/Davis relève plus du sitcom sans les rires enregistrés dans la première moitié de cet épisode que Yokas/Bosco, qui laisse un arrière goût dramatico-soporifique, comme toujours - excusez du peu. Cependant, s’il y a bien une chose que j’ai aimé dans la première scène et la suivante, c’est leur enchaînement brillant... Bosco dit à Faith « Partners don’t lie to each other », et on arrive sur Sully qui dit à Davis « I lied to you ». Bien sûr, la conversation Sully/Davis est beaucoup plus légère mais le parallèle est tout de même saisissant.

Nous n’aurons plus de nouvelles de Bosco pendant le reste de l’épisode, pour mon plus grand bonheur. Par contre, l’évolution de l’histoire Ty/Sully (excusez-moi, je peux vraiment pas l’appeler John, je ne suis pas Tatiana !) est très intéressante. Comme je viens de le dire, elle commence tout en légèreté, avec quelques scènes et dialogues assez drôles jouant sur le mal de crâne de Sully, qui le rend encore plus grognon qu’à l’accoutumée - et comme on le sait tous, Davis aime en profiter pour ne l’emmerder que davantage. Et puis l’histoire avance, Sully n’arrive pas à retenir Davis quand celui-ci tombe du toit - j’y reviendrai un peu plus tard - et boit pour oublier son échec. Ben oui, mais faut pas déconner mon pépère, on boit pas pendant le service. Et Davis finit par se retrouver dans l’obligation de dénoncer Sully... On sait, ou du moins on suppose puisqu’on n’a qu’une courte scène où Ty passe le coup de téléphone, que c’est une chose très difficile à faire pour lui, on sait à quel point ils tiennent tous deux l’un à l’autre, on connaît tous la force de leur amitié... Je n’ai jamais approuvé la délation, bien au contraire, mais il faut bien admettre que Davis n’a pas tort de dénoncer son partenaire, et ce pour deux raisons : cela empêchera Sully de boire pendant le service - même si ce n’était qu’un moment de faiblesse, et qu’on sait plus ou moins que Sully ne recommencerait probablement pas - mais cela le sortira peut-être même complètement de l’alcool. Ou bien ça le détruira complètement. Choix cornélien ! La suite donne évidemment la réponse à cette question, mais je ne suis pas là pour parler des épisodes suivants... aussi cette phrase était-elle complètement inutile, merci beaucoup.



Bozo wants me


Il faut bien admettre que les problèmes relationnels Faith-Emily sont un brin gavants... et je dois moi-même admettre que j’aimerais détester cette storyline, parce qu’elle est clichée et inintéressante au possible, surtout que c’est plus ou moins du déjà-vu d’Urgences. Malgré tout ça, je n’y peux rien, je prends quand même du plaisir à regarder toutes ces scènes... Peut-être parce que Yokas fait partie de mes personnages préférés. Mais il faut bien admettre que dans presque chaque courte saynète où elle apparaît, elle a la phrase qui va nous faire prendre un peu de recul, comme dans cette fameuse scène, donc, où elle attend Emily dans la salle d’attente de la conseillère, et que le type aux cheveux rouges lui fait un petit bisou à distance (regardez-moi ce sens de la formule). Faith ne trouve pas mieux à dire que « That’s great... Bozo wants me... » C’est très bête, mais ça casse un peu avec le ton mélodramatique de son dialogue avec Emily, et puis après tout je n’ai pas à me justifier... j’ai trouvé ça drôle, que ça vous plaise ou non !



Schizophrénie et autres petits soucis...


Une voiture qui rentre dans la vitrine d’un magasin, c’est déjà pas mal, non ? Mais ça ne suffit pas aux scénaristes ! Non, dans New York 911, quand une voiture rentre dans la vitrine d’un magasin, elle a à son volant un type qui vient de kidnapper sa fille, qui a avalé une boîte de pilules et qui fait donc une overdose, et dont la mère est schizophrène et réussit à rekidnapper la gamine pour manquer de la jeter par-dessus un toit.

La vie est dure.

Bon, évidemment, présentée comme ça, l’histoire peut paraître pathétiquement grotesque (ou grotesquement pathétique, au choix). Cependant, tout est bien traité, tout s’enchaîne à la perfection, ce qui fait qu’à aucun moment on se dit vraiment « c’est n’importe quoi »... La scène où les pompiers sortent l’enfant puis le père de la voiture est passionnante, à la frontière entre fiction et documentaire. Je ne sais pas si tout est bien rendu, je suppose que c’est un peu exagéré pour le spectacle, mais on voit comment procèdent les équipes de secours pour dégager les accidentés du véhicule... C’est la petite touche « instructive » qui fait qu’on aime tant cette série - je suppose que vous l’aimez, ou alors vous lisez cette critique par pur masochisme... bienvenue à toi, jeune étalon fou !
Je m’égare... Donc, l’enfant semble en parfaite santé, le père a été empalé mais devrait s’en sortir puisqu’il est capable de parler dans l’ambulance, où justement il annonce la terrible nouvelle : il était en train de conduire sa fille à l’hôpital parce qu’elle a avalé des pilules, et il ne sait pas combien. Là, on arrive dans la partie beaucoup moins marrante de l’épisode. Entre temps, Sully a confié l’enfant à sa mère, la croyant tout à fait saine d’esprit - ce qu’elle paraissait, hein, c’est pas parce qu’il a mal au crâne qu’il est complètement con notre Sully - et la mère s’est barrée avec la gamine.

En gros, c’est la merde.

Elle s’est donc enfermée dans un appartement avec un très grand balcon, pour ménager le suspens, parce que plus le balcon est grand, plus Davis mettra de temps à s’approcher de la mère pour l’empêcher de balancer le bébé par-dessus la rambarde - c’est quand même le but de la manœuvre. Toute la scène où Ty tente « d’amadouer » maman schizo est superbe, on a vraiment peur, vraiment très peur... peut-être à cause de / grâce au bébé, parce qu’il est vrai que c’est toujours facile de jouer avec les nerfs des téléspectateurs quand ça touche aux enfants. Davis joue sur les sentiments de la mère, le problème c’est que, si elle rend le bébé, ça finit très vite par se retourner contre elle puisqu’elle veut se jeter à son tour dans le vide, parce que c’est une mauvaise mère. Saluons le jeu de l’actrice, qui est superbe du début à la fin, que ce soit en maman parfaite ou en plein pétage de plombs. En tout cas, par une pirouette qui défie les lois de l’attraction, la mère se retrouve protégée et c’est Davis qui finit les jambes dans le vide (ils formaient vraiment un beau couple avec Alex...). Sully tente bien de le retenir, et d’ailleurs, en dépit de toute la culpabilité qu’il ressent après coup, heureusement qu’il était là, ça a permis aux pompiers tout en bas de déplacer l’air bag pour que Ty retombe en un seul morceau.



Tout est bien qui finit bien... mais qui finit mal quand même


Le bébé finit par être sauvé, Ty est bel et bien en un seul morceau, mais rien n’est rose en ce bas monde, ce qui fait que l’épisode finit quand même pas très joyeusement... Entre le coup de fil de Davis pour dénoncer l’attitude de Sully, la mère qui se retrouve toujours privée de son enfant et qui pète les plombs, et puis surtout la scène finale... Pendant tout l’épisode, histoire de bien enfoncer le clou, Carlos n’a pas arrêté de remercier Doc d’avoir sauvé sa carrière, tout ça parce que Doc a voulu jouer les gros malins et le faire bosser quand même. Et puis boum, les conséquences ne tardent pas à pointer leur bout du nez : Carlos renvoyé.
Oh... my... god !
Oh mais non, pas encore un départ quand même !
Saluons quand même Anthony Ruivivar, parce que sa réaction quand Doc lui annonce la nouvelle est bouleversante. On sent vraiment qu’il est affecté, j’irais même jusqu’à dire qu’il s’est pris un sale coup dans la gueule, presque physiquement... Il a un très léger mouvement de recul, mais nous sommes bouleversés pour lui.


Moralité : dans New York 911, quand vous arrivez à 38 minutes de l’épisode et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... méfiez-vous.


Mais c’est du tout bon, tout ça ! Pas de Bosco, pas de Cruz, les histoires personnelles n’empiètent pas trop sur la storyline de l’épisode mais sont quand même présentes, les acteurs sont bons, l’intrigue est passionnante de bout en bout et plutôt bien tournée, on a un paquet de bonnes voire très bonnes répliques, et en plus c’est vraiment Third Watch : pompiers, ambulanciers, policiers ! On en redemande !