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6.03 - Triangle

Die Wahrheit Ist Irgendwo Da Draußen

Triangle

jeudi 18 mars 2004, par Jarod

De Palma, Hitchcock, Welles, Altman et Chris Carter. Cherchez l’intrus.

Mulder est perdu en mer. Il est repêché par des marins au fort accent britannique qui le prennent pour un espion nazi. C’est assez logique puisqu’ils se trouvent en 1939 à bord d’un paquebot de luxe perdu dans le triangle des Bermudes depuis pratiquement 70 ans. Il y retrouve Scully, Skinner, CSM, Spender, enfin presque. Mulder doit empêcher que les nazis ne mettent la main sur le marteau de Thor, nom de code pour un scientifique capable d’aider à la mise au point de la bombe A. Pendant ce temps Scully informée de la disparition de son partenaire par les Lone Gunmen tente par tous les moyens de le retrouver.

The X Files passe son temps à recycler les thèmes du paranormal depuis ses débuts. Il était donc logique qu’elle se penche sur ce mythe moderne qu’est le triangle des Bermudes. Malheureusement quand elle s’attaque à des thèmes “populaires” le résultats est moins bon que d’habitude. Sans doute parce que tout a déjà été dit et que l’épisode ne fait que brasser des clichés, des situations déjà vues maintes et maintes fois. Il fallait donc trouver un moyen de surprendre les spectateur, un angle d’attaque original. Carter l’a trouvé.

L’épisode, du moins les trois premiers actes sont tournés sous la forme de plans séquences. On ne peut qu’être admiratif de la prouesse technique que cela représente. On imagine le nombre de répétitions qu’il a fallut faire pour arriver à tourner une scène de plus de dix minutes en une seule prise. On est bluffé par la fluidité de l’épisode que ce soit dans les coursives du paquebot ou dans les couloirs des bureaux du FBI. Si il est facile de caché des coupes grâce aux ombres qui occupent les coins et recoins du navire, dans les couloirs du FBI tout est éclairé au néon donc difficile de tricher. La scène de Scully a ce titre est un véritable morceau de bravoure. On imagine le travail des équipes techniques pour modifier le décors pendant que Scully prend l’ascenseur. La maîtrise technique est parfaite. DE ce point de vue l’épisode est une véritable réussite. Mais voilà un épisode ne se résume pas seulement à un exploit technique.

Le problème de l’épisode provient que fait que la forme l’emporte sur le fond. Utiliser un plan séquence c’est très bien mais il faut que cela serve la narration et que ce ne soit pas simplement un effet de style destiné à camoufler un manque de scénario.

Quand Orson Welles utilise un plan séquence à tout début de Le Soif Du Mal il sert a faire monter la tension en suivant, ou perdant, le trajet d’une voiture piégée au milieu de la foule. De Palma rend utilisateur de ce procédé s’en sert comme dans Snake Eyes pour poser les éléments d’une scène qui sera le centre de tout le film, dont il ne cessera pas le suite de la disséquer. Altam dans The Player utilise le plan séquence pour nous faire toucher du doigt l’activité débordante d’un studio hollywoodien. A quoi servent les plan séquences dans Triangle ?

Je ne dirais pas à rien mais à pas grand chose. Suivre Scully dans les couloirs à la recherche d’informations, courant, prenant dix fois l’ascenseur, s’essoufflant en vain n’a pas grand intérêt. Il nait au bout de quelques minutes un ennui, et tout le reste de la scène semble interminable. On rêve de la voir enfin quitter ces couloirs. Ceux de Mulder sont encore moins justifiés. Ils sont trop “hachés” pour créer une sensation de continuité. Carter est tombé dans un piège qui avait déjà eu Sir Hitchcock. En réalisant La Corde en n’utilisant que des plans séquences le maître du suspense avait réalisé un film sans tension, se déroulant platement. Un comble pour lui.

Finalement c’est quand Carter met de côté le procédé que l’épisode retrouve un moment d’intérêt. Dans le dernier acte les époques (Mulder en 1939/Scully en 1998) vont se croiser littéralement dans les couloirs du bateau. C’est un ballet qui nous est alors présenté, les époques se répondant, avec comme point d’orgue la “rencontre” entre les deux Scully. Belle maîtrise technique une nouvelle fois qui sert mieux la narration, même si tout reste encore très confus.

Alors que reste-t-il ? Pas grand chose. Un épisode bateau sur le triangle des Bermudes. Mulder est plongé dans un passé où les personnages ont les visages des gens qu’il connaît et où il doit empêcher que le ligne temporelle ne soit altérer suite à son intervention. Scully court beaucoup, le plus souvent en rond et en vain. Les Shippers sont certes heureux de voir le premier baiser entre Mulder et Scully, et entendre celui ci déclarer sa flamme à sa partenaire.


Il ne suffit pas d’enrober d’un bel emballage un scénario bateau pour en faire un grand épisode. Passé la claque technique il ne reste pas grand chose de cet épisode tout en esbroufe. Qui a dit que c’était un des défauts de la série ?