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4.18 - Last Call
Petite sortie entre amis
Au Fond de l’Abîme
dimanche 15 août 2004, par
Quand nos bien aimés policiers décident de faire une petite balade en forêt...
Je concluais ma dernière critique, celle de l’épisode 4.17, en disant qu’il faut se méfier lorsqu’un épisode de New York 911 semble trop bien finir. Je commencerai cette critique en disant qu’un épisode de New York 911 commence souvent de manière aussi peu joyeuse. L’épisode 4.18 est parfaitement représentatif de la volonté constante des scénaristes de faire des débuts « choc ». Tout d’abord, le long résumé centré sur Sully donne le ton : il y a de fortes chances pour que l’épisode soit centré sur lui. Sauf qu’on commence par son présumé suicide.
Générique.
Réaction d’un TeX : Mais qu’est-ce q-...
Fausse alerte
L’après générique est tout aussi surprenant, même s’il n’a aucun lien avec la première scène - d’ailleurs, d’où venait-il ce semblant de coup de feu qu’on a entendu ? de l’esprit de Sully ? ou c’était simplement la télé qui a claqué avec un bruit étrange ?
En tout cas, on a droit à une superbe scène d’enlèvement, très joliment réalisée, avec un brillant jeu sur les ombres qui apparaissent dans la lumière de la porte ouverte. Sully est grognon, pas franchement en forme, Bosco est désagréable, comme d’habitude, Davis est un bon samaritain, comme d’habitude, bref, les personnages sont fidèles à leur image. Et on comprend finalement le but de tout ça : « désintoxiquer » Sully. Le programme s’annonce difficile, Davis est mis en garde, au même titre que le téléspectateur, de tout ce qui risque, ou plutôt soyons clair, de ce qui va se passer. On va pas rigoler beaucoup, en somme, et cette fois-ci c’est clair : l’épisode sera bel et bien centré sur Sully.
Balade en forêt
Changement de décor. Pas de rues bondées, pas d’immeubles, pas de carambolages dans cet épisode : l’ensemble restera très sobre, si vous me permettez le terme, du moins dans les images. Parce que forcément, Sully n’est pas ravi que ses petits copains l’enferment dans une maison paumée au milieu de nulle part, dans la neige, entourée d’arbres complètement morts : bref, pas dans l’endroit le plus réjouissant du monde. Ca change un peu des zincs.
Tout ça fait très film d’horreur, et on retrouvera encore plusieurs points communs avec le genre au cours de l’épisode, notamment dans les hallucinations de Sully.
Tous les éléments concordent pour nous plonger dans une atmosphère d’un glauque paroxysmique : la neige, le bois mort, le soleil froid et blanc, et les scènes de nuit, qui sont en fait l’équivalent, couleurs inversées. La seule source de chaleur est le feu, la cheminée, mais elle est aussi l’instigatrice de certaines hallucinations de Sully : le feu accentue la violence de certaines images, et les seuls autres moments où des couleurs chaudes apparaissent, c’est dans ces mêmes hallucinations, avec le sang. Ce dernier est omniprésent : de la bouche de Tatiana quand elle meurt aux mains de Sully lorsqu’il est en plein « bad trip ».
La chaleur humaine en elle-même est à peine présente, ou bien leur bonne volonté est atténuée par l’atmosphère extrêmement pesante de l’épisode. De même, les longs silences, entrecoupés de craquements du feu, de bruits stridents d’oiseaux lointains, du vent qui siffle entre les arbres accentuent encore davantage si possible cet aspect lugubre qui ne nous quittera pas du début à la fin.
Une nuit avec Bosco
Toute la partie où Sully et Bosco sont enfermés la nuit dans la maison est superbe, sans doute mes scènes préférées de l’épisode. On démarre avec une série d’hallucinations et de flash-backs sonores de Sully, puis des flashs d’images assez perturbantes, tout s’enchaîne, on entre totalement dans la peau du personnage. Mais je crois que c’est au niveau sonore que c’est le plus travaillé, tous les sons se mélangent, entre les bruits classiques de « craquements effrayants » (vous voyez une autre manière de désigner ces sons ?) qui permettent d’accroître le suspens, les voix qui se superposent, les bruits des sirènes, comme une sorte de « medley » de tous les éléments qui ont poussé Sully à sombrer dans l’alcool et surtout ses réactions totalement incontrôlées après consommation. Le paroxysme arrive au moment où Sully voit un bras sortir de la cheminée, le bras de Tatiana, morte brûlée, évidemment, d’où l’importance et la constante fixation sur le feu de la caméra.
La réalisation de cette scène est superbe, et on enchaîne sur un dialogue tout aussi réussi entre Bosco et Sully, où pour une fois je dois dire que j’apprécie Bosco, et où le parallèle avec sa famille est assez bien amené, même si c’est hors sujet, et que ça m’agace que les scénaristes veulent à tout prix nous faire penser « oh, pauvre Bosco, il a un passé difficile, c’est pour ça qu’il se réfugie dans la violence et qu’il est si stupide ». Sully cherche le flingue de Bosco, parce qu’il sait qu’il ne s’en sépare jamais, il le trouve, Bosco parvient à le récupérer et finit par le pointer sur le front de Sully. Ce dernier le supplie de tirer. On sait très bien que Bosco ne le fera pas, mais on est troublés, parce que surpris, et ça... ben c’est bien !
La nuit se poursuit et Sully a de nouvelles hallucinations, et il finit par frapper Bosco avec un morceau de bois.
On reprend directement le lendemain, et tandis que Davis revient, Sully s’est échappé dans la forêt. Nouvelle série d’hallucinations, un peu dans le même genre que la nuit précédente, avec un petit jeu sur les images de la forêt en négatif... Plusieurs images, mais pas seulement liées à Tatiana. Notons qu’on retrouve un flash-back de l’épisode 3.13 où Davis s’était fait toucher lors de la fusillade. Sully n’a jamais cessé de culpabiliser à propos de cette « balle perdue », puisqu’il considère que c’est de sa faute si Davis s’est trouvé au milieu de cette fusillade. On se rend alors compte que les démons de Sully remontent à bien plus loin que la mort de sa femme. Cette mort a été le déclencheur de quelque chose que notre bien aimé alcoolique portait déjà en lui. Les scénaristes ne se sont pas arrêtés à la mort de Tatiana, et c’est appréciable. S’ajoute à tous ces éléments le fait qu’il a tué Chevchenko, ce qui le culpabilise malgré toutes les bonnes raisons qu’il avait de commettre cet acte, comme le prouve le dialogue entre Davis et lui lorsqu’ils finissent par se retrouver. Il a tué Chevchenko alors que ce dernier n’avait même pas sorti son arme.
L’heure de vérité
De retour à la maison, Sully continue son bad trip, mais Doc arrive assez rapidement à la rescousse, empêchant par la même occasion Davis et Bosco de donner à boire à Sully, alors qu’ils commençaient à y penser. Manque de chance, alors qu’ils croient qu’il est en train de dormir, Doc et Davis parlent de la dite bouteille non loin de lui, et il commence à la chercher. On enchaîne sur une des plus belles scènes de l’épisode, également, où Davis encourage Sully à boire devant lui, ce que ce dernier n’ose faire. Il finit par lui cracher à la figure que son père est mort à cause de lui, que tout ce qu’il y a de bon dans sa vie meurt. Quelques cris plus tard, Davis finit par convaincre Sully de rendre la bouteille. Certes, c’est une scène pleine de bons sentiments, somme toute assez prévisible, mais les acteurs sont bons et les dialogues sont bien tournés, ce qui fait qu’elle est tout de même réussie et conclut bien l’épisode - quoi qu’un peu facilement, Sully qu’on considère comme sevré simplement parce qu’il a rendu la bouteille, c’est peut-être aller vite en besogne.
Mince, j’étais parti pour faire ma première critique à tendance négative, et au final j’ai fait une apologie de cet épisode. Je n’avais pourtant pas envie de le revoir, j’avais dans l’idée que cet épisode était ennuyeux, j’en gardais un assez mauvais souvenir. Et finalement, je le trouve vraiment très bon. Skipp Sudduth est un excellent acteur - ses collègues aussi, mais sa performance ici est particulièrement appréciable - les dialogues sont bien écrits, la réalisation est intéressante quoi qu’un peu clichée par moments - notamment ces fameux flash-backs avec les arbres en négatif, c’est peut-être un peu facile - et le tout s’enchaîne sans trop d’accrocs, même si la fin est un peu rapide - d’un autre côté, si on avait traité le tout vraiment réalistement, ç’aurait été long et répétitif au possible. Imparfait, mais bon épisode.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires