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1.01 - Pilot

Welcome to the Creek, Bitch !

Rencontre de la Deuxième Fille

lundi 10 mai 2004, par Nick

Janvier 1999, Juillet 2000, Octobre 2002, Mai 2004. Pour la quatrième fois, TF1 diffuse le pilote de "Dawson" et c’est toujours du bonheur. Ca fait du bien de replonger dans la crique !

Le film

Dawson Leery est un dingue de Steven Spielberg. Sa meilleure amie, Joey Potter, se rend compte que sa relation avec lui est en train de changer et qu’ils ne devraient plus dormir dans le même lit. Jennifer "Jen" Lindley débarque à Capeside. Elle est là pour aider sa grand-mère (qu’on appelera "Grams" comme en VO), son grand-père étant dans le coma. Entre Grams et Jen, le courant a du mal à passer : la vieille dame est très croyante tandis que sa petite fille est athée. Dawson et Pacey Witter, son pote, apprécient l’arrivée de la jeune fille, ce qui n’est pas le cas de Joey. Dawson propose à Jen de collaborer au petit film qu’il est en train de tourner, Joey fait la gueule.

Pendant ce temps, au vidéo-club où il travaille avec Dawson, Pacey fait la connaissance de Tamara Jacobs, une jolie blonde, proche de la quarantaine qui s’avère être sa prof de littérature (mais ça il ne le sait pas encore à cet instant). Tamara désire louer "Le Lauréat", l’histoire d’une femme mûre qui séduit un jeune homme. Pacey fait tout de suite le rapprochement. Il est très attiré et décide de suivre Tamara au cinéma. Il convainc Dawson d’y aller avec lui. Celui-ci en profite pour inviter Jen et aussi Joey pour faire une sortie à quatre. Au ciné, Pacey échoue misérablement. Joey pose à Jen des questions plutôt embarrassantes sur le sexe, ce qui énerve Dawson. Joey quitte la salle et Dawson va la rejoindre pour qu’ils s’expliquent. Plus tard, Pacey retrouve Tamara sur les docks et la drague alors qu’elle dit ne pas être intéressée. Finalement, Tamara embrasse Pacey puis s’en va, gênée.

Le soir, dans la chambre de Dawson, celui-ci et Joey admettent que leur relation change. En guise de preuve, Joey demande à Dawson quand et comment il se masturbe (rien à voir avec la VF qui parle de couleur de cheveux !) mais celui-ci ne répond pas. Déçue qu’à l’évidence, ils ne peuvent plus tout se dire, Joey s’en va, les larmes aux yeux, mais Dawson a le temps de répondre à sa question en criant par la fenêtre. Joey rit aux éclats. Quelques secondes plus tard, elle aperçoit Gale, la mère de Dawson, en train d’embrasser son collègue de travail, Bob. Une aventure que Dawson suspectait (en la regardant à la télé présenter le journal) pour blaguer.

La critique

Souvenez-vous ! En 1996, "Scream" sort aux USA, c’est la renaissance des slasher movies. En grande partie, grâce à un jeune scénariste de talent, Kevin Williamson. Le succès est tel qu’il continue sur sa lancée en écrivant les scripts de "Scream 2" et "Souviens-Toi L’Eté Dernier"... En 1997, Kevin décide de renouveler les séries ados et de faire oublier "Beverly Hills" qui arrive en fin de carrière. C’est aussi un moyen de parler de lui à travers certaines intrigues (Jack). C’est au printemps 97 que le pilote est tourné. James Van Der Beek, 20 ans, incarne le héros principal, Dawson Leery, Katie Holmes, 18 ans, joue Joey Potter, Joshua Jackson, 19 ans, Pacey Witter et Michelle Williams, 16 ans, interprète le rôle de Jennifer Lindley. Ces quatre personnages sont censés avoir 15 ans et rentrer en seconde. Waow ! Qu’est-ce qu’on n’y croit pas ! Mais cet épisode pilote est tellement bien, tellement beau...

Comme tout épisode pilote, cet épisode -pilote donc, hé hé-, nous plante le décor, nous présente les personnages et dresse les premières intrigues. Petit passage en revue :

- Dawson : fou de cinéma et de Spielberg, un peu naïf sur les bords, il tombe tout de suite sous le charme de la nouvelle venue, Jen. Il vit dans une belle maison avec des parents plutôt cools.

- Joey : C’est la meilleure amie de Dawson. Elle partage tout avec lui depuis qu’ils sont tout petits. Elle sent que leur relation est en train de changer (Ah ! la puberté !). Sûrement parce qu’elle est amoureuse de Dawson en secret. L’arrivée de Jen ne lui fait pas plaisir. Joey est sur la défensive. Elle vit avec sa soeur, Bessie (qui est enceinte), et son beau-frère black, Bodie. Son père est en prison pour trafic de drogues, sa mère est morte d’un cancer. A priori, sa vie n’a rien d’un conte de fée contrairement à celle de Dawson.

- Pacey : Le jeune -et encore vierge- Pacey est le meilleur ami de Dawson. On peut dire qu’il n’a pas froid aux yeux. Il flashe sur Tamara qui s’avère être sa prof de littérature, mais cela ne le fait pas reculer. Il paraît beaucoup plus franc que Dawson. Par contre, lui et Joey semblent beaucoup moins proches. On apprend de la part de la peste Nelly qu’il n’a pas une super réputation à l’école. Dawson est un geek, Pacey est un loser, jolie tableau.

- Jen : Elle débarque à Capeside pour veiller sur son grand-père très malade. Elle a fait, paraît-il, de vilaines choses à New York. A première vue, elle a l’air pourtant équilibrée. Elle et sa grand-mère ne s’entendent pas à merveille. Cette dernière n’a de yeux que pour Dieu, ce qui n’est pas le cas de sa petite fille qui est athée. Des conflits en perspective. Surtout quand Jen dit à sa grand-mère qu’elle ira à l’église seulement si elle prononce le mot "pénis". Ben... C’est pas gagné.

- Grams : Pour une première apparition, elle n’a pas l’air très sympathique.

- Mitch et Gale Leery : Ils ont l’air d’être de bons parents. Pas si parfait du côté de la mère si on retient la dernière scène.

- Bessie et Bodie : Heureusement, ils ont l’air cool. Imaginez si Joey était leur souffre-douleur.

Si les discussions entre Jen et Grams traitent d’un sujet sérieux avec beaucoup d’humour et de qualité, on retiendra en priorité la fameuse dernière scène entre Dawson et Joey, avec la chanson des Pretenders, "I’ll Stand by You". Un régal. Cette dernière scène donne presque des frissons. C’est à ce moment-là qu’on comprend que cette série ne va pas laisser indifférent. Tout ça grâce à un petit truc, à une certaine ambiance. Mais bien sûr, il faut confirmer avec les épisodes suivants. On notera que la 1ère saison qui comporte 13 épisodes a été entièrement tournée avant sa diffusion. C’est donc une histoire en 13 chapitres qui débute, celle de Dawson et Joey...

Hum ! Mettons le côté shipper quelques instants pour regarder les choses un peu plus en profondeur. Ce qui saute aux yeux immédiatement, c’est la façon dont ces jeunes s’expriment. Finesse de langage et richesse du vocabulaire sont de rigueur dans une ville de Capeside au décor idyllique. On est très loin d’un univers de jeunes racailles dans des quartiers chauds de grandes métropoles pour prendre bêtement l’extrême. Non, ici, on est en compagnie d’ados gentils, bien élevés, intelligents, qui parlent super bien, propres sur eux, beaux -mais pas excessivement beaux pour autant. On est avec des "boys and girls next door" en puissance dans une petite ville tranquille, belle, paisible, où on n’a pas l’air d’avoir beaucoup de chances de se faire agresser la nuit. Ca ressemble à une sorte de petit paradis, à une espèce de petit monde idéal, tellement parfait qu’on aimerait traverser l’écran pour y être.

Au milieu de tout ça vit le héros, Dawson, qui a une vie parfaite comme le dit si bien Joey. Mais lui ne ressent pas les choses ainsi. C’est un fou de cinéma, un fou furieux même, capable de donner le titre d’un film, l’année de sa sortie et ses interprètes au simple regard d’un plan, capable d’analyser une image comme personne au point d’en déceler une vérité (en regardant sa mère à la télé présenter le journal, il se met à penser qu’elle couche peut-être avec son collègue rien qu’en analysant sa façon de prononcer le nom de ce dernier). Comme il le dit lui-même à Jen, Dawson fuit la réalité. Il se prend pour le personnage du film de sa vie. Il prend un malin plaisir à prendre les événements comme les éléments d’un scénario. Le problème pour lui, c’est qu’il n’est pas tout à fait le scénariste de sa vie et il aura l’occasion de l’apprendre à maintes reprises dans l’avenir...

Avec "Dawson", Kevin Williamson apporte un nouveau souffle aux "teen shows". Pas de friqués capricieux comme dans "Beverly Hills", pas de ton grave comme dans "La Vie à Cinq" ni de réalisme à la "Angela, 15 ans". Ici, on vit des histoires simples, rafraichissantes et profondes avec des personnages loin d’être lisses. Les dialogues font mouche, il y a de l’humour, plein de références à la pop culture, surtout au cinéma et la jolie musique pop-rock apporte un cachet supplémentaire à l’ambiance. Dans ce pilote, le principal thème de la série, l’émergence de l’âge adulte, est clairement établi. "Dawson", ce n’est pas une recherche du réalisme à tout prix, c’est une version idéalisée de l’adolescence et en particulier, celle de son créateur, Kevin Williamson.


Que ce soit le décor, les personnages ou les histoires, tout est tellement attachant dans ce pilote qu’on a une grande envie de vivre un bout de chemin avec Dawson, Joey, Pacey et Jen. C’est beau, c’est frais, c’est de qualité, c’est à voir et à revoir indéfiniment.