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2.11 - Excelsis Dei
Mais il est où Dieu ???
Excelsis Dei
mardi 30 décembre 2003, par
Glooria, gloooria, in excelsis Deeeoo ! Qu’est-ce que j’ai pu chanter ce passage à la messe, c’est vraiment incroyable.
Et oui, il m’est arrivé dans ma jeunesse de fréquenter les églises, mais ceci seulement parce que ma mère m’obligeait à y aller, et ce à mon plus grand désespoir. Comment ça pourquoi je vous parle de ça ? Tout simplement parce que le titre de l’épisode que je m’en vais allègrement critiquer cette fois-ci s’intitule "Excelsis Dei". Super originale mon introduction à la lumière de cette révélation, non ? (Qui n’en est même pas une puisqu’avant de lire ceci vous connaissiez déjà le titre, pour peu que vous soyez attentif vous aviez compris ; ce qui est indubitablement le cas ;) ).
La dernière fois je vous ai proposé une review acte par acte, ce qui en disait long sur mes capacités de réflexion quant à l’épisode qui était passé en revue. Ce coup-ci je crois que je vais vous offrir un résumé assez complet, et ensuite je partirais dans les détails. Il n’est pas dit que cette formule là soit meilleure que la dernière, mais j’essaierais de vous gratifier de plusieurs formats différents si j’ai assez de verve pour pouvoir l’assumer, ce qui n’est pas gagné d’avance. Chaque paragraphe du résumé par contre correspond à un acte, histoire de ne pas trop vous dépayser ;).
Résumé
Tout commence donc dans la clinique Excelsis Dei (au passage, cela veut dire Gloire à Dieu), où l’infirmière Michelle Charters se fait violer un soir pendant qu’elle nettoie la chambre d’une personne âgée (car cette clinique n’est ni plus ni moins qu’une "maison de retraite" un peu spéciale, où tous les résidents sont atteints de la maladie d’Alzheimer). Mais pour que ce soit une affaire non-classée, il faut bien qu’il y ait quelque chose d’inexpliqué ; et ici en l’occurrence c’est que le violeur en question est invisible...
Mulder et Scully sont sur le coup grâce à une cassette que leur a envoyé l’infirmière pour montrer les blessures qu’elle porte et ainsi prouver qu’il y a bien eu attaque sur elle. Scully pense que le traumatisme subi par cette femme peut avoir entraîné chez elle la perte du souvenir du visage de l’agresseur. L’histoire de l’infirmière est d’autant moins probable qu’elle incrimine un vieillard de la clinique... D’ailleurs, très vite, Mulder pense aussi que c’est un phénomène improbable. Mais nous, téléspectateurs, nous voyons qu’il y a quelque chose ne tourne pas rond : les résidents prennent de drôles de pilules qui n’ont pas l’air de faire partie des médicaments qui leur sont prescrits... Et pour bien faire l’un des vieillards meurt (celui qui est tenu pour responsable du viol justement).
A ce moment-là entre en scène le médecin de la clinique qui explique aux deux agents que tous ses patients sont atteints de la maladie d’Alzheimer et qu’il fait des recherches pour essayer de les soulager en utilisant le Dépranil, qui est une enzyme qui augmente le taux d’acétylcholine ; ce qui ne manque pas d’étonner Scully car selon ses sources cela ne marche pas tellement. On apprend par la même occasion que c’est le Malaisien de la clinique, Gung, qui produit les pilules bizarres et qui les donne aux vieillards. Relation de cause à effet : ce serait donc ça qui améliore leur condition ? C’est ce que tend à confirmer les paroles de Leo, un ancien peintre... Après ça, les deux agents rentrent à l’hôtel et Mulder se sent frustré car ils sont bredouilles (ou plutôt brocouilles, comme on dit dans le Bouchonnois). Mais Scully décide d’y retourner car elle pense que le traitement rend les patients schizophrènes (et accessoirement ça leur permettrait aussi de retrouver leur virilité. Est-ce qu’elle a pensé à ça ? Pas sûr...), tandis que Mulder pense que toute cette histoire est pure affabulation de la part de l’infirmière parce qu’elle déteste son travail. Toujours est-il que dans la soirée, il ne peut pas sauver un aide-soignant qui apparemment a été poussé dans le vide par des esprits (ce que laisse entendre les chuchotements, sans mauvais jeu de mots).
Après cette deuxième mort en 24 heures, Mulder soupçonne quelque chose de louche (il était temps gros malin ! ) et insiste sur le fait que Stan (le deuxième vieillard, accessoirement camarade de chambre de Hal Arden qui a été tué précédemment) était présent les deux fois. On commence à parler de fantômes et d’esprits, surtout que le tableau peint par Leo ne laisse que peu de doutes par rapport à cette interprétation. De plus, en analysant l’autopsie d’Hal, le Dr Grago s’aperçoit qu’il possédait de l’acide iboténique dans le sang, substance qui provoque des hallucinations chez le sujet. Mulder demande alors où se trouve Gung, dont le "repaire" se situe au sous-sol, où notre agent préféré du FBI se dirige (pas taper ! Je dis ça parce que j’ai pas vu un seul épisode de MM, donc moi je connais pas personnellement Frank Black ! Autre remarque : depuis quand les aide-soignants logent au sous-sol ??? ). Et il trouve des choses intéressantes : des champignons et le cadavre de l’autre aide-soignant qui ne s’était pas présenté le matin...
Gung est alors interrogé sur ses pratiques. Et là il avoue tout : il a cultivé ces champignons pour leurs vertus médicinales. Le problème, c’est que dans son pays ils s’en servent aussi pour parler aux morts, avec leurs ancêtres. Ceci a mal tourné, et les esprits de la clinique se sont réveillés et sont maintenant déchaînés, ils se vengent des mauvais traitements qui leur ont été infligés. Scully pense que c’est tout simplement du poison, Mulder ne sait pas comment l’expliquer (décevant le bonhomme). Les esprits se manifestent alors (sans doute vexés des paroles hérétiques de la rousse. Hey, il est là notre lien religieux en rapport avec le titre ! Youpi ! ), enferment Mulder et Michelle Charters (l’infirmière du début) et cherchent à les noyer. Pendant ce temps, Stan Phillips (le camarade du vieillard du début. Ouh, je vais pas faire trop compliqué sinon ça va ressembler aux Feux de l’Amour) fait une attaque qui se calme presque aussitôt. Cela correspond aux moments où les esprits sont partis... Finalement, Scully conclue que les évènements n’ont pas pu être expliqués, le Dr Grago s’est vu suspendre ses essais, Gung n’a plus de permis de séjour, et tous les patients sont retombés dans l’apathie.
Plus d’informations sur le champignon
Pour votre culture personnelle, j’ai décidé de vous citer une petite présentation du deuxième méchant de l’épisode. Pour plus d’informations, vous n’aurez qu’à utiliser Google ;).
Le Kombucha, le champignon de l’épisode, ou thé de Mandchourie est censé guérir l’hypertrophie de la prostate, rajeunir la peau et les cheveux, supprimer les syndromes prémenstruels, éliminer les flatulences, même gommer les tâches de son. C’est en fait une colonie symbiotique de moisissures et de bactéries que l’on peut assimiler à un champignon. Il n’a pourtant pas l’air d’un bolet ou d’un girolle. La colonie ressemble plutôt à une grosse méduse transparente qui se reproduit tous les 8 jours. Le Kombucha peut se révéler efficace comme médicament, comme l’aspirine ou le valium qui furent également à la base, des remèdes populaires. Son efficacité n’est pas niée, mais savoir comment il opère dans le corps humain ne pourrait qu’en renforcer les bienfaits.
(source : Guide non officiel 1 N.E. GENGE).
Petite critique du scénario
Comment dire ? Je ne trouve pas que cet épisode est particulièrement bien écrit. Attention, je parle ici du scénario, mais nous verrons plus tard que tout n’est pas à jeter (notamment au niveau des répliques). La première chose qui me frustre dans cet épisode, c’est qu’on a l’impression que Mulder est un imbécile. Même quand Gung lâche le morceau et raconte toute la vérité (je vous l’avais dit que c’était la spécialité de la série !), il doute encore que ce soit des esprits, et dit à Scully qu’il ne sait pas comment l’expliquer autrement de telle manière qu’on dirait qu’il est complètement perdu... Et autant vous le dire tout de suite, je déteste les épisodes où Mulder est incrédule.
D’autant plus que la désagréable impression que cette épisode est un grand fouillis d’idées n’est pas usurpée. On commence par une hypothèse selon laquelle le choc créé par le viol provoque le refoulement du visage de l’agresseur par la victime, puis ensuite le traitement (Dépranil) les rendrait schizophrènes (ce qui n’explique toujours pas l’invisibilité du violeur), puis on se rend compte que le champignon prescrit contient de l’acide iboténique qui tuerait les victimes par empoisonnement. Et là on oublie totalement l’histoire du viol. D’autant plus qu’à tout ça ne s’oppose qu’un seul argument : la thèse des esprits, auquel donc ne croit même pas Mulder... Pour la confrontation science/paranormal, il faudra repasser monsieur Paul Brown !
Dommage aussi que dès le teaser on sache déjà qu’on a affaire à des esprits. Autant dans d’autres épisodes ça l’aurait fait parce que Mulder aurait tout de suite - par une de ses intuitions géniales que l’on aime tant - trouvé la solution, autant dans cet épisode il n’y a aucun suspense, et certaines scènes comme celle des robinets qui pètent (d’ailleurs ils ont toujours vachement de force les esprits, c’est caractéristique ; vous n’aviez jamais remarqué ?). Quant à savoir pourquoi les esprits ont disparu tout à coup, et même pourquoi ils sont apparus, cela reste un grand mystère... Personnellement l’explication de Gung ne me satisfait pas du tout, c’est une facilité scénaristique justement trop facile. Et je ne vois pas l’intérêt de tout révéler au début du quatrième acte si on ne peut pas tenir le rythme derrière et relancer l’épisode.
Pour les autres défauts d’écriture : l’histoire de la plainte de Michelle Charters contre l’Etat est totalement inutile (on en entend reparler juste à la fin de l’épisode histoire de montrer que ça n’a pas été oublié alors qu’on s’en foutait royalement), les trois fins d’actes intermédiaires se terminent par l’image d’un mort (qu’il soit en train de mourir, qu’on le voit mourir, ou qu’il soit déjà mort. Au moins, il y a une évolution ;) ), et la fin de l’épisode est nulle : ils ont plus de traitement et ils sont retombés au stade où ils étaient avant : oui et alors ?
Et de toute manière, je pense que le coup des esprits des personnes âgées qui veulent se venger des mauvais traitements qui leur ont été infligés n’est pas très subtilement mis en place. Ca aurait mérité un peu plus d’originalité, et ça fait en plus un peu cliché à mes yeux. Bref quand ce qui doit constituer le béton armé du scénario ne plaît pas, le reste ne suit pas...
Quelques petits plus
Tout d’abord la première scène après le générique est ce que j’adore dans X-Files, le gimmick de la série : Mulder et Scully dans leur bureau à Washington pour parler de la prochaine affaire sur laquelle ils vont travailler. Sauf que pour une fois ce n’est pas Scully qui débarque pendant que Mulder travaille mais bien le contraire. Sympathique, comme le début de la scène qui est très drôle, quand Spooky croit que sa partenaire regarde une oeuvre pornographique et qu’il se justifie en disant que la cassette n’est pas à lui. Ce qui m’amène à parler de l’humour de l’épisode (pas mal la transition hein ?).
En effet, quelques petites répliques amusantes viennent apporter un peu de gaieté et nous remonte le moral dans cet épisode bien terne. Comme par exemple quand Hal Arden raconte que sa plomberie est plus vieille que celle de la clinique et ne marche pas mieux, par conséquent il ne voit pas comment il aurait pu violer l’infirmière. Cela continue avec les deux agents :
Scully : "Qu’en penses tu ?"
Mulder : "De sa plomberie ?"
Scully : "De son histoire..."
Il y a bien sûr aussi la scène dans l’hôtel où Mulder dit à Scully que si elle croit que la clinique est hantée c’est qu’elle a travaillé avec lui un peu trop longtemps (quoiqu’en fait c’est pas si drôle que ça puisque le bougre n’y croit pas non plus, donc ça gâche un peu la chute :( ).
Un petit cliché à moitié évité quand même : quand le Dr Grago qualifie Hal Arden "d’échec", on se dit qu’on a encore affaire à un de ses abrutis qui ne pense qu’à sa carrière et voit ses patients comme des cobayes. Mais en fait, il est très modeste et n’a pas de grandes ambitions : il veut juste soulager ses patients (qu’ils sont gentils dans cette clinique, ils veulent tous la même chose !). N’empêche qu’à la fin il se fait quand même remercier... (Merci Docteur !)
Dernière chose qui m’a frappé car criante de vérité. Quand Gung fait son discours, il mentionne les différences de culture entre la Malaisie et les Etats Unis (mais ça s’applique aussi chez nous, et vous allez voir où je veux en venir). Alors que dans son pays plusieurs générations vivent ensemble et que chacun a des devoirs envers ses aînés et sans ancêtres, il n’arrive pas à comprendre pourquoi les personnes de ce pays soi-disant plus civilisé envoient leurs parents directement à la mort. C’est pour cela qu’il cultivait les champignons, pour pouvoir les apaiser (encore un ? Il en est. Non non, ça ne veut pas dire ce que vous pensez que ça signifie. C’est pas possible d’avoir l’esprit à ce point mal placé !). Et ça m’a marqué car j’ai repensé à ce qu’il s’est passé cet été en France : si tout le monde prenait soin des personnes âgées, nous n’aurions pas vécu un tel drame... Le seul intérêt que j’ai trouvé à l’épisode se situe dans ces quelques phrases, c’est pour dire ! Bon d’accord, il y a aussi les passages humoristiques.
NB : Étant donné que je me permets de regarder en VO, je ne suis pas exactement sûr de la retranscription du dialogue cité un peu plus haut et j’avais un peu la flemme de remettre le DVD et de le caler à l’endroit où il faut.
Fin
Ca vous a plu ?
Une histoire d’esprits assez banale, qui n’est pas vraiment sauvée par une quelconque originalité. On essaye bien de nous intéresser par divers artifices scénaristiques, mais le fait est que ça ne décolle jamais vraiment. Seules quelques répliques drôles et le speech de Gung m’ont sorti de ma léthargie et de mon désintérêt total.
LTE || La Ligue des Téléspectateurs Extraordinaires